Tout ce qui a été écrit en ce qui concerne votre
personne.
Saint
et Pape Kyrillos, n'est qu'un reflet pauvre de la réalité.
Les mots sont incapables d'exprimer ce que vous méritez, vous,
qui nous avez transportés de la dispersion et de la ruine(1)
à la richesse de l'esprit et à la chaleur de la grâce
par vos prières et vos Divines Liturgies.
Les
pécheurs se sont repentis et les curs endurcis ont retrouvé
la foi...
Si
je présente ici quelques-uns de mes souvenirs sur le Pape Kyrillos,
c'est pour répondre à la demande de plusieurs amis.
Je
prie Dieu pour que ce que j'écris soit utile pour notre développement
spirituel; ainsi, nous serons heureux d'obtenir les bénédictions
des prières de ce Saint.
Imitons-le
comme lui il imitait le Seigneur Jésus-Christ Notre Dieu à
Qui est la gloire étemelle aux siècles des siècles.
Amen.
Né en août 1902 et nommé Azer, il entra au monastère
El-Baramos le 27 juillet 1927.
Ordonné
moine le 25 février 1928 et surnommé Mina, il fut ordonné
prêtre le 18 juillet 1931.
Le Père Mina mena une vie solitaire dans la vallée de
Natroun (2) puis dans un moulin dans la
montagne El Mokatam
(3).
Il construisit
une église dans le vieux Caire portant le nom du martyr saint
Mina. Il y résida jusqu'à son ordination patriarcale en
1959.
Avant
son ordination, il fut nommé responsable du monastère
d'Amba (4) Samuel le confesseur à
Zora(5).
Il fut
ordonné Patriarche le dimanche 10 mai 1959. Pendant son pontificat,
il réalisa:
- le renouvellement de l'ancienne Cathédrale de Saint Marc,
- la fondation du monastère Saint Mina à Mariout,
- la nouvelle Cathédrale à Amba Rueïs au Caire,
- pour la première fois dans l'histoire de l'Eglise Copte Orthodoxe,
la construction d'églises coptes orthodoxes en Asie,
en Amérique, au Canada et en Australie,
- l'envoi de prêtres en Europe et en Afrique,
- le retour du corps de saint Marc de l'Italie,
- un puissant mouvement vers la vie monastique,
- de même pour le service social,
- la consécration du Saint Chrême(6),
- enfin, pendant son pontificat, la Sainte Mère de Dieu apparut
à Zeïtoun, au Caire en 1968.
LE PAPE ET SON AMOUR POUR DIEU
Un précoce amour de Dieu l'absorba dès sa tendre enfance.
Au fond
de son âme s'épanouissait et jaillissait un solide et profond
amour qui se manifesta alors que le jeune homme commençait à
pratiquer la vie de solitude comme un moine, dans sa chambre, chez lui,
se contentant de repas frugaux et abandonnant son lit confortable pour
dormir par terre.
Quand il acheva cette pratique dure et sévère après
cinq ans, il voulut s'en aller vers le désert et devenir moine,
mais il dut affronter plusieurs obstacles tels que l'objection de ses
parents et de ses amis.
Après
avoir réussi à les franchir, il fut surpris par l'objection
de Amba Youannis, le "vice-pape" de cette époque.
Ces
objections s'expliquent par le fait qu'à ce moment-là,
la vie des monastères était réservée aux
pauvres et aux personnes dont le niveau d'éducation était
limité.
Azer
(le Pape Kyrillos) n'était pas de ces gens-là. Sa famille
vivait dans l'aisance, et lui, possédait une éducation
plus élevée que les gens de son temps.
Par
exemple il parlait couramment l'anglais.
D'autre
part, il vivait dans une ville et il n'était pas normal qu'un
"citadin" choisisse la vie des monastères.
Amba
Youannis lui dit : "Mon fils, les gens qui mènent une
vie citadine ne peuvent pas supporter la vie difficile du monastère."
Très
peu peuvent persévérer et réussir dans ce domaine.
Tous
ces obstacles et d'autres encore ne l'ont ni affaibli ni découragé.
Il réussit
ainsi à aller dans le désert où il fut ordonné
moine dans le monastère d'El Bara-mos.
Il avait
à ce moment-là vingt-cinq ans.
Ayant
pris le train sur le chemin du monastère, c'est avec joie qu'il
partait là où sont absentes toutes les convoitises du
monde.
Aussi,
il se débarrassa même de ses habits du monde pour entrer
dans cet "autre" monde, pour oublier la vie du monde.
Par
exemple, quand il descendit du train, à la station de Houkaria,
il demanda au receveur du train pourquoi il ne portait pas de tarbouch
(7).
Le receveur
lui apprit que c'était à cause de sa pauvreté;
Azer alors enleva son tarbouch et le donna au receveur qui le remercia
chaleureusement.
Puis,
s'adressant au conducteur du train, il lui demanda quelle était
sa situation.
Celui-ci
se plaignit de sa pauvreté et exprima ses besoins.
Azer
enleva immédiatement son veston pour le lui donner, lui promettant
aussi de lui envoyer sa chemise et son pantalon dès son arrivée
au monastère.
Et de
fait, il envoya au conducteur en question ce qu'il lui avait promis,
par l'intermédiaire d'une personne qui visitait le monastère.
