Nous
tentons par étapes de faire nôtres, c'est-à-dire
d'expérimenter les paroles du «Notre Père ».
Sur ce chemin nous nous posons peut-être cette douloureuse question:
Je communie depuis tant d'années, donc je me nourris du Pain
substantiel, et pourtant je retombe toujours dans les mêmes faiblesses,
je cède aux mêmes tentations, je suis toujours hostile
aux commandements divins, pourquoi?
Essayons de comprendre, afin que notre prière ne soit plus un
simple débit de mots. Nous l'avons dit: la communion eucharistique
est un repas de noces, nous sommes deux: le Christ se donne et je Le
reçois, donc il y a synergie, mais:
Voici que je me tiens à ta porte et je frappe. Si quelqu'un
écoute ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui; et je
dînerai avec lui et lui avec moi . (Ap. 3,20)
Si ma vie est un non-sens, c'est parce que je n'accueille pas le Dieu
vivant qui s'offre à moi, je m'éparpille dans l'extériorité,
la matérialité, alors les portes de mon coeur sont fermées
comme elles l'étaient à Bethléem, lorsque le temps
de mettre Jésus au monde était advenu pour la Vierge Marie.
Mais plus encore, et je ne puis me voiler la face, en communiant avec
un coeur souillé, encombré par une foule de passions,
je transforme mon être en Golgotha, je crucifie le Christ, je
Le tue. Comment puis-je me transformer?
Le périssable ne peut être en communion avec l'Impérissable
(saint Clément d'Alexandrie, IIe s.)
Mais Dieu a honoré Sa créature en lui offrant la liberté,
aussi, lorsque je communie au Corps sacré, au Sang sacré
du Christ ressuscité, je veux faire mien l'élan de saint
Paul:
Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi (Gal.
2,20).
Et Jésus répond:
Nous viendrons et nous ferons en lui notre demeure (Jn 14,23).
«Nous»:
le Père, le Fils et l'Esprit Saint, et ces Trois sont Un. L'Eucharistie
pleinement vécue forme le Christ en nous, et nous devenons christophores,
des porteurs du Christ, c'est-à-dire de Dieu.
Dans
la prière du Notre Père, le Christ nous demande de nous
conformer et d'accomplir la Volonté du Père Céleste
comme si cela était notre propre volonté, car:
Vous
êtes des dieux, fils du Très-Haut (Prov. 8,31).
C'est
pourquoi:
Dieu ne s'unit qu'à des dieux (saint Siméon le
Nouveau Théologien, XIe s.).
Ainsi,
Dieu nous a créés pour faire le chemin de la Ressemblance,
et sur ce chemin, Il nous accompagne, mais Il nous laisse libres, et
nous pouvons attiser le feu de la géhenne pour alimenter le lieu
de la dissemblance: notre dimension enférique. C'est pourquoi,
ma manière de recevoir le Pain substantiel peut conduire mon
être vers les épousailles mystiques, ou le briser par une
diabolique séparation.
Et
nous voici de plain-pied dans la supplique que le Christ nous demande
d'adresser au Père Céleste:
Remets-nous
nos dettes comme nous remettons à nos débiteurs.
C'est
le Christ qui nous révèle que nous avons des dettes envers
le Père, oh, combien Il le sait car Il a vécu avec nous
!
QU'EST-CE QU'UNE DETTE ENVERS DIEU?
RSi
nous sommes nourris par Dieu, nourris du Pain substantiel, il nous faut
aussi vivre par Dieu. C'est parce que nous trahissons, méprisons
le don de la vie, que Jésus nous invite à demander pardon
à notre Père qui nous a donné et nous donne sans
compter.
Si nous nous prétendons sans péché, nous nous
trompons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous
(1 Jn 8).
Écoutons Karl Barth, ce grand théologien protestant de
notre temps, il est si clair dans sa pensée sur la dette que
nous avons envers Dieu:
Nous sommes les débiteurs de Dieu. Nous lui devons non pas
quelque chose, ni peu, ni beaucoup, mais tout simplement notre personne
dans sa totalité. Nous, ses enfants appelés par sa parole,
admis au service de sa glorification, nous, frères de l'homme
Jésus Christ, nous manquons à ce que nous disons à
Dieu. Ce que nous sommes et faisons ne correspond nullement à
ce qui nous est donné.
