L'EGYPTE CHRETIENNE

DOSSIERS HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE N°133 (décembre 1988)

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LES COPTES
Copte - ou Cophte, jusqu'au XIXe siècle - n'est que la transformation, par l'intermédiaire de l'arabe, du grec Aiguptioi, nom lui-même formé par les Grecs d'Egypte, au VIIIe siècle avant J.-C., sur le mot pharaonique Hetka-Ptah, « château de l'âme de Ptah », c'est-à-dire le temple de Memphis.

Ainsi les Coptes sont tout simplement « les Egyptiens ».

Ce sont les Arabes, qui ont dominé l'Egypte à partir de 642, qui ont désigné ainsi les autochtones de la vallée du Nil.

Mais comme les Arabes étaient, pour la majorité, musulmans, ils en sont venus tout naturellement à associer copte et chrétien.

A partir du milieu du VIII siècle, les chrétiens d'Egypte se sont donc désignés eux-mêmes ainsi ; d'un sens ethnique, on est passé à un sens ethnico-religieux ou encore à un sens purement religieux, désignant par exemple la liturgie qu'elle soit égyptienne ou éthiopienne.


Vers 40 Selon la tradition par Eusèbe de Césarée, saint Marc vient évangéliser l'Egypte où il subira le martyre en 68, à Alexandrie.

En 828, des marchands de Venise achèteront ses reliques pour les transférer dans leur ville.

189 Démétrios est le douzième évêque d'Alexandrie.

Sous son long épiscopat (189-231), le rôle de l'église d'Alexandrie devient déterminant.

Le Didascalée, école théologique, connaît son apogée en cette fin du IIe siècle et au début du IIIe siècle, sous la direction de maîtres comme Pantène, philosophe païen converti, puis Clément d'Alexandrie (mort en 215) et Origène.

Grâce à ces penseurs, l'étude approfondie des Ecritures emploie les méthodes de la tradition hellénistique.

Mais vers 230-231, Origène est déposé et chassé d'Alexandrie, à la suite de différents disciplinaires et doctrinaux avec Démétrios, et va poursuivre son enseignement à Césarée de Palestine, où il meurt dans la persécution de Dèce en 250.

Vers 250 Paul de Thèbes, pour échapper à une dénonciation de foi chrétienne, s'enfonce dans les montagnes du désert et choisit définitivement la vie d'ermite.

260 L'empereur Gallien, par un édit de tolérance, restitue « des églises » à l'Egypte.

Vers 270 Antoine se retire au désert ; le « père des moines », ayant rompu toute attache avec le monde s'adonne à la vie solitaire dans un fortin romain abandonné, entre le Nil et la mer Rouge.

284 Début du règne de Dioclétien qui engage une persécution d'une telle violence que cette date marquera le début du calendrier copte, l'ère des Martyrs.

320 Un concile, réunissant à Alexandrie près de cent évêques d'Egypte et de Libye, excommunie le prêtre Arius dont la doctrine nie l'unité et consubstantialité des trois personnes de la Sainte-Trinité, et par conséquent la divinité de Jésus-Christ.

Une nouvelle condamnation sera prononcée par le Concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325.

323 Pakhôme, après s'être exercé luimême pendant sept ans à la vie solitaire à Chenoboskion, près de Nag Hammadi, fonde la première communauté de cénobites dans un village abandonné, à Tabennisi, en HauteEgypte.

Désormais, le développement du monachisme vient relayer, par le rayonnement des monastères et leur proximité de la population, l'action que menait jusque-là le clergé séculier.

Vers 325 Amoun fonde un centre monastique dans le désert de Nitrie.

Vers 330 Macaire établit son premier monastère au désert de Scété.

Vers 335 Fondation d'un nouveau centre monastique aux Kellia, par Amoun et Antoine.

340 Pakhôme crée pour sa soeur un couvent de femmes.

350 Athanase consacre évêque Frumence et l'envoie en Ethiopie.

356 Mort de saint Antoine, plus que centenaire.

Athanase écrit une Vie de saint Antoine dans les années 360, qui sera traduite en latin par Evagre d'Antioche en 375 : cet ouvrage exercera une influence considérable et suscitera de nombreuses vocations.

377 Pierre II, évêque d'Alexandrie envoie des évêques égyptiens évangéliser les pays d'Afrique de l'Ouest, notamment la Libye.

382 Evagre le Pontique s'installe à Scété où il mourra en 399.

Sa doctrine spirituelle, nourrie de toute l'expérience accumulée par les grands solitaires, exercera une profonde influence.

383 Chénouti est placé à la tête du monastère de Dair-el-Abyad (le monastère blanc), près de Sohag.

Il déploie une grande vigueur et revient à l'idéal pakhômien, quelque peu abandonné par des moines qui s'étaient installés dans une sorte de « routine ».

384 Jean Cassien devient moine ; il reste en Egypte jusqu'aux alentours de l'an 400, avant d'aller fonder l'abbaye Saint-Victor de Marseille.

Ses écrits, les Conférences et les Institutions, nourriront toute une spiritualité occidentale s'imprégnant ainsi de celle des moines d'Egypte.

395 A la mort de Théodose, l'Egypte est rattachée à l'Empire romain d'Orient.

Ainsi, après avoir été incorporée au monde méditerranéen sous la domination grecque et romaine, l'Egypte subit, souvent avec contrecoeur, l'autorité de l'empire byzantin.

