A
quelques lieues d'une côte méditerranéenne surpeuplée
et trop souvent défigurée, Le Revest-les-Eaux, vieux village
provençal perché sur un piton et situé dans un
cirque incomparable que quatre monts dominent, invite au silence et
à la méditation.
Le mot REVEST ou REVERS désigne l'envers de l'endroit, le contraire
de ADRET, c'est-à-dire HUBAC ou versant Nord.
LES EAUX prouve que les nombreuses sources, qui faisaient autrefois
la prospérité de la culture locale et de celle de Toulon,
sont aujourd'hui encore bienfaisantes puisqu'elles alimentent le barrage.
Curieusement,
le barrage du Revest ne reçoit pas d'eaux de rivière ou
de ruissellement mais, au contraire, est alimenté par les sources
souterraines d'une pureté parfaite.
Atrabon,
géographe grec (60 ans après J.C.), situait le village
au nord de Toulon sous le nom de LOUERION ou LAURION. C'est dans le
quartier du LAURON, au Nord-Est du Revest-les-Eaux, aux pieds du Mont
Caume, que l'on a retrouvé, près d'une source, les vestiges
d'un oppidum et exhumé des poteries et des silex préhistoriques.
C'est
dans ces mêmes parages d'ailleurs, que la présence d'un
point d'eau élevé a permis la construction du village
sur son emplacement actuel.
Les
premiers habitants du Revest-les-Eaux, les COMMONI, nom d'une peuplade
celto-ligurienne, vivaient de l'extraction du cuivre à fleur
de terre, puis, plus tard du plomb argentifère. Séduits
par cette exploitation, les Romains s'établirent un temps au
Revest-les-Eaux avant de regagner la plaine, lors de la fondation de
Toulon.
La population
s'amenuisant, ne put empêcher les Sarrazins de s'y installer :
témoin la Tour Sarrazine qui domine toujours fièrement
les vieilles maisons colorées du Revest-les-Eaux d'où
l'on aperçoit la rade de Toulon, les sommets du Coudon et le
versant Nord, abrupt et escarpé du Mont Faron.
Au Moyen-Age,
Le Revest-les-Eaux fit partie du domaine de SYBILLE, Dame de Toulon,
puis du patrimoine des CHARTREUX DÉ MONTRIEUX, avant de devenir
possession de la famille VINTIMILLE D'OLLIOULES.
En 1707,
le village fut pillé et incendié par les troupes austro-arabes
du Prince Eugène. Ensuite, Le Revest-les-Eaux, un peu renfermé
dans son écrin, vécut, bon an mal an, les joies et les
malheurs de tout village, avant de devenir le lieu de prédilection
des amateurs de vraie nature sauvage.
C'est
dans le quartier de FONTANIEU, près des carrières de MALVALLON,
qui permet de découvrir des points de vue admirables en direction
de la rade de Toulon, que fut édifié l'Ermitage Copte
Orthodoxe de Saint Marc.
Le 20
février 1974, Sa Sainteté Shenouda III, pape d'Alexandrie
et Patriarche de la Prédication de Saint Marc, adressa sa bénédiction
à l'occasion de la pose de la première pierre.
Le 20
octobre de la même année, au cours de la première
liturgie, eut lieu l'intronisation de l'évêque de l'Église
Copte Orthodoxe de France, Monseigneur MARCOS, par le délégué
apostolique de S.S. Shenouda III - Monseigneur Timotheos, évêque
général.
Afin
de rappeler les attaches profondes, dès le début du christianisme,
de la Provence et du Sud de la France avec l'Église d'Égypte,
Monseigneur MARCOS reçut le titre d'évêque de Marseille,
Toulon et toute la France.
En effet,
dès le IV° siècle, la liaison maritime entre Marseille
et Alexandrie fut l'une des voies
de pénétration par les chrétiens de la spiritualité
des moines du désert égyptien qui influença la
vie religieuse en Provence.
Ainsi,
Saint Jean Cassien, après avoir vécu dans les monastères
d'Égypte pendant vingt ans (380400), fonda à Marseille,
au début du Ve siècle, l' abbaye de Saint Victor.
En choisissant
Le Revest-les-Eaux, havre de paix propice au recueillement et à
la prière, pour y installer son siège, l'Église
Copte Orthodoxe de France a voulu relier le passé mystique de
la Provence aux sources d'où a jailli sa spiritualité.
L'Ermitage
est déjà un lieu de pèlerinage.
C'est
ainsi que, durant l'été 1976, plus de huit cents Égyptiens
- coptes orthodoxes et catholiques romains - assistèrent aux
liturgies cèlèbrées à l'Ermitage et furent
reçus par la municipalité revestoise: symbole de l'amitié
franco-ègyptienne et espérance d'unité chrétienne.
L'Ermitage
de Saint Marc, que l'on découvre au détour d'un chemin,
dresse sa silhouette d'ocre rose aux lignes dépouillées
contre un ciel immuablement pur parmi les oliviers et les cyprès.
Il comprend
la chapelle dédiée aux apparitions de Notre-Dame à
Zeitoun (Égypte), à l'unique nef étroite et assez
haute surmontée d'une croix et le musée contigu surmonté
d'un campanile.
En entrant
dans la chapelle, nous remarquons aussitôt l'iconostase (séparation
entre le sanctuaire et la nef et portant les icônes).
L'icône,
mot d'origine grecque, qui signifie ressemblance, est l'image peinte
du Christ, de la Mère de Dieu, des Saints ou représentant
une scène de leur vie.
Les
icônes sont des fenêtres ouvertes sur l'Absolu.
Par
ces fenêtres, la pureté du Ciel se déverse sur le
monde; les icônes sont des représentations symboliques
du Ciel sur la terre.
