Nous
ne connaissons rien de l'enfance du saint.
Il semble
qu'il vécut dans une petite ville, Babylone ou le palais de la
cire (aujourd'hui le Vieux Caire) sous le règne d'Al-Mu'iz Li-Din
Illah, premier gouverneur de la dynastie des Fatimides.
Il était
tanneur, un métier très répandu à Babylone
et qui est toujours exercé au Vieux Caire.
Cette
profession comprenait non seulement le tannage des peaux mais aussi
les différents métiers qui l'accompagnent comme la cordonnerie.
C'est
pourquoi Saint Samaan est aussi connu comme Samaan le cordonnier ou
Samaan le savetier.
C'était
aussi le métier pratiqué par Saint Inianos, premier patriarche
de l' Eglise Copte.
Saint
Marc alla trouver ce savetier pour réparer ses chaussures abîmées.
Quand
le poinçon qu'Inianos maniait perça sa main, Saint Marc
s'écria " Ious Theos " qui veut dire "
O Dieu Unique ", expression qui surprit Inianos et lui ouvrit le
cur à la révélation de l'Evangile.
L'icône
de Saint Samaan le présente privé de l'il droit.
Un épisode
de sa vie explique l'événement qui lui fit perdre son
il.
Un jour
une femme entra dans sa boutique pour lui donner des chaussures à
réparer.
Quand
elle les ôta pour les lui confier elle découvrit ses jambes.
Samaan
les regarda avec un esprit de luxure.
Mais
se reprenant il prit son poinçon et le plongea dans son il
pour l'arracher prenant à la lettre le commandement du Seigneur
:
" Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour
la convoiter a déjà commis un adultère avec elle
dans son cur. Si ton il droit est pour toi une occasion
de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il est avantageux
pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps
entier n'aille pas dans la géhenne. " (Mt 5 : 28, 29)
Saint
Samaan vivait en ascète et en homme de prière mangeant
peu - il dit de lui-même au Patriarche Abram qui l'interroge:
" je mange un peu, juste pour conserver la vie "-,
s'habillant de vêtements râpés et consacrant l'essentiel
de son temps en prières.
Au coucher
du soleil il quitte son travail, mange frugalement et, dit-il, "
retourne prier et reste toute la nuit en priant ".
Chaque
jour Saint Samaan s'occupe de personnes âgées et de malades
à qui il apporte de l'eau.
Il explique
au Patriarche : " je me lève tôt chaque matin avant
de partir travailler pour remplir ma jarre d'eau et la distribuer aux
personnes âgées et aux malades qui n'ont pas la force d'aller
se ravitailler
et je distribue chaque jour du pain et de la nourriture
aux ermites cloîtrés, hommes ou femmes
"
L'existence
de Saint Samaan serait restée inconnue de tous hormis de Dieu
si un événement n'était survenu pour qu'il soit
l'instrument de Sa volonté.
En ce
temps là le gouverneur Al-Mu'iz Li-Din Illah passionné
de débats littéraires s'intéressait beaucoup aux
controverses religieuses.
Il avait
l'habitude de rassembler régulièrement les chefs religieux
des communautés musulmanes, chrétiennes, et juives pour
qu'ils débattent en sa présence.
Un membre
de l'entourage d' Al-Mu'iz provoqua pour des raisons personnelles une
controverse entre des représentants des communautés chrétiennes
et juives.
A cette
occasion il fut suggéré au calife de mettre à l'épreuve
les chrétiens sur un verset de l'évangile de Saint Matthieu
(17 : 20)
"
Je vous le dit en vérité, si vous aviez de la
foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette
montagne : Transporte-toi d'ici là, et elle se transporterait
; rien ne vous serait impossible. "
Le
calife Al-Mu'iz fit venir Amba Abram le syrien et lui dit de prouver
que les paroles du Christ étaient vraies et la religion chrétienne
juste en déplaçant la colline du Mokattam vers l'est ce
qui permettrait l'extension de la nouvelle ville du Caire.
