C'est l'icône
égyptienne par excellence (1).
Isaac
Fanous et ses élèves en ont réalisé de nombreuses
versions.
Ce récit
revêt en Egypte l'importance d'un événement fondateur
: dans la tradition copte, on ne parle pas de " la Fuite en
Egypte " mais de l'" Entrée du Seigneur en Egypte
", ce qui rappelle l'"Entrée du Seigneur à
Jérusalem" le jour des Rameaux ; de très nombreuses
traditions illustrent cet événement, vécu en quelque
sorte comme l'" Illumination " et la conversion de
l'Égypte (2).
L'Egypte
est évoquée par le Nil, l'ibis (3),
les palmiers dattiers, formant entre eux une pyramide (4),
le temple d'Héliopolis, lieu traditionnel du passage de la Sainte
Famille.
Le triple
mouvement qui anime cette icône permet de saisir dans toute sa
profondeur le message lié à l'événement.
Le
premier mouvement, de gauche à droite, évoque le déplacement
historique de la Sainte Famille qui arrive en Egypte, sous la conduite
de Joseph sur qui repose l'ange.
Le
second mouvement est pyramidal : la terre d'Egypte en accueillant son
sauveur s'offre à la lumière divine qui vient à
sa rencontre et qui la féconde : les palmiers s'élèvent,
s'ouvrent en éventail et donnent leurs fruits, la terre fleurit
et le Nil, source de vie, devient porteur de vie éternelle les
poissons, symboles des évangélistes (5),
sont déjà attentifs à Celui qui vient, les lotus
préfigurent les sept sacrements par lesquelles l'Eglise transmettra
la vie divine.
Le troisième
mouvement est frontal.
Derrière
l'humilité de la scène, c'est une Vierge en Majesté
qui nous fait face : vêtue de son manteau bleu étoilé,
elle est " le nuage léger " prophétisé
par Isaïe, le trône du Christ (6);
le temps de ce voyage, l'âne lui-même est élevé
au rang de Chérubin, car c'est lui qui porte le trône de
la Majesté divine (7); il nous
regarde avec intensité, comme pour nous appeler silencieusement
à partager sa joie.
En allant
vers l'Egypte, pays païen, c'est en effet à toutes les nations,
à la création entière et à chacun d'entre
nous qu'est offert le salut : par son geste, l'ange nous désigne
le Messie.
"
J'ouvre la bouche pour louer le Christ mon Sauveur et pour glorifier
sa Mère, la Nuée légère, qui est descendue
en Egypte en portant Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Il
a brisé les idoles d'Egypte, a fait sortir [les Egyptiens] de
l'obscurité et de la mécréance et les a sauvés
de la perdition ; ils étaient perdus dans les ténèbres
de l'idolâtrie : il les a illuminés par la gloire de sa
divinité...
"Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se
lever une grande lumière "; le
Seigneur Jésus est venu nous sauver, il nous a donné la
vie à la place de la mort. Qu'il soit loué avec sa Mère,
qui l'a porté et a été son Trône. "
Livre VII, p. 461.
1.
Cf. LMC, n° 19, pp. 27-32. Ce thème est abondamment représenté,
en Orient comme en Occident. Pour l'Égypte, voir ATALLA, Icônes,
pp. 11, 23 et 129, et VAN MOORSEL, Catalogue, 16d, 39a et 42d.
2. Supra, pp. 29-31. Le n° 33-34 du Monde Copte est consacré
à ce thème de la Sainte Famille en Égypte.
3. Il s'agit de l'ibis sacré, qui a complètement disparu
de l'Egypte actuelle, où il est remplacé par le héron
garde-boeufs ; dans l'Égypte ancienne, l'ibis était l'animal
sacré du dieu Thôt ; dans le christianisme, il est identifié
au Sauveur car il débarrasse la terre des insectes nuisibles, comme
le Christ a débarrassé l'Égypte des idoles.
4. La fête célébrant l'entrée du Christ en
Égypte est le 24 bashans, pendant la saison de maturité
des dattes en Égypte.
5 C'est une tradition copte, car les poissons vont, par la mer, "
aux quatre coins du monde ", comme les quatre Évangiles;
la séparation en trois et un représente les trois Évangiles
synoptiques et l'Évangile de Jean. 6. Isaïe 19, 1.
7. Psaume 17, 11.
iconographie
voyage
de la Sainte Famille en Egypte
icône du
retour d'Egypte