Article de la revue Le Chemin N°66
Remets-nous nos dettes
comme nous remettons aussi à nos débiteurs
Rachel Goettmann
Nous tentons par étapes de faire nôtres, c'est-à-dire d'expérimenter
les paroles du «Notre Père ». Sur ce chemin nous nous posons
peut-être cette douloureuse question: Je communie depuis tant d'années,
donc je me nourris du Pain substantiel, et pourtant je retombe toujours dans
les mêmes faiblesses, je cède aux mêmes tentations, je suis
toujours hostile aux commandements divins, pourquoi?
Essayons de comprendre, afin que notre prière ne soit plus un simple
débit de mots. Nous l'avons dit: la communion eucharistique est un repas
de noces, nous sommes deux: le Christ se donne et je Le reçois, donc
il y a synergie, mais
Voici que je me tiens à ta porte et je frappe. Si quelqu'un écoute
ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui; et je dînerai avec lui
et lui avec moi .
(Ap. 3,20).
Si ma vie est un non-sens, c'est parce que je n'accueille pas le Dieu vivant
qui s'offre à moi, je m'éparpille dans l'extériorité,
la matérialité, alors les portes de mon coeur sont fermées
comme elles l'étaient à Bethléem, lorsque le temps de mettre
Jésus au monde était advenu pour la Vierge Marie. Mais plus encore,
et je ne puis me voiler la face, en communiant avec un coeur souillé,
encombré par une foule de passions, je transforme mon être en Golgotha,
je crucifie le Christ, je Le tue. Comment puis-je me transformer?
Le périssable ne peut être en communion avec l'Impérissable
(saint Clément d'Alexandrie, ne s.).
Mais Dieu a honoré Sa créature en lui offrant la liberté,
aussi, lorsque je communie au Corps sacré, au Sang sacré du Christ
ressuscité, je veux faire mien l'élan de saint Paul:
Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi (Gal. 2,20). Et Jésus
répond
Nous viendrons et nous ferons en lui notre demeure (Jn 14,23).
«Nous»: le Père, le Fils et l'Esprit Saint, et ces Trois sont Un. L'Eucharistie pleinement vécue forme le Christ en nous, et nous devenons christophores, des porteurs du Christ, c'est-à-dire de Dieu.
Dans la prière du Notre Père, le Christ nous demande de nous conformer et d'accomplir la Volonté du Père Céleste comme si cela était notre propre volonté, car:
Vous êtes des dieux, fils du Très-Haut (Prov. 8,31). C'est pourquoi
Dieu ne s'unit qu'à des dieux (saint Siméon le Nouveau Théologien,
me s.).
Ainsi, Dieu nous a créés pour faire le chemin de la Ressemblance, et sur ce chemin, Il nous accompagne, mais Il nous laisse libres, et nous pouvons attiser le feu de la géhenne pour alimenter le lieu de la dissemblance: notre dimension enférique. C'est pourquoi, ma manière de recevoir le Pain substantiel peut conduire mon être vers les épousailles mystiques, ou le briser par une diabolique séparation.
Et nous voici de plain-pied dans la supplique que le Christ nous demande d'adresser au Père Céleste:
Remets-nous nos dettes comme nous remettons à nos débiteurs.
C'est le Christ qui nous révèle que nous avons des dettes envers le Père, oh, combien Il le sait car Il a vécu avec nous !
QU'EST-CE QU'UNE DETTE ENVERS DIEU?
Si nous sommes nourris par Dieu, nourris du Pain substantiel, il nous faut
aussi vivre par Dieu. C'est parce que nous trahissons, méprisons le don
de la vie, que Jésus nous invite à demander pardon à notre
Père qui nous a donné et nous donne sans compter.
Si nous nous prétendons sans péché, nous nous trompons
nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous (1 Jn 8).
Écoutons Karl Barth, ce grand théologien protestant de notre temps,
il est si clair dans sa pensée sur la dette que nous avons envers Dieu
Nous sommes les débiteurs de Dieu. Nous lui devons non pas quelque chose,
ni peu, ni beaucoup, mais tout simplement notre personne dans sa totalité.