Dès son arrivée au monastère, il fut d'une extrême
sévérité envers lui-même.
Il
s'occupa des travaux difficiles.
Il servit
les vieux moines, lavant leurs vêtements et remplissant leurs
cruches d'eau.
Quand
il fut ordonné prêtre en juillet 1931, il dut aller, suite
à la demande d'Amba Youannis, à l'église de Saint
Marc en Alexandrie pour apprendre la tradition de la pratique de la
Divine Liturgie.
Ses
parents demandèrent alors à Amba Youannis de lui permettre
de les visiter; malgré son accord, Azer, maintenant appelé
"Mina le prêtre", d'abord refusa puis n'accepta
d'y aller qu'après maintes pressions.
Dans
la maison de sa famille, un repas copieux l'attendait, il s'interdit
de manger quoi que ce soit et il se contenta d'une tasse de café.
Il s'empressa
par la suite de retourner à l'église, ce qui suscita l'admiration
d'Amba Youannis et sa surprise devant une telle sérénité
et un tel ascétisme.
LA SORTIE VERS LA SOLITUDE
La vie monastique n'avait ni apaisé sa faim ni étanché
sa soif quant à son amour pour Dieu qui ne faisait que s'accroître
avec le temps.
A partir
de ces moments d'extase, son désir penchait vers la solitude,
le chemin que les "grands" saints choisissent pour
s'imprégner de la bénédiction divine, pour jouir
de son immense gloire et pour épouser l'âme de Dieu en
Jésus.
Ayant
évité d'être ordonné évêque,
et ayant auparavant expérimenté la vie de solitude, il
alla vivre dans le monastère de Saint Amba Shenouda à
Sohag (8), avant de prendre sa décision
finale de persévérer dans les degrés de profonde
solitude. Il avait à ce moment-là trente ans.
Le
trouvant trop jeune pour une épreuve aussi forte que celle-ci,
l'assemblée des moines refusa sa demande par compassion pour
lui, car elle craignait que Satan le détruise en lui insufflant
l'orgueil et la vaine gloire.
L'assemblée
contredit aussi son maître El Komos Abdel Messih El Massoudi qui
partageait l'opinion du moine Mina.
Un des
moines âgés blâma même El Komos Abdel Messih
en disant:
"
Notre père, n'avez-vous pas vécu quarante ans dans
le monastère ?
Avez-vous
pensé un jour de vivre seul au désert, à l'extérieur
des murs du monastère?
Y
a-t-il un jeune moine parmi nous qui ait pensé vivre au désert?
Je
vous prie de persuader ce jeune moine d'oublier son projet..."
Un autre moine âgé, s'adressant au jeune Père Mina
lui dit:
"Tu
as trente ans et tu as passé seulement cinq ans au monastère
et tu veux mener la vie de solitude dans le désert, celle-là
même pour laquelle plusieurs autres avant toi ont lutté
trente ou quarante ans sans succès ?"
Mais
les anciens du monastère échouèrent à le
détourner de son projet et il réussit à atteindre
son but: vivre seul dans le désert, car il aimait Dieu de tout
son cur et de toute son âme...
et il
voulait méditer sur Dieu jour et nuit. Tout ce qui lui fut dit
ne l'inquiéta pas, les fortes objections non plus ne le firent
pas changer d'avis, car Dieu lui avait tracé le chemin et lui
avait prouvé son amour.
Une
force intérieure puissante le poussait à s'élancer
au sein du désert pour apaiser la faim et étancher la
soif de son âme pour Dieu.
Le Père Mina marcha sur le chemin de la solitude après
avoir promis de rester sous la surveillance du conseil des pères
du monastère et d'aller au monastère, chaque samedi et
dimanche, pour s'instruire auprès de son maître El Komos
Abdel Messih El Massoudi et pour assister aux prières du samedi
soir et à la Divine Liturgie du dimanche.
Ainsi,
loin du monastère, il demeura dans une grotte qui fut habitée
auparavant par un autre moine appelé Amba Sarabamoun le solitaire.
A cause
de son amour pour Dieu et de sa solitude pour se sentir plus proche
de Lui, tout devint facile et rien ne fut impossible. Après avoir
quitté la vallée du Natroun où se trouvent sa grotte
et le monastère El Baramos, il vécut au sommet de la montagne
d'El Mokkatam dans un moulin déserté et délabré
(9).
Il y
vécut comme il l'avait trouvé ..., sans porte, sans lit...
Pourquoi?
Parce
que son véritable confort était en Dieu Son Sauveur.
Il vécut
dans ce lieu, sans aucune crainte des reptiles et des animaux sauvages
qui s'abstinrent de le dévorer, lui comme les autres prophètes
et saints avant lui.
L'ASSAUT DE SATAN
Voyant le Père Mina avec une volonté inébranlable
et une forte foi en Dieu, Satan lui déclara la guerre. Il essaya
de le sortir de sa solitude et de perturber son paradis terrestre.
Mais
Dieu était avec lui.
Alors
Satan essaya une autre stratégie : il parvint à persuader
la sentinelle de ne pas apporter d'eau au Père Mina, cependant
un saint apparut à cette sentinelle, l'avertit de sa mauvaise
conduite et le menaça.
