Introduction
- Philippe Baud, Maxime Egger
- Les
Pères du désert nous rappellent qu'il n'y a de chemin
de communication que dans l'humilité et la Kénose, cet
abaissement qui consiste à se vider de son ego, y compris identitaire
et confessionnel, pour revêtir Celui qui est la seule vraie identité
du chrétien : le Christ.
La spiritualité
du Désert - Enzo Bianchi
- Saint
Antoine et Pacôme étaient théodidactes, enseignés
et conduits par le Seigneur lui-même.
- Antoine
avait cette attitude d'accueil, amoureux de la Parole exigée
par Origène. Il accueillait chaque miette de la Parole sans en
rien laisser tomber à terre, pas même un iota.
- Abba
Hypéréchios disait : " Si un moine prie seulement
quand il est en position pour la prière, il ne prie pas du tout
" (NAU 104).
- Il
faut tendre à la prière incessante, à faire devenir
prière la vie entière, de telle sorte que chaque action,
chaque pensée, chaque occupation et chaque souci soient vécus
dans la présence du Seigneur.
- La
prière est d'abord nourrie par l'étude amoureuse des Ecritures.
- Fuyant
les paroles nombreuses, qui fatiguent Dieu et dissipent l'Esprit, les
Pères rappellent que " le publicain et le fils prodigue
n'ont prononcé que peu de Paroles et ont été sauvés
" (NAU 352).
- Un
moine disait : les prophètes ont écrit les livres des
Ecritures, puis sont venus nos Pères qui les ont mis en pratique.
Ceux qui vinrent après eux les ont appris par cur, puis
est venue la génération présente : elle les a copiés
et les a placés inutilisés dans les embrasures (NAU 228).
- Désormais,
note cet Abba anonyme, on recopie les textes des Ecritures, on les étudie
peut-être, mais on ne les utilise pas pour leur véritable
but : la pratique de la vie.
- "
Respirez toujours le Christ, croyez en Lui, vivez comme si vous deviez
mourir chaque jour " (voir COR 15-31).
- Dans
la prière, il faut toujours recommencer, sans craindre les difficultés,
les tentations, les obscurités qui tendent des pièges
sur notre chemin. Mais la prière doit surtout devenir notre respiration,
l'invocation du Seigneur ne doit plus faire qu'un avec notre souffle
vital.
Il est écrit : " Le Seigneur Dieu insuffla une haleine de
vie dans ses narines et l'homme devint un être vivant " (Gn
2, 7).
- Oui,
il faut toujours respirer le Christ, notre vie.
Les
Icônes - Claude Bérard
- Quand
nous nous exposons à la lumière de l'Icône, en approchant
notre visage de ce portrait par excellence, cette exposition et cette
vénération nous " matricient " spirituellement.
- Un
historien a noté combien la représentation de l'Esprit
sous forme de Colombe avait freiné la théologie pneumatique.
- En
ce qui concerne le connaissance de Dieu, la théologie orthodoxe
est absolument apophatique, c'est-à-dire qu'elle professe ne
pouvoir parler du Père que par la négative.
- Certains Pères, et non des moindres - un Grégoire Palamas
par exemple - ont soutenu que le Christ n'avait jamais changé
: seuls les yeux des disciples se seraient un instant ouverts (et encore
!).
Les
énergies divines - Michel Stavnou
- Pour
l'Orient chrétien, une théologie n'a de sens et de valeur
que dans la mesure où elle part de l'expérience religieuse
du corps ecclésial.
- Le
corps humain joue un rôle important et nécessaire dans
la prière (Palamas).
- Voilà
précisément en quoi consiste l'aporie : admettre que Dieu
est à la fois participable et imparticipable.
- "
Dieu est tout entier essence et tout entier énergie, imparticipable
dans son essence, mais en même temps participable dans ses énergies
" (Palamas).
- L'énergie
divine est le mode existentiel de Dieu dans lequel Il se manifeste et
se communique.