Nous, ses enfants appelés par sa parole, admis au service de sa glorification,
nous, frères de l'homme Jésus Christ, nous manquons à ce
que nous disons à Dieu. Ce que nous sommes et faisons ne correspond nullement
à ce qui nous est donné.
Il s'agit donc du rapport entre Dieu et l'Homme. En araméen, langue de
Jésus et de Ses disciples, le péché et la dette vont dans
le même sens. Je suis en dette parce que pécheur, mais pour reconnaître
ma dette envers Dieu, il faut d'abord que je reconnaisse Son existence et les
grâces dont Il me comble. Il faut que je rentre dans la démarche
du «fils prodigue»: Je suis en dette d'amour, pas en dette matérielle
comme dans le monde. Dieu est Amour, l'Amour divin et la Vie sont inséparables.
Je suis créé à l'Image de Dieu, et lorsque je souille le
sceau que Dieu a imprimé dans mon être, je suis débiteur.
Comme le fils prodigue, je gâche ma vie en cherchant à me réaliser
à l'extérieur, sans tenir compte des besoins vitaux de mon intériorité,
c'est-à-dire de la réalisation de ma «personne» hors
de laquelle je ne suis qu'un fantasme de moi-même. Pour que Dieu me remette
ma dette, il faut d'abord que je reconnaisse que je suis en dette, et que j'aie
foi en Son pardon libérateur et guérisseur. Oui! quoique j'ai
fait, si je reviens vers le Père, avec un coeur empli de repentir. Il
me pardonne mon péché, sans condition aucune
Si nos péchés sont comme l'écarlate qu'ils deviennent blancs
comme la neige (Is 1,18).
Je suis débiteur du Père en refusant de me recevoir de Sa Paternité,
c'est-à-dire en reconduisant la dette de nos premiers parents, en m'idolâtrant
dans ce: «Moi je suis libre, je fais ce que je veux!» Je suis débiteur
du Fils qui a donné Sa Vie pour que je ne meure pas mais que je vive,
cependant je refuse de saisir Sa Main pour Le suivre. Je suis débiteur
de l'Esprit, parce que je ne suis pas un arbre porteur des fruits de paix, de
joie, d'amour. Il n'y a nulle connotation morale dans la réalité
qu'est le péché, il s'agit d'une atteinte à la vie, d'une
offense à l'Amour divin
J'ai péché contre Toi seul (Ps 51).
Nous prions le « Notre Père » au moins une fois par jour,
c'est donc que chaque jour nous avons besoin que le Père nous remette
nos dettes. Il n'y a pas de petit ou de grand péché, certes nous
commettons parfois des actes très graves, mais la foule de nos pensées
destructrices, au long des jours, finit par devenir aussi pesante et dangereuse
qu'une seule et monstrueuse pensée.
Il nous est difficile de reconnaître nos dettes, de nous avouer pécheurs.
Nous confondons les blessures de l'ego avec la destruction de notre vie profonde,
alors nous nous couvrons d'excuses, nous nous justifions et nous reportons sur
le frère la responsabilité de notre chute, en frappant sa poitrine.
Adam et Eve ont eu la même attitude : « Ce n'est pas moi. »
La justification est un immense obstacle au chemin spirituel: les perpétuelles
excuses que nous nous inventons pour légitimer les faiblesses de nos
comportements.
Mais Dieu ne m'accuse pas, Il veut me libérer, me relever, c'est le sens
même du sacrement du pardon. Il ne faut pas s'enliser dans le péché,
culpabiliser, se juger, mais demander à Dieu la restauration, la guérison.
Pour cela, regardons d'abord la Miséricorde divine qui remet et pardonne.
Le Christ est descendu dans l'enfer de nos dettes afin de nous les remettre
dans Sa Résurrection, et, dit saint Nicolas Cabasilas
Le Christ vient à nous de lui-même et déclare son amour et supplie que notre amour réponde au sien. Devant un refus, Il ne se retire pas, Il ne s'indigne pas de l'injure. Repoussé, Il attend à la porte... Pour tout le bien qu'Il nous a fait, Dieu ne demande en retour que notre amour En échange de notre amour, Il nous acquitte de toute notre dette.
Quelle libération !
