- La
connaissance de Dieu ne relève pas de la connaissance, soit philosophique,
soit théologique. Elle est le mystère de la Révélation
divine et relève donc de l'Expérience directe de celle-ci.
- Selon
Saint Paul, la connaissance de Dieu en tant que Père céleste
est l'acte gratuit de la Révélation.
- La
tradition patristique renonce à toute définition formelle,
car Dieu est au-delà de toute parole humaine : " les concepts
créent des idoles de Dieu, l'émerveillement seul saisit
quelque chose " (Saint Grégoire de Nysse).
- "
On ne peut voir Dieu et rester vivant ". Cet avertissement biblique
signifie pour les Pères : on ne sait voir Dieu avec la lumière
de notre raison, on ne peut jamais définir Dieu car toute définition
est une " limitation ". Et pourtant, " Il nous est plus
intime que nous-mêmes ".
- Comme
le dit Saint Maxime le Confesseur : " Dieu a déposé
dans le cur humain le désir de Dieu " et, selon Saint
Grégoire de Nysse : " L'homme porte en lui-même une
certaine mesure de connaissance de Dieu ".
- Evagre
précise bien la différence des niveaux et de leur hiérarchie
: " L'intelligence réside dans le cur, la pensée
dans le cerveau ". Le cur, centre inétendu, est le
siège de l'intelligence dans le sens de l'Esprit - nous.
- L'intellect,
une fois réuni, recueilli dans le cur, signifie l'unification
de l'être tout entier, esprit, âme et corps, appelé
intégralement à la connaissance illuminante et à
l'amour unitif.
- La
foi orthodoxe ne se définit jamais en terme d'adhésion
intellectuelle, mais relève de la métanoïa, du nous,
de l'esprit, de son revirement par l'évidence et la certitude
vécues dans une certaine et paradoxale " sensation du transcendant
".
-
" Mystique ", à l'opposé de toute théologie
cérébrale, signifie " théologie du mystère
", qu'on ne connaît que par révélation du côté
de Dieu, et par participation réceptive du côté
de l'homme.
- Théologie
vivante : tout en comportant l'élément d'enseignement,
la théologie apparaît avant tout et dans son aspiration
même comme la voie expérimentale de l'union avec Dieu.
- "
L'homme parfait est tout entier possédé du Saint-Esprit,
c'est la gnose supérieure, de laquelle vient l'aptitude à
la fonction de théologien " (Saint Siméon le Théologien).
- "
Un théologien est enseigné de Dieu " (Saint Maraire).
- "
C'est l'Esprit Saint qui d'un érudit fait un théologien
" (Saint Siméon).
-
L'Esprit Saint instruit dans la sagesse les illettrés, de pêcheurs
il fait des théologiens (Office de la Pentecôte).
- C'est
toute la tradition mystique de la " Prière de Jésus
", conçue comme eucharistie intérieure de la présence
de Dieu. Nommer, c'est rendre présent.
- "
La vraie théologie libère des passions " (Saint Basile).
- Pour
tout théologien, ce n'est pas le chemin qui est impossible, c'est
l'impossible qui est le chemin.
- Mais
tout apprenti en théologie doit trembler devant ce ministère
charismatique afin de toucher au Saint de Dieu.
- "
Les concepts créent des idoles de Dieu, l'étonnement seul
saisit quelque chose. Les mystères simples se révèlent
au-delà de toute connaissance, au-delà même de l'inconnaissance,
dans la ténèbre plus que lumineuse du silence " (Saint
Grégoire de Nysse).
- Trouver
Dieu consiste à le chercher sans cesse
C'est là
vraiment voir Dieu que de n'être jamais rassasié de le
désirer.
- Il
est " l'éternellement cherché " (Saint Grégoire
de Nysse), on ne le trouve qu'en le cherchant toujours.
- L'apophase,
en tant que méthode, enseigne l'attitude correcte de tout théologien
: l'homme ne spécule pas, mais se change.
- Selon
la Bible, l'âme vivifie le corps, le fait " âme vivante
", et l'esprit " pneumatise " le tout de l'être
humain. Le corporel et le psychique existent l'un dans l'autre, chacun
dirigé par ses propres lois. Le spirituel n'est pas la troisième
sphère, mais le principe de qualification qui s'exprime à
travers le psychisme, le charnel et les rend spirituels.
- L'esprit
est ce point avancé qui communique avec l'au-delà et y
participe.
- Mes
sentiments, mes pensées, mes actes, ma conscience m'appartiennent,
sont miens et c'est d'eux que j'ai conscience ; mais le moi est au-delà
du mien ; il est transcendant à ses propres manifestations. Il
ne s'agit pas du moi empirique, connaissable, mais du moi spirituel
qui échappe à toute investigation. C'est la notion-Limite,
centre de la totalité, que Jung appelle le soi (pas le Soi !).
- "
L'Esprit n'engendre aucune volonté qui lui résiste. Il
ne transforme par divinisation que celle qui le veut " (Saint Maxime).
