Pourtant,
sur la Croix, avant de remettre le Souffle à son Père,
Jésus dit
Tout est accompli (Jn 19,30).
Alors,
comment comprendre cette supplique : Mais délivre-nous du Malin?
Et quelle réalité se profile sous le nom de : Malin???
Ce n'est
pas une démarche facile, ni joyeuse que d'oser parler du Malin,
beaucoup préfèrent l'ignorer ou le nier. Mais si le
Christ a inclus la demande de délivrance dans le «Notre
Père», c'est que cette délivrance englobe notre
vie même, la maturation de l'image divine en nous, jusqu'à
la ressemblance, c'est-à-dire notre divinisation.
Ne nous
méprenons pas : le mal n'est pas le Malin. En soi, le mal n'existe
pas si l'Homme ne le commet pas, et lorsqu'il le commet, c'est justement
lorsqu'il agit sous l'instigation du Malin.
Cela
nous ramène face à la première manifestation
démoniaque dans le livre de la Genèse, et dans la compréhension
des conséquences qui se répercutent sur l'humanité
et le cosmos tout entier depuis les siècles des siècles...
Revenons
dans le Jardin d' Eden, au moment où `Elohîm-Dieu donne
la vie à Adam-l'Homme, c'est alors que nous rencontrons le
serpent, celui qui deviendra le Malin:
Le serpent est le plus rusé de tous les animaux du champ
que YHVH- `Elohîm a faits (Gen 3,1).
Essayons
de comprendre : si `Elohîm a fait le serpent, ce n'est sûrement
pas pour nuire à l'Homme qu'Il a créé dans un
indicible Amour ! Non ! Le serpent devait aider l'Homme à s'accomplir
en l'entourant d'une sagesse rusée. La ruse biblique porte
toujours l'empreinte d'une sagesse emplie de finesse, d'intelligence,
d'habileté.
Tout
rusé agit avec pénétration ; le fou déploie
la démence... (Pr 13,16).
Et nous
voici à l'origine de ce que nous appelons le drame de la «Chute».
Voyons sous le symbole du serpent un séraphin doté par
`Elohîm, d'intelligence, de sagesse et d'habileté mais
qui n'a pas supporté la création d'Adam, comme participant
de l'image divine (Gen 2,7). N'a-t-il pas tenté `Ish et `Ishah,
le masculin et le féminin humain, dans le dessein pervers de
leur ravir le privilège de l'immortalité?
Oui (dit le livre de la Sagesse), Dieu a créé l'Homme
incorruptible. Il en a fait une image de Sa propre nature.
C'est
par l 'envie du diable que la mort est entrée dans le monde...
(Sg 2,24).
Mais
ne voulait-il pas aussi atteindre `Elohîm dans Son oeuvre, en
détruisant l'union établie entre le Créateur
et Sa créature?
Si
vous mangez du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal,
vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux... (Gen 3,45).
`Ish
et `Ishah succombent à la tentation : ils ont voulu s'emparer
du fruit de l'Arbre de la connaissance, c'est-à-dire du don
de jouissance, de possession et de puissance déposé
par Dieu dans leur intériorité comme un germe, pour
un devenir.
C'est
là que commence le drame de l'humanité, Adam se laisse
ensemencer par la semence satanique : avoir, sans apprendre à
être. Depuis lors, nous sommes tous livrés à un
époux destructeur, et chacun de nous reproduit la mortelle
fonction.
Souvenons-nous, le Christ s'est fait tenter dans le désert
comme `Ish et `Ishah et comme à notre tour chacun est tenté.
Le Christ a été tenté dans les trois axes de
vie qui nous permettent de nous réaliser: la jouissance, la
puissance, la possession. Ce sont les attributs même du Royaume
des Cieux qui est en nous.
La jouissance : jouir de l'indicible amour divin, d'un Dieu qui désire
Sa créature.