Il s'agit d'une réalité anthropologique et ontologique dans laquelle le péché est confronté avec l'Amour divin miséricordieux et fidèle
Si notre coeur nous accuse, Dieu est plus grand que notre coeur (1 Jn 3,20).
Mais nous le savons aussi, depuis la dette engendrée par Adam, le péché
ne meurt pas avec celui qui revient vers son Père. Certes, sur celui-ci
ne repose plus aucun poids de la dette remise par Dieu, mais sous l'instigation
du Malin, le péché se perpétue dans l'histoire humaine.
De là proviennent les injustices, les crimes, les jugements, les discriminations
à l'encontre de races, de groupes, ou d'une seule personne. Oui, nous
faisons partie d'une humanité blessée par le péché,
mais cela ne doit pas nous culpabiliser ni nous déchoir de notre propre
responsabilité.
COMME NOUS REMETTONS À NOS DÉBITEURS
C'est pourquoi le Seigneur Jésus nous demande d'avoir remis les dettes
à nos débiteurs, c'est-à-dire d'avoir pardonné à
ceux qui nous ont offensés, avant d'implorer le Père Céleste
afin qu'Il nous remette nos propres dettes.
Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père Céleste
vous pardonnera à vous aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes,
votre Père ne pardonnera pas non plus vos offenses (Mt 6,14-25).
Plus encore
Si tu présentes ton offrande sur l'autel et que là, tu te souviennes
que ton frère a quelque grief contre toi, laisse là ton offrande
devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère, et
alors viens présenter ton offrande (Mt 5,23-24).
Combien la démarche du pardon est un chemin d'humilité ! Mais
puis-je espérer la libération de ce qui me détruit si je
n'ai pas libéré mon frère de ce que je porte et qu'il porte
de même? Déjà Adonaï met l'Homme en garde dans le Premier
Testament
Quoi! Un humain garde rancune à un autre humain et il demande à
Adonaï de le guérir? Il est sans miséricorde pour un autre
homme, son semblable, et il supplie pour ses propres péchés! S'il
garde rancune, lui faible et pécheur, qui lui obtiendra pardon ? Souviens-toi
de ta fin, et cesse de haïr pense à la mort... Souviens-toi des
commandements et ne garde pas rancune à ton prochain, pense à
l'Alliance du Très-Haut et oublie l'offense (Eccl.28,3-7).
Soyons très conscients: ce qui importe d'abord à Dieu, c'est que
la paix règne dans les coeurs, qu'il n'y ait point d'inimitié
entre aucun de Ses enfants. Refuser de pardonner, c'est un refus d'amour. Dans
Son infinie Miséricorde, Dieu est prêt à tout nous pardonner,
si nous nous sommes réconciliés avec nos frères, car:
Celui qui prétend aimer Dieu et qui n'aime pas son frère est un
menteur! (1 Jn 4,20).
Si nous le demandons, nous recevons du Christ la grâce du pardon, car
le Pardon c'est le Christ en croix.
Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font.
En pardonnant à nos frères, en demandant pardon, nous nous associons
au pardon du Christ crucifié, car le pardon est toujours une mort à
nous-mêmes.
La mesure avec laquelle vous mesurez servira pour vos mesures (Mt 7,2).
Si nous traduisons le Notre Père de l'hébreu, nous voyons «aussi»
à côté du mot «comme», c'est-à-dire:
comme nous aussi nous pardonnons. Donc, nous faisons de même que le Père
Céleste, notre pardon contient la même réalité que
le pardon divin: il est totalement gratuit, sans retour.
Nos coeurs peuvent frémir: voici que notre Père Céleste
est notre modèle. Pourtant quelle distance entre le Céleste et
le terrestre ! Mais si nous pouvons aussi agir de la même manière
que notre Père des Cieux c'est parce que le Christ est notre médiateur,
notre réconciliation et notre paix.
Si nous avons la foi gros comme un grain de sénevé, nous ne pouvons
choisir les Paroles divines qui nous arrangent et rejeter Celles qui nous dérangent:
Celui qui a de la haine pour son frère est un homicide, et vous savez
qu'un homicide n'a pas en lui la vie éternelle (1 Jn 3,15).
