CONSEILS POUR LA PRIERE par Le Père Matta el-Maskîne,
Père du Monastère de saint Macaire en Egypte
Notre communion à la peine de ceux qui souffrent, qui sont malades
ou outragés, et notre capacité à porter leurs fardeaux
ne nous viennent pas d'une simple philanthropie humaine, d'une compassion
passagère ou du désir d'être bien vus ou de recevoir des
éloges; car une telle compassion serait vouée à diminuer
bien vite, puis à disparaître. Mais c'est par la prière
persévérante, pure, sincère, que nous recevons ces sentiments,
comme un don de Dieu qui nous rend capables, non seulement de persévérer
dans cette communion avec les plus faibles, mais encore d'y progresser au
point de ne plus pouvoir vivre sans eux (1 Thess. 3,8), et de ne trouver de
repos que dans le partage de leurs peines et de leurs souffrances. Le secret
de ce charisme réside dans notre communion au Christ, dans notre participation
à sa nature et à ses qualités divines, de sorte que ce
soit lui désormais "qui opère en nous à la fois
le vouloir et l'opération même (Phil 2,13)". Ainsi notre
communion aux souffrances des hommes et notre communion au Christ dépendent
fondamentalement l'une de l'autre au plus haut degré; de sorte que
porter la croix du Christ signifie par le fait même prendre part à
la croix des hommes, sans restriction, jusqu'au bout.
Lorsque diminue l'intimité de nos rapports avec le Christ dans la prière,
cela indique qu'une grave maladie a atteint la prière en son essence
même. Pour ceux qui agissent, qui servent les autres et prient pour
eux, cela signifie une grande perte, un échec certain : ils commencent
alors à s'attiédir, à se sentir las; c'est avec effort
désormais qu'ils doivent remplir les devoirs qui leur étaient
autrefois très chers; ensuite ils en viennent à les négliger
et à vouloir s'évader, et finalement ils s'en abstiennent et
se refusent. Car sans le Christ, il est impossible de continuer à servir
les autres d'une action féconde, soutenue et efficace; et le Christ,
on ne l'atteint que dans la prière.