Lisons le Cantique des Cantiques : Viens ma belle, ma bien-aimée.
Plus encore : ce désir d'épousailles. Dieu l'a déposé
dans mon coeur. Je suis un être de désir.
La possession
: Dieu veut être tout en moi, et Il a déposé dans
mon coeur le désir d'être tout en Lui, c'est-à-dire:
Toi, rien que Toi.
J'établirai
ma demeure au milieu de vous (Lév 26,11).
Demeurez en moi comme moi en vous (Jn 15,4).
Votre corps est un temple du Saint Esprit qui est en vous
(1 Co 6,19).
La puissance:
Je suis appelé à contempler Dieu en moi, à le
toucher, je suis appelé à une rencontre personnelle.
Pour cette rencontre j'ai reçu les dons, la puissance du Saint
Esprit dans une vue nouvelle, spirituelle, une ouïe nouvelle,
un toucher nouveau.
Moïse
a vu Dieu dans les prémices et Job, à son tour, dit
A
présent, mon oeil t'a vu (Job 42,5).
Bienheureux
les coeurs purs, ils verront Dieu, affirme Jésus (Mt 5,s).
Aujourd'hui
nul ne peut voir le Père sans mourir. Car voir Dieu c'est devenir
immortel. Mais le Verbe Dieu s'est fait chair: Qui me voit, voit le
Père. C'est avec le Christ dans le Souffle de l'Esprit que
nous allons vers le Père, que nous grandis sons dans le Chemin
de la Ressemblance.
Satan
a coupé `Ish et `Ishah de l'engendrement paternel, du devenir
de la dimension éternelle. Il leur fallait préparer
l'Incarnation du Verbe, de mutation en mutation, devenir christophores,
porteurs du Christ, ce qu'a fait la Vierge Marie à leur place.
Marie est la nouvelle Eve, la Mère de la nouvelle humanité,
car qui peut devenir incorruptible si l'Incorruptible n'absorbe pas
le corruptible, qui peut devenir immortel, si l'Immortel ne s'unit
pas au mortel?
Nous
ne pouvons devenir fils qu'avec le Fils.
Le
premier Lucifère, d'une gloire exceptionnelle était
honoré, il désira l'honneur royal dû au Dieu Très-Haut.
Il perdit sa splendeur éclatante, et pour avoir désiré
être dieu, il est devenu lui-même ténèbre
(saint Grégoire le Théologien IVe siècle).
Dans la Bible, le diable et les anges qu'il a entraînés
dans son opposition à Dieu, sont définis comme des esprits
fort dangereux pour l'humanité et le cosmos tout entier, car
ils se prennent pour Dieu.
LE PRINCE DE CE MONDE
Toi
qui disais en ton coeur:
J'escaladerai les cieux
par-dessus les étoiles de Dieu,
j'érigerai mon trône,
je ressemblerai au Très-Haut (Is 14,13-15).
Mais
ne mettons pas le Démon en vainqueur. Oui, nous sommes marqués
par la fragilité que nous ont transmise nos premiers parents,
mais nous ne sommes pas pécheurs par nature. Certes la corruption
a pénétré notre nature, nous sommes crucifiés,
l'image en nous est voilée mais non détruite. Notre
existence humaine peut être polluée, mais pas notre esprit.
Oui l'enfer est aussi en nous, mais le Christ y est descendu pour
vaincre le Démon qui voulait nous garder dans les ténèbres
enferiques.
Suis-moi,
dit le Christ, Je suis le Chemin (Jn 14,6).
N'oublions
pas que nous sommes des passants, des nomades, des êtres en
mutation sur le chemin de notre réalisation. Nous comprenons
qu'il nous faut être vigilants, attentifs, éveillés,
pour ne pas nous faire dévorer
Soyez
sobres, veillez, votre adversaire le diable rôde autour de vous
comme un
lion rugissant, cherchant qui engloutir (1 Ps,7).
