L'École
Théologique d'Alexandrie fut sans aucun doute la première
et la plus en avance des institutions d'études théologiques
dans l'antiquité chrétienne.
Bien
qu'on n'en entende parler pour la première fois en tant qu'école
organisée dans l'HISTORIA ECCLESIASTICA d'Eusèbe qu'aux
environs de l'an 180, ses racines plongent bien avant au coeur de l'antiquité.
Sa progression
à la notoriété à partir de débuts
humbles fut un processus long et évolutif parallèlement
à la propagation de la nouvelle religion parmi les habitants
juifs et les païens d'Alexandrie.
Quoique
nous dussions rejeter l'assertion primitive qu'elle avait été
fondée par St Marc luimême, il n'est pas invraisemblable
d'affirmer que, bientôt après son martyre, la hiérarchie
nouvellement mise en place devint active dans ses efforts missionnaires
de gagner de nouveaux convertis.
Durant
le règne des premiers évêques de l'Église,
il était naturel qu'ils mettent en place un système permettant
au clergé d'instruire les novices et les catéchumènes
dans l'essentiel de l'Évangile et dans les doctrines de la foi
avant d'autoriser leur baptême.
Dans
ce but, des cercles d'études furent institués en maints
endroits en dehors des bâtiments des églises, cercles conduits
par des catéchistes qui étaient généralement,
mais non obligatoirement, des prêtres ordonnés.
Là
se trouvent les humbles origines de l'École consistant en cercles
informels ou en groupes d'instructeurs et de catéchumènes
où ces derniers faisaient connaissance de leur nouvelle religion,
condition indispensable pour leur admission au baptême.
En règle
générale, cette instruction comprenait deux stages.
Le premier
stage était ouvert à tous les auditeurs, dénommés
plus tard dans l'ouest AUDIENTES, terme que l'on trouve dans les écrits
de Tertullien et de Cyprien. Au fur et à mesure qu'ils progressaient
dans leurs connaissances religieuses, pendant une période qui
n'était pas déterminée, ils devenaient dignes de
l'admission au baptême en qualité de COMPETENTES.
Toutefois,
n'étant que catéchumènes, ils n'étaient
autorisés à assister qu'à la première partie
de la liturgie dénommée LITURGIE DES CATÉCHUMÈNES.
Ensuite, ils devaient quitter le temple avant la deuxième partie
de la liturgie LA LITURGIE DES FIDÈLES célébrée
uniquement en présence des fidèles baptisés.
Avec
le développement du christianisme, et la disparition progressive
de la catégorie des catéchumènes adultes, le processus
initial perdit sa nécessité.
Il s'ensuivit
que ces cercles religieux se transformèrent en classes régulières
comportant un programme d'études prescrit dont la complexité
ne fit que croître bien au-delà de la simple instruction
religieuse.
Cela
finit par prendre la forme d'une école conduite selon le modèle
de l'ancienne institution païenne du MUSEION
PTOLÉMATIQUE
dont la fameuse bibliothèque a dû servir aux étudiants
et à la direction du collège théologique naissant
sous les auspices de l'Eglise.
Comme
l'une avançait vers sa maturité, l'autre commença
à dépérir jusqu'à sa liquidation après
l'assassinat de Hypatia en l'an 415.
Avant
l'arrivée de Pantène en tant que premier chef connu de
l'École Catéchétique d'Alexandrie, à la
fin du second siècle, les sujets débattus principalement
par les catéchistes ne se résumaient pas en la seule instruction
religieuse et en les Ecritures.
Les
discussions sur la divinité, le Christ et Sa naissance d'une
Vierge, la Croix, l'ensevelissement, la Résurrection et l'Ascension
du Seigneur, le Saint-Esprit - tous ces sujets devaient être éclairés
à l'École dans le cadre de la Bible.
Lorsque
Pantène fut chargé, avant l'an 180, par le patriarche
d'Alexandrie de la direction de cette institution, on sait qu'il réforma
et organisa son programme d'études depuis les sujets purement
théologiques jusqu'à la plupart des branches de l'activité
humaine.
Parfois
on lui attribue, sans preuves solides, une origine sicilienne mais les
Coptes se bornent à mentionner qu'il est natif d'Alexandrie.
