IV.
LA PRIÈRE POUR LES AUTRES
Notre
communion au Christ
et
notre communion aux souffrances des hommes
Notre communion à la peine de ceux qui souffrent, qui sont
malades ou outragés, et notre capacité à porter
leurs fardeaux ne nous viennent pas d'une simple philanthropie humaine,
d'une compassion passagère ou du désir d'être
bien vus ou de recevoir des éloges; car une telle compassion
serait vouée à diminuer bien vite, puis à disparaître.
Mais
c'est par la prière persévérante, pure, sincère,
que nous recevons ces sentiments, comme un don de Dieu qui nous
rend capables, non seulement de persévérer dans cette
communion avec les plus faibles, mais encore d'y progresser au point
de ne plus pouvoir vivre sans eux (1Th. 3,8), et de ne trouver de
repos que dans le partage de leurs peines et de leurs souffrances.
Le
secret de ce charisme réside dans notre communion au Christ,
dans notre participation à sa nature et à ses qualités
divines, de sorte que ce soit lui désormais "qui
opère en nous à la fois le vouloir et l'opération
même (Ph 2,13)".
Ainsi
notre communion aux souffrances des hommes et notre communion au
Christ dépendent fondamentalement l'une de l'autre au plus
haut degré; de sorte que porter la croix du Christ signifie
par le fait même prendre part à la croix des hommes,
sans restriction, jusqu'au bout.
Lorsque diminue l'intimité de nos rapports avec le Christ
dans la prière, cela indique qu'une grave maladie a atteint
la prière en son essence même.
Pour
ceux qui agissent, qui servent les autres et prient pour eux, cela
signifie une grande perte, un échec certain : ils commencent
alors à s'attiédir, à se sentir las; c'est
avec effort désormais qu'ils doivent remplir les devoirs
qui leur étaient autrefois très chers; ensuite ils
en viennent à les négliger et à vouloir s'évader,
et finalement ils s'en abstiennent et se refusent.
Car sans le Christ, il est impossible de continuer à servir
les autres d'une action féconde, soutenue et efficace; et
le Christ, on ne l'atteint que dans la prière.
|