S.S.
Jean-Paul II a reçu le 22 juin 1979 une delégation
du Patriarcat copte orthodoxe d'Alexandrie.
Voici
l'allocution qu'il lui a adressée :
Mes chers frères dans le Christ,
Je
vous salue avec joie, éminents hôtes et dignes délégués
de mon frère, Sa Sainteté le Patriarche d' Alexandrie
le Pape Shenouda III. Je lui suis reconnaissant de l'envoi de
cette délégation, ainsi que des voeux chaleureux
qu'il m'a adressés par votre intermédiaire, avec
l'expression de son amour fraternel.
C'
est là une source de réconfort et d' encouragement.
Combien
merveilleuses sont les voies du Seigneur !
Il
nous permet de professer aujourd'hui notre foi commune en Jésus-Christ,
son divin Fils, vrai Dieu et vrai homme, qui est mort et ressuscité,
qui, par Son Esprit Saint vit dans son Eglise et la guide, et
qui est la tête du corps de cette Eglise.
Nous
nous réjouissons ensemble que les doutes et suspicions
du passé aient été surmontés, de sorte
qu' une fois encore nous pouvons proclamer ensemble de tout notre
coeur cette vérité fondamentale de notre foi chrétienne.
Le scandale de la division doit être résolument écarté
Depuis
les premiers jours de mon élection comme évêque
de Rome, j'ai considéré comme l'une de mes principales
tâches de m' efforcer de réaliser l'unité
de tous ceux qui portent le saint nom de chrétiens.
Le
scandale de la division doit être résolument écarté,
de sorte que, dans les vies de nos Eglises et dans notre service
du monde, nous puissions tous faire se réaliser la prière
du Seigneur de l'Eglise: " qu'ils soient tous un ".
J'ai déjà souligné cela en diverses occasions
et je vous le redis aujourd'hui, puisqu'il s'agit ici de la communion
entre nos deux Eglises apostoliques.
Je
sais que l'un des problèmes fondamentaux du mouvement oecuménique
est la nature de cette pleine communion entre nous que nous recherchons
et le rôle que doit jouer l'évêque de Rome,
dans le plan de Dieu, au service de cette communion de foi et
de vie spirituelle qui se nourrit des sacrements et s'exprime
dans la charité fraternelle.
De
grands progrès ont été faits pour approfondir
notre façon de concevoir cette question. Beaucoup reste
à faire. Je considère votre visite à moi-même
et au Siège de Rome comme une contribution importante à
la solution définitive de cette question.
L'Eglise catholique fonde son dialogue de vérité
et de charité avec l'Eglise copte orthodoxe sur les principes
proclamés par le IIè Concile du Vatican, spécialement
dans la Constitution " Lumen gentium " sur l'Eglise
et dans le décret " Unitatis redintegratio "
sur l' oecuménisme.
Je
suis heureux de faire miens les points de la Déclaration
commune signée par mon vénérable prédécesseur
le Pape Paul VI avec le Pape Shenouda III en 1973 (1)
ainsi que les encouragements ultérieurs que le Saint-Siège
a donnés par la suite pour ce dialogue (2).
L'unité ne signifie ni uniformité ni absorption,
mais service
Il
est fondamental pour ce dialogue de reconnaître que la richesse
de cette unité dans la foi et la vie spirituelle doit s'
exprimer dans la diversité des formes.
L'unité
- que ce soit sur le plan universel ou sur le plan local - ne
signifie pas uniformité ou absorption d'un groupe par l'autre.
Elle
est plutôt au service de tous les groupes pour aider chacun
à mieux vivre les dons qu'il a reçus de l'Esprit
de Dieu.
C'
est là un encouragement à aller de l'avant avec
confiance, en se laissant guider par le Saint-Esprit.
Quelles
que soient les amertumes héritées du passé,
quels que puissent être les doutes et les tensions qui subsistent
encore, le Seigneur nous appelle à aller de l'avant dans
la confiance et l'amour mutuels.
Si
la vraie unité doit être réalisée,
elle sera le résultat de la coopération entre les
pasteurs au niveau local, de la collaboration à tous les
niveaux de la vie de nos Eglises, en sorte que nos fidèles
puissent mieux se comprendre les uns les autres, dans la confiance
et l'amour réciproques.
Si
chacun veut non pas dominer l'autre, mais le servir, nous grandirons
tous ensemble dans la perfection de l'unité pour laquelle
Notre Seigneur a prié la veille de sa mort (Jn 17) et à
laquelle Saint Paul nous a demandé de travailler ardemment
(EP 4, 11-13).
Encore
une fois, je vous remercie de votre visite. Mes pensées
et mes prières vont à mon frère le Pape Shenouda
III, aux évêques, au clergé et aux fidèles
de votre Eglise, tandis qu'avec mes frères les évêques
et les fidèles de l'Eglise catholique qui est en Egypte
vous priez et travaillez pour la pleine communion ecclésiale
qui sera un don de Dieu pour nous tous.
(1)-
DC 1973, n° 1633, p. 515 (N.D.L.R.)
(2) - Cf. DC 1974, n° 1663, p. 903 (lettre
de Paul VI au cardinal Sidarouss).
Cf. également les rapports de la Commission mixte: DC 1974,
p. 447; 1975, p. 78; 1978, p. 492 (N.D.L.R.)
LA
DOCUMENTATION CATHOLIQUE 15 juillet 1979- N° 1768