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LES LIEUX DU CULTE
DE L'ÉGLISE COPTE ORTHODOXE DE FRANCE


L'Ermitage de Saint Marc au Revest-les-Eaux (Var)

par Monseigneur ATHANASIOS.
adaptation de l'article paru en 1977 dans le numéro 2 de la revue Le Monde Copte


A quelques lieues d'une côte méditerranéenne surpeuplée et trop souvent défigurée, Le Revest-les-Eaux, vieux village provençal perché sur un piton et situé dans un cirque incomparable que quatre monts dominent, invite au silence et à la méditation.

Le mot REVEST ou REVERS désigne l'envers de l'endroit, le contraire de ADRET, c'est-à-dire HUBAC ou versant Nord.

LES EAUX prouve que les nombreuses sources, qui faisaient autrefois la prospérité de la culture locale et de celle de Toulon, sont aujourd'hui encore bienfaisantes puisqu'elles alimentent le barrage.

Curieusement, le barrage du Revest ne reçoit pas d'eaux de rivière ou de ruissellement mais, au contraire, est alimenté par les sources souterraines d'une pureté parfaite.

Atrabon, géographe grec (60 ans après J.C.), situait le village au nord de Toulon sous le nom de LOUERION ou LAURION. C'est dans le quartier du LAURON, au Nord-Est du Revest-les-Eaux, aux pieds du Mont Caume, que l'on a retrouvé, près d'une source, les vestiges d'un oppidum et exhumé des poteries et des silex préhistoriques.

C'est dans ces mêmes parages d'ailleurs, que la présence d'un point d'eau élevé a permis la construction du village sur son emplacement actuel.

Les premiers habitants du Revest-les-Eaux, les COMMONI, nom d'une peuplade celto-ligurienne, vivaient de l'extraction du cuivre à fleur de terre, puis, plus tard du plomb argentifère. Séduits par cette exploitation, les Romains s'établirent un temps au Revest-les-Eaux avant de regagner la plaine, lors de la fondation de Toulon.

La population s'amenuisant, ne put empêcher les Sarrazins de s'y installer : témoin la Tour Sarrazine qui domine toujours fièrement les vieilles maisons colorées du Revest-les-Eaux d'où l'on aperçoit la rade de Toulon, les sommets du Coudon et le versant Nord, abrupt et escarpé du Mont Faron.

Au Moyen-Age, Le Revest-les-Eaux fit partie du domaine de SYBILLE, Dame de Toulon, puis du patrimoine des CHARTREUX DÉ MONTRIEUX, avant de devenir possession de la famille VINTIMILLE D'OLLIOULES.

En 1707, le village fut pillé et incendié par les troupes austro-arabes du Prince Eugène. Ensuite, Le Revest-les-Eaux, un peu renfermé dans son écrin, vécut, bon an mal an, les joies et les malheurs de tout village, avant de devenir le lieu de prédilection des amateurs de vraie nature sauvage.

C'est dans le quartier de FONTANIEU, près des carrières de MALVALLON, qui permet de découvrir des points de vue admirables en direction de la rade de Toulon, que fut édifié l'Ermitage Copte Orthodoxe de Saint Marc.

Le 20 février 1974, Sa Sainteté Shenouda III, pape d'Alexandrie et Patriarche de la Prédication de Saint Marc, adressa sa bénédiction à l'occasion de la pose de la première pierre.

Le 20 octobre de la même année, au cours de la première liturgie, eut lieu l'intronisation de l'évêque de l'Église Copte Orthodoxe de France, Monseigneur MARCOS, par le délégué apostolique de S.S. Shenouda III - Monseigneur Timotheos, évêque général.

Afin de rappeler les attaches profondes, dès le début du christianisme, de la Provence et du Sud de la France avec l'Église d'Égypte, Monseigneur MARCOS reçut le titre d'évêque de Marseille, Toulon et toute la France.

En effet, dès le IV° siècle, la liaison maritime entre Marseille et Alexandrie fut l'une des voies
de pénétration par les chrétiens de la spiritualité des moines du désert égyptien qui influença la vie religieuse en Provence.

Ainsi, Saint Jean Cassien, après avoir vécu dans les monastères d'Égypte pendant vingt ans (380400), fonda à Marseille, au début du Ve siècle, l' abbaye de Saint Victor.

En choisissant Le Revest-les-Eaux, havre de paix propice au recueillement et à la prière, pour y installer son siège, l'Église Copte Orthodoxe de France a voulu relier le passé mystique de la Provence aux sources d'où a jailli sa spiritualité.

L'Ermitage est déjà un lieu de pèlerinage.

C'est ainsi que, durant l'été 1976, plus de huit cents Égyptiens - coptes orthodoxes et catholiques romains - assistèrent aux liturgies cèlèbrées à l'Ermitage et furent reçus par la municipalité revestoise: symbole de l'amitié franco-ègyptienne et espérance d'unité chrétienne.

L'Ermitage de Saint Marc, que l'on découvre au détour d'un chemin, dresse sa silhouette d'ocre rose aux lignes dépouillées contre un ciel immuablement pur parmi les oliviers et les cyprès.

Il comprend la chapelle dédiée aux apparitions de Notre-Dame à Zeitoun (Égypte), à l'unique nef étroite et assez haute surmontée d'une croix et le musée contigu surmonté d'un campanile.

En entrant dans la chapelle, nous remarquons aussitôt l'iconostase (séparation entre le sanctuaire et la nef et portant les icônes).

L'icône, mot d'origine grecque, qui signifie ressemblance, est l'image peinte du Christ, de la Mère de Dieu, des Saints ou représentant une scène de leur vie.

Les icônes sont des fenêtres ouvertes sur l'Absolu.

