EDITORIAL
avec
l'aimable autorisation de M Nikita Struve
A nos lecteurs
Le but
du présent cahier, consacré aux "Eglises orthodoxes
orientales" (dites préchalcédonniennes ou encore
"monophysites") qui, depuis quinze siècles, ne sont
plus en communion avec les Eglises grec-orthodoxes, est de faire prendre
conscience du scandale que constitue la permanence de cette désunion.
Tous
les théologiens tant soit peu sérieux reconnaissent que
le schisme du Ve siècle est venu non d'une intention hérétique
mais d'un malentendu sur des termes comme nature et hypostase, qui étaient
"trop nouveaux et trop révolutionnaires" (J. Meyendorff)
pour ne pas susciter à l'époque des interprétations
divergentes.
Les
confessions de foi récentes que nous publions ici confirment
la parfaite "orthodoxie" des Eglises préchalcédoniennes
: le Christ est pour elles parfaitement homme et parfaitement Dieu.
Et si
l'on insiste sur une seule nature, comme le faisait saint Cyrille d'Alexandrie,
c'est pour marquer la parfaite union en Christ de la divinité
et de l'humanité.
Autant
que les confessions, c'est la vie même de ces Eglises qui montre
que, malgré des siècles de séparation, rien dans
la foi vécue, la spiritualité, les moeurs, ne les sépare
de nous.
S'il
y avait eu hérésie, ou la moindre déviation par
rapport à la doctrine du salut, elle n'aurait pas manqué
de se manifester dans l'ordre de la vie.
Ainsi,
les déviations relativement secondaires des Eglises occidentales
ont conduit à des dérives qui rendent la réunion,
à moins d'un miracle, quasi impossible.
Entre
les Eglises antéchalcédoniennes et les Eglises byzantines
il y a identité de foi et de vie quasi absolue, quoi qu'en disent
les zélateurs intempestifs des formules et des formes orthodoxes
(comme certains moines du Mont Athos, relayés par quelques groupes
intégristes en Russie).
Le rétablissement
de la communion entre les deux groupes d'Eglises orthodoxes est une
priorité oecuménique.
Il serait
souhaitable que les Eglises orthodoxes, de part et d'autre, mettent
à profit le redoutable jubilé du bimillénaire du
christianisme pour que cette union se réalise enfin.
Cette
union doit être l'expression de la foi de tous les croyants orthodoxes,
aussi faudrait-il multiplier à tous les niveaux les contacts,
les informations, les confrontations, les réunions de prière...
Le rétablissement
de la communion ne serait pas seulement fidélité à
la parole du Christ ( "qu'ils soient un" ) , mais aurait
des effets bénéfiques immédiats pour l'ensemble
du monde chrétien.
Elle
permettrait aux Eglises orthodoxes d'élargir et d'approfondir
leur universalisme (ne serait-ce que par la diversité des rites)
, de mieux combattre ici et là la tentation du phylétisme,
d'intensifier la mission et d'engager de façon plus efficace
le dialogue oecuménique avec les Eglises d'Occident.
N.S.