Le Christ nous a remis le pouvoir de remettre les dettes à nos frères
qui sont nos débiteurs. Tout est possible, quelque soit le mal que nous
avons subi, car nous agissons dans la puissance du Souffle de l'Esprit.
Répétons encore : pardonner ce n'est pas être en accord
avec ce qui me détruit, me tue, mais l'autre n'est pas ce qu'il m'a fait.
Que de fois mon frère me révèle la violence, le mensonge,
la perversité que je refuse de voir en moi-même, c'est ce qu'a
exprimé Etty Hillesum avant d'entrer dans le four crématoire
La saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d'autre solution
que de rentrer en soi-même et d'extirper de son âme toute cette
pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans
le monde extérieur, que nous n'ayons d'abord corrigé en nous.
L'unique leçon de cette guerre, c'est de nous avoir appris à chercher
en nous-mêmes et pas ailleurs (Une vie bouleversée, Ed. Albin Michel).
Cependant, et Etty en est elle-même un témoin, il est des vies
martyrisées, où la mémoire, le corps sont marqués
à jamais, mais notre guérison, notre libération se fait
dans la remise de la dette à notre débiteur par le don de nous-mêmes.
Assumons-nous, acceptons l'inacceptable et nous passons de la mort à
la vie tout en libérant notre débiteur, c'est dans les blessures
du Christ que nous sommes guéris.
Le pardon que nous offrons à nos frères, nous l'avons reçu
du Père Céleste et nous le transmettons, ainsi, sur le chemin
du pardon, nous participons à la mission du Christ venu sauver l'humanité
perdue. Le Réconciliateur c'est le Christ sur la Croix
Père pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font.
En remettant nous aussi leurs dettes à nos débiteurs nous réalisons
la première partie du Notre Père
Que Ta Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel.
Le Christ nous l'a révélé dans maintes paraboles : le pardon
divin ne connaît pas de limites, c'est pourquoi notre pardon sera entièrement
gratuit, sans limites comme l'est pour nous le pardon divin. C'est le croisement
de la dimension verticale avec l'horizontale. En nous remettant nos dettes,
le Père Céleste nous ouvre le Royaume des Cieux, et lorsque nous
remettons ainsi à nos frères, nous participons à la restauration
du Royaume sur cette terre. Le pardon que nous accordons à nos frères
est le signe de l'authenticité de notre amour pour Dieu. Comme dit encore
Etty Hillesum au sein même de la déportation
J'ose regarder chaque souffrance au fond des yeux, la souffrance ne me fait
pas peur. Et à la fin de la journée j'éprouve toujours
le même sentiment: l'amour de mes semblables. Je ne ressens aucune amertume.
Regardez votre souffrance en face, elle n'est rien. Est-ce que cela veut dire
que je ne suis jamais triste ? que j'acquiesce toujours et aime la vie quelles
que soient les circonstances? Pas du tout. Je crois que je connais et partage
les nombreux chagrins et les tristes événements qu'un être
humain peut expérimenter, mais je ne m'y accroche pas, je ne prolonge
pas de tels moments d'agonie. Ils passent à travers moi comme la vie
elle-même, tel un large et éternel fleuve, et la vie continue.
Ainsi toute ma force est préservée et ne s'accroche pas à
un chagrin stérile ou à une révolte.
Nous insistons: le pardon ne s'oppose pas à la justice, il n'est pas
complice de ce qui détruit ma vie, ma dignité, le pardon n'est
pas une gentille démarche, il est amour, donc bonté et rigueur.
Comme le Père Céleste le fait pour nous, nous assumons le mal
que nous a fait le frère sans être complices, ni lâches mais
nous pardonnons comme Dieu nous pardonne. Nous ne pouvons agir autrement que
le Christ. Avant de mourir, Il a lavé les pieds de Ses disciples, Jésus
s'est agenouillé pour laver leurs pieds, déjà Il leur remettait
leurs dettes.
Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le maître
vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres. Car c'est un
exemple que je vous ai donné, pour que, comme moi je vous ai fait, vous
fassiez vous aussi (Jn 13,14-15).
Remettre les dettes de son débiteur, c'est à la suite du Christ,
s'agenouiller pour lui laver les pieds, pour le libérer, comme le Père
me libère.