Celui-ci
se leva immédiatement, et en pleine nuit escalada la montagne,
et amena de l'eau au Père Mina qui en avait grand besoin; ce
dernier se réjouit et remercia Dieu parce qu'il prenait soin
de lui.
De
même, lorsque l'inspecteur du tourisme essaya de le chasser du
moulin sans aucune raison, s'adressant à ce modeste moine avec
un ton grossier, Dieu sema la peur dans le cur de son épouse
en lui permettant de voir en rêve le Père Mina qui lui
parlait fermement.
Le lendemain
matin l'inspecteur et son épouse frappaient à la porte
(10) du moulin pour s'excuser et se repentir.
Père Mina subit ensuite une épreuve plus difficile: Satan,
l'ennemi de la race humaine, envoya des voleurs qui le battirent et
le frappèrent à la tête.
Père
Mina s'évanouit et quand il reprit connaissance, il remarqua
que le sang coulait de sa tête; il se traîna péniblement
pour atteindre l'image de son bien-aimé saint Mina qu'il posa
à l'endroit de sa blessure; le sang cessa de couler immédiatement
et il se dirigea vers l'hôpital Harmal où il fut soigné.
Là,
grande fut la surprise des médecins quand ils apprirent qu'il
avait marché six kilomètres (la distance de son moulin
jusqu'à l'hôpital) dans un tel état et qu'en plus
il jeûnait et se nourrissait seulement de légumes secs
(comme les fèves et les lentilles).
Malgré
tous ces obstacles, le Père Mina persévérait dans
le chemin de la solitude qu'il considérait comme le pont qui
le menait à la vie étemelle.
Ce qui
prouve aussi son amour pour la vie de solitude et son désintérêt
pour la vie mondaine c'est ce qu'il m'a dit à la fin de ce grand
jour de l'inauguration de la nouvelle cathédrale, du retour du
corps de saint Marc en Egypte et des cérémonies splendides
auxquelles le président Nasser, l'empereur d'Ethiopie, et les
délégués de nombreuses églises ont participé:
"Vois-tu
mon fils toutes ces cérémonies ?"
Je lui
répondis :
"Oui"
il répéta
la même question et je lui répondis :
"Que
le Bon Dieu vous accorde une longue vie et que votre règne soit
rempli de cérémonies glorieuses".
Et là,
le Pape me surprit en me répondant:
"Tout
ceci, mon fils, n'égale pas une seule nuit dans le moulin de
la montagne au vieux Caire".
UNE MÉTHODE PARTICULIÈRE
Le Pape Kyrillos suivit une méthode singulière pour exprimer
son amour à Dieu: une méthode qui se différencie
de celles suivies par les autres moines et ceux qui prient et qui sont
mentionnés dans l'histoire de notre Eglise.
Il était
au comble de la joie quand il se trouvait devant l'autel de Dieu pour
présenter l'Eucharistie. Son objectif était de bénéficier
toujours de la source de la puissance divine.
Quand
il lui fut demandé la raison pour laquelle il célébrait
la Divine Liturgie quotidiennement, sa réponse était toute
simple: si le prêtre est présent, la farine disponible,
que l'autel est là et que nous ne prions pas, qu'allons-nous
dire à Dieu?
Cette
logique l'amenait naturellement, chaque fois que c'était possible,
devant l'autel pour se retrouver entre les mains de Dieu.
Tous
furent témoins de ce style propre au Pape Kyrillos.
Le Pape
actuel, Shenouda III déclara
à ce propos:
"
Il n'existe pas, dans toute l'histoire de notre Eglise un pape comme
le Pape Kyrillos qui a pu célébrer un si grand nombre
de Divine Liturgies. Il a célébré plus de 12000
Divines Liturgies. Cet exploit n'a été accompli auparavant
par aucun pape d'Alexandrie, aucun moine ou personne ailleurs. Il était
extraordinaire dans ses prières."
Aussi le révérend Père El Komos Mina Ava Mina (le
premier diacre du Pape Kyrillos) et ancien supérieur du monastère
du martyr Saint Mina ajoute:
"
Le Pape Kyrillos représente non seulement une étape
glorieuse de l'histoire de l'Eglise, mais aussi une grande école,
ayant sa philosophie ecclésiastique spirituelle qui restera durant
plusieurs siècles, glorieuse, à cause de sa profondeur
spirituelle".
En vérité, les mots sont incapables d'exprimer le degré
de son amour pour son Dieu et Sauveur; un amour qui, parce qu'il relève
d'une vie intérieure profonde, ne peut pas être exprimé
par de simples mots.
Ses
actes ont cependant dévoilé ce véritable amour
pour Dieu, amour caché dans la profondeur de son âme, comme
une réalité non moins surprenante.
Il fut
un jour opéré de l'appendicite; qu'est-ce que son inconscient
allait laisser échapper sous l'effet de l'anesthésie?
A l'encontre
de ce que certains psychologues croient, c'est-à-dire que même
les personnes menant une vie vertueuse, dévoilent leurs désirs
secrets sous l'effet de l'anesthésie, il n'y eût pas un
seul désir refoulé dans le tréfonds de son être.
Le
Père Mina, au moment de l'opération et après celle-ci,
fût complètement dans la paix de Dieu, dominant tous ses
sens et toutes les issues de son âme.
De ce
fait, nous n'avons entendu de lui que des psaumes et des chants religieux
... ceci à la grande surprise des médecins et de tous
les assistants.