Par ces fenêtres, la pureté du Ciel se déverse sur le monde; les icônes sont des représentations symboliques du Ciel sur la terre.

Comme l'icône célèbre la Divinité, l'homme la vénère sans risque d'idolâtrie car, selon Saint Jean Chrysostome : " L'honneur rendu à l'image va à l'être imagé ".

Sur l'iconostase, à droite, le Christ bénissant, l'index de la main droite levé.

Cette bénédiction d'un seul doigt souligne la définition théologique de l'Église Copte Orthodoxe de l'union du Verbe avec la chair, comme l'union de l'âme avec le corps et comme l'union du feu avec le fer qui, bien que de nature différente, deviennent un par leur union.

Le Christ, hypostase unique, a des propriétés des deux natures : divine et humaine.

Il est parfait dans sa divinité et parfait dans son humanité.

Il est Dieu incarné.

A gauche, la Mère de Dieu, la Thèotokos, porte le Christ sur son bras gauche selon l'habitude orientale qui veut la reine à la droite du roi.

Devant l'icône du Christ et celle de la Mère de Dieu, brûlent des lampes votives de style vénitien, copies de celles de la Basilique Saint Marc de Venise.

Sur le mur de droite et en son centre, se trouve l'icône des apparitions de la Sainte Vierge à Zeitoun, flanquée de deux lampes votives grecques.

La Vierge apparaît dans une attitude de prière et enveloppée d'une lumière blanche, immatérielle, entourée d'un nimbe bleu foncé figurant la nuit, sur un fond or qui symbolise le Ciel d'où est venue la Messagère.

Autour de la Vierge, on peut voir les oiseaux qui précédaient ou accompagnaient les apparitions et, à ses pieds, l'église de Zeitoun symbolisant l'Église Copte Orthodoxe.

A gauche de l'icône des apparitions de la Sainte Vierge à Zeitoun, se trouve l'icône de Saint Bichoï.

Né au début de IV` siècle à Shansha, en Égypte, Bichoï se retira à l'âge de 20 ans dans le désert de Scété dans la vallée du Wadi-Natroun et y fonda le monastère qui porte son nom : Deir Amba Bichoï.

Les pères desservant la chapelle Notre-Dame de Zeitoun appartiennent à ce monastère, tout comme le regretté père Pacôme rappelé à Dieu en mars 1976 à Paris.

Sur le mur de gauche et en son milieu, nous remarquons dans une niche un reliquaire de style arménien renfermant une relique de Saint Lazare, frère de Marthe et de Marie.

Selon une vénérable tradition, Saint Lazare fut le premier évêque de Marseille.

Sur le mur du sanctuaire, derrière l'autel et flanqué de deux lampes votives coptes, nous pouvons admirer l'icône de Saint Marc l'Évangéliste " le contemplateur de la Divinité ", dans un cadre de bois incrusté de croix d'ivoire, travail d'ébénisterie typiquement copte.

Les belles icônes du Christ, de la Mère de Dieu, de la Vierge de Zeitoun, de Saint Marc et de Saint Bichoï, oeuvres de l'iconographe Isaac Fanous Youssef, sont un don de Sa Sainteté Shenouda III qui les bénit lui-même dans la cathédrale Saint Marc du Caire.

Sur le mur de gauche du sanctuaire et au-dessus de l'autel des reliques, nous remarquons une icône de la Mère de Dieu, en métal repoussé, rehaussée de pierres, de style vénéto-byzantin et devant laquelle brûle une lampe votive copte ancienne.

Sur l'autel des reliques, se trouve un précieux reliquaire de style vénéto-byzantin, oeuvre du maître-orfèvre vénitien Gian Carlo Fecchio, renfermant une insigne relique de Saint Marc l'Évangéliste provenant du tombeau du Saint de la basilique de Venise.

Cette relique est un don du Très Révérend Pierre de Vigonovo à l'Eglise Copte Orthodoxe de France.

Une insigne relique de Saint Anien, deuxième pape et Patriarche d'Alexandrie consacré par Saint Marc en qualité de son successeur, y est également conservée dans un reliquaire de style médiéval.

Au-dessus de l'autel (posé sur une colonne de style roman) et suspendu à la charpente, se détache un Christ en croix de style médiéval qui représente le Seigneur couronné et vêtu du pagne royal, Vainqueur du monde.

Les vitraux du maître-verrier Jacques Loire de Chartres, d'inspiration copte, en dalles de verre coloré, laissent filtrer une lumière propice au recueillement, tandis que du campanile, la cloche ANDRÉ née dans les fonderies Cornille Havard de Villedieu-les-Poêles, invite les fidèles à la prière.

Deux bas-reliefs du Christ et de la Mère de Dieu, de style roman, disposés de chaque coté de la porte d'entrée semblent bénir les visiteurs lors de leur départ.

Il faut sortir de la chapelle et descendre plusieurs marches pour accéder à la crypte qui renferme, dans une châsse-reliquaire de style médiéval, placée sous l'autel du sanctuaire, les précieuses reliques de saints et de martyrs d'Égypte.

La sainte Eucharistie est donc célébrée, comme il était de tradition dans l'Église primitive, sur les tombeaux ou les reliques des martyrs ou des témoins du Christ.

Contiguë à la chapelle, la sacristie-musée abrite une collection d'icônes coptes, grecques et russes et d'objets du culte anciens : calices, croix, évangéliaires, reliquaires.

Elle débouche sur une terrasse qui comporte une petite chapelle dédiée à la Mère de Dieu.

" LE MONDE COPTE " n° 2 - 11 bis, rue Champollion - 87000 - LIMOGES


Galerie de photos de l'Ermitage en 2002

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