Il s'agit donc du rapport entre Dieu et l'Homme. En araméen,
langue de Jésus et de Ses disciples, le péché et
la dette vont dans le même sens. Je suis en dette parce que pécheur,
mais pour reconnaître ma dette envers Dieu, il faut d'abord que
je reconnaisse Son existence et les grâces dont Il me comble.
Il faut que je rentre dans la démarche du «fils prodigue»:
Je suis en dette d'amour, pas en dette matérielle comme dans
le monde. Dieu est Amour, l'Amour divin et la Vie sont inséparables.
Je suis créé à l'Image de Dieu, et lorsque je souille
le sceau que Dieu a imprimé dans mon être, je suis débiteur.
Comme le fils prodigue, je gâche ma vie en cherchant à
me réaliser à l'extérieur, sans tenir compte des
besoins vitaux de mon intériorité, c'est-à-dire
de la réalisation de ma «personne» hors de laquelle
je ne suis qu'un fantasme de moi-même. Pour que Dieu me remette
ma dette, il faut d'abord que je reconnaisse que je suis en dette, et
que j'aie foi en Son pardon libérateur et guérisseur.
Oui! quoique j'ai fait, si je reviens vers le Père, avec un coeur
empli de repentir. Il me pardonne mon péché, sans condition
aucune:
Si nos péchés sont comme l'écarlate qu'ils deviennent
blancs comme la neige (Is 1,18).
Je suis débiteur du Père en refusant de me recevoir de
Sa Paternité, c'est-à-dire en reconduisant la dette de
nos premiers parents, en m'idolâtrant dans ce: «Moi je suis
libre, je fais ce que je veux!» Je suis débiteur du Fils
qui a donné Sa Vie pour que je ne meure pas mais que je vive,
cependant je refuse de saisir Sa Main pour Le suivre. Je suis débiteur
de l'Esprit, parce que je ne suis pas un arbre porteur des fruits de
paix, de joie, d'amour. Il n'y a nulle connotation morale dans la réalité
qu'est le péché, il s'agit d'une atteinte à la
vie, d'une offense à l'Amour divin:
J'ai péché contre Toi seul (Ps 51).
Nous prions le « Notre Père » au moins une fois par
jour, c'est donc que chaque jour nous avons besoin que le Père
nous remette nos dettes. Il n'y a pas de petit ou de grand péché,
certes nous commettons parfois des actes très graves, mais la
foule de nos pensées destructrices, au long des jours, finit
par devenir aussi pesante et dangereuse qu'une seule et monstrueuse
pensée.
Il nous est difficile de reconnaître nos dettes, de nous avouer
pécheurs. Nous confondons les blessures de l'ego avec la destruction
de notre vie profonde, alors nous nous couvrons d'excuses, nous nous
justifions et nous reportons sur le frère la responsabilité
de notre chute, en frappant sa poitrine. Adam et Eve ont eu la même
attitude : « Ce n'est pas moi. » La justification est un
immense obstacle au chemin spirituel: les perpétuelles excuses
que nous nous inventons pour légitimer les faiblesses de nos
comportements.
Mais
Dieu ne m'accuse pas, Il veut me libérer, me relever, c'est le
sens même du sacrement du pardon. Il ne faut pas s'enliser dans
le péché, culpabiliser, se juger, mais demander à
Dieu la restauration, la guérison. Pour cela, regardons d'abord
la Miséricorde divine qui remet et pardonne. Le Christ est descendu
dans l'enfer de nos dettes afin de nous les remettre dans Sa Résurrection,
et, dit saint Nicolas Cabasilas:
Le
Christ vient à nous de lui-même et déclare son amour
et supplie que notre amour réponde au sien. Devant un refus,
Il ne se retire pas, Il ne s'indigne pas de l'injure. Repoussé,
Il attend à la porte... Pour tout le bien qu'Il nous a fait,
Dieu ne demande en retour que notre amour En échange de notre
amour, Il nous acquitte de toute notre dette.
Quelle
libération !