On lui
attribue, lors de sa réforme, la promotion de l'alphabet grec
en remplacement des caractères démotiques difficiles et
antiques, ce qui conduisit en définitive à l'établissement
de la nouvelle langue copte, dernière phase de l'ancien égyptien.
Lui-même
composa certains ouvrages d'exégèse en grec, maintenant
perdus.
Toutefois,
sa carrière d'éducateur à l'École Catéchétique
fut interrompue par le patriarche Demetrius I (12e pape d'Alexandrie,
199-232) qui le désigna pour mener une mission chrétienne
aux Indes.
II ne
l'accepta qu'après avoir trouvé un successeur valable
pour assurer la poursuite du travail qu'il avait commencé sous
d'aussi heureuses auspices pour le développement de l'École.
Son
choix se porta sur le plus, brillant de ses élèves : Clément
d'Alexandrie.
Étant
probablement athénien de famille païenne né aux environs
de l'année 150, il devint un théologien chrétien
de grande conviction en plus de ses connaissances de la philosophie
grecque.
Il succéda
à Pantène avant l'année 190 et occupa ce poste
jusqu'en 202 ou 203 lorsqu'il décida, plus par souci d'efficacité
que par peur, de quitter Alexandrie durant les persécutions de
l'empereur Septime Sevère.
Il ne
retourna jamais à l'École et semble avoir passé
ses dernières années entre Jérusalem et Antioche,
mais on ne connaît avec précision ni la date ni le lieu
de son décès en Grande Syrie.
Ce n'est
pas la place ici pour exposer les biographies détaillées
et l'oeuvre de Clément ou de tout autre chef de l'École
dont le nom serait évoqué par ailleurs.
Il est
toutefois nécessaire d'ébaucher leur carrière en
rapport avec l'institution naissante de la connaissance théologique
dans l'histoire de la chrétienté universelle.
Le rôle
joué par Clément dans ce cadre est particulier.
Sa pensée
était solidement ancrée à des principes libéraux.
En tant
que théologien et simultanément philosophe grec, il a
oeuvré à la réconciliation des tenants de la jeune
religion avec les anciens enseignements grecs, ne trouvant pas d'incompatibilité
entre les prophètes bibliques et les philosophes grecs.
Il se
donnait du mal à essayer d'apporter la preuve de ce que les Grecs
avaient plagié Moise et l'Ancien Testament.
Il est
curieux de voir Clément semer le libéralisme chrétien
dans les classes de l'École Théologique, alors que les
autorités de l'Église, autour de l'impérieux pape
Demetrius I, étaient totalement dénuées d'esprit
de libéralité pour ce qui est de la doctrine.
A une
époque où les enseignements gnostiques avaient encore
laissé des traces parmi les chrétiens d'Égypte,
Clément malgré toute son orthodoxie traditionnelle ne
manifestait pas d'hostilité ouverte à la gnose.
Bien
que techniquement il ne fût pas lui-même gnostique, il enseignait
dans ses cours que l'illumination était l'essence véritable
de la perfection chrétienne dans la connaissance religieuse.
Comme
Socrate, Clément considérait l'ignorance pire que le péché.
En somme,
Clément pourrait être considéré à
juste titre comme l'un des premiers promoteurs du libéralisme
chrétien dans cette époque patristique.
Il
suffit ici de rappeler les titres des principaux ouvrages qu'il composa
durant sa présidence de l'École Théologique, réservant
leur analyse à sa biographie propre.
Bien
que la plupart de ses ouvrages soient apparemment perdus, nous savons
qu'ils ont joué un rôle notable, comme son EXHORTATION
AUX GRECS, un traité d'apologétique, le PEDADOGUS sur
la vie chrétienne et la morale et le STROMATEIS comprenant une
série de discours variés difficiles à interpréter.
Après
Clément, l'École Théologique demeura provisoirement
sans direction mais poursuivit son activité sur la lancée
imprimée par son grand chef.
Finalement,
en 215, le pape Demetrius I décida de nommer le plus illustre
des élèves de Clément - Origène - pour lui
succéder.