Il ne peut y avoir de pardon que dans l'impardonnable. Ainsi l'inouï -
le pardon - répond à l'inouï - l'impardonnable. Ainsi le
crime est gardé dans la mémoire, car oublier n'est pas pardonner
Ainsi le pardon n'est pas donné une fois pour toutes. Ainsi, à
chaque nouvelle rencontre entre le bourreau et la victime, celle-ci pardonne
en entrant dans la relation comme si c'était la première fois,
dans la pureté et l'innocence. Ainsi, l'expérience du pardon est
surhumaine, surnaturelle car il n'est justifié ni par la raison, ni par
la justice, ni par l'histoire. Il les dépasse puisqu'il en peut être
l'expression de l'Amour... Ainsi on ne pardonne pas au coupable bien qu'il soit
coupable. Ainsi, on pardonne par amour, c'est alors que l'on se trouve face
à Dieu. L'amour consiste dans l'amour pour l'amour, c'est-à-dire
pour rien en retour (Rabbin Armand Abecassis).
De telles paroles font tressaillir nos coeurs... Si je refuse de pardonner,
je me coupe de ma profondeur, je ferme la porte au Christ, mais sans Lui, je
ne puis naître à moi-même. Par contre celui qui s'unit au
Christ est en union avec le Père qui nous donne la vie, avec le Fils
qui nous donne Sa Vie, avec l'Esprit qui nous vivifie.
Le « Shema Israël», l'appel de Dieu à l'écoute
et l'appel à la remise des dettes sont intimement liés. Comment
pardonner si je n'entends pas comment Dieu me remet mes dettes, si je n'écoute
pas ce qu'il advient de moi lorsque je reviens vers le Père ?
Afin de nous éclairer le Christ nous donne la parabole du fils prodigue:
le fils était fort riche, car créé à l'Image de
Dieu, revêtu de la confiance divine, riche de dons et de responsabilités.
Comme Adam, sous l'instigation du Malin, il s'est mis à la place de Dieu
: Moi ! et tout est à moi ! Mais coupé de la Présence divine,
il s'est perdu et s'est trouvé devant le choix: vivre ou mourir... Se
souvenant de l'Amour de son Père, il a choisi la vie et a pris le chemin
du retour c'est-à-dire du repentir. Et quelle fut l'attitude du Père
face au fils repentant, face à moi aujourd'hui lorsque je me repens?
Il l'aperçoit de loin, donc Il l'attendait, Il fut pris de pitié,
c'est-à-dire que Ses entrailles frémissent. C'est encore le Père
qui court à la rencontre de Son fils et qui l'embrasse tendrement. Ce
baiser du Père Céleste, c'est le Souffle qui redonne la vie.
Et le Père ne veut pas que le fils demeure dans ses habits souillés,
c'est-à-dire couverts de honte. Il le fait revêtir de la plus belle
robe, à nouveau le Père revêt le fils du Christ, Il refait
de lui un homme nouveau.
Puis le Père met une bague au doigt du fils. C'est le signe de l'alliance,
de la responsabilité, une alliance nouvelle, non pas une autre alliance
mais une alliance renouvelée par le Sang du Christ.
Et des chaussures aux pieds. Voilà, le fils est libre, il peut avancer
sur le chemin de la vie, car il est passé de la mort à la vie.
Mais plus encore : le Père veut fêter le retour du fils, le retour
qui le conduit vers une nouvelle étape : festoyons, et nous pressentons
le repas eucharistique, le banquet nuptial. Comprenons bien que Dieu fait de
nous les imitateurs de Son Amour, de Sa Miséricorde, il s'agit de la
construction du Royaume des Cieux, aujourd'hui, ici et maintenant. Si nous ne
remettons pas leurs dettes à nos débiteurs, nous faisons l'oeuvre
du Malin, du Prince de la division.
Le Malin a essayé de tenter le Christ lors de son jeûne de quarante
jours dans le désert, c'est pourquoi les dernières paroles du
Notre Père contiennent cette injonction qui veut nous protéger
de tout péril
Garde-nous de succomber à la tentation mais délivre-nous du Malin.
Rachel Goettmann
http://www.centre-bethanie