LA RESPONSABILITÉ DU "PASTEUR": SA FUITE DE
L'ÉPISCOPAT
Le salut des âmes est le but de l'Eglise du Christ, la base et
le centre de ses activités sont les prières... les traditions...
les divers services.
La responsabilité
du pasteur comme l'a précisé notre Seigneur, c'est de
livrer sa vie pour ses brebis: responsabilité non moins grande
et difficile.
C'est
pour cela que certains pères saints fuirent cette responsabilité
alors que d'autres furent emmenés à celle-ci, enchaînés,
malgré eux.
Il n'est
pas étonnant de trouver le moine Mina qui aime prier dans la
solitude et dont le cur et la vie sont remplis de l'amour de Dieu,
vivre très loin de toute préoccupation administrative
de l'Eglise.
Dans
la première période de la vie de solitude du Père
Mina, Amba Youannis voulut l'ordonner évêque, mais celui-là
s'échappa de la faculté de théologie à Heiwan,
pour trouver refuge au monastère du grand saint Amba Shenouda
de Sohag.
Par
la suite, il retourna au désert et reprit la solitude dans laquelle
il vécut plusieurs années, d'abord dans sa cellule du
Wadi El Natroun, ensuite au moulin à vent au vieux Caire, loin
du monde et de tout ce qui s'y rattache.
DES LARMES DANS LE JOUR DE JOIE
Lorsque les prières émanant du cur du peuple s'adressèrent
à Dieu pour qu'Il sauve l'Eglise de ce qu'Elle avait enduré,
et quand tous furent d'accord que les candidats au patriarcat doivent
être moines, quelques-uns de ceux qui admiraient la vie que menait
Père Mina, lui demandèrent de présenter sa candidature
mais il refusa catégoriquement.
Cependant,
Amba Athanasios le "vice-patriarche" de cette époque
remplit pour le Père Mina sans lui demander son opinion le formulaire
de cette candidature.
Quand
le Père Mina apprit ce qu'avait fait Amba Athanasios, il demanda
avec insistance à ses disciples et à ses amis de ne faire
aucune propagande pour lui.
Quand
la sélection divine fut annoncée et que le Père
Mina fut choisi, celui-ci pleura et refusa que les cloches tintent pour
exprimer la joie de cette élection pendant la Divine Liturgie.
Dès
que la Divine Liturgie fut terminée, il se plaça devant
l'autel, les yeux inondés de larmes, priant Dieu qui l'avait
choisi, de le fortifier et de le soutenir pour cheminer dans ce qu'il
appela "la nouvelle tentation".
Le jour
de son ordination, il pleura beaucoup, avouant sa faiblesse devant cette
responsabilité colossale.
Les
larmes qui ruisselaient de ses yeux reflétaient sa tristesse.
Beaucoup
de gens furent émus et gardèrent avec affection le souvenir
de cette scène photographiée.
Nous
retrouvons aussi dans le livre de l'historien allemand Otto Meinardus,
intitulé : Les moines et les monastères des déserts
égyptiens, une photo unique de cette tristesse du Pape.
Ceci
nous prouve à quel point ces larmes sincères touchèrent
ceux qui l'ont vu.
Le
docteur Ibrahim Saïed, le pasteur responsable de l'Eglise anglicane
déclara le jour de l'ordination du Pape:
"
... ce qui m'a ému le plus, ce sont ces larmes abondantes
qui ruisselaient de ses yeux devant l'autel avant son ordination.
Elles étaient pour moi, plus précieuses que les perles
incrustées dans sa couronne" (11).
Depuis
lors, l'amitié entre lui et le Pape Kyrillos augmenta et il visitait
le Pape régulièrement.
QUELQUES EVENEMENTS DE LA JOURNEE DE SON ORDINATION
Evoquons quelques souvenirs de cette journée historique de l'ordination
du Pape Kyrillos, journée qui engendra une ère glorieuse
dans l'histoire contemporaine de l'Eglise.
Voyons
comment les hommes de Dieu agissent lorsqu'ils sont choisis pour assumer
des responsabilités dont celles des âmes du peuple sont
parmi les plus difficiles.
La journée
en question commença vers deux heures et demie du matin, lorsque
le gardien du palais papal remarqua une personne qui marchait dans la
cour.
Il cria:
"Qui
êtes-vous ?" tout en s'approchant de lui pour l'identifier.
Quand
il constata que c'était l'élu de Dieu, il recula, mais
Père Mina lui demanda d'ouvrir la porte de l'église pour
faire "El Tasbeha" (12).
Le
gardien l'informa que les diacres ne viendraient qu'à quatre
heures du matin pour prier mais Père Mina lui exprima son désir
de commencer lui-même tout de suite.
Le gardien
obéit et Père Mina entra à l'église, se
prosterna devant l'autel sacré de Dieu, alluma quelques chandelles
et fit "El Tasbeha".
Quand
les diacres arrivèrent, ils furent tous surpris car ils n'avaient
jamais entendu auparavant qu'un pape (13)
fit lui-même "El Tasbeha".
Par
la suite, il commença à présenter l'encens du matin
à l'étonnement de tous les assistants.
Dans
la petite chapelle annexe à la cathédrale, il s'assit
attendant le prêtre qui devait faire la première Divine
Liturgie.