C'est
sous son égide que l'École sembla atteindre le point culminant
de son épanouissement.
Origène,
né aux environs de 185 à Alexandrie ou en un autre point
d'Égypte, mourut en Palestine aux environs de 253.
Ses
parents étaient des chrétiens fervents.
Sa mère
pourrait avoir été d'origine juive, ce qui expliquerait
ses talents en hébreu.
Le bruit
concernant le mélange de son sang avait effectivement couru mais
si l'on en croit Epiphanus de Salamis, l'un de ses contemporains proches,
Origène doit être considéré comme Copte et
vrai fils d'Égypte.
Son
vrai nom, dérivé de l'ancien mot égyptien Horus
ou Orus, est en lui-même un indice.
Enfant,
il vécut dans l'angoisse du martyre de son père pour la
foi chrétienne.
Adolescent,
il fut très ascétique de nature, observant les plus rigoureuses
veillées et suivit la parole de l'Évangile (Matth. 19;12)
à la lettre jusqu'à se mutiler lui-même, devenant
ainsi eunuque, ce qui provoqua des démêlés avec
l'impérieux patriarche Demetrius I.
Son
éducation fut enrichie par les connaissances qu'il assimila très
facilement de son maître érudit Clément.
Il étudia
également la philosophie païenne et la littérature
sous la direction d'Ammonius Saccas (174-242) le fondateur réel
du néoplatonisme dont l'influence avait séduit Plotinus.
Il a
dû suivre les cours de Saccas en même temps que Plotinus
à l'École Ptolématique d'Alexandrie.
Il fit
ainsi de grands voyages et fit la connaissance des plus éminents
professeurs et prélats de son époque.
Ses
déplacement le conduisaient depuis l'Arabie et la Syrie jusqu'à
la Grèce et à Rome où il entendit les sermons d'Hippolyte.
Origène
était appelé à devenir l'un des plus grands savants
exégètes de tous les temps, sa fécondité
était énorme, hors de toute raison.
Epiphanus
de Salamis a établi que sa bibliographie atteignit 6.000 livres
et traités.
L'étude
analytique de l'oeuvre d'Origène est une besogne extraordinaire
qui n'est pas du ressort de notre sujet.
Néanmoins,
un bref survol de sa production peut aider à mesurer la taille
de l'École où cette oeuvre était accomplie.
Son
érudition en tant que professeur biblique et philosophe était
profonde et sa créativité colossale.
On trouverait
difficilement un seul Livre de l'Ancien ou du Nouveau Testament qu'il
n'ait longuement commenté.
Son
étonnante édition critique de l'Ancien Testament, le HEXAPLA
collationne sur six colonnes parallèles tous les textes disponibles
dans les textes grecs et hébreux.
Il le
refit plus tard sous forme d'abrégé sous le titre de TETRAPLA
sur quatre colonnes, n'omettant que l'hébreu.
Ce furent
les ouvrages utilisés par St Jérôme à Césarée.
Ses
commentaires monumentaux d'exégèse intitulés SCHOLIA
furent partiellement traduits en latin par Rufin.
Seuls
des fragments des deux ont survécu.
Les
homélies d'Origène ont la réputation d'être
parmi les plus anciens spécimens de prédication chrétienne.
Dans
le domaine théologique, son ouvrage le plus important fut DE
PRINCIPIIS, dans lequel il classe toute la doctrine chrétienne
en quatre livres: Dieu et le monde céleste, l'homme et la matière,
le libre arbitre et ses conséquences et les Écritures.
Bien
que l'original de cette entreprise ambitieuse ait péri dans sa
presque totalité, son objet a survécu dans des interprétations
très imparfaites de Rufin et de St Jérôme en latin.
Dans
un traité intitulé CONTRE CELSE, Origène prenait
la défense du christianisme contre les attaques de Celse, philosophe
païen du lie siècle.
Il composa
beaucoup d' oeuvres ascétiques sont deux seulement nous sont
parvenues. L'EXHORTATION AU MARTYRE fut composée en 235 durant
les persécutions de l'empereur Maximin.
Son
ouvrage le plus volumineux SUR LA PRIÈRE eut un grand impact
sur l'esprit des premiers chrétiens.