Donc,
refuser d'admettre une force satanique, c'est rendre Dieu responsable
du mal, et c'est ainsi que l'on rejette Dieu, que l'on perd la foi,
mais nier Dieu, c'est se nier soi-même. Que de fois Jésus
a chassé les démons pour délivrer ceux qui étaient
contaminés. Il nous a aussi prévenus : Mon royaume n'est
pas de ce monde (Jn 18,26), c'est-à-dire le royaume dans lequel
le Démon est roi, il s'agit d'abord du coeur de l'Homme. Pratiquement
: les esprits malins sont à l'origine de tout ce qui détruit
l'Homme, mais ils ne peuvent contraindre celui-ci à devenir
complice, à accepter la tentation.
Tout
homme possède une libre volonté, et si le Diable peut
pousser au mal, il n'a pas le pouvoir de nous contraindre contre notre
volonté (saint Cyrille de Jérusalem, IVe siècle).
Ainsi, ne mettons pas le Démon à toutes les sauces,
nous ne serions plus libres, ni responsables. Historiquement nous
sommes marqués par le péché commis par nos premiers
parents, car la nature humaine est une, chacun de nous peut tomber
dans les pièges du Démon. C'est pourquoi nous implorons
Notre
Père qui es aux Cieux garde-nous de succomber à la tentation,
mais délivre-nous du Malin.
Ce «mais»
signifie: surtout, par-dessus tout, secours-nous, viens à notre
aide, garde-nous loin de son approche.
Garde-moi
contre les pièges qu'ils me tendent, contre les embûches
des artisans d'iniquités (Ps 141,9).
Notre
vie sur cette terre est un passage, un chemin de mutation pour l'accomplissement
de notre destinée: la ressemblance à Dieu. Nous ne le
redirons jamais assez : Dieu n'empêche pas le Démon de
nous tenter, c'est nous qui sommes libres d'ouvrir la porte ou de
la laisser fermée. C'est ainsi que nous sommes éprouvés
dans notre amour, notre foi et notre liberté, mais nous sommes
revêtus de la grâce de notre baptême, nourris du
Pain substantiel.
Comme nous l'avons dit, poussé par l'Esprit Saint, le Seigneur
Jésus lui-même a été tenté par Satan
dans le désert, et le Malin l'a tenté de la même
manière qu'il a tenté Adam.
Pour
l'un, comme pour l'autre Adam, tous deux conduits devant le Satan,
celui-ci pervertit son savoir-faire en mettant dans une lumière
fausse et séductrice trois axes énergétiques
partant du noyau de l'être humain, trois courants de vie qui
sont jouissance, possession et puissance... (Annick de Souzenelle,
Résonances bibliques).
Le Royaume
de Dieu est au milieu de nous, le Christ nous l'a affirmé,
mais nous sommes aussi héritiers de l'enfer en nous. Le Christ
ne nous demande ni vertu, ni moralisme, mais un cri de confiance en
la Présence de l'Amour divin au sein même de nos enfers.
Avant Sa Résurrection, le Seigneur Jésus est descendu
dans les enfers afin de nous libérer de l'enfer éternel.
C'est maintenant le jugement de ce monde, maintenant le Prince
de ce monde a être jeté bas et moi, élevé
de terre, j'attirerai tous les Hommes à moi (Jn 12,31).
Au jour de Sa Résurrection, le Christ a ressuscité notre
nature et ré ouvert la porte du Paradis, cependant la lutte
se poursuivra jusqu'à la fin du monde. Bien que le Malin soit
vaincu par le Christ, il persiste encore dans l'histoire. Le Malin
porte plusieurs noms dans la Bible, nous citons les plus courants
: Menteur, Père du mensonge, Tentateur, Diviseur, Pervers,
Malin, Accusateur, Beelzeboul.
Le
Satan lui-même se déguise en ange de lumière (2
Cor 11,14).
