Si nous
parcourons la Bible, surtout dans ses parties les plus archaïques,
moins intellectualisées, nous voyons bien que le coeur n'est
pas seulement un organe physiologique où retentissent les émotions,
mais qu'il symbolise aussi, au sens le plus réaliste, le centre
d'intégration personnelle des facultés humaines et le
lieu du combat spirituel.
Le coeur
est l' " en-dedans " de l'homme, de sorte que le péché
s'inscrit dans la divergence de la bouche et du coeur.
C'est
l'organe des sentiments, de la volonté, de la passion, celle-ci
pouvant se retourner en compassion. Dans la joie, " le coeur
est bon ", il " a mal " dans la tristesse.
Surtout,
le coeur est le lieu de l'intelligence, à la fois dans les racines
contemplatives et l'expression réfléchie de celle-ci.
Il désigne
ainsi la personne, c'est en lui que la nature s'ouvre sur le , "
sans fond " irréductible de l'existence personnelle.
C'est
pourquoi il est " impénétrable ", Dieu seul
" sait les secrets du cur " (Ps. 44, 22). "
L'abîme du cur " est ainsi le lieu de la rencontre
avec Dieu, le lieu où l'homme ouvre ou ferme au Mendiant d'amour
qui " attend à la porte ".
Le
refus de Dieu, la crispation sur soi, la Bible les nomme , "endurcissement
du cur ". Le coeur fidèle, au contraire, "
se fixe " en Dieu.
C'est
pourquoi, à travers nos destins, Dieu laboure nos coeurs comme
un bon laboureur qui brise la terre durcie par la sécheresse
pour qu'elle puisse recevoir l'eau et les graines.
Dieu
" est près de ceux qui ont le coeur brisé
" (Ps. 34, 19).
Et le
prophète, annonçant l'accomplissement ultime, pour nous
christique, unit le coeur et l'esprit dans l'ouverture au Saint Esprit:
" Je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai en vous un esprit
nouveau, j'ôterai de votre chair le coeur de pierre et je vous
donnerai un coeur de chair... Je mettrai mon Esprit en vous "
(Ez. 36, 26-27).
Olivier
CLEMENT - Questions sur l'homme - Stock - 1976.