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La visite à Rome du Patriarche Shenouda III


Paul VI a reçu, le 5 mai 1973, S. S. Amba Shenouda III, Pape d'Alexandrie et Patriarche de l'Eglise de la prédication de saint Marc, qui a été son hôte du 4 au 10 mai 1973. C'était la première fois qu'un chef de cette Eglise venait à Rome depuis le Concile de Chalcédoine (451).

III- LA CÉLÉBRATION DU XVIe CENTENAIRE DE St ATHANASE

 

Le dimanche 6 mai, en présence du Patriarche Shenouda III, a eu lieu, dans la basilique Saint-Pierre, la célébration solennelle du XVle centenaire de la mort de saint Athanase, évêque d'Alexandrie (vers 295-373 ).

La célébration de la messe a été suivie d'une célébration commune au cours de laquelle Paul VI, répondant au Patriarche Shenouda, lui a adressé l'allocution suivante (1):

TRÈS CHER FRÈRE DANS LE CHRIST,

C'est avec joie que nous vous saluons cordialement dans le Seigneur et que nous vous souhaitons la bienvenue dans cette grande basilique consacrée à l'apôtre Pierre, qui a témoigné jusqu'à la mort de sa foi ardente dans le Fils incarné de Dieu, Jésus-Christ, et que, avec saint Paul, nous vénérons, comme le fondateur de l'Eglise de Rome.

Nous saluons aussi. vos frères évêques; le cierge et les laïcs qui représentent dignement toute la communauté copte orthodoxe.

Nous saluons en outre les deux vénérables évêques de l'Eglise d'Ethiopie qui font partie de votre délégation.

Qu'ils soient les bienvenus dans notre maison et dans nos coeurs.

Ce n'est pas seulement en notre nom que nous vous parlons.

Autour de nous, il y a nos frères de l'épiscopat catholique, ainsi que des milliers de prêtres et de laïcs, réunis ici auprès de la tombe de saint Pierre pour honorer un autre grand témoin de la foi, Athanase d'Alexandrie.

En ce jour solennel, l'Eglise de Rome salue l'Eglise d'Alexandrie par un geste fraternel d'amour et de paix.

L'unité d'Alexandrie et de Rome au temps de saint Athanase

Il y a plus de mille six cents ans, le grand saint Athanase fut reçu par notre prédécesseur Jules 1er, qui voyait en lui un défenseur de la foi, en un moment où cette foi était compromise, voire même niée, par des gens politiquement plus forts que lui, mais plus faibles que lui dans la foi et la compréhension de la foi.

L'Eglise de Rome l'appuyait fermement.

Quant à lui, il reconnaissait dans l'Eglise d'Occident une identité de foi certaine, malgré quelques diversités dans le vocabulaire ou dans la façon théologique d'approfondir le mystère de Dieu Trinité.

Son successeur Pierre a trouvé un soutien fraternel et un accueil semblable auprès de notre prédécesseur Damase.

Un demi-siècle après, les Eglises d'Alexandrie et de Rome, dans les personnes de leurs évêques Cyrille et Célestin, apparurent encore une fois comme un rayon de lumière lorsque la foi en Jésus-Christ, Dieu fait homme, fut obscurcie par ceux qui refusaient de reconnaître à la Sainte Mère de Dieu le titre glorieux de " Theotokos ".

Tels furent nos pères, de grands docteurs de la, foi, des pasteurs d'âmes. Humblement conscients de nos faiblesses, nous implorons leur intercession afin que nous soit donnée la force de demeurer fidèles à la vocation à laquelle Dieu nous a appelés.

Ce qui nous unit

Vraiment, Dieu nous a appelés à de grandes choses.

Il veut en particulier que nous apportions au monde la foi, la réconciliation et la paix qu'il nous donne.

Les hommes, éloignés de Dieu et éloignés les uns des autres, doivent être réconciliés par notre humble ministère.

Cependant, nous devons d'abord nous demander jusqu'à quel point nous sommes capables de cela si nous, chrétiens, nous ne sommes pas réconciliés entre nous.

La question est importante pour nous. Par la grâce de Dieu, nous partageons avec vous la foi dans le Dieu un, Père, Fils et Saint-Esprit.

Nous professons que Jésus-Christ est le Fils de Dieu incarné qui, pour nous et notre salut, est né de la Vierge Marie a souffert, est mort et ressuscité.

Incorporés à lui dans le baptême, nous partageons sa vie divine dans les sacrements de son Eglise; nous ont été transmises par nos Pères communs , notre vie liturgique, théologique, spirituelle, et notre dévotion se nourrissent aux mêmes sources même si elles s'expriment sous diverses formes légitimes.