Plusieurs
personnes insistèrent pour qu'il se repose jusqu'à ce
que les métropolites et les évêques viennent l'ordonner;
mais pour sa part, il préféra assister à cette
première Divine Liturgie car la Divine Liturgie était
pour lui une source de consolations.
Ainsi,
il se leva et se dirigea vers l'un des coins de l'autel, pleura et pria
Dieu afin qu'il l'aide dans cette nouvelle mission.
Après
avoir assisté à la Divine Liturgie, il retourna à
sa cellule puis une grande foule de métropolites, d'évêques,
de diacres, de laïcs accompagna Père Mina jusqu'à
l'église.
Les
métropolites et les évêques lui donnèrent
les clés de la Cathédrale.
Il ouvrit
la porte en disant:
"Ouvrez-moi
les portes de la justice, que j'y entre pour rendre grâce au Seigneur:
la voici, c'est la porte du Seigneur, c'est par là qu'entreront
les justes; je te rends grâce, car tu m'as exaucé, tu t'es
fait mon salut. Alléluia" (Ps 118,19-21).
Puis,
il entra à l'église, se prosterna longuement devant l'autel
jusqu'à ce que le vice-pape, le défunt Amba Athanasios
lui dise:
"
Lève-toi notre Père Mina pour que nous commencions".
Le Père
Mina se leva, les larmes inondant son visage illuminé.
Amba
Athanasios lui dit:
"Le
Dieu qui t'a choisi, est celui qui te soutiendra. Ne crains rien."
Puis
la cérémonie de son ordination commença et les
pères métropolites posèrent leur main sur sa tête,
ainsi que les quatre évangiles.
Amba
Athanasios oignit trois fois son front en disant:
"Nous
t'ordonnons Pape Kyrillos VI, Pape d'Alexandrie et Patriarche de la
Prédication de Saint Marc", et à chaque fois le peuple
répondait, leurs curs à l'unisson: "Amen
Kyrie Eleison" (14).
Le Pape
Kyrillos s'avança pour embrasser l'autel et y prit le bâton
pastoral ainsi que la croix puis il sortit tenant la croix à
la main droite et le bâton pastoral à la main gauche.
Les
métropolites l'assirent sur le trône de Saint Marc.
En lisant
le chapitre du Saint Evangile où le verset dit: "Je suis
le Bon Pasteur", il s'abstint de le dire tel qu'il est et dit
plutôt: "Le Seigneur Jésus a dit: Je suis le Bon
Pasteur".
La foule
répondit trois fois à l'unisson:" Axios"
c'est-à-dire "Il est digne", et ses yeux se
baignèrent de larmes.
Puis
le premier message papal fut lu, celui que le Pape avait écrit
lui-même.
Ce message
reprenait les paroles de saint Paul:
"Mais
de toute façon ma vie m'importe peu, pourvu que j'achève
ma course et que je remplisse la mission que j'ai reçue du Seigneur
Jésus de rendre témoignage à l'Evangile de la grâce
de Dieu" (Actes des Apôtres 20,24)...
Quelle
est en effet notre espérance, notre joie, la couronne dont nous
serons fiers, si ce n'est vous, en présence de notre Seigneur
Jésus lors de son Avènement? (l Th 2,19).
Donc,
ma joie est dans votre succès, mon bonheur est dans la stabilité
de votre foi, dans la force de votre espoir et dans l'augmentation de
votre amour."
Ce n'est
pas en vain que le Pape Kyrillos choisit ces versets dans son premier
message à ses fidèles.
Ce
message signifiait qu'une nouvelle ère de responsabilité
pastorale véritable commençait. Dieu a envoyé le
Pape Kyrillos comme une compensation des années sombres où
nous avons subi amertume, perte et échec.
UNE VÉRITABLE PATERNITÉ
Après la cérémonie, le Pape Kyrillos déclara
que s'il était devenu le père de tous, c'est aussi pour
être le père tendre et le serviteur qui veille.
A la
fin de la Divine Liturgie, la foule s'empressa de l'approcher avec beaucoup
de joie et l'entoura; il les bénissait chacun, tour à
tour; il resta debout durant des heures sans exprimer aucune fatigue
ou monotonie, mais plutôt patience et douceur jusqu'à ce
que les métropolites aient pitié de lui, après
avoir remarqué la sueur qui coulait de son front et le prient
de prendre un peu de repos; mais il refusa de renvoyer quiconque venait
à lui pour prendre sa bénédiction.
Il sema
la joie dans tous les curs, aussi bien des grands que des petits
...
Chacun
retourna chez lui en glorifiant Dieu de ce qu'il avait vu et entendu.
Il est
important de méditer sur les événements de ce jour
glorieux car nous sommes sûrs et certains que les prières
du Pape commencées avant l'aube, ses larmes sincères qu'il
a versées étaient bien plus précieuses que maints
écrits ou paroles.
Ses
prières et ses larmes laissèrent de profondes traces dans
plusieurs âmes mêmes dans celles loin de l'Eglise...
...
Dès le premier jour de son règne, il ne dressa aucun obstacle
entre lui et son peuple ...car
c'est pour lui que Dieu l'avait choisi comme pasteur, pour qu'il le
protège du "mal" et du "Malin", pour qu'il
aide le faible et sauve le pécheur.