En cas
de refus ou d'incapacité à réaliser cet exploit
la communauté chrétienne aurait à choisir l'une
des alternatives suivantes : se convertir à l' islam ou quitter
l'Egypte.
Le patriarche
atterré demanda et obtint du calife un délai de trois
jours avant de lui donner sa réponse.
Il pria
Dieu de l'inspirer et appela le peuple copte et toute l' Eglise d'Egypte
à jeûner avec lui les trois jours du lever au coucher du
soleil et à prier avec ferveur pour écarter cette épreuve.
Le troisième
jour à l'aube la Vierge Marie apparut à Amba Abram en
songe et lui dit :
"
N'aie pas peur, fidèle berger,
les larmes que tu as versées
dans cette église, les jeûnes et les prières que
toi et ton peuple avez offerts ne l'auront pas été en
vain. Lève-toi et va à la porte de fer qui donne accès
à la place du marché. Tu y trouveras un homme borgne portant
une jarre d'eau. C'est par lui que le miracle aura lieu. "
Le patriarche
trouva l'homme où la Vierge Marie le lui avait indiqué.
Lui
ayant expliqué ce que lui avait dit Marie, Saint Samaan lui répond
: " Pardonnez-moi père, je ne suis qu'un homme pêcheur
".
Amba
Abram insiste " C'est l'ordre de la Mère de la Lumière
! "
Saint
Samaan alors se soumet et répond avec humilité : "
si la Mère de la Lumière a décidé de
me charger de cette mission je me mets entièrement à votre
service ".
Le Patriarche
qui ne le connaît pas l'interroge alors et lui demande son nom
et la raison de sa présence sur la place du marché si
tôt le matin quand tout le monde dort.
Saint
Samaan lui dévoile sa vie en le pressant de ne la révéler
à quiconque avant qu'il ait quitté cette terre.
Ensuite
il indique à Amba Abram dans quelles conditions le miracle pourra
avoir lieu :
"
Vous monterez sur la colline avec tes évêques, prêtres,
diacres et archidiacres portant haut Bibles, croix, flambeaux et encensoirs
allumés.
Vous
demanderez au calife de monter aussi sur la colline avec son cortège
et de se mettre face à vous sur le côté opposé
du sommet.
Quant
à moi, je serai parmi le peuple derrière vous où
l'on ne me reconnaîtra pas.
Célébrez
les divins mystères et après la communion eucharistique
répétez avec tout le peuple en esprit d'humilité
et avec un cur brisé cent fois à l'est, cent fois
à l'ouest, cent fois au nord et cent fois au sud : Kyrie Eleison
(Seigneur aie pitié de nous).
Ensuite
en silence toi et ton clergé adorez Dieu à genoux les
mains tendues vers le Très Haut puis levez vous et fais le signe
de la croix sur la colline. Ainsi trois fois et tu verras la gloire
de Dieu. "
Le Patriarche
s'en alla dire au calife Al-Mu'iz qu'il était prêt à
réaliser sa demande avec la grâce de Dieu.
Le calife
se rendit au sommet de la colline sur son coursier suivi par sa cour,
ses hauts dignitaires et ses soldats.
En vis
à vis se tenait le Patriarche Abram avec son clergé et
nombre de ses fidèles et parmi eux Saint Samaan le tanneur.
Les
choses se passèrent comme Saint Samaan l'avait demandé
et au premier signe de croix fait par le Patriarche sur la colline il
se produisit un grand tremblement de terre et la colline se souleva
puis retomba.
Et ainsi
à chaque signe de croix.
