Sous le
règne de l'empereur Dioclétien (284-305), deux légions
thébaines furent envoyées en Europe pour renforcer la
défense de la route militaire qui allait de la Ligurie à
Cologne.
Plusieurs chrétiens membres de ces légions furent martyrisés
pour avoir refusé de massacrer leurs coreligionnaires et de sacrifier
aux dieux païens : parmi eux, saint Maurice, saint Félix,
sainte Régula et saint Exuperantius sont toujours très
vénérés en Suisse.
Véréna, dont le nom signifie «fruit de Thèbes
» était la fille unique d'une noble famille thébaine
; elle fut baptisée et élevée dans la foi chrétienne
par un évêque du nom de Chaeremon.
Proche parente de plusieurs membres de la légion thébaine
envoyée en Europe, elle les rejoignit et partit avec eux pour
leur apporter son assistance.
Après leur martyre, elle vécut en ermite, pratiquant l'ascèse
et accueillant les pauvres et les malades, en particulier les lépreux,
qu'elle soignait et guérissait.
Son activité apostolique et sa popularité lui valurent
quelques jours d'emprisonnement, au cours desquels saint Maurice, son
cousin, lui apparut pour la réconforter Elle reprit ensuite sa
vie d'ermite et de thaumaturge, et reçut avant son départ
vers le ciel la visite de la Vierge Marie.
Elle est patronne de la ville de Zurzach et les lieux de culte qui lui
sont dédiés sont nombreux en Suisse, où elle est
très populaire.
On la représente avec une cruche et un double peigne de type
égyptien, symbole de ses activités charitables; c'est
ainsi qu'elle apparaît sur les armes de la ville de Staffa, dans
le canton de Zurich.(1)
Si le culte de Véréna est très répandu en
Europe, ce n'est qu'à l'époque contemporaine qu'il a commencé
à se développer en Egypte : en 1986, une partie des reliques
de la sainte a été remise par l'évêque du
canton de Zurich à une délégation copte pour être
transférée en Egypte.
En 1989, une association intitulée « La Famille de
Sainte Véréna », dépendante du patriarcat
copte orthodoxe, a été créée en vue du service
spirituel, social et sanitaire des personnes les plus défavorisées
des quartiers populaires d'Egypte.
Le 22 février 1994, le pape Shénouda III a consacré
une église du complexe patriarcal d'Abba Rueiss au Caire à
saint Maurice et sainte Véréna.
Servante
: Véréna est caractérisée par sa tenue de
servante, rouge et blanche comme celle des diacres, avec la ceinture
bleue nouée autour de la taille en signe de service et aussi
de consécration virginale.
Elle porte les outils du service : l'antique peigne égyptien,
la cruche qui lui permet de soigner et de désaltérer les
blessés de la vie.
Mais de sa main droite, Véréna tient fermement la croix
: à travers les pauvres et les malades, c'est le Christ souffrant
qu'elle sert.
Car cette femme célèbre pour le rayonnement de sa charité
est avant tout une contemplative : son visage pétri de compassion
reflète la lumière divine qui l'anime, et son regard,
tout intériorisé, est brûlant d'amour.
« Tout ce que vous faites au plus petit d'entre les miens,
c'est à moi que vous le faites »(2) : cette parole
du Christ est l'explication de la vie de Véréna.
A l'aube du IVe siècle, cette femme apparaît comme une
figure prophétique récapitulant divers charismes de l'Eglise
: appartenant au temps des martyrs, toute proche d'eux par sa parenté
et sa vocation à les suivre dans leur exil, elle-même persécutée
pour sa foi, elle annonce aussi déjà le temps des ascètes,
ces « martyrs blancs » qui consacreront leur vie
entière à Dieu dans la solitude (3) ; elle est également
un prototype de la charité évangélique dans le
service des pauvres, thaumaturge par ses miracles, et enfin missionnaire
par son activité et son rayonnement apostolique loin de sa terre
natale.
1.
De nombreuses sources attestent l'histoire de sainte Véréna
et de son culte, cf. Samir Fawzy GuIRGuis, « Deux saintes coptes
en Occident », LMC, n° 16, 1989, pp. 32-40.
2. Matthieu 25, 40.
3. Voir l'article du père Marc GRUBER, « Le monastère
au coeur de la communauté copte », LMC, n° 21-22,1993,
p. 207.
article
plus
sur Ste Vérène