Nous
le retrouvons jusque dans l'Apocalypse, lors du grand combat eschatologique,
dernier combat entre Dieu et Satan avant le retour définitif
du Christ.
Alors
une bataille s'engagea dans le ciel: Michel et ses Anges combattirent
le Dragon. Et le Dragon riposta appuyé par ses anges, mais
ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. On le jeta
donc, l'énorme Dragon, l'antique Serpent, le Diable ou le Satan
comme on l 'appelle, le séducteur du monde entier, on le jeta
sur la terre et ses anges furent jetés avec lui. Et j'entendis
une voix clamer dans le Ciel. Désormais la victoire, la
puissance et la royauté sont acquises à notre Dieu et
la domination à son Christ, puisqu'on a jeté à
bas l'accusateur de nos frères, celui qui les accusait jour
et nuit devant notre Dieu. (Apoc 12,7-10).
ÉVEILLE-TOI, O TOI QUI DORS...
Nous
comprenons qu'il ne s'agit pas du problème du mal, mais de
discerner les ruses du Malin afin de ne point succomber à la
tentation d'où naît le mal. A nouveau, l'écoute
est première : « Shema Israël », et pour cela,
être enracinés dans notre foi, car la foi est la réciprocité
de deux «amen», c'est l'amour descendant du Ciel et l'amour
ascendant de l'Homme.
Il nous
faut demeurer dans l'attention et la vigilance, mais sans trouble
ni affolement. Notre intellect est très mobile, il est facilement
ébranlé par les esprits malins toujours aux aguets,
mais sachons qu'ils ne peuvent ébranler notre esprit, seulement
notre nature psychobiologique. Soyons prudents, car si nous ne cultivons
pas la vigilance, la ruse diabolique viendra s'unir à notre
intelligence.
Sur notre
chemin de vie, le Malin est à l'affût, il veut nous séduire,
nous mener dans de fausses directions dont l'issue est mortelle. II
cherchera à entraîner l'Homme hors de lui-même
par des visions ou des prédications mirobolantes sur son avenir:
c'est ainsi que l'on ne vit pas l'instant présent, l'aujourd'hui
de Dieu.
Dans la perte de la vigilance, le pouvoir malin peut aller jusqu'à
la possession, ou provoquer des états tels que la démence,
la schizophrénie, l'épilepsie...
Si nous sommes tentés de jour, nous le sommes aussi de nuit
car les démons suscitent en nous des rêves, des fantasmes
durant notre sommeil. Souvent ils se servent de nos souvenirs, de
nos souffrances, mais aussi de nos manques, nos frustrations, alors
au réveil, nous pouvons nous sentir complètement déprimés,
dégoûtés de la vie, ou bien remplis de colère
vengeresse, ou de pensées prêtes à mettre en oeuvre
la concupiscence. C'est vital de prier avant de s'endormir, de vivre
la démarche du pardon si nous avons péché et
de demander au Seigneur de nous entourer de Ses saints Anges afin
que les esprits mauvais ne puissent nous nuire. Le Malin prend plaisir
à semer la discorde dans notre être : corps-âme-esprit,
mais aussi entre les frères, au travers de la honte, la culpabilité,
la jalousie, le jugement.
Il se rend présent dans nos maladies, nos souffrances, aussi
bien physiques, psychiques et spirituelles en semant des pensées
qui nous troublent, et si nous ne sommes pas en éveil, elles
débouchent sur la peur et jusqu' à la peur de la mort,
ou le désir de suicide. C'est ainsi que l'alcool, la drogue,
la cigarette, l'abus des somnifères trouvent malignement leur
place et leur action.
L'esprit du Mensonge nous pousse aussi à transférer
sur le frère nos désirs, ou bien la responsabilité
de nos souffrances, et nous sommes dominés par nos propres
projections. Mais c'est aussi désastreux en sens inverse :
combien nous pouvons plonger sous le poids des projections de ceux
qui se transfusent en nous. Le langage psychologique ne parle pas
de tentation démoniaque, mais le fond est bien proche, pour
ne citer que Marie-Louise von Franz, élève de Cari Jung.
