CHER
FRÈRE DANS LE SEIGNEUR,
VOTRE
SAINTETÉ LE PAPE PAUL VI,
Notre-Seigneur
Jésus-Christ a dit à son Père : " que tous
soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi,
qu'ils soient en nous eux aussi " (Jn 17, 21), " ... qu'ils
soient un comme nous sommes un " (Jn 17, 11).
Il ne
fait pas de doute que Jésus-Christ qui a parlé ainsi dirige
par son Esprit-Saint toute action qui tend à l'unité,
qu'il s'agisse d'unité de coeur, d'esprit ou de foi.
Car
l'Eglise est le Corps du Christ, et il n'a qu'un seul Corps.
Nous
croyons pleinement qu'il a voulu cette rencontre pour que nous puissions
faire un pas en avant dans le raffermissement des relations entre nos
deux Eglises apostoliques qui étaient deux des quatre grandes
Eglises apostoliques de la chrétienté primitive.
Nous
croyons que nous avons la responsabilité de travailler à
l'unité de la foi non seulement entre nous, mais dans toute la
chrétienté.
Nous
osons dire que nos différences ont été occasionnées
par l'amour du Christ, dans lequel nous nous aimons mutuellement, indépendamment
de nos divergences.
Nous
nous réunissons aujourd'hui pour pouvoir approfondir notre amour
mutuel.
Des
conversations guidées par l'Esprit-Saint dans une semblable atmosphère
devraient conduire à l'unité de coeur, d'esprit et de
foi.
Les nombreux points d'accord sur les
principes de la foi
Nous
devons cependant déclarer qu'il y a entre nous beaucoup de points
d'accord sur les principes de la foi.
Nous
croyons tous dans le Dieu un, la divine Trinité, Père,
Fils et SaintEsprit.
L'incarnation
du Seigneur, sa rédemption, sa résurrection, son ascension
et sa seconde venue pour juger les vivants et les morts sont notre foi
commune.
Oui,
nous croyons que l'âme humaine est éternelle; nous croyons
en la résurrection des morts, la vie éternelle, l'intercession
de la Vierge Marie; nous croyons en les anges et les saints, les sept
sacrements et l'action de l'Esprit-Saint en eux.
Nous
croyons en une unique voie de salut et nous condamnons les hérésies
d'Arius, de Nestorius, d'Euthychès, de Sabellius, de Macedonius
et des autres.
Trouver pour la doctrine de la foi une
expression plus simple que tout le monde puisse accueillir
Pour
ce qui est des points de divergence, il ne fait pas de doute qu'après
quinze siècles d'études, d'analyses et de controverses,
sur le plan théologique et sur le plan public, nous sommes beaucoup
plus proches que ne l'étaient nos ancêtres du Ve et du
VIe siècle.
Nous
sommes tous plus disposés et plus résolus à trouver
des solutions à nos divergences et à parvenir, pour la
doctrine de la foi, à des formes d'expression plus simples et
plus pratiques que tout le monde accueillerait volontiers.
Nous
savons qu'ont été considérablement réduites
les tensions au sujet des vieilles significations philosophiques et
linguistiques, ainsi que les implications politiques au temps du schisme
et aussi pendant les siècles qui ont suivi.
Le
monde d'aujourd'hui a besoin de la coopération de toutes les
Eglises
VOTRE
SAINTETÉ,
Le monde
d'aujourd'hui, qui souffre des tendances actuelles à l'athéisme,
au matérialisme, au scepticisme ou à l'immoralité,
a énormément besoin de la coopération de toutes
les Eglises pour que la conscience humaine droite trouve un soutien
en ce XX" siècle.
C'est
pourquoi l'Eglise, pleinement consciente de son devoir de rendre témoignage
au Christ, est appelée à s'unir pour pouvoir proclamer
son message spirituel avec plus d'efficacité.
C'est
seulement par la communion dans le mystère du Christ un qu'elle
s'acquittera de sa mission de réconciliation entre Dieu et l'homme,
l'esprit et la chair.
Les
gestes de rapprochement accomplis depuis dix ans
VOTRE
SAINTETÉ,
Les
relations amicales entre l'Eglise romaine catholique et l'Eglise copte
orthodoxe sont devenues plus étroites et plus cordiales en cette
génération, particulièrement par des rencontres,
des visites et des messages.
Des
délégués coptes ont assisté aux sessions
du Concile du Vatican depuis 1962.
