Pour les premiers Chrétiens,
la Pentecôte
(terme qui signifie cinquantaine) désignait la totalité
du temps pascal.
Ils
n'oubliaient pas pourtant que le cinquantième jour après
la résurrection du Seigneur avait été marqué
par l'évènement fondateur de l'Eglise l'effusion de l'Esprit
sur les Apôtres et le commencement de l'annonce de la Bonne Nouvelle,
commencement d'un monde nouveau.
Toutefois,
ils n'en avaient pas fait une solennité particulière,
tant l'unité du mystère pascal leur semblait essentielle.
Aux IVe-Ve siècles, le dimanche qui concluait le temps pascal
devint une sorte de réplique du dimanche de Pâques : c'est
le dimanche de la Pentecôte ; il fut doté d'une veillée
baptismale pour ceux et celles qui n'avaient pas pu recevoir le baptême
dans la nuit pascale.
Aujourd'hui,
le lectionnaire propose comme lecture le choix entre quatre textes de
l'Ancien Testament qui ont nourri la réflexion chrétienne
sur le mystère de ce jour.
La
Pentecôte, où, comme on l'a dit, toutes les langues deviennent
symphonie, apparaît comme l'anti-Babel (Gn 11,1-9); elle est la
promulgation de la Loi au Sinaï (Ex 19,3-20), l'effusion de l'Esprit
redonnant vie à ceux qui dorment dans la mort (Ez 37,1-14); elle
est la réalisation de la prophétie de Joël annonçant
que l'Esprit de Dieu se répandra sur toutes les créatures
(J13,15).
Le
texte des Actes des Apôtres (Ac 2,1-11) offre le récit
de la réalisation des prophéties.
Ce
récit évoque des phénomènes assez mystérieux
: le vent violent qui emplit toute la maison, les langues de feu qui
se partagent et se posent sur chacun des Apôtres, et la capacité
qui leur est donnée de parler en d'autres langues.
Le
vent et le feu sont des signes traditionnels des manifestations de Dieu
; le parler en langues manifeste la présence de l'Esprit.
Il est important de saisir que la fête de la Pentecôte n'a
pas eu lieu seulement pour les Apôtres : le vent violent a été
perçu aussi par une multitude d'hommes et de femmes en pèlerinage
à Jérusalem.
Chacun
entendait « publier dans sa propre langue les merveilles de
Dieu ».
Pour
qu'un homme reconnaisse dans la parole d'un autre la Parole de Dieu,
il y faut l'action de l'Esprit.
« C'est l'Esprit Saint lui-même qui affirme à notre
esprit que nous sommes enfants de Dieu ».
Si d'abord la fête de la Pentecôte est naissance de l'Eglise
par les pouvoirs transmis aux Apôtres, elle est aussi renouvellement
universel du monde par l'Esprit en action dans l'humanité.
Un
Esprit qui la conduit progressivement à la pleine compréhension
du message de Jésus :
« Il vous fera souvenir de tout ce que Je vous ai dit ».
«
Je suis venu comme une lumière dans le monde, afin que quiconque
croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres »
Saint Jean 12, 46-47
Jésus nous lance sans cesse des appels. Jésus demeure
en butte à l'incrédulité opiniâtre du grand
nombre qui, après tant de miracles opérés sous
ses yeux, ne croit pas en Lui.
Pourquoi les disciples sont-ils si peu nombreux ?
Ne pouvons-nous rien pour y remédier ?
Armons-nous du désir ardent d'amener à la foi de l'Évangile
les esprits les plus rebelles.
Pour nous encourager, sachons que sous la loi de Jésus, il n'est
pas de situation désespérée.
Or,
à cette heure même, notre prière est peut-être
la dernière et suprême ressource d'une foule d'âmes
en péril.
Mais ne sommes-nous pas du nombre de ces pusillanimes qui croient et
n'osent pas confesser leur foi ?
Ne
sommes-nous pas encore de ceux qui craignent l'opinion des hommes plus
que les jugements de Dieu ?
Jésus nous conduit à Celui qui L'envoie et qui est la
fin dernière de toute vie. Jésus nous donne à Son
Père.
Il nous tirera de nos ténèbres et Il nous sauvera.
C'est l'appel du Père céleste, et c'est Son Fils qui nous
le transmet.
Pourquoi craindrions-nous la vérité sortie des lèvres
du Fils de Dieu ?
II nous la faut, et dans toute sa plénitude, pour qu'elle fasse
notre bonheur.
La vérité et la vie sont uniquement dans les leçons
de charité, de piété, de patience, d'humilité
et d'abnégation que Jésus nous a données.
La main tendue vers le Christ ne reste jamais vide.
Le 4ème Évangile nous montre Judas tendant la main.
Les doigts de Judas se ferment sur l'Agneau immolé.
Satan est en Judas.
Mais Judas emporte dans sa main qui est celle de Satan, un terrible
mystère.
L'enfer garde dans son sein ce morceau de pain, parcelle de la lumière.
N'est-ce pas l'expression fidèle et exacte de la parole «
La lumière luit dans les ténèbres ».
Le geste de Jésus désigne le dernier mystère de
l'Eglise : elle est la main de Jésus offrant le pain eucharistique.
L'appel s'adresse à tous, car tous sont au pouvoir du prince
de ce monde.
La lumière ne dissipe pas encore les ténèbres,
mais les ténèbres n'ont pas d'emprise sur la lumière
invincible.
Nous sommes tous dans la tension ultime de l'Amour divin. Si les désespérés
explorent les profondeurs de Satan, l'Évangile appelle les croyants
« à déplacer les montagnes ».
Cela signifie pour nous de déplacer la montagne infernale du
monde agnostique incroyant, son néant, vers l'être fulgurant
de la Pentecôte et ses nouvelles dimensions de la vie