Le saint martyr Mènas combattit pour le Christ pendant la persécution
de Maximien (296-304).
Il était
originaire d'Egypte et servait dans les armées impériales
stationnées à Kotyée, en Phrygie Salutaire (AsieMineure),
sous le commandement d'un certain Argyriscus.
Vétéran
de cinquante ans, Mènas se distinguait non seulement par sa force
et sa vaillance, mais aussi par sa sagesse et sa tempérance qu'il
tenait de sa foi au Christ.
A cette
époque le général Firmilien rassembla différentes
légions, dont celle de Mènas, pour les transférer
dans le pays des Berbères (Afrique du Nord).
Entre
autres missions, on avait chargé les soldats de s'emparer des
chrétiens qui refusaient de se soumettre aux sentences impériales.
Mènas
fut si scandalisé par ces mesures de répression qu'il
se révolta, jeta sa ceinture à terre en signe de désertion
et s'enfuit dans les montagnes situées à proximité
de Kotyaion, pour y pratiquer l'ascèse et vivre avec les bêtes
sauvages, dont les moeurs étaient plus douces que celles des
idolâtres.
Il y
demeura seul un certain temps, à vaquer dans le silence et la
solitude à la prière et à la purification de ses
passions. Lorsqu'il eut le coeur suffisamment affermi dans l'amour du
Christ, il reçut la révélation que le moment était
désormais venu de s'offrir au martyre.
Il descendit
donc en ville, un jour où les païens célébraient
une de leurs solennités impies, et s'écria devant tous:
"Sachez qu'il n'y a qu'un seul vrai Dieu: le Christ; et que
ceux que vous adorez ne sont que morceaux de bois muets et insensibles!"
D'abord
stupéfaits de son audace, les païens se précipitèrent
bientôt sur lui, le frappèrent et le livrèrent au
gouverneur de la ville, qui profita de l'occasion pour offrir les supplices
du saint athlète du Christ en divertissement à la foule.
Le saint
révéla sans crainte son passé et refusa toutes
les propositions qu'on lui faisait de regagner sa place dans l'armée.
On le
flagella cruellement et on lui frotta ensuite les plaies avec du crin.
Puis
on le suspendit à un chevalet, on lui écorcha la peau,
et on lui passa des torches enflammés sur tout le corps.
En voyant
sa chair tomber en lambeaux, le saint rendait gloire à Dieu d'être
ainsi délivré, par la participation aux souffrances du
Christ, des tuniques de peau qu'Adam a faites revêtir à
notre nature (cf. Gen 3, 21).
Il subit
encore d'autres supplices, puis, sur l'ordre du gouverneur excédé,
fut décapité.
Avant
son exécution, Mènas demanda aux quelques chrétiens
secrets qui avaient pu l'approcher, de transporter les restes de son
corps en Egypte, sa patrie.
Le tyran
ordonna de brûler sa dépouille, mais les fidèles
purent tout de même sauver une partie des précieuses reliques
et les transporter en Egypte, où on les ensevelit dignement en
construisant une église en l'honneur du grand martyr.
Après
son départ de cette vie, saint Mènas n'a pas cessé
d'être présent auprès des fidèles: de les
assister et de les secourir dans les dangers.
Ses
apparitions et ses miracles sont innombrables.
Parmi
les plus récents, rapportons-en un:
Pendant
les combats décisifs pour l'issue de la guerre, qui eurent lieu
en Afrique du Nord (1942), il advint que les troupes nazies commandées
par le général Rommel, en route pour Alexandrie, s'arrêtassent
près d'un lieu nommé El-Alameïn (déformation
arabe du nom de saint Mènas), où se trouvait les ruines
d'une ancienne église dédiée à Saint Mènas
(et d'après certains, son tombeau).
En face
des milliers d'Allemands, armés de fer et de feu, se trouvaient
de faibles forces alliées, parmi
lesquelles quelques Grecs.
L'issue
de l'affrontement qui se préparait semblait certaine.
Or,
la nuit venue, saint Mènas apparut au milieu du camp allemand
à la tête d'une caravane de chameaux, strictement de la
même manière qu'il était représenté
sur une des fresques de l'église, décrivant les miracles
du saint.
Cette
apparition jeta la stupeur, puis la panique parmi les Allemands, et
atteignit si fort leur moral que les alliés remportèrent
brillamment la victoire.
En reconnaissance,
on restaura l'église du saint et on fonda là un petit
monastère.