Dès que quelqu'un projette sur un autre une partie de son ombre,
il se sent poussé à tenir des discours pareillement
haineux. Les paroles qui frappent l'autre comme des projections, piques,
sarcasmes, symbolisent le ,flot d'énergie négative mise
en ceuvre contre l 'autre, de l 'âme de celui qui opère
la projection négative. On éprouve quasi physiquement
la haine de l'autre comme un projectile.
Pour nous influencer, l'esprit malin suscite en nous des pensées
teintées de passions qui nous font réfléchir,
afin de mettre en oeuvre les moyens de jouissance, de possession,
de puissance. Dans des articles plus anciens du Chemin nous avons
longuement décrit les attaques démoniaques et donné
les moyens de s'en libérer en nous inspirant des Ecritures
et de la sagesse de la Tradition.
Si nous
ne gardons pas notre coeur, les tentations se transformeront en passions,
or l'Évangile nous dit que ce sont des démons qui veulent
prendre dans nos cœurs la place du Christ. Il s'agit du démon
de la convoitise, de la luxure, de l'avarice, de la tristesse, de
la colère, de l' acédie (le dégoût spirituel
de la vie), de la vaine gloire (ou vanité) et de l'orgueil.
Il est vital de connaître leur fonctionnement afin de demeurer
sur nos gardes. Il ne s'agit pas de lutter contre le Malin, mais de
transformer les passions destructrices en élans de vie.
Sur le
plan collectif aussi, chaque génération expérimente
les attaques malignes contre lesquelles elle ne peut se protéger
qu'en implorant le secours divin. Songeons à l'égoïsme
collectif, aux systèmes extrémistes qui refusent la
solidarité, la fraternité. Sous le couvert de la justice,
des Hommes sont emprisonnés, martyrisés, assassinés.
Les deux tiers de l'humanité subissent le joug des démons
maîtres du coeur des Hommes, dont l'insensibilité face
à l'injustice entraîne la maladie, la famine, la peur
jusqu'à la terreur. Dans cet état de détresse,
de souffrance, l'esprit malin a de nouveau beau jeu pour faire monter
le désir de vengeance et la violence dans les êtres flagellés
par la souffrance. Comment détruire une race puisque nous
sommes tous de la même race, «les fils du Très-Haut»?
Qui se
cache encore derrière toutes les promotions d'un monde meilleur
et nouveau, dans un chacun pour soi et par soi, la liberté
des moeurs qui désarçonne et tue même les enfants,
et si fort les adolescents??? Pour charmer les jeunes, le Malin se
sert des bandes dessinées, de la musique, de la mode vestimentaire,
des jeux vidéo, mais encore... demeurons sobres dans notre
énumération, mais vigilants.
Le Démon
est aussi présent dans les Églises où se joue
une véritable danse macabre dans la déchristianisation,
la non-communion, le doute. Le Prince du mensonge falsifie la vérité
en revêtant le Christ de faux visages, semant la confusion entre
un faux amour et l'Amour, entre la vérité et la Vérité,
or durant toute Sa vie, le Christ a rendu témoignage de l'Amour
et de la Vérité : Je suis la vérité
(Jn 14,6).
Le souci
de Satan est toujours le même : entraîner l'Homme à
se substituer à Dieu, on ne distingue plus le bien du mal,
et jusqu'au nom d'une morale qui conduit au jugement et à l'injustice.
Oui, nous sommes capables de tuer le frère au nom de notre
vérité. Aucun Homme ne peut être sacrifié
sur l'autel des intérêts collectifs. Disons encore que
le sens du péché commun à tous n'effleure guère
à nos consciences, alors qu'aux temps bibliques, les croyants
se sentaient solidaires du mal commis. Nous sommes aussi pécheurs
par omission, par inconscience, mais nous violons quand même
les lois de l'Amour.
