PLANCHE LX - VERENA
(1er Septembre - 14 Septembre)
Collection particulière, Afrique du Sud, 1999 ; 0,42 m/0,22 m. Fête
: ler septembre grégorien, en Suisse, et mardi de Pâques
Époque : IIIe-IVe siècle
Translittération et traduction de l'inscription : TIAGIA PHERINA -
SAINTE VÉRENA
Sous le règne de l'empereur Dioclétien (284-305), deux légions
thébaines furent envoyées en Europe pour renforcer la défense
de la route militaire qui allait de la Ligurie à Cologne. Plusieurs
chrétiens membres de ces légions furent martyrisés pour
avoir refusé de massacrer leurs coreligionnaires et de sacrifier aux
dieux païens : parmi eux, saint Maurice, saint Félix, sainte Régula
et saint Exuperantius sont toujours très vénérés
en Suisse.
Véréna, dont le nom signifie «fruit de Thèbes »
était la fille unique d'une noble famille thébaine ; elle fut
baptisée et élevée dans la foi chrétienne par
un évêque du nom de Chaeremon. Proche parente de plusieurs membres
de la légion thébaine envoyée en Europe, elle les rejoignit
et partit avec eux pour leur apporter son assistance. Après leur martyre,
elle vécut en ermite, pratiquant l'ascèse et accueillant les
pauvres et les malades, en particulier les lépreux, qu'elle soignait
et guérissait. Son activité apostolique et sa popularité
lui valurent quelques jours d'emprisonnement, au cours desquels saint Maurice,
son cousin, lui apparut pour la réconforter Elle reprit ensuite sa
vie d'ermite et de thaumaturge, et reçut avant son départ vers
le ciel la visite de la Vierge Marie. Elle est patronne de la ville de Zurzach
et les lieux de culte qui lui sont dédiés sont nombreux en Suisse,
où elle est très populaire. On la représente avec une
cruche et un double peigne de type égyptien, symbole de ses activités
charitables ; c'est ainsi qu'elle apparaît sur les armes de la ville
de Staffa, dans le canton de Zurich.1
Si le culte de Véréna est très répandu en Europe,
ce n'est qu'à l'époque contemporaine qu'il a commencé
à se développer en Egypte : en 1986, une partie des reliques
de la sainte a été remise par l'évêque du canton
de Zurich à une délégation copte pour être transférée
en Egypte. En 1989, une association intitulée « La Famille de
Sainte Véréna », dépendante du patriarcat copte
orthodoxe, a été créée en vue du service spirituel,
social et sanitaire des personnes les plus défavorisées des
quartiers populaires d'Egypte. Le 22 février 1994, le pape Shénouda
III a consacré une église du complexe patriarcal d'Abba Rueiss
au Caire à saint Maurice et sainte Véréna.
Servante : Véréna est caractérisée par sa tenue
de servante, rouge et blanche comme celle des diacres, avec la ceinture bleue
nouée autour de la taille en signe de service et aussi de consécration
virginale. Elle porte les outils du service : l'antique peigne égyptien,
la cruche qui lui permet de soigner et de désaltérer les blessés
de la vie. Mais de sa main droite, Véréna tient ferme
ment la croix : à travers les pauvres et les malades, c'est le Christ
souffrant qu'elle sert. Car cette femme célèbre pour le rayonnement
de sa charité est avant tout une contemplative : son visage pétri
de compassion reflète la lumière divine qui l'anime, et son
regard, tout intériorisé, est brûlant d'amour. «
Tout ce que vous faites au plus petit d'entre les miens, c'est à moi
que vous le
faites »2 : cette parole du Christ est l'explication de la vie de Véréna.
A l'aube du IVe siècle, cette femme apparaît comme une figure
prophétique récapitulant divers charismes de l'Eglise : appartenant
au temps des martyrs, toute proche d'eux par sa parenté et sa vocation
à les suivre dans leur exil, elle-même persécutée
pour sa foi, elle annonce aussi déjà le temps des ascètes,
ces
« martyrs blancs » qui consacreront leur vie entière à
Dieu dans la solitude3 ; elle est également un prototype de la charité
évangélique dans le service des pauvres, thaumaturge par ses
miracles, et enfin missionnaire par son activité et son rayonnement
apostolique loin de sa terre natale.
1. De nombreuses sources attestent l'histoire de sainte Véréna
et de son culte, cf. Samir Fawzy GUIRGuis, « Deux saintes coptes en
Occident », LMC, n° 16, 1989, pp. 32-40.
2. Matthieu 25, 40.
3. Voir l'article du père Marc GRUBER, « Le monastère
au coeur de la communauté copte », LMC, n° 21-22,1993, p.
207.