Nous sommes en particulier conscients que les principes de la vie spirituelle qui proviennent des illustres Pères du désert égyptien, à partir de saint Antoine, ont exercé une influence sur tout le monde chrétien.

Nous refusons d'avoir peur des obstacles

Nous n'en devons pas moins reconnaître avec humilité et douleur que dans l'histoire de nos Eglises il y eut d'âpres disputes sur les formules doctrinales qui ont obscurci l'accord substantiel sur la réalité que les paroles voulaient exprimer.

Des méthodes étrangères à l'Evangile du Christ ont parfois été employées par certains pour imposer cet Evangile.

Des arguments de caractère non seulement théologique, mais culturel et politique, ont été utilisés pour justifier, et aussi approfondir, une division qui n'aurait jamais dû exister.

Nous ne pouvons pas ignorer ce triste héritage.

Nous reconnaissons que nous devons faire beaucoup pour surmonter ses effets néfastes. Nous sommes cependant décidés à empêcher que ce triste héritage continue à influencer nos rapports.

Nous constatons un nouveau phénomène, dont notre rencontre d'aujourd'hui constitue un témoignage éloquent. Dans la fidélité mutuelle à notre même Seigneur, nous redécouvrons les multiples liens qui nous unissent encore.

En réponse à l'invitation fraternelle qui lui avait été adressée par notre vénéré prédécesseur Jean XXIII, votre prédécesseur d'heureuse mémoire, Cyrille VI, a envoyé des observateurs à toutes les sessions du IIe Concile du Vatican.

Ces observateurs ont pu constater les efforts qui ont été faits par cette grande assemblée pour promouvoir la réforme et l'aggiornamento dans l'Eglise catholique.

Nous sommes heureux de saluer deux d'entre eux, évêques de votre Eglise, qui aujourd'hui sont revenus avec vous dans cette basilique.

En 1968, nous nous sommes réjouis ensemble du retour à la vénérable Eglise d'Alexandrie des reliques de saint Marc l'Evangéliste qui étaient à Venise.

En 1969, nous avons eu le plaisir d'accueillir un nombreux pèlerinage composé d'ecclésiastiques et de laïcs de l'Eglise copte orthodoxe.

Plus récemment, nous avons envoyé une délégation spéciale à l'intronisation solennelle de Votre Sainteté comme Père et chef de votre Eglise.

Nous reconnaissons dans ces événements des signes de Dieu.

C'est maintenant l'instant favorable que le Seigneur nous accorde.

Nous partageons avec Votre Sainteté la résolution d'en profiter, en étant pleinement conscients qu'il existe encore des obstacles d'ordre théologique, psychologique et institutionnel qui doivent être surmontés.

Nous ne le nions pas, mais nous refusons d'en avoir peur.

Le monde chrétien d'autrefois, lorsqu'il était déchiré par des dissensions et des schismes, n'a-t-il pas pu finalement reconnaître la foi catholique authentique dans la foi prêchée ensemble par Damase de Rome et par Pierre d'Alexandrie ?

Confiants dans la grâce de Dieu et guidés par son Esprit, nous essaIerons de surmonter les obstacles qui existent afin que nos Eglises puissent encore une fois apporter au monde qui en a tant besoin un témoignage chrétien plus parfait.

***

Vénérables frères, nous nous sommes rencontrés en cette solennelle et heureuse occasion où l'Eglise de Rome célèbre le XVIe centenaire de la mort de saint Athanase, évêque d'Alexandrie.

Il fut un homme de foi constante, d'espérance optimiste! son coeur généreux était ouvert, même à ses opposants. Parce qu'il était constant dans sa foi, il pouvait espérer contre toute espérance.

Et après un exil amer, lorsque Dieu lui permit de retourner auprès de son peuple, il ouvrit son coeur à tous les hommes, en recherchant toujours la réconciliation et la paix qui nous ont été données par Dieu dans son Fils incarné.

Qu'Athanase, notre Père commun, intercède pour que nous puissions être de plus fidèles serviteurs de Dieu dans son Eglise, et des pasteurs plus efficaces de ceux pour qui le Christ nous a donné mission de rompre le pain de son Corps et de sa Parole.


(1)Texte italien dans l'Osservatore Romano des 7-8 mai 1973. Traduction et sous-titres de la DG. Au cours de cette cérémonie, une relique de saint Athanase a été remise au Patriarche Shenouda.


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