III.
TRANSFORMES EN CETTE MÊME IMAGE
(2Co3,18)
La
prière, capacité d'abandon à la volonté
divine
L'esprit
d'abandon que nous recevons durant la prière est en fait
une abdication de la volonté propre.
Aussi
n'y parvient-on pas facilement, mais au terme d'un long conflit
entre le moi humain avec ses fausses espérances - religieuses
autant que temporelles - et la volonté divine qui ne désire
que le salut de l'homme.
La
volonté propre - le moi - n'est dé-truite qu'au moyen
de multiples contrariétés envoyées par Dieu
pour déranger la fausse quiétude du moi et détruire
les monuments d'illusion qu'il élève à sa propre
gloire devant les hommes.
Durant ce conflit, si l'homme cesse de prier, il perd son attachement
et sa soumission à la volonté divine et cesse de discerner
le but du combat et de la vie spirituelle, qui n'est autre que son
propre salut.
Il
prend alors le parti de sa volonté propre, de son moi , et
commence à murmurer contre les épreuves que Dieu lui
envoie pour son salut.
Il
refuse les contrariétés et les outrages que Dieu,
en sa sagesse suprême et sa providence, dispose pour lui,
en vue de le libérer de la vaine gloire.
Il
y trouve le comble de l'amertume, au point de souhaiter plutôt
mourir que se voir ainsi outragé devant les hommes et le
monde, car son moi prend plus d'envergure à ses yeux que
Dieu lui-même, le maître de la vie!
Quant à l'homme qui trouve son refuge dans la prière
et s'y attache, il voit dans les souffrances, les contrariétés
et les outrages une condescendance de Dieu, qui daigne intervenir
dans sa vie pour le corriger et achever en lui le miracle de l'humilité.
Par
la persévérance dans la prière, l'homme reçoit
finalement l'esprit d'abandon et de soumission à la volonté
divine; la grâce éclaire son intelligence pour lui
faire voir combien son salut dépendait en fait de la façon
dont il allait accepter les souffrances, les contrariétés,
les maladies et toute humiliation.
De
plus en plus, il se range du côté de la volonté
divine, jusqu'à l'entière soumission de sa propre
volonté, la suppression de son désir propre.
Tout
son bonheur consiste désormais à accomplir la volonté
de Dieu; il y trouve son plus grand plaisir, même dans les
circonstances les plus pénibles.
La prière confère donc à l'homme la capacité
d'adhérer à la volonté de Dieu et de s'abandonner
à lui avec joie.
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