- La
grâce presse sur toute âme en secret, sans jamais la contraindre.
- En
disant le fiat, le oui, je m'identifie à l'être aimé.
- C'est
parce que nous pouvons dire non que notre oui résonne pleinement,
car librement. Il faut donc que ce oui soit enfanté au plus profond
de notre être.
- Dieu
ne donne pas des ordres, mais lance des invitations, des appels.
- Chaque
faculté de l'esprit humain reflète l'image (connaissance,
liberté, amour, création) et le tout est centré
sur le spirituel, dont le propre est de se dépasser pour se jeter
dans l'océan du divin et y trouver l'apaisement de sa nostalgie.
- "
L'homme a deux ailes pour atteindre le ciel, la liberté et la
grâce " (Saint Maxime).
- "
Pour participer à Dieu, il est indispensable de posséder
dans son être quelque chose de correspondant au participé
" (Saint Grégoire de Nysse).
- "
Omoousios " de Saint Athanase : Essence Une en trois hypostases,
trinité consubstantielle et indivisible.
- "
Nous connaissons Dieu dans ses énergies, sans nous approcher
de son essence. Car si ses énergies descendent jusqu'à
nous, son essence reste inaccessible " (Saint Basile).
- Les
trois âges de la vie spirituelle : Enfance, les Proverbes - Jeunesse,
l'Ecclésiaste - Maturité, le Cantique des Cantiques. Praktiké
Théoria, Physiké Théoria, Théologia.
- "
Pour rien au monde, ne cherche à percevoir une forme ou une figure
au temps de l'oraison. Efforce-toi de rendre ton intelligence sourde
et muette et tu pourras prier " (Evagre).
- "
La psyché est une déformation du nous qui s'éloigne
de Dieu et se matérialise " (Origène).
- L'Oraison
pure, " intellection de l'intelligence ", opère le
retour vers l'état initial. Le nous devient simple, dépouillé
même des pensées ; alors la lumière de la trinité
éclate dans l'esprit.
- Les
apophtegmes coptes attribuent à Macaire la tradition de la Prière
de Jésus. Elle n'est pas mentionnée dans les Homélies,
mais la notion du cur est constamment présente. "
Le cur commande et régit tout le corps. La grâce
s'empare des pâturages du cur. Ceux qui s'approchent du
Seigneur doivent faire leur prière dans un état de quiétude
(Hésychia)
en appliquant leur attention au Seigneur par
l'effort du cur et la sobriété (nepsis) des pensées.
"
- L'héritage
des anachorètes égyptiens débouche chez Jean Climaque
sur la " mémoire de Jésus " unie au souffle.
Le nom de Jésus assimilé à la respiration attire
sa présence au cur de l'hésychaste.
- C'est
dans ce climat du Sinaï, des déserts, que l'hésychasme
byzantin prend ses origines.
- Denys,
chef incontestable de la mystique chrétienne.
- "
La contemplation mystique est une pure vision immatérielle au-delà
du discours, des sens et de l'intelligence. En pénétrant
dans la ténèbre qui est au-delà de l'intelligible,
(
) il s'agira d'une cessation totale de la parole, de la pensée,
au terme de laquelle nous serons totalement muets et pleinement unis
à l'ineffable " (Denys).
- Nicéphore
le Solitaire (" Traité de la sobriété et de
la garde du cur ") : Faire " descendre ", poser
l'intellect dans le cur, signifie rendre consciente et vécue
la présence de Jésus dans le cur. C'est en "
respirant Dieu " que l'homme le retrouve dans son cur.
- Cette
Prière (du cur) résonne dans cesse au fond de l'âme,
même en dehors de la volonté et de la conscience ; à
la fin, le nom de Jésus résonne de lui-même et prend
le rythme de la respiration ; en quelque sorte il est " collé
" au souffle, même pendant le sommeil : " Je dors mais
mon esprit veille " (cant. 5, 2).
- Hésychasme
: Saint Grégoire le Sinaïte systématise méthode
et pratique de la " Prière de Jésus ".
- La
théologie dans le sens de Pères n'est jamais un système
de concepts, mais la transmission de l'expérience de Dieu et
le fruit de l'adoration orante de la doxologie liturgique et pour cela
forcément antinomique.
- Ce
n'est pas celui qui est qui provient de l'essence, mais c'est l'essence
qui provient de " celui qui est ".
- Les
personnes divines se compénétrent mutuellement de façon
à ne posséder qu'une seule énergie, une, mais multiforme
dans ses manifestations.
- Un
" père spirituel " n'est pas un maître qui enseigne,
mais celui qui " engendre ", à l'image du Père
céleste ; c'est un " sacrement de filiation ".
- La
condition essentielle pour devenir " père spirituel ",
c'est d'abord être devenu soi-même " pneumatikos ".
- "
Celui qui n'est pas engendré n'est pas capable d'engendrer ses
enfants spirituels " (Saint Siméon).
- Un
" Père " ne dirige pas, il donne l'exemple.