Vers 400 A l'ouest d'Alexandrie, en bordure du désert, une vaste basilique est construite par l'empereur Honorius pour recevoir les reliques de saint Ménas, qui attirent de nombreux pèlerins ; elle sera embellie et agrandie de dépendances par l'évêque Zénon (474-491).

412 Cyrille devient évêque d'Alexandrie et lutte contre le nestorianisme, hérésie qui professe l'existence dans le Christ de deux personnes, comme on distingue deux natures, l'une divine, l'autre humaine enfantée par Marie.

431 Au Concile d'Ephèse, Cyrille d'Alexandrie, soutenu par le pape Célestin, fait triompher la doctrine déclarant la Vierge Marie, Mère de Dieu.

L'assemblée excommunie Nestorius qui est exilé dans l'oasis de Khargeh, en Haute-Egypte.

449 Lors d'un autre concile à Ephèse, Dioscore, successeur de Cyrille sur le siège épiscopal d'Alexandrie, tente de réhabiliter un hérétique, Eutychès, enseignant une conception monophysite du Christ et réussit à convaincre les pères assemblés, avec le soutien armé des moines de sa suite, d'où le nom resté attaché à ce concile : le brigandage d'Ephèse.

451 Le Concile de Chalcédoine, convoqué par l'empereur Marcien, dans des conditions plus régulières, remet les choses au point : Dioscore est destitué et exilé après avoir refusé de se soumettre.

Cette assemblée voit ainsi l'aboutissement de la querelle qui durait depuis plusieurs années entre monophysites (affirmant l'unité de nature dans le Christ) et dyophysites le peuple d'Egypte se solidarise par nationalisme avec son patriarche déchu et le schisme s'installe alors en Egypte.

Les chrétiens sont ainsi divisés entre partisans de l'Eglise officielle ou Melkites (c'est-à-dire fidèles au roi), et opposants, monophysites, qui prennent le nom de Jacobites (du nom du moine syrien Jacob Baradée) et créent une église dissidente, ancêtre de l'Eglise copte orthodoxe actuelle.

Plus qu'une querelle théologique, une des raisons fondamentales de ce schisme est une prise de conscience nationale chez les Egyptiens, dans leur opposition au siège épiscopal de Constantinople et au trône impérial.

Exaspérés par une telle résistance, pressés par le besoin, les empereurs byzantins ne sauront qu'aggraver les charges qui pesaient déjà sur le pays et, jusqu'à la conquête arabe, l'histoire des chrétiens d'Egypte sera une longue suite de persécutions entrecoupée de tentatives infructueuses de conciliation.

551 Justinien, par un édit, fait fermer le temple de Philae, en Basse-Nubie, considéré comme le dernier refuge du paganisme.

581 Les Jacobites se révoltent dans le delta oriental du Nil contre le pouvoir byzantin, protecteur des Melkites ; enfermés dans la ville de Tanis, ils sont massacrés ou emmenés prisonniers à Alexandrie.

619 Les Perses réussissent à pénétrer en Egypte et ne rencontrent aucune résistance dans le peuple : Juifs et Jacobites les accueillent en libérateurs et les Melkites sont persécutés à leur tour.

629 L'empereur Heraclius libère l'Egypte de l'occupation des Perses en s'emparant de la Mésopotamie; il tente de rétablir l'unité entre Melkites et Jacobites, en imposant le monothélisme, essai de syncrétisme, qui proclame « une seule énergie dans le Christ après l'union de deux natures ».

Mais les Jacobites refusent cette formule.

639 L'armée arabe pénètre en Egypte. `Amr, lieutenant du Calife Omar, entre dans Memphis et s'empare de Babylone (aujourd'hui le Vieux Caire).

642 Alexandrie se rend au terme d'un siège de 14 mois.

Le traité d'Alexandrie consomme la défaite des Melkites et des Byzantins et assure la suprématie des Jacobites en Egypte, qui s'appelleront désormais les Coptes.

Pour ces derniers, la conquête arabe est d'abord une libération ; la population s'en tient à une attitude passive, à laquelle répond la modération de `Amr.

Dans les siècles qui suivent la conquête, les chrétiens, persécutés par certaines des dynasties musulmanes, sont séparés du reste du monde chrétien et renfermés sur eux-mêmes.

Dans les faits, la sujétion des chrétiens s'est encore aggravée sous ce nouveau régime : l'exceptionnelle richesse agricole de l'Egypte, forte d'une population de 7 millions d'habitants, est une aubaine pour les Arabes.

Le musulman, considéré comme combattant, est exempté de l'impôt et sa religion lui confère une supériorité des droits civils. C'est seulement après plusieurs siècles que les impôts frapperont aussi les monastères.

Mais dès le VIIe siècle, des mesures de discrimination sont appliquées aux chrétiens laïcs : d'abord la marque d'un lion tatouée sur la main et surtout, à partir de la fin du VIIIe siècle, l'imposition du turban jaune et d'une ceinture, de même que, au milieu du IXe siècle, l'interdiction de monter à cheval.

Ces atteintes à la dignité, s'ajoutant au poids de la fiscalité, provoquent en deux siècles la diminution de moitié des Coptes, une grande partie d'entre eux espérant trouver un adoucissement en se convertissant à l'Islam.

Mais on constate aussi en cette époque des débuts de la domination arabe un nouvel afflux vers les monastères du désert.

706 La langue arabe est imposée dans tous les actes officiels.

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