SAINT
MENAS
11 Novembre / 24 novembre
Extrait
du synaxaire orthodoxe
Editions
TO PERIVOLI TIS PANAGHIAS
THESSALONIQUE 1988
Diffusion
Monastère de Saint Antoine le Grand
Fond de Laval
F 26190 Saint Laurent en Royans
Le saint martyr Mènas combattit pour le Christ pendant la persécution
de Maximien (296-304). Il était originaire d'Egypte et servait dans
les armées impériales stationnées à Kotyée,
en Phrygie Salutaire (AsieMineure), sous le commandement d'un certain Argyriscus.
Vétéran de cinquante ans, Mènas se distinguait non seulement
par sa force et sa vaillance, mais aussi par sa sagesse et sa tempérance
qu'il tenait de sa foi au Christ. A cette époque le général
Firmilien rassembla différentes légions, dont celle de Mènas,
pour les transférer dans le pays des Berbères (Afrique du Nord).
Entre autres missions, on avait chargé les soldats de s'emparer des
chrétiens qui refusaient de se soumettre aux sentences impériales.
Mènas fut si scandalisé par ces mesures de répression
qu'il se révolta, jeta sa ceinture à terre en signe de désertion
et s'enfuit dans les montagnes situées à proximité de
Kotyaion, pour y pratiquer l'ascèse et vivre avec les bêtes sauvages,
dont les moeurs étaient plus douces que celles des idolâtres.
Il y demeura seul un certain temps, à vaquer dans le silence et la
solitude à la prière et à la purification de ses passions.
Lorsqu'il eut le coeur suffisamment affermi dans l'amour du Christ, il reçut
la révélation que le moment était désormais venu
de s'offrir au martyre. Il descendit donc en ville, un jour où les
païens célébraient une de leurs solennités impies,
et s'écria devant tous: "Sachez qu'il n'y a qu'un seul vrai Dieu:
le Christ; et que ceux que vous adorez ne sont que morceaux de bois muets
et insensibles!" D'abord stupéfaits de son audace, les païens
se précipitèrent bientôt sur lui, le frappèrent
et le livrèrent au gouverneur de la ville, qui profita de
l'occasion pour offrir les supplices du saint athlète du Christ en
divertissement à la foule. Le saint révéla sans crainte
son passé et refusa toutes les propositions qu'on lui faisait de regagner
sa place dans l'armée. On le flagella cruellement et on lui frotta
ensuite les plaies avec du crin. Puis on le suspendit à un chevalet,
on lui écorcha la peau, et on lui passa des torches enflammés
sur tout le corps. En voyant sa chair tomber en lambeaux, le saint rendait
gloire à Dieu d'être ainsi délivré, par la participation
aux souffrances du Christ, des tuniques de peau qu'Adam a faites revêtir
à notre nature (cf. Gen 3, 21). Il subit encore d'autres supplices,
puis, sur l'ordre du gouverneur excédé, fut décapité.
Avant son exécution, Mènas demanda aux quelques chrétiens
secrets qui avaient pu l'approcher, de transporter les restes de son corps
en Egypte, sa patrie. Le tyran ordonna de brûler sa dépouille,
mais les fidèles purent tout de même sauver une partie des précieuses
reliques et les transporter en Egypte, où on les ensevelit dignement
en construisant une église en l'honneur du grand martyr.
Après son départ de cette vie, saint Mènas n'a pas cessé
d'être présent auprès des fidèles: de les assister
et de les secourir dans les dangers. Ses apparitions et ses miracles sont
innombrables. Parmi les plus récents, rapportons-en deux. Pendant les
troubles qui suivirent la révolution grecque et les sanglantes répressions
déclenchées par les Turcs contre les partisans (1826), certains
Turcs d'Héracleion en Crète décidèrent de massacrer
les chrétiens qui s'étaient rassemblés dans la cathédrale,
dédiée à saint Mènas, pour célébrer
Pâques. Ils allumèrent des incendies dans différents quartiers
de la ville pour détourner l'attention des forces de police et encerclèrent
l'église, se préparant à y pénétrer de
force pour commettre leur forfait. Mais soudain, saint Mènas apparut
sous l'aspect d'une cavalier redoutable tenant une épée nue
à la main. Il jeta la panique parmi les Turcs et délivra les
chrétiens du danger. En signe de reconnaissance, les fidèles
d'Héracleion célèbrent chaque année, le mardi
de Pâques, la commémoration de ce miracle.
Plus récemment, pendant les combats décisifs pour l'issue de
la guerre, qui eurent lieu en Afrique du Nord (1942), il advint que les troupes
nazies commandées par le général Rommel, en route pour
Alexandrie, s'arrêtassent près d'un lieu nommé El-Alameïn
(déformation arabe du nom de saint Mènas), où se trouvait
les ruines d'une ancienne église dédiée à Saint
Mènas (et d'après certains, son tombeau). En face des milliers
d'Allemands, armés de fer et de feu, se trouvaient de faibles forces
alliées, parmi
lesquelles quelques Grecs. L'issue de l'affrontement qui se préparait
semblait certaine. Or, la nuit venue, saint Mènas apparut au milieu
du camp allemand à la tête d'une caravane de chameaux, strictement
de la même manière qu'il était représenté
sur une des fresques de l'église, décrivant les miracles du
saint. Cette apparition jeta la stupeur, puis la panique parmi les Allemands,
et atteignit si fort leur moral que les alliés remportèrent
brillamment la victoire. En reconnaissance, on restaura l'église du
saint et on fonda là un petit monastère.