Ses
ennuis recommencèrent pendant son premier voyage en Palestine.
Il y
avait été invité par les évêques d'Aelia
et de Césarée pour prêcher dans leurs diocèses.
Or,
selon les règles de l'Église alexandrine, il était
inconcevable qu'un laïc prêchât en présence
d'évêques.
Le pape
Demetrius était autoritaire et avait imperceptiblement développé
les prérogatives patriarcales aux excès d'un système
monarchique n'acceptant aucune initiative sans contrôle, même
émanant d'une personnalité aussi importante qu'Origène.
Demetrius
le rappela aussitôt à Alexandrie vers l'année 218.
Il fit
face durant quelque douze ans à la tempête concertée
en se plongeant dans l'écriture et l'enseignement.
Les
vents de l'adversité s'acharnèrent contre lui, les synodes
épluchèrent sa vie et se livrèrent à l'analyse
de sa pensée.
Enfin,
l'heure de la délivrance sonna lorsqu'il retourna en Palestine
en 230.
Là,
il fut honoré et promptement ordonné prêtre.
On dit
même que l'élévation à l'épiscopat
fut envisagée.
Ainsi
qu'il fallait s'y attendre, Demetrius prit cela pour une provocation
et s'empressa d'annuler l'ordination et d'excommunier son adversaire
indomptable qu'il destitua de la direction de l'École Théologique.
Origène
devint un exilé et en 231 il s'établit à Césarée,
où une nouvelle école prit corps autour de lui avec les
élèves les plus remarquables.
Certains
d'entre eux, tel Grégoire le Thaumaturge, évêque
de Néocésarée du Pont, parvint à des postes
clés dans la hiérarchie.
Il arbitrait
les cas douteux de théologie aussi bien en Palestine qu'au dehors.
Mais,
la véritable gloire qu'il acquit lors des moments de calme à
Césarée fut l'achèvement de son immense oeuvre
littéraire dont les bases solides avaient été jetées
à l'École Théologique d'Alexandrie.
Toutefois,
durant les persécutions de Decien en 250, le maître endura
de terribles souffrances en montrant une grande force d'âme.
Il fut
emprisonné et torturé.
Bien
qu'il survécut aux horreurs de ces épreuves, et retrouva
sa liberté, sa santé déclina et il décéda
dans la ville de Tyre en 253 à l'âge de 69 ans.
Comme
la plupart des penseurs universels et des écrivains prolifiques,
Origène devint une figure controversée aussi bien de son
vivant qu'après sa mort.
Dans
le domaine de la théologie et de la philosophie, le terme d'origénisme
devint synonyme d'une institution formidable avec le support d'une école
d'origénistes et l'opposition d'une école aussi ardente
d'anti-origénistes.
Il est
impossible dans ces pages d'entamer la plus brève des analyses
des théories origénistes sur des sujets aussi variés
que l'unité de Dieu, de Ses relations avec la Trinité,
la doctrine de la subordination, sa théorie audacieuse sur l'existence
prénatale des âmes et leur destinée après
la mort et bon nombre d'autres controverses physiques et métaphysiques
d'une profondeur insondable.
Il suffit
de rappeler que parmi les plus grands noms de son temps et même
après, beaucoup prirent part aux querelles pour ou contre Origène.
Parmi
ses partisans, nous citerons St Pamphyle (martyrisé en 209),
St Athanase l'Apostolique, St Basile, St Grégoire de Nazianze,
Didyme l'aveugle et d'autres.
Dans
le camp opposé, nous rencontrons St Epiphane, évêque
de Salamis à Chypre, aussi bien que St Jérôme et
Théophile d'Alexandrie qui se retournèrent contre Origène
dans les derniers temps.
Ce n'est
qu'au Ve siècle que des conciles se réunirent pour débattre
des points de vue d'Origène.
Après
une accalmie de courte durée, la controverse origéniste
reprit au Vie siècle et Origène fut condamné par
le concile de Constantinople, à deux reprises: 542 et 553, grâce
à la connivence de l'empereur Justinien lui-même.
