II.
EN LA PRESENCE DE DIEU
Nos
soucis: comment les présenter dans la prière ?
La prière n'est pas l'occasion de demander à Dieu
ce qui importe à la chair (Rom. 8,7 ; Jac 4,3), ce qui nous
fournit le bien-être, facilite nos travaux et favorise nos
responsabilités temporelles. La prière est l'occasion
pour l'esprit d'accéder au Royaume.
Elle
est la fenêtre rayonnante par laquelle nous contemplons déjà
la Vie éternelle, vers laquelle nous serons emportés,
après avoir remis ce corps à la poussière,
tandis que tous nos travaux et nos responsabilités seront
terminés à tout jamais.
Tout
ce qui nous préoccupe sur la terre est éphémère;
mais la prière, elle, n'est pas éphémère.
Toute minute passée dans la prière vient de l'éternité
et y retourne.
Nous
devons donc, dans la prière, présenter, nos soucis
dans une perspective spirituelle.
C'est-à-dire
que tous nos besoins matériels, nos activités, nos
responsabilités et nos préoccupations doivent être
présentés à Dieu, dans la prière, afin
qu'il les dépouille de leur forme mortelle, éphémère,
et qu'il les revête d'un caractère divin en les rendant
conformes à son dessein bienveillant et qu'ainsi ils soient
sanctifiés.
Nous
ne demandons pas dans la prière que nos travaux soient prospères,
que nos responsabilités réussissent et s'étendent
pour en retirer une gloire terrestre, un renom ou la tranquillité
et le bien-être matériels.
Mais
ce que nous demandons plutôt à Dieu dans la prière,
c'est qu'il purifie nos travaux de l'esprit d'égoïsme
et d'amour-propre, c'est-à-dire de ce qui fait la gloire
du " moi " humain, qu'il nous inspire rectitude
de la pensée et du coeur, afin que, dans nos travaux, nous
n'usions pas de malice, de duplicité, de malhonnêteté,
de fraude ni de mensonge; qu'il nous accorde la puissance spirituelle
de ne pas craindre les menaces, de ne pas nous esquiver devant les
dangers, de ne pas faire acception des personnes et ne pas nous
lamenter quand nous sommes atteints par la perte ou l'injustice.
Nous
lui demandons de nous faire estimer les valeurs spirituelles au-dessus
de toute activité et de toute responsabilité, de sorte
que nous prenions la défense de l'innocent, que nous fassions
l'éloge de la rectitude et de l'intégrité,
que nous donnions avec générosité et que nous
tenions à conserver la patience et la charité plus
qu'à tout intérêt matériel.
La prière devient ainsi l'occasion de transformer les désirs
de la chair en désir de l'esprit, et le moyen de purifier
nos oeuvres, nos pensées et nos intentions des scories du
péché.
Nos activités temporelles seront ainsi sanctifiées,
et, quelque humbles et communes qu'elles soient, elles deviendront
dignes d'être offertes à Dieu au même titre que
les plus nobles services religieux.
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