CONSEILS POUR LA PRIERE par Le Père Matta el-Maskîne,
Père du Monastère de saint Macaire en Egypte
La prière n'est pas l'occasion de demander à Dieu ce qui importe
à la chair (Rom. 8,7 ; Jac 4,3), ce qui nous fournit le bien-être,
facilite nos travaux et favorise nos responsabilités temporelles. La
prière est l'occasion pour l'esprit d'accéder au Royaume. Elle
est la fenêtre rayonnante par laquelle nous contemplons déjà
la Vie éternelle, vers laquelle nous serons emportés, après
avoir remis ce corps à la poussière, tandis que tous nos travaux
et nos responsabilités seront terminés à tout jamais.
Tout ce qui nous préoccupe sur la terre est éphémère;
mais la prière, elle, n'est pas éphémère. Toute
minute passée dans la prière vient de l'éternité
et y retourne. Nous devons donc, dans la prière, présenter,
nos soucis dans une perspective spirituelle. C'est-à-dire que tous
nos besoins matériels, nos activités, nos responsabilités
et nos préoccupations doivent être présentés à
Dieu, dans la prière, afin qu'il les dépouille de leur forme
mortelle, éphémère, et qu'il les revête d'un caractère
divin en les rendant conformes à son dessein bienveillant et qu'ainsi
ils soient sanctifiés. Nous ne demandons pas dans la prière
que nos travaux soient prospères, que nos responsabilités réussissent
et s'étendent pour en retirer une gloire terrestre, un renom ou la
tranquillité et le bien-être matériels. Mais ce que nous
demandons plutôt à Dieu dans la prière, c'est qu'il purifie
nos travaux de l'esprit d'égoïsme et d'amour-propre, c'est-à-dire
de ce qui fait la gloire du " moi " humain, qu'il nous inspire rectitude
de la pensée et du coeur, afin que, dans nos travaux, nous n'usions
pas de malice, de duplicité, de malhonnêteté, de fraude
ni de mensonge; qu'il nous accorde la puissance spirituelle de ne pas craindre
les menaces, de ne pas nous esquiver devant les dangers, de ne pas faire acception
des personnes et ne pas nous lamenter quand nous sommes atteints par la perte
ou l'injustice. Nous lui demandons de nous faire estimer les valeurs spirituelles
au-dessus de toute activité et de toute responsabilité, de sorte
que nous prenions la défense de l'innocent, que nous fassions l'éloge
de la rectitude et de l'intégrité, que nous donnions avec générosité
et que nous tenions à conserver la patience et la charité plus
qu'à tout intérêt matériel.
La prière devient ainsi l'occasion de transformer les désirs
de la chair en désir de l'esprit, et le moyen de purifier nos oeuvres,
nos pensées et nos intentions des scories du péché.
Nos activités temporelles seront ainsi sanctifiées, et, quelque
humbles et communes qu'elles soient, elles deviendront dignes d'être
offertes à Dieu au même titre que les plus nobles services religieux.