Il
s'agit d'une réalité anthropologique et ontologique dans
laquelle le péché est confronté avec l'Amour divin
miséricordieux et fidèle
Si
notre coeur nous accuse, Dieu est plus grand que notre coeur (1
Jn 3,20).
Mais
nous le savons aussi, depuis la dette engendrée par Adam, le
péché ne meurt pas avec celui qui revient vers son Père.
Certes, sur celui-ci ne repose plus aucun poids de la dette remise par
Dieu, mais sous l'instigation du Malin, le péché se perpétue
dans l'histoire humaine. De là proviennent les injustices, les
crimes, les jugements, les discriminations à l'encontre de races,
de groupes, ou d'une seule personne. Oui, nous faisons partie d'une
humanité blessée par le péché, mais cela
ne doit pas nous culpabiliser ni nous déchoir de notre propre
responsabilité.
COMME
NOUS REMETTONS À NOS DÉBITEURS
C'est
pourquoi le Seigneur Jésus nous demande d'avoir remis les dettes
à nos débiteurs, c'est-à-dire d'avoir pardonné
à ceux qui nous ont offensés, avant d'implorer le Père
Céleste afin qu'Il nous remette nos propres dettes.
Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père Céleste
vous pardonnera à vous aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux
hommes, votre Père ne pardonnera pas non plus vos offenses (Mt
6,14-25).
Plus encore:
Si tu présentes ton offrande sur l'autel et que là,
tu te souviennes que ton frère a quelque grief contre toi, laisse
là ton offrande devant l'autel, et va d'abord te réconcilier
avec ton frère, et alors viens présenter ton offrande
(Mt 5,23-24).
Combien la démarche du pardon est un chemin d'humilité
! Mais puis-je espérer la libération de ce qui me détruit
si je n'ai pas libéré mon frère de ce que je porte
et qu'il porte de même? Déjà Adonaï met l'Homme
en garde dans le Premier Testament:
Quoi! Un humain garde rancune à un autre humain et il demande
à Adonaï de le guérir? Il est sans miséricorde
pour un autre homme, son semblable, et il supplie pour ses propres péchés!
S'il garde rancune, lui faible et pécheur, qui lui obtiendra
pardon ? Souviens-toi de ta fin, et cesse de haïr pense à
la mort... Souviens-toi des commandements et ne garde pas rancune à
ton prochain, pense à l'Alliance du Très-Haut et oublie
l'offense (Eccl.28,3-7).
Soyons très conscients: ce qui importe d'abord à Dieu,
c'est que la paix règne dans les coeurs, qu'il n'y ait point
d'inimitié entre aucun de Ses enfants. Refuser de pardonner,
c'est un refus d'amour. Dans Son infinie Miséricorde, Dieu est
prêt à tout nous pardonner, si nous nous sommes réconciliés
avec nos frères, car:
Celui qui prétend aimer Dieu et qui n'aime pas son frère
est un menteur! (1 Jn 4,20).
Si nous le demandons, nous recevons du Christ la grâce du pardon,
car le Pardon c'est le Christ en croix.
Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font.
En pardonnant à nos frères, en demandant pardon, nous
nous associons au pardon du Christ crucifié, car le pardon est
toujours une mort à nous-mêmes.
La mesure avec laquelle vous mesurez servira pour vos mesures (Mt
7,2).
Si nous traduisons le Notre Père de l'hébreu, nous voyons
«aussi» à côté du mot «comme»,
c'est-à-dire: comme nous aussi nous pardonnons. Donc, nous faisons
de même que le Père Céleste, notre pardon contient
la même réalité que le pardon divin: il est totalement
gratuit, sans retour.
Nos coeurs peuvent frémir: voici que notre Père Céleste
est notre modèle. Pourtant quelle distance entre le Céleste
et le terrestre ! Mais si nous pouvons aussi agir de la même manière
que notre Père des Cieux c'est parce que le Christ est notre
médiateur, notre réconciliation et notre paix.
Si nous avons la foi gros comme un grain de sénevé, nous
ne pouvons choisir les Paroles divines qui nous arrangent et rejeter
Celles qui nous dérangent:
Celui qui a de la haine pour son frère est un homicide, et
vous savez qu'un homicide n'a pas en lui la vie éternelle (1
Jn 3,15).