Frère,
pour cette raison tu aurais pu rencontrer le Pape Kyrillos à
n'importe quel moment où tu aurais eu besoin de lui, même
s'il était malade, ou à minuit pendant que tous dormaient
et même s'il dormait, saint Mina l'aurait réveillé
pour toi.
Pour
ne citer qu'un exemple, rappelons l'histoire du médecin qui voulait
voir le Pape Kyrillos pour qu'il prie pour lui après l'échec
de tous les efforts des médecins et des soins médicaux.
Or,
ce jour-là, le Pape, fatigué, s'était endormi et
se reposait.
Lorsque
le médecin vit que le Pape ne venait pas, il décida de
s'en aller, mais le Pape se réveilla car saint Mina l'avait informé
qu'un de ses fils l'attendait à l'extérieur pour recevoir
sa bénédiction.
Le médecin
fut surpris de voir le Pape arriver et de l'entendre l'appeler par son
nom, car ils ne s'étaient jamais vus ou connus auparavant...
LA JOIE DE SAINT MARC
Le ciel lui confirmait sa conduite sainte...
Voici
une histoire que j'ai vécue moi-même, que je garde encore
proche dans mon cur, et dont je me souviens de chaque détail.
Un dimanche,
pendant les prières de l'aube, j'ai remarqué que le Pape
s'attardait devant le trône de Saint Marc en lui offrant l'encens;
il priait à voix basse, ses paroles étaient inaudibles
et il souriait.
J'étais
perplexe et je n'osais pas lui poser de questions.
Mais
le Pape, dans sa modestie et dans sa gentillesse m'appela et me dit:
"Mon
fils, salue saint Marc"; je lui répondis:
"Je
ne vois personne Monseigneur".
Il me
dit alors:
"
Mon fils, saint Marc est assis sur son trône, il est très
heureux ...II était très triste depuis plus de trente
ans... mais maintenant mon fils, il est assis heureux et joyeux."
Je lui
répondis tristement:
"
Monseigneur, je ne vois personne."
Le Pape
me dit:
"Que
Dieu te le dévoile mon fils."
Le Pape
continuait à offrir l'encens et à prier longuement, demandant
l'intercession et la bénédiction de saint Marc.
Frère, nous te prions de méditer quelque peu sur cette
histoire pour bien discerner son sens profond et pour comprendre la
connaissance divine qu'elle dévoile.
LE COMMANDEMENT SPIRITUEL
Ce qui précède nous amène à parler du Pape
en tant que "chef" spirituel.
Le chef
spirituel est d'une nature particulière et ce concept se distingue
des autres types de dirigeant qui appartiennent au monde spirituel.
L'aspect
essentiel caractérisant le chef spirituel est le choix divin
comme Moïse, David et Samuel, choix de Dieu qui dirige ses pas
et le guide dans sa vie.
Le
dirigeant dans ce cas-là est lié étroitement au
Ciel.
L'héritage
spirituel est son point de focalisation, à tel point que, pour
lui, le monde et sa gloire, sa splendeur et sa beauté perdent
toute valeur.
Ce chef
spirituel ne réclame jamais les succès réalisés
comme un résultat de ses efforts personnels; il ne pense point
que ses plans proviennent de sa propre intelligence ou que le mot de
salut qu'il prononce vienne de lui.
Toutes
ses actions doivent témoigner pour la vérité et
il s'interdit d'attirer l'attention sur lui.
LES ARMES DU "CHEF"
Le Ciel avant même la terre, avait témoigné que
le Pape Kyrillos était un grand "chef" spirituel.
La prière, le jeûne et l'humilité devant Dieu étaient
son style de vie et ses armes.
Les
pages précédentes prouvent tous ces points et c'est en
cela qu'il ressemble à tous les "chefs" spirituels
que le Livre Saint nous présente ou que nous connaissons à
travers l'histoire de l'Eglise.
Dieu
le guidait dans sa vie et c'est pour cette raison qu'il réussissait
dans tout ce qu'il entreprenait. Il put faire régner la paix
dans toute l'Eglise: désolation et inimitié furent dissipées.
Tout
ceci était clair dès le premier jour de son règne
où tous les curs l'aimèrent et s'attachèrent
à lui.
Tout
le monde remarqua sa conduite vertueuse et en parlait.
Les
signes divins atteignirent leur apogée avec l'apparition de la
Vierge Marie, Mère de la Lumière, sur l'église
de Zeïtoun au
Caire en Egypte.
Cette
nouvelle répandit le nom de l'Eglise Copte aux quatre coins du
monde et le Pape Kyrillos fut connu partout, lui, le moine simple qui
vivait dans une cellule au monastère puis dans une caverne dans
la montagne.
Même quand il devint Pape d'Alexandrie, il continua à mener
la même vie austère et simple. Comme les premiers jours
de sa solitude, sa nourriture restait frugale.
Il portait
les mêmes vêtements simples et rugueux.
Aussi,
qui aurait vu son lit, n'aurait pu imaginer qu'il appartînt au
Grand Dirigeant de l'Eglise.
Sur
la porte de son salon, on pouvait lire sa devise:
"Délaisse
les biens terrestres, Dieu t'aimera; laisse aux humains ce qu'ils tiennent
dans la main, ils t'aimeront... Qui poursuit le prestige, le prestige
le fuit; et qui le fuit, le prestige le suit et mène les gens
à lui."