Comme
l'icône célèbre la Divinité, l'homme la vénère
sans risque d'idolâtrie car, selon Saint Jean Chrysostome : "
L'honneur rendu à l'image va à l'être imagé
".
Sur
l'iconostase, à droite, le Christ bénissant, l'index de
la main droite levé.
Cette
bénédiction d'un seul doigt souligne la définition
théologique de l'Église Copte Orthodoxe de l'union du
Verbe avec la chair, comme l'union de l'âme avec le corps et comme
l'union du feu avec le fer qui, bien que de nature différente,
deviennent un par leur union.
Le Christ,
hypostase unique, a des propriétés des deux natures :
divine et humaine.
Il est
parfait dans sa divinité et parfait dans son humanité.
Il est
Dieu incarné.
A gauche,
la Mère de Dieu, la Thèotokos, porte le Christ sur son
bras gauche selon l'habitude orientale qui veut la reine à la
droite du roi.
Devant
l'icône du Christ et celle de la Mère de Dieu, brûlent
des lampes votives de style vénitien, copies de celles de la
Basilique Saint Marc de Venise.
Sur
le mur de droite et en son centre, se trouve l'icône des apparitions
de la Sainte Vierge à Zeitoun, flanquée de deux lampes
votives grecques.
La Vierge
apparaît dans une attitude de prière et enveloppée
d'une lumière blanche, immatérielle, entourée d'un
nimbe bleu foncé figurant la nuit, sur un fond or qui symbolise
le Ciel d'où est venue la Messagère.
Autour
de la Vierge, on peut voir les oiseaux qui précédaient
ou accompagnaient les apparitions et, à ses pieds, l'église
de Zeitoun symbolisant l'Église Copte Orthodoxe.
A gauche
de l'icône des apparitions de la Sainte Vierge à Zeitoun,
se trouve l'icône de Saint Bichoï.
Né
au début de IV` siècle à Shansha, en Égypte,
Bichoï se retira à l'âge de 20 ans dans le désert
de Scété dans la vallée du Wadi-Natroun et y fonda
le monastère qui porte son nom : Deir Amba Bichoï.
Les
pères desservant la chapelle Notre-Dame de Zeitoun appartiennent
à ce monastère, tout comme le regretté père
Pacôme rappelé à Dieu en mars 1976 à Paris.
Sur
le mur de gauche et en son milieu, nous remarquons dans une niche un
reliquaire de style arménien renfermant une relique de Saint
Lazare, frère de Marthe et de Marie.
Selon
une vénérable tradition, Saint Lazare fut le premier évêque
de Marseille.
Sur
le mur du sanctuaire, derrière l'autel et flanqué de deux
lampes votives coptes, nous pouvons admirer l'icône de Saint Marc
l'Évangéliste " le contemplateur de la Divinité
", dans un cadre de bois incrusté de croix d'ivoire, travail
d'ébénisterie typiquement copte.
Les
belles icônes du Christ, de la Mère de Dieu, de la Vierge
de Zeitoun, de Saint Marc et de Saint Bichoï, oeuvres de l'iconographe
Isaac Fanous Youssef, sont un don de Sa Sainteté Shenouda III
qui les bénit lui-même dans la cathédrale Saint
Marc du Caire.
Sur
le mur de gauche du sanctuaire et au-dessus de l'autel des reliques,
nous remarquons une icône de la Mère de Dieu, en métal
repoussé, rehaussée de pierres, de style vénéto-byzantin
et devant laquelle brûle une lampe votive copte ancienne.
Sur
l'autel des reliques, se trouve un précieux reliquaire de style
vénéto-byzantin, oeuvre du maître-orfèvre
vénitien Gian Carlo Fecchio, renfermant une insigne relique de
Saint Marc l'Évangéliste provenant du tombeau du Saint
de la basilique de Venise.
Cette
relique est un don du Très Révérend Pierre de Vigonovo
à l'Eglise Copte Orthodoxe de France.
Une
insigne relique de Saint Anien, deuxième pape et Patriarche d'Alexandrie
consacré par Saint Marc en qualité de son successeur,
y est également conservée dans un reliquaire de style
médiéval.
Au-dessus
de l'autel (posé sur une colonne de style roman) et suspendu
à la charpente, se détache un Christ en croix de style
médiéval qui représente le Seigneur couronné
et vêtu du pagne royal, Vainqueur du monde.
Les
vitraux du maître-verrier Jacques Loire de Chartres, d'inspiration
copte, en dalles de verre coloré, laissent filtrer une lumière
propice au recueillement, tandis que du campanile, la cloche ANDRÉ
née dans les fonderies Cornille Havard de Villedieu-les-Poêles,
invite les fidèles à la prière.
Deux
bas-reliefs du Christ et de la Mère de Dieu, de style roman,
disposés de chaque coté de la porte d'entrée semblent
bénir les visiteurs lors de leur départ.
Il faut
sortir de la chapelle et descendre plusieurs marches pour accéder
à la crypte qui renferme, dans une châsse-reliquaire de
style médiéval, placée sous l'autel du sanctuaire,
les précieuses reliques de saints et de martyrs d'Égypte.
La sainte
Eucharistie est donc célébrée, comme il était
de tradition dans l'Église primitive, sur les tombeaux ou les
reliques des martyrs ou des témoins du Christ.
Contiguë
à la chapelle, la sacristie-musée abrite une collection
d'icônes coptes, grecques et russes et d'objets du culte anciens
: calices, croix, évangéliaires, reliquaires.
Elle
débouche sur une terrasse qui comporte une petite chapelle dédiée
à la Mère de Dieu.