Telle
est la puissance de la foi comme l'a déclaré Saint Paul
notre maître : " je puis tout par Celui qui me rend fort
" (Phil 4 :13)
Le calife
et son entourage furent saisis de peur et il s'écria : "
Dieu est grand ; que Son nom soit bénit "
Il supplia
Amba Abram d'arrêter ce qu'il faisait de peur que la colline n'écrase
la ville et quand tout s'arrêta il lui témoigna son respect
et le droit de rester en Egypte en lui accordant l'autorisation de reconstruire
ou de restaurer nombre d'églises dont celle de Saint Markorios
Abu Sifein du Vieux Caire.
Quand
le Patriarche se retourna pour chercher Saint Samaan il ne le vit plus
et plus personne n'entendit parler de lui jusqu'à ces dernières
années.
On a
cherché à savoir s'il pouvait exister des " preuves
" historiques de ce miracle et de l'existence de Saint Samaan.
La colline
a le nom de Mokattam qui veut dire " découpée
". En effet elle présente trois failles qui la traversent.
Le pape
Amba le syrien a décidé de faire des trois jours de jeûne
accompli à cette occasion une règle définitive
en les ajoutant aux 40 jours du jeûne de Noël.
Une
icône ornant le mur nord de la cour de l'église de la Vierge
Marie connue sous le nom de " l' église suspendue
" du Vieux Caire et datant du XV ème siècle représente
Amba Abram, Saint Samaan et la Vierge Marie.
Elle
serait la copie d'une icône plus ancienne aujourd'hui disparue.
En tenant compte de la date connue de la rénovation de l'église
d'Abu Sifein qui fut autorisée par décret en 979 ap.J.C.
on considère que le miracle eu lieu la même année.
L'ajout
du jeûne de 3 jours à celui de Noël donne une indication
sur le jour du miracle. Le jeûne de Noël commençant
le 28 novembre en Egypte (pour se terminer le jour de Noël le 7
janvier selon les règles de l'Eglise Copte) le miracle devrait
avoir eu lieu le 17 novembre (18 Hatur 695 AM).
La colline
de Mokattam devint par décrèt du gouverneur du Caire en
1969 le lieu où sont déposées les rebuts de la
ville.
C'est là que vinrent s'installer la communauté chrétienne
des chiffonniers du Caire dont la principale activité est la
collecte et le tri de ces rebuts.
Depuis
de nombreux miracles se produisirent en ces lieux et la grande église
de Saint Samaan fut creusée dans la colline dans les années
70 pour accueillir la ferveur de ce peuple pauvre mais qui a conservé
la foi vivante de ses pères.
En 1989
des recherches furent entreprises avec la bénédiction
de S.S. Shenouda III pour retrouver les reliques de Saint Samaan.
Des
écrits laissaient entendre qu'au XIVème siècle
les papes Amba Joannes X et Amba Ghobrial IV (Histoire des Patriarches
par Anba Youssab) furent enterrés au côté de Samaan
le tanneur à al-Habach dans le Vieux Caire.
En 1991
le dimanche 4 août lors de la restauration de l'ancienne église
de Sainte Marie à Babylone El-Darag on découvrit le squelette
d'une personne " d'une cinquantaine d'année, de petite
taille avec un reste de cheveux abondants sur la nuque et présentant
une calvitie sur le front ".
A peu
de distance on trouva un pot de terre vieux de près de mille
ans avec l'indication que le corps enterré était celui
de Saint Samaan le tanneur.
La présence
à ses côtés des squelettes de patriarches était
une preuve supplémentaire de l'importance accordée au
fait d'être enterré près de lui.
Les
résultats d'une enquête approfondie convainquirent S .S.
Shenouda III que les ossements appartenaient à Saint Samaan ce
qu'il confirma officiellement le 7 juillet 1992 en attribuant à
trois églises l'honneur du dépôt de ses reliques
: l'église Sainte Marie à Babylone El-Darag, l'église
suspendue de Sainte Marie et l'église de Saint Samaan le tanneur
à Mokattam.
Pour
en savoir plus :
L'église de Saint Samaan, Mokattam, Le Caire
Tel (202) 5123666/5124080
Fax (202) 5126150
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