Une
délégation catholique a assisté à l'inauguration
de la cathédrale Saint-Marc au Caire, en juin 1968.
Le don
amical, fait en ce temps par Votre Sainteté, de la relique de
Saint Marc, qui est maintenant en son siège, au Caire, a été
accueilli avec des sentiments de gratitude et de respect profond de
la part des Coptes.
Par
la suite nous avons assisté aux célébrations de
Saint Marc à Venise.
Nous
avons participé ensemble à de nombreuses conférences
parmi lesquelles nous mentionnerons en particulier la consultation théologique
de Vienne, en septembre 1971, entre théologiens des Eglises orientales
orthodoxes et de l'Eglise romaine catholique, où un essai de
formule de foi sur la nature du Christ fut proposé et approuvé
par les deux parties.
Ce
fut là un pas positif, heureux et riche d'espoir qui montra que
les discussions théologiques menées dans un esprit amical
conduisent à des résultats justes et profitables.
Par
l'actuelle rencontre personnelle, nous accélérons ce mouvement.
Puissions-nous,
par la Providence divine, l'action de l'Esprit-Saint et l'amour du Royaume
de Dieu, trouver pour Notre-Seigneur une place appropriée dans
chaque coeur et faire en sorte que l'amour, la bonté, la paix
et la justice grandissent dans son monde.
Saint
Athanase, notre père commun
VOTRE
SAINTETÉ,
Au moment
où nous célébrons le XVIe centenaire de saint Athanase
l'apostolique, qui joua le rôle principal dans l'élaboration
du Credo chrétien au Concile de Nicée, et qui défendit
la vraie foi avec toute la force et la persévérance que
lui avait données le Tout-Puissant, nous rappelons que saint
Athanase le Copte est notre Père commun.
Il est
le Père de l'Eglise d'Orient aussi bien que de l'Eglise d'Occident.
Nous
nous rencontrons en lui comme nous nous rencontrons aux pieds de Notre-Seigneur.
Nous
sommes unis dans ses dogmes et dans sa foi.
C'est
dans ses pas qu'a marché saint Cyrille le Grand, d'Alexandrie,
qui devint un pilier et un héros de la foi chrétienne.
De même
que saint Athanase a lutté contre l'arianisme, saint Cyrille
a lutté pour la défense de la foi contre le nestorianisme,
et il a professé la foi de la chrétienté tant occidentale
qu'orientale.
Comme
Athanase, il devint un point de ralliement non seulement par sa foi,
mais aussi par l'expression exacte et précise de cette foi, qui
constitue un exemple clair, précis et effectif de ce qu'est la
vérité.
La commune
théologie traditionnelle d'Athanase et de Cyrille constitue une
base solide de dialogue que nous confions à un nombre considérable
de théologiens pour qu'ils le portent en avant dans un esprit
d'amour fidèle.
Nous
espérons qu'ils se mettront d'accord sur la vraie foi exprimée
dans un langage clair et simple que tout le monde comprenne et que les
consciences accueillent avec soulagement.
***
VOTRE
SAINTETÉ,
En ce
jour historique et béni, nous élevons nos coeurs vers
la Jérusalem céleste où tous nous espérons
être accueillis.
Autour
du trône sacré du Dieu unique, les anges et les saints
se rassemblent en une seule famille dont le chef est l'unique Seigneur
et Père que tous nous adorons ,nous servons et nous sommes heureux
de contempler.
Nous
nous rappelons aussi la Jérusalem terrestre la cité de
notre Dieu, dans les rues de laquelle il a marché et enseigné,
où il a été crucifié, où il est mort
et ressuscité des morts, d'où il est monté au ciel.
Nous
ne pouvons oublier les souffrances de la Terre sainte et du Moyen-Orient
qui ont été bénis par le travail et la vie du Christ
pendant le temps de son incarnation.
Que
l'amour du Christ nous incite à de plus grands efforts communs
pour le retour de la paix au pays de la paix - une paix établie
sur la justice et la vérité.
Qu'il
soit toujours béni en nous.
Puissions-nous
l'adorer en vérité toute notre vie!
Nous
implorons humblement pour Votre Sainteté et l'Eglise catholique
toute la paix venant du Seigneur, à qui soient la gloire et l'honneur
pour toujours.
Amen.
(1)Texte
anglais dans l'Osservatore Romano des 7-8 mai 1973. Traduction et sous-titres
de la DG.-