Le Christ nous a remis le pouvoir de remettre les dettes à nos
frères qui sont nos débiteurs. Tout est possible, quelque
soit le mal que nous avons subi, car nous agissons dans la puissance
du Souffle de l'Esprit.
Répétons encore : pardonner ce n'est pas être en
accord avec ce qui me détruit, me tue, mais l'autre n'est pas
ce qu'il m'a fait. Que de fois mon frère me révèle
la violence, le mensonge, la perversité que je refuse de voir
en moi-même, c'est ce qu'a exprimé Etty Hillesum avant
d'entrer dans le four crématoire
La saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d'autre
solution que de rentrer en soi-même et d'extirper de son âme
toute cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger
quoi que ce soit dans le monde extérieur, que nous n'ayons d'abord
corrigé en nous. L'unique leçon de cette guerre, c'est
de nous avoir appris à chercher en nous-mêmes et pas ailleurs
(Une vie bouleversée, Ed. Albin Michel).
Cependant, et Etty en est elle-même un témoin, il est des
vies martyrisées, où la mémoire, le corps sont
marqués à jamais, mais notre guérison, notre libération
se fait dans la remise de la dette à notre débiteur par
le don de nous-mêmes. Assumons-nous, acceptons l'inacceptable
et nous passons de la mort à la vie tout en libérant notre
débiteur, c'est dans les blessures du Christ que nous sommes
guéris.
Le pardon que nous offrons à nos frères, nous l'avons
reçu du Père Céleste et nous le transmettons, ainsi,
sur le chemin du pardon, nous participons à la mission du Christ
venu sauver l'humanité perdue. Le Réconciliateur c'est
le Christ sur la Croix
Père pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font.
En remettant nous aussi leurs dettes à nos débiteurs nous
réalisons la première partie du Notre Père
Que Ta Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel.
Le Christ nous l'a révélé dans maintes paraboles
: le pardon divin ne connaît pas de limites, c'est pourquoi notre
pardon sera entièrement gratuit, sans limites comme l'est pour
nous le pardon divin. C'est le croisement de la dimension verticale
avec l'horizontale. En nous remettant nos dettes, le Père Céleste
nous ouvre le Royaume des Cieux, et lorsque nous remettons ainsi à
nos frères, nous participons à la restauration du Royaume
sur cette terre. Le pardon que nous accordons à nos frères
est le signe de l'authenticité de notre amour pour Dieu. Comme
dit encore Etty Hillesum au sein même de la déportation
J'ose regarder chaque souffrance au fond des yeux, la souffrance ne
me fait pas peur. Et à la fin de la journée j'éprouve
toujours le même sentiment: l'amour de mes semblables. Je ne ressens
aucune amertume. Regardez votre souffrance en face, elle n'est rien.
Est-ce que cela veut dire que je ne suis jamais triste ? que j'acquiesce
toujours et aime la vie quelles que soient les circonstances? Pas du
tout. Je crois que je connais et partage les nombreux chagrins et les
tristes événements qu'un être humain peut expérimenter,
mais je ne m'y accroche pas, je ne prolonge pas de tels moments d'agonie.
Ils passent à travers moi comme la vie elle-même, tel un
large et éternel fleuve, et la vie continue. Ainsi toute ma force
est préservée et ne s'accroche pas à un chagrin
stérile ou à une révolte.
Nous insistons: le pardon ne s'oppose pas à la justice, il n'est
pas complice de ce qui détruit ma vie, ma dignité, le
pardon n'est pas une gentille démarche, il est amour, donc bonté
et rigueur. Comme le Père Céleste le fait pour nous, nous
assumons le mal que nous a fait le frère sans être complices,
ni lâches mais nous pardonnons comme Dieu nous pardonne. Nous
ne pouvons agir autrement que le Christ. Avant de mourir, Il a lavé
les pieds de Ses disciples, Jésus s'est agenouillé pour
laver leurs pieds, déjà Il leur remettait leurs dettes.
Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le
maître vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux
autres. Car c'est un exemple que je vous ai donné, pour que,
comme moi je vous ai fait, vous fassiez vous aussi (Jn 13,14-15).
Remettre les dettes de son débiteur, c'est à la suite
du Christ, s'agenouiller pour lui laver les pieds, pour le libérer,
comme le Père me libère.
