"
Elle mit au monde son fis premier-né, l' enveloppa de langes
et le coucha dans une crèche. . . "
( Lc 2, 7) " Entrant alors dans le logis, [ les mages] virent
l'enfant avec Marie sa mère, et, tombant à genoux se prosternèrent
devant lui. " ( Mt. 2, 11) .
Cette
icône est par excellence celle de l'Incarnation de la Lumière
(1): l'étoile en forme de fleur
(2) née
au sein de la Lumière incréée, représente
le Christ, " Lumière née de la Lumière
" (3) ; par son rayon, symbole
de l'Esprit Saint, elle transperce les cieux qu'elle tend vers la terre
- dans un mouvement qui évoque une naissance; par l 'Incarnation,
en effet, Dieu répond au cri de l'homme :
"
Ah! Si tu déchirais les cieux et si tu descendais! "
(4), en envoyant son Fils unique qui,
" pour nous les
hommes, et pour notre salut, descendit du ciel "
(5).
Sur
terre, l'entant ne fait qu'un avec cette lumière venue d'en haut
qu'il incarne pleinement.
Reposant non dans la crèche mais sur le sein de Marie
(6),

il reçoit d'elle son humanité comme il reçoit de
Dieu le Père sa divinité; ainsi se trouveaffirmée
l'unité parfaite de Jésus-Christ : " vrai Dieu
né du vrai Dieu [ . . .], par l'Esprit Saint il a pris
chair de la Vierge Marie et s'est fait homme "
(7) .
Désormais,
la création tout entière, céleste et terrestre,
est tournée vers lui et unie dans une adoration et une offrande
communes, et, au centre de l'icône,
les mages nous invitent à les rejoindre pour reconnaître
dans l'entant notre Roi, notre Dieu
et notre Sauveur: l'universalité du salut est déjà
manifestée et la présence des mages fonde dès le
départ la nature missionnaire de l'Eglise: c'est le mystère
de l'Avènement du Christ.
Tandis
que la lumière divine inonde les profondeurs même de la
grotte - annonçant déjà le triomphe du Christ sur
les puissances du mal (8) - l'obscurité
voile encore la terre: sur les bergers et leur troupeau, " peuple
qui marchait dans les ténèbres ", " une
lumière a resplendi " (9):
ils s'orientent et tendent les bras vers elle et vers les anges qui
l 'accompagnent, vers ce ciel qui s'est ouvert et qui vient à
leur rencontre en réponse à leur Espérance.
Qui
pourra dire l'immensité de la joie qui est advenue dans l'Univers
? (10).
"
Le Fils de Dieu, consubstantiel au Père, a rapproché de
la terre le Ciel des Cieux 11, en descendant dans le sein de la Vierge
Marie. Le Dieu invisible de toute éternité, nous avons
mérité de contempler sa gloire. " Livre II, p.
177.
"
Je te salue Mère de notre Dieu, Mère de Celui qui demeure
dans la lumière inaccessible, et qui a demeuré neuf mois
en ton sein. " Livre II, p. 107.
"
Le Seigneur des Armées est annoncé par les trompettes.
. . Toutes les âme, enchaînées par Satan, la naissance
du Christ les a délivrées. " Livre VII, pp. 111-112.
1.
Cf. LEROY, Ouadi-Natroun, pl. 45-52 et 113-124. pp.101-102. Voir aussi
VAN MOORSEL, Catalogue, p. 99, pl. 27
2.
Représentation traditionnelle de l'étoile, en qui les
Pères de l'Eglise ont reconnu le Christ, " fleur de Jessé
", cf.JUSTIN,citépar DROBOT,p.159.
3. Texte du Credo de Nicée-Constantinople,
par lequel toute la chrétienté proclame sa foi.
4. Isaie 63,19.
5. Credo.
6. En Egypte, on ne met pas les nouveaux-nés
dans des berceaux, on les porte ! La spiritualité copte insiste
sur le fait que le cur de l'homme est la crèche de l'enfant
Jésus : cf le poème du pape Shenouda III dans LMC. n°
13, p. 63
7. Credo.
8. Car " de tout être il était la
vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière
luit dans les ténèbres, et les ténèbres
n'ont pu l'atteindre " cf. Jean 1,3-5.
9. Isaie 9, 1.
10. Livre VII,p112.
11. Titre du Christ, qui symbolise ici l'étoile
née au cur même de Dieu.