Jusqu'à
la discorde entre Demetrius et Origène et la décision
de ce dernier de quitter l'Égypte pour Césarée
en Palestine, l'École Théologique d'Alexandrie, bien que
très intimement associée à l'Église, avait
réussi à garder, peu en principe mais pratiquement beaucoup,
sa liberté académique et son indépendance.
Après
le départ d'Origène pour la Palestine, et sa démission
de son poste à Alexandrie, l'École tomba sous le contrôle
direct de l'autorité patriarcale et ecclésiastique.
Le successeur
immédiat d'Origène fut Héraclas, son ancien élève
et assistant et qui, par la suite, succéda à Demetrius
à l'épiscopat de 230 à 246.
L'un
de ses premiers actes fut de lever la sentence prononcée par
son prédécesseur contre Origène et de réclamer
le retour à Alexandrie du grand maître, mais en vain.
Son
règne présente un intérêt sur un autre point.
On dit
que, lorsqu'il accrut le nombre d'évêques locaux jusqu'à
20, le clergé décida de le distinguer des autres évêques
en lui attribuant le titre de " pape ".
Si cela
est exact, le premier prélat de la chrétienté à
porter le titre de pape fut Héraclas le Copte dans les débuts
du IIIe siècle, bien avant que ce titre ne fut connu à
Rome.
Le chef
suivant de l'École, un autre fameux disciple d'Origène,
fut Dionysius d'Alexandrie, surnommé par la suite " le
Grand ".
Il occupa
ce poste jusqu'à ce qu'il fut élu patriarche (246-264).
Son
règne fut troublé par des désordres.
En 250
les persécutions de Decian le forcèrent à se cacher,
bien qu'il fût une fois arrêté mais réussit
à s'échapper.
En 257,
une autre persécution fut entreprise par l'empereur Valérien.
Le pays
était harcelé par des tribus barbares venant du sud.
A Alexandrie,
Emilien, préfet d'Égypte, se proclama empereur et la guerre
civile qui éclata se termina par sa capture par le général
d'empire Théodote qui expédia les rebelles enchaînés
à Rome.
La guerre
avait dévasté la ville et décimé la population.
La peste
était imminente et la famine approchait.
Lorsque
les persécutions eurent pris fin, Dionysius eut à faire
face au problème des apostats.
Mais
il avait une largeur d'esprit suffisante pour les réadmettre
et en outre, il interdit de rebaptiser les hérétiques
et les schismatiques repentis.
On ne
peut que s'émerveiller de ce qu'il eut assez de temps pour rédiger
nombre d'ouvrages de théologie, où il fit montre d'un
esprit indépendant mais tourné vers la polémique.
Il fut
accusé de trithéisme par son homonyme de Rome, fut défendu
par Athanase et critiqué par Basile.
Pour
ce qui est de la Trinité, toutefois, il rejeta lui-même
les innovations hérétiques de Paul de Samosate, évêque
d'Antioche et opulent procurateur de la reine Zénobie de Palmyre.
Plus
tard, dans les premières décennies du IVe siècle,
Athanase chargea Didyme l'aveugle de la direction de l'École,
poste qu'il occupa jusqu'à sa mort vers la fin du même
siècle.
Il vécut
pendant l'époque orageuse de l'arianisme et du Concile de Nicée
(315).
Parmi
ses élèves, on note St Grégoire de Nazianze, St
Jérôme et l'historien Rufin.
Ce fut
un homme érudit mais presque toutes ses oeuvres sont perdues.
On dit
que le traité intitulé CONTRE ARIUS ET SABELLIUS et présenté
sous le nom de Grégoire de Nysse fut dicté par lui.
Il est
intéressant de savoir qu'il avait le souci du bien-être
des aveugles - il était aveugle depuis l'âge de quatre
ans - et promouvant pour la première fois dans l'histoire un
système d'écriture par relief et creux.
Après
Didyme, nous entrons dans une période obscure de l'histoire de
l'École.
Elle
avait accompli sa part dans l'affinement de la doctrine chrétienne
et l'enseignement théologique dans ces années de formation.
Ensuite,
le zèle et la connaissance s'affadirent comme s'évanouit
une grande institution.
A.S.
ATIYA
traduit
de l'anglais par P. de Bogdanoff
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