- Toute
essence
manifeste son essence par son énergie. L'énergie
divine c'est Dieu en tant qu'Il sort de lui-même. Chez Palamas,
le terme recouvre d'ailleurs deux sens : d'une part, c'est le rayonnement
de l'essence divine, le jaillissement de la gloire divine pressenti
comme la Shekina, d'autre part, c'est l'acte, l'opération de
Dieu qui agit sans cesse, soutenant et animant sa création.
- L'énergie
désigne donc à la fois la vie divine communiquée
et l'acte qui nous fait don de celle-ci.
- Palamas
explique que l'énergie est à la fois simple et multiple.
Simple par rapport à Dieu qui en est la source unique, multiple
dans es effets par rapport à la création qui est plurielle
dans sa diversité.
- Palamas
a repris les intuitions des Pères et les a formulées en
une véritable doctrine paradoxale de la présence-absence
divine. Une doctrine intrinsèquement cohérente, mais crucifiante
pour la raison humaine, ayant pour premier objet de préserver
la vérité en Christ.
- Que
Dieu puisse transcender sa propre essence est évidemment une
affirmation odieuse pour toutes les métaphysiques " rationnelles
", aussi absurde et scandaleuse que d'envisager la venue de Dieu
dans la condition des hommes.
- La
source de l'Etre divin n'est pas l'essence divine, mais la personne
du Père qui, éternellement, librement et dans l'amour,
engendre son Fils et fait procéder son Esprit. Ainsi les énergies
ne sont pas des émanations impersonnelles de la divinité
en tant qu'essence, mais une présence irradiante des personnes
trinitaires.
- Toute
énergie provient du Père, se communique par le Fils dans
l'Esprit.
- "
Le Père est l'Amour crucifiant, le Fils est l'Amour crucifié,
l'Esprit Saint est l'Amour triomphant dans la force invincible de la
Croix " (Philarète).
- "
Comme l'Esprit Saint est son ultime dispensateur, l'Energie divine se
trouve souvent assimilée à l'Esprit " (Palamas).
- Le
terme biblique " Esprit " est ambivalent : il désigne,
dans les Evangiles, tantôt la personne même de l'Esprit,
tantôt le don de l'Esprit, c'est-à-dire les énergies
répandues comme grâce incréée.
- "
La lumière qui de toute éternité baigne la plénitude
en soi parfaite de la vie trinitaire " (W. Lossky, pour qualifier
les énergies incréées).
- Il
est temps d'éclairer cette dimension essentielle de la théologie
chrétienne orientale. L'une des clés en est la christologie,
une christologie pneumatique reconnaissant une juste place à
l'Esprit Saint comme celui qui inspire le Christ, et qui repose en lui.
- Depuis la Pentecôte, les énergies divines sont le contenu
vivant de la communion existentielle au Christ ressuscité, par
le don de l'Esprit dans les mystères - sacrement de l'Eglise,
et surtout dans la communion eucharistique.
- La
création concerne le présent et pas seulement le passé.
- Tandis
que le Père est la source de la volonté créatrice,
le Fils en tant que Verbe structure le monde et lui donne son sens,
son intelligibilité, portant en lui les idées-volontés
ou raisons d'être (Logoï) des créatures dont il est
l'alpha et l'oméga en tant que Pantocreator (celui qui soutient
tout). Quant à l'Esprit, en tant que Seigneur vivificateur, il
amène toutes choses en leur achèvement.
Orient
et Occident - Mgr Kallistos Ware
- "
La tradition représente l'esprit critique de l'Eglise "
(W. Lersky).
- "
La tradition n'est pas une somme de propositions apprises par cur,
mais une expérience vécue " (Dimitro Stanilovë).
- La
tradition n'est pas simplement une collection de textes écrits
il y a longtemps, mais la vie du Saint Esprit dans l'Eglise aujourd'hui.