LA VOIE DU SILENCE
Le Pape Kyrillos préféra suivre le chemin difficile que
le Seigneur, gloire à Lui, nous a enseigné, c'est-à-dire
au lieu de "parler", donner le bon exemple par l'action.
En effet,
il considérait que le cur qui ne s'adoucit pas devant l'image
de la sainteté et ne se convertit pas devant le bon exemple,
ne changera pas devant les prédications et les paroles.
Nous
voulons attirer l'attention sur le fait que le Pape, s'il avait choisi
la voie du silence comme conduite dans sa vie, ce n'est point à
cause d'une inaptitude de sa part, bien au contraire, car il fut le
disciple de grands professeurs tels que le défunt Iskander Hanna,
prêcheur talentueux et inspire, et le grand savant et père
spirituel El Komos Abd El Mes-sih El Massoudi.
Ajoutons
qu'il fut l'élève de grands pères spirituels chez
qui il avait étudié les écrits, et dont l'héritage
spirituel immortel s'était approfondi.
D'ailleurs,
Amba Youannis fut ravi lorsqu'il entendit un sermon du moine Mina, dans
une des prières du soir, quand il était étudiant
dans la faculté de théologie à Heiwan.
Après
ce sermon, Amba Youannis avait pensé sérieusement à
l'ordonner évêque mais le Père Mina s'était
enfui de la faculté de théologie.
Le Pape
Kyrillos m'a dit une fois que ce qu'il a gagné de la vie du silence
dépasse de loin ce qu'il aurait pu gagner s'il avait adopté
un autre style de vie.
UN PASTEUR RESPONSABLE
Combien de fois ai-je vu le Pape Kyrillos pleurer, même dans sa
vieillesse, sur les âmes qui restaient loin de Dieu; cela l'attristait
beaucoup et lui faisait dire en soupirant: Des brebis sans pasteurs.
Constamment
je voyais de nombreux individus qui venaient consulter fréquemment
le Pape et se plaindre d'un problème difficile qui compliquait
leur vie et perturbait leur paix; le Pape sans jamais perdre patience,
sans se lasser par la monotome des plaintes, affrontant le problème,
priait et finissait par le résoudre et par sécuriser ceux
qui en étaient affectés.
Bien
que d'une part ce genre de travail ne le concernait pas en tant que
premier pasteur de l'Eglise, et que son véritable devoir donc
se rapportait aux problèmes généraux de chef spirituel
et que d'autre part, les problèmes individuels pouvaient être
laissés aux pères confesseurs, sa préoccupation
pour chaque personne était une caractéristique particulière
de ce pasteur tendre qui cherchait la repentance de ses enfants pour
les guider vers le chemin du salut.
Nous
voudrions aussi rappeler au lecteur que lorsque le Pape Kyrillos était
un simple moine offrant le service en tant que prêtre à
l'église du martyr saint Mina au vieux Caire, il construisit
une résidence pour les étudiants qui venaient suivre leurs
études au Caire tout en cherchant un abri pour leur vie de foi
et leur chasteté.
Plus
surprenant encore il joignit à cette petite église un
édifice de cinq chambres pour faire apprendre aux "enfants
pauvres" de l'église cinq métiers: le tissage,
l'électricité, la mécanique, la soudure et les
travaux de nacre.
Il invita
un de ses fils spirituels, ingénieur en tissage, pour s'occuper
de cette mission, l'enjoignant de ne pas oublier ses frères pauvres.
Aussi,
après avoir installé une machine électrique de
tissage, l'ennemi du bien provoqua des envieux qui allèrent transmettre
de fausses informations au haut clergé qui le menaça.
Il fut
obligé d'arrêter le projet, attendant le retour d'un de
ses disciples de l'étranger pour lui confier la gestion de ce
projet ailleurs, loin de son église.
Ce projet
eut par la suite un essor considérable dont des milliers de familles
égyptiennes dans le besoin bénéficièrent.
LE TÉMOIGNAGE POUR LA VÉRITÉ
Le Pape rendait toujours témoignage à la vérité
et rien qu'à la vérité.
Il ne
cessait de reprendre les fidèles, entre autres les jeunes gens,
dont la parure était inconvenante; il les invitait à vivre
dans la chasteté, à s'éloigner du luxe et à
ne pas imiter ceux qui se complaisent dans la débauche et vivent
très loin de Dieu.
Il conseillait
même aux enfants de s'habiller convenablement et il demandait
aux parents de leur faire porter des vêtements appropriés.
Il parlait
avec franchise à tous.
Je me
rappelle d'une personne très attachée au Pape Kyrillos,
et qui le visitait une fois par mois.
Le
Pape dans sa paternité véritable et avec l'affection d'un
pasteur éveillé, lui demandait gentiment de retourner
à l'Eglise Copte Orthodoxe et lui disait que celle-ci est l'Eglise-mère
quant aux enseignements évangéliques apostoliques.
Lorsque
le Pape répétait cette invitation plusieurs fois, elle
répondait:
"Laissons
ce sujet de côté".
Cependant,
lors d'une de ses visites, après que le Pape souleva de nouveau
la question, elle soupira en disant :
"Chaque
fois je me dis que je ne viendrai plus vous visiter parce que vous me
mettez mal à l'aise à cause du même sujet que vous
soulevez toujours, mais je ne sais pas ce qui me pousse à venir
chez vous.
