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La visite à Rome du Patriarche Shenouda III


Paul VI a reçu, le 5 mai 1973, S. S. Amba Shenouda III, Pape d'Alexandrie et Patriarche de l'Eglise de la prédication de saint Marc, qui a été son hôte du 4 au 10 mai 1973. C'était la première fois qu'un chef de cette Eglise venait à Rome depuis le Concile de Chalcédoine (451).

VI- LA DÉCLARATION COMMUNE

 

Voici le texte de la déclaration commune qui a été signée le 10 mai par Paul VI et le patriarche Shenouda, dans la tour Saint-Jean, au moment de la visite d'adieu du Pape au Patriarche, après que le cardinal Willebrands en eut donné lecture (1) :

Paul VI, évêque de Rome et Pape de l'Eglise catholique, et Shenouda III, Pape d'Alexandrie et Patriarche du siège de saint Marc, rendent grâce à Dieu dans le Saint-Esprit qu'après ce grand événement que fut le retour des reliques de saint Marc en Egypte, les relations se sont développées entre les Eglises de Rome et d'Alexandrie, au point qu'elles ont pu maintenant se rencontrer personnellement. Au terme de leurs rencontres et de leurs conversations, elles désirent déclarer ensemble ce qui suit :

Nous nous sommes rencontrés dans le désir d'approfondir les re1ations entre nos églises et de trouver les moyens concrets de surmonter les obstacles existant sur la voie de notre réelle coopération au service de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui nous a donné le ministère de la réconciliation pour réconcilier le monde avec lui-même (2 Co 5, 18-20).


La foi commune

En accord avec nos traditions apostoliques transmises à nos Eglises et conservées en elles, et en conformité avec les trois premiers Conciles oecuméniques, nous confessons une seule foi en l'unique Dieu un en trois Personnes, la divinité du Fils unique incarné de Dieu, deuxième Personne de la Sainte Trinité, Verbe de Dieu, splendeur de sa gloire et image fidèle de sa substance, qui s'est incarné pour nous en prenant pour lui-même un corps réel avec une âme raisonnable, et qui avec nous a partagé notre humanité, à l'exclusion du péché.

Nous confessons que notre Seigneur et Dieu, Sauveur et Roi de nous tous, Jésus-Christ, est Dieu parfait pour ce qui est de sa divinité, et homme parfait pour ce qui est de son humanité. En Lui sa divinité est unie à son humanité; cette union est réelle, parfaite, sans mélange, sans commixtion, sans confusion, sans altération, sans division, sans séparation.

Sa divinité n'a été séparée de son humanité à aucun instant, pas même pendant un clin d'oeil. Lui, qui est Dieu éternel et invisible, est devenu visible dans la chair et a pris la forme de serviteur .

En Lui sont conservées toutes les propriétés de la divinité et toutes les propriétés de l'humanité, unies d'une façon réelle, parfaite, indivisible et inséparable.

La vie divine nous est donnée et est alimentée en nous par les sept sacrements du Christ dans son Eglise: le baptême, le saint chrême (la confirmation), la sainte eucharistie, la pénitence, l'onction des malades, le mariage et les saints ordres.

Nous vénérons la Vierge Marie, Mère de la vraie Lumière, et nous confessons qu'elle est la Mère de Dieu toujours vierge.

Elle intercède pour nous et, étant Theotokos (Mère de Dieu), sa dignité dépasse celle de tous les choeurs des anges.

Nous avons dans une large mesure, la même conception de l'Eglise, fondée sur les apôtres, et du rôle important des Conciles oecumeniques et locaux.

Notre spiritualité est bien et profondément exprimée dans les rituels et dans la liturgie de la messe qui contIent le centre de notre prière publique et le sommet de notre incorporation au Christ dans son Eglise.

Nous observons les jeûnes et les fêtes de notre foi.

Nous vénérons les reliques des saints et nous implorons l'intercession des anges et des saints, ceux qui vivent et ceux qui sont morts.

Ils constituent une phalange de témoins dans l'Eglise.

Eux et nous attendons dans l'espérance la seconde venue de Notre-Seigneur lorsque sa gloire se révélera pour juger les vivants et les morts.

Les divergences théologiques

Nous reconnaissons humblement que nos Eglises ne sont pas à même de donner un témoignage plus parfait de cette nouvelle vie dans le Christ à cause des divisions existantes qui ont derrière elles des siècles d'histoire difficile.

