Saint Antoine le Grand, père du monachisme (251-356).
Quand on nomme saint Antoine " le père du monachisme
" on ne veut pas dire qu'il ait inventé l'idée de
la vie religieuse, c'est-à-dire d'une vie consacrée uniquement
à Dieu, d'une vie tendant à la perfection, à côté
de la vie commune des chrétiens.
Les
conseils évangéliques viennent de Jésus-Christ,
tout aussi bien que les préceptes.
Mais
on vent dire que saint Antoine fut le premier à se séparer,
à s'isoler; à s'éloigner de la communauté
chrétienne pour mieux avancer dans la voie de la perfection.
Il fut
le premier à quitter le monde, pour mieux renoncer au monde.
Il était
né vers 251, en moyenne Égypte.
Devenu
orphelin, en 270, il reçut le baptême, plaça une
plus jeune soeur dans le collège des vierges et se mit à
pratiquer l'ascétisme.
Un jour,
à l'église, il entendit commenter le mot de Jésus-Christ
au riche de l'Évangile: "Si tu veux être parfait,
va-t-en, vends tout ton bien, donne-le aux pauvres, puis viens et suis-moi
! " (Saint Matthieu, XIX, 21 ).
Cette
parole le frappe, il la prend pour lui, il distribue aux pauvres tous
ses biens, puis il va s'enfermer dans une sorte de tombeau, assez éloigné
du village.
Quinze
ans plus tard (285), il s'enfonce dans le désert, et s'installe
dans les ruines du château de Pispir, auprès d'une source.
Deux
fois par an, on lui apportait son pain dans cette retraite presque sans
accès.
Son
temps était rempli par la prière et le travail, par la
lutte également, car le démon l'assaillait de tentations
demeurées légendaires.
Mais
si Antoine avait fui le monde, le monde s'occupait toujours de lui ;
on parlait dé ses mortifications, de son bonheur dans une solitude
que Dieu seul remplissait tout entière, on enviait ses vertus,
on désirait ses leçons.
Au
bout de vingt ans les disciples affluèrent en foule.
Dégoûtés
du monde, de ses plaisirs, parfois aussi de ses charges, ils accouraient
pour se ranger sous sa direction.
Quand,
au début du IVe siècle, Maximin Daïa déchaîna
la persécution sur l'Égypte, Antoine descendit à
Alexandrie, avec quelques compagnons, pour encourager les confesseurs
de la foi et peut-être s'offrir au martyre.
Les
bourreaux ne voulurent point de lui.
Il retourna
au désert et trouvant que Pispir était maintenant trop
peuplé, il s'enfonça plus avant et s'établit au
lieu où s'élève aujourd'hui le monastère
qui porte son nom.
Parmi
les disciples qui avaient recouru à ses conseils, il avait eu
jadis le jeune Athanase.
Une
amitié inébranlable unit dès lors les deux saints.
A l'âge
de 87 ans, Antoine fit le voyage d'Alexandrie pour venir saluer Athanase
au retour de son premier exil.
Ils
se revirent plusieurs fois et quand le vénérable solitaire
mourut, âgé de 105 ans, il légua à l'archevêque
sa tunique en peau de mouton et le manteau qui lui servait de lit.
L'intimité
respectueuse qui existait entre l'anachorète et l'évêque
avait, au point de vue de l'exemple, une extrême importance.
Elle
indiquait d'une part que la vraie sainteté ne consiste pas à
se livrer à son inspiration individuelle, mais qu'elle exige
la soumission à la hiérarchie établie par le Christ,
la communion constante à la vie de foi et de grâce que
dispense cette hiérarchie, et d'autre part que l'autorité
ecclésiastique s'incline avec vénération devant
l'action de l'Esprit-Saint au fond des âmes.
Cet
heureux mélange de discipline et de liberté spirituelle,
c'est toute l'Église catholique.
Pendant
que saint Antoine attirait vers Pispir une foule d'ascètes, d'autres
allaient en grand nombre se grouper autour du solitaire Ammonius,
ou Amoun;
celui-ci après avoir vécu 18 ans avec son épouse
comme un frère avec sa soeur, avait décidé avec
elle de s'adonner à la contemplation et à la pénitence
dans le désert de Nitrie (sud-ouest d'Alexandrie), pendant qu'elle-même
s'entourerait de vierges et de pieuses femmes consacrées au Seigneur.
Quand
Amoun mourut, saint Antoine, qui vivait encore vit les anges s'avancer
au devant de son âme pour l'accueillir au ciel.