Il ne peut y avoir de pardon que dans l'impardonnable. Ainsi l'inouï
- le pardon - répond à l'inouï - l'impardonnable.
Ainsi le crime est gardé dans la mémoire, car oublier
n'est pas pardonner Ainsi le pardon n'est pas donné une fois
pour toutes. Ainsi, à chaque nouvelle rencontre entre le bourreau
et la victime, celle-ci pardonne en entrant dans la relation comme si
c'était la première fois, dans la pureté et l'innocence.
Ainsi, l'expérience du pardon est surhumaine, surnaturelle car
il n'est justifié ni par la raison, ni par la justice, ni par
l'histoire. Il les dépasse puisqu'il en peut être l'expression
de l'Amour... Ainsi on ne pardonne pas au coupable bien qu'il soit coupable.
Ainsi, on pardonne par amour, c'est alors que l'on se trouve face à
Dieu. L'amour consiste dans l'amour pour l'amour, c'est-à-dire
pour rien en retour (Rabbin Armand Abecassis).
De telles paroles font tressaillir nos coeurs... Si je refuse de pardonner,
je me coupe de ma profondeur, je ferme la porte au Christ, mais sans
Lui, je ne puis naître à moi-même. Par contre celui
qui s'unit au Christ est en union avec le Père qui nous donne
la vie, avec le Fils qui nous donne Sa Vie, avec l'Esprit qui nous vivifie.
Le « Shema Israël», l'appel de Dieu à l'écoute
et l'appel à la remise des dettes sont intimement liés.
Comment pardonner si je n'entends pas comment Dieu me remet mes dettes,
si je n'écoute pas ce qu'il advient de moi lorsque je reviens
vers le Père ?
Afin de nous éclairer le Christ nous donne la parabole du fils
prodigue: le fils était fort riche, car créé à
l'Image de Dieu, revêtu de la confiance divine, riche de dons
et de responsabilités. Comme Adam, sous l'instigation du Malin,
il s'est mis à la place de Dieu : Moi ! et tout est à
moi ! Mais coupé de la Présence divine, il s'est perdu
et s'est trouvé devant le choix: vivre ou mourir... Se souvenant
de l'Amour de son Père, il a choisi la vie et a pris le chemin
du retour c'est-à-dire du repentir. Et quelle fut l'attitude
du Père face au fils repentant, face à moi aujourd'hui
lorsque je me repens?
Il l'aperçoit de loin, donc Il l'attendait, Il fut pris de pitié,
c'est-à-dire que Ses entrailles frémissent. C'est encore
le Père qui court à la rencontre de Son fils et qui l'embrasse
tendrement. Ce baiser du Père Céleste, c'est le Souffle
qui redonne la vie.
Et le Père ne veut pas que le fils demeure dans ses habits souillés,
c'est-à-dire couverts de honte. Il le fait revêtir de la
plus belle robe, à nouveau le Père revêt le fils
du Christ, Il refait de lui un homme nouveau.
Puis le Père met une bague au doigt du fils. C'est le signe de
l'alliance, de la responsabilité, une alliance nouvelle, non
pas une autre alliance mais une alliance renouvelée par le Sang
du Christ.
Et des chaussures aux pieds. Voilà, le fils est libre, il peut
avancer sur le chemin de la vie, car il est passé de la mort
à la vie.
Mais plus encore : le Père veut fêter le retour du fils,
le retour qui le conduit vers une nouvelle étape : festoyons,
et nous pressentons le repas eucharistique, le banquet nuptial. Comprenons
bien que Dieu fait de nous les imitateurs de Son Amour, de Sa Miséricorde,
il s'agit de la construction du Royaume des Cieux, aujourd'hui, ici
et maintenant. Si nous ne remettons pas leurs dettes à nos débiteurs,
nous faisons l'oeuvre du Malin, du Prince de la division.
Le Malin a essayé de tenter le Christ lors de son jeûne
de quarante jours dans le désert, c'est pourquoi les dernières
paroles du Notre Père contiennent cette injonction qui veut nous
protéger de tout péril:
Garde-nous de succomber à la tentation mais délivre-nous
du Malin.
Rachel Goettmann
http://www.centre-bethanie.org