Monseigneur, ne parlons plus de cette question."
La même
personne voulut un jour téléphoner au Pape mais sans succès
car son numéro de téléphone personnel avait été
changé, alors elle me téléphona et je lui communiquai
le nouveau numéro.
Téléphonant
au Pape elle lui dit avec une nuance de plainte:
"Comment,
Monseigneur, comment votre numéro de téléphone
change et vous ne m'en informez, pas?... Je suis malade depuis trois
jours..."
Le
Pape le tranquillisa et lui dit :
"Vous
n 'avez rien, quittez, votre lit."
Le
Ciel exauça les prières du Pape et le lendemain elle vint
baiser sa main en le remerciant pour sa prière qui l'avait guéri.
A la
mort de cet homme, le Pape, qui à ce moment-là était
au monastère de Saint Mina dit:
"Voilà,
il est mort; combien de fois je lui ai conseillé de retourner
à l'Eglise-mère et il a refusé!"
Je me
rappelle aussi d'une autre personne qui dit au Pape:
"Je
voudrais servir le Seigneur";
le
Pape lui répondit:
"Va
voir le diacre Raphaël, laisse-lui ton nom et quand Dieu nous indiquera
sa volonté nous t'appellerons."
Six
mois plus tard, le même individu vint accompagné de son
épouse, et dit au Pape:
"Monseigneur,
j'ai démissionné de mon travail pour consacrer mon temps
au service de Dieu ", le Pape lui dit encore une fois:
"Quand
Dieu nous indiquera sa volonté, nous t'appellerons";
l'individu
dit alors:
"Monseigneur,
ordonnez-moi prêtre";
le
Pape le regarda et dit avec une nuance de reproche "devenir
prêtre...";
aussitôt,
il s'adressa à sa femme et lui dit:
"Votre
époux, madame veut être prêtre (...)".
En réalité,
cet individu avait abandonné l'Eglise-mère pour s'affilier
à une secte religieuse qui l'avait persuadé de travailler
chez elle en l'attirant par un grand salaire et par d'autres tentations
de toutes sortes ; il avait caché ce sujet au Pape, mais le Pape
lui dévoila cette vérité avec reproche.
Son
épouse en fut fort chagrinée.
A maintes
reprises, elle essaya de lui rappeler tantôt le conseil du Pape,
tantôt les vertus de l'Eglise-mère; pendant trois ans sans
se décourager elle persévéra dans la prière
jusqu'à ce qu'il embrassât à nouveau l'Eglise Copte
Orthodoxe.
Je
certifie, devant Dieu, que toutes les années de mon service auprès
du Pape, jamais il ne fut méchant ou ne garda rancune envers
quiconque; jamais, non plus, il n'entra en conflit avec ceux qui décidèrent
d'être ses adversaires.
Au contraire,
je le voyais aimant tout le monde, même ses ennemis à qui
il confia des responsabilités importantes.
Jamais
la paix intérieure ne quitta le Pape, même dans les moments
les plus difficiles, son visage restait toujours radieux, répandant
la paix sur ceux qui l'entouraient. Devant un tel comportement, nous
étions surpris et nous avions l'impression d'être devant
une montagne inébranlable, face aux obstacles et aux difficultés.
LES MIRACLES
Dieu lui a accordé le don de réaliser des miracles remarquables.
Un seul
mot de lui suffisait pour résoudre les problèmes, pour
guérir ceux qui étaient malades, pour que soient réalisées
les affaires et pour que soient chassés les mauvais esprits.
Dans
sa main, il tenait toujours fermement la Sainte Croix.
Père Raphaël Ava Mina, Monastère du Martyr Saint
Mina à Mariout

Notes
:
(1) L'église Copte Orthodoxe d'Alexandrie avant
le règne du Pape Kyrillos subissait des moments difficiles quant
au fonctionnement ecclésiastique interne.
(2)
Cette vallée se situe entre le Caire et Alexandrie en empruntant
la route du désert.
(3)
Cette montagne se situe dans la périphérie du Caire.
(4)
Amba: un mot dont l'origine est abba, c'est-à-dire père.
(5)
Une ville en Haute-Egypte.
(6)
Le Saint Chrême est utilisé pour oindre le baptisé
immédiatement après le baptême, pour qu'après
avoir revêtu le Christ par le baptême, il reçoive
l'Esprit Saint et soit consacré comme temple de Dieu.
(7)
Bonnet rouge cylindrique qui se porte comme un chapeau.
(8)
Ville en Haute-Egypte.
(9)
Le lieu où vivait le Père Mina était un endroit
parmi les zones désertiques surveillées par l'administration
du tourisme.
(10)
Plusieurs de ses fils spirituels insistèrent à poser une
porte et à meubler l'endroit où il vivait.
(11)
Journal Misr, le 10 mai 1960.
(12)
Prières qui doivent être faites de très bonne heure
avant la Divine Liturgie du matin.
(13) Les diacres le respectent en tant que pape, même s'il restait
quelques heures avant son ordination.
(14)
Un mot grec qui veut dire "Aie pitié de nous".
photos du pape Cyrille VI
Le
N° 55 de la revue Le Chemin en ligne