En effet, depuis l'année 451 après Jésus-Christ, ont surgi des divergences théologiques qui ont été entretenues et aggravées par des facteurs non théologiques.

Ces divergences ne peuvent être ignorées.

Malgré elles, cependant, nous nous redécouvrons comme des Eglises ayant un héritage commun et nous nous efforçons avec détermination et confiance dans le Seigneur de parvenir à la plénitude et à la perfection de cette unité qui est son don.


Création d'une Commission mixte

Pour nous aider dans cette tâche, nous créons une Commission mixte représentant nos Eglises.

Elle aura pour fonction de guider l'étude commune dans les domaines de la tradition ecclésiale, de la patristique, de la liturgie, de la théologie, de l'histoire et des problèmes pratiques, de telle sorte que, par un travail commun, dans un esprit de respect mutuel, nous puissions chercher à résoudre les divergences existant entre nos Eglises, et que nous soyons capables de proclamer ensemble l'Evangile d'une façon correspondant à l'authentique message du Seigneur, ainsi qu'aux besoins et aux attentes du monde d'aujourd'hui.

En même temps, nous remercions et nous encourageons les autres groupes de pasteurs et d'érudits catholiques et orthodoxes qui se consacrent à des activités communes dans ces domaines et d'autres qui leur sont connexes.

Le prosélytisme

Nous rappelons avec sincérité et insistance que la vraie charité, enracinée dans une fidélité totale à l'unique Seigneur Jésus-Christ et dans le respect mutuel des traditions de chacun, est un élément essentiel de cette recherche de la communion parfaite.

Au nom de cette charité, nous rejetons toutes les formes de prosélytisme, dans le sens d'agissements par lesquels des personnes cherchent à troubler les communautés des autres en recrutant parmi elles de nouveaux membres par des méthodes ou avec des états d'esprit contraires aux exigences de l'amour chrétien ou à ce qui devrait caractériser les relations entre Eglises.

Que cela cesse là où cela peut exister.

Catholiques et orthodoxes doivent s'efforcer d'approfondir la charité et de développer les consultations réciproques, la réflexion et la coopération sur le plan social et intellectuel, et doivent s'humilier devant Dieu, en suppliant Celui qui a commencé cette oeuvre en nous de la porter à son achèvement.


Les Palestiniens

Tandis que nous nous réjouissons dans le Seigneur qui nous a donné les bénédictions de cette rencontre, nos pensées se tournent vers les milliers de Palestiniens qui souffrent et sont sans toit.

Nous déplorons toute utilisation abusive des arguments religieux à des fins politiques dans ce domaine.

Nous désirons ardemment et nous cherchons une juste solution à la crise du Moyen-Orient, de sorte que puisse prévaloir la vraie paix dans la justice, spécialement sur cette terre qui a été sanctifiée par la prédication, la mort et la résurrection de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, ainsi que par la vie de la Sainte Vierge Marie, que nous vénérons comme la Theotokos. Que Dieu, auteur de tout don parfait, écoute nos prières et bénisse nos efforts.

Au Vatican, le 10 mai 1973.


(1)Texte anglais dans l'Osservatore Romano du 11 mai 1973. Traduction et sous-titres de la DG. Ce même numéro de l'Osservatore Romano publie, sous le titre " Une visite d'espérance ", un commentaire de la visite du patriarche Shenouda, dans lequel nous lisons, à propos de la Déclaration commune :
[...] La foi dans le Christ, Fils de Dieu fait homme, a été exprimée avec une clarté et une abondance d'expressions qui peuvent peut-être étonner. Mais les disputes théologiques du passé furent âpres et on a senti le besoin de déclarer, sans aucune espèce d'équivoque, l'accord substantiel sur ce point fondamental de la foi chrétienne. La Déclaration indique des points de divergence, par exemple en ce qui concerne la compréhension intégrale de la structure de l'Eglise. Cette question, avec d'autres, est maintenant laissée aux spécialistes. Mais pour assurer que ces études se fassent loyalement et contribuent au rapprochement des deux Eglises, on a voulu créer une Commission mixte pour les guider. Les membres de cette Commission seront choisis d'ici peu et on espère que sa première réunion pourra avoir lieu à la fin de cette année.
L'un des problèmes à affronter est la façon de rendre un témoignage commun de la foi chrétienne devant les problèmes du monde d'aujourd'hui sans créer de confusion parmi les fidèles des deux Eglises et sans empêcher leur rapprochement, mais bien au contraire en le favorisant [...] . (Traduction de la DC, d'après le texte italien.)


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