Dans
notre aveuglement le cosmos même est saccagé. L'Homme
est un microcosme, divisé contre lui-même, il veut assujettir
le cosmos à ses caprices personnels. Ne nous étonnons
pas si la terre tremble, si la mer mugit, si les vents grondent, et
si les eaux du ciel deviennent torrentielles. Quand il n'y a plus
d'amour, il n'y a plus de création c'est-à-dire que
la création avorte et devient un échec. Dès que
le dialogue avec Dieu s'interrompt, l'amour perd ses racines, alors
en nous et autour de nous, tout fléchit et tout chancelle.
Aujourd'hui,
l'intervention satanique se traduit au plus haut degré dans
les manipulations génétiques jusque dans le clonage
de l'Homme qui est une parodie de l'oeuvre créatrice de Dieu
: le Diable coupe l'Homme de l'Image divine et en fait une copie à
son image.
Le bonheur
temporel n'a de sens que dans la transcendance du temps, car c'est
Dieu qui a créé les cieux et la terre, le monde et tout
ce qui s'y trouve.
Si nous
ne nous réveillons pas, nous étoufferons dans la chambre
à gaz du monde moderne, dans le doute et le rejet du Dieu véritable.
Faisons nôtres, aujourd'hui, les avertissements du Christ:
Si
`Elohîm était votre Père vous m'aimeriez car c'est
d'Elohîm que je suis issu et que je viens...
Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage?
C'est que vous ne pouvez pas écouter ma parole.
Vous avez pour père le diable et ce sont les désirs
de votre père que vous voulez accomplir...
Dès l'origine ce fut un homicide parce qu'il n'y a pas de vérité
en lui.
Quand il dit ses mensonges il les tire de son propre fonds parce qu'il
est menteur et père du mensonge (J 8,42-47).
Ne nous
trompons pas de désir, il faut que notre désir se fonde
dans le désir divin pour devenir une volonté une, sans
séparation.
Non !
Le Malin n'est pas le maître de notre vie, c'est pourquoi nous
terminons la prière du Notre Père en confessant notre
foi
Délivre-nous
du Malin par Jésus Christ notre Seigneur.
C'est-à-dire
notre Sauveur, notre Libérateur. Certes nous récolterons
ce que nous aurons semé, mais par le feu de l'Amour divin,
la mort est vaincue, et nous pouvons participer dès maintenant
de la Vie divine dans le Souffle du Saint Esprit si nous demeurons
dans la prière, l'amour et le repentir. Alors le Notre Père
que nous disons chaque jour deviendra l'expression de notre vécu
et s'élèvera en action de grâces, en louange à
notre Père Céleste
Car à
Toi appartiennent le Règne, la Puissance et la Gloire aux siècles
des siècles.
Aujourd'hui
même, nous portons la responsabilité d'en être
les témoins, le Royaume de Dieu est une réalité
déjà présente dans une communion sans cesse renouvelée
par le Christ et l'Esprit Saint.
Amen.
C'est
le dernier mot de la prière. Oui ! Qu'il en soit ainsi ! Je
remets toute ma confiance, toute ma vie, dans les Mains du Père,
dans ce «Amen» je me sens à la fois tendue vers
le Ciel, enracinée en terre. Je dis Amen avec Marie la Vierge,
avec le Christ qui est tout entier Amen.
Amen
à l'instant présent que j'accueille comme un don de
l'Esprit Saint.
Amen
avec sainte Thérèse d' Avila
A tout
je dis oui, qu'ordonnez-vous qu'il soit fait de moi?
Amen
à l'avenir dans l'abandon au Christ ressuscité témoin
du monde nouveau qui est notre attente et notre espérance.
Amen,
Amen, Viens Seigneur Jésus! (Ap 22,20).