SAINT
MENAS
11 Novembre / 24 novembre
PLANCHE LV - MENAS
Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul à Santa Monica, Los Angeles ; 1997
; 1,20 m/0,80 m Fête : 15 hâtour (11 novembre julien, 24 novembre
grégorien)
Époque : fin IIIe- début IVe siècle
Translittération et traduction de l'inscription : PIAGIOS ABBA MINA
- SAINT ABBA MÉNAS
Le nom de Ménas (Mina, en copte) signifie " Amen ". Fils
du gouverneur égyptien de Phrygie, Ménas entra dans l'armée
et suivit la même carrière que son père. Lorsque la persécution
de Dioclétien éclata, il démissionna et se retira au
désert. Ayant eu une vision des martyrs couronnés de gloire,
il revint en ville et confessa publiquement sa foi ; il fut torturé
et décapité. Les chrétiens reprirent son corps, qui,
livré aux flammes, était resté intact.
La légende raconte que des gens résidant en Phrygie emportèrent
son corps pour qu'il les protège lors d'un voyage qu'ils devaient effectuer
en Egypte. Lorsqu'ils eurent terminé leurs affaires à Alexandrie,
ils voulurent remporter la dépouille du saint, mais le chameau sur
lequel ils l'avaient placée refusa d'avancer. Ils virent là
un signe du ciel, ensevelirent le saint et lui bâtirent un monument
en ce lieu, situé entre Alexandrie et Scété. Quelque
temps plus tard, des miracles se produisirent en ce lieu. L'empereur de Constantinople
y fit édifier une église, autour de laquelle se développa
une grande ville. Aux Ve et VIe siècles, le culte de Ménas se
répandit dans tout le Bassin méditerranéen ; des églises
lui furent dédiées à Rome, Arles, Cologne. On venait
d'Orient et d'Occident se recueillir sur sa tombe, et on emportait de l'eau
ou de l'huile bénites dans de petites fioles de terre cuite appelées
" ampoules (ou eulogies) de saint Ménas ". La conquête
musulmane eut raison de ce haut-lieu de pèlerinage chrétien
: la ville et l'église furent ruinées, jusqu'à l'époque
contemporaine où, sous l'impulsion du pape d'Alexandrie Cyrille VI,
une église et des bâtiments monastiques furent reconstruits et
accueillent à nouveau de nombreux pèlerins'.
"Ménas le Combattant, le Brave, le Fort, le Thaumaturge, le Béni,
le Grand, le Martyr, le Juste, l'Ami de Dieu, le Chaste... " La richesse
des titres décernés par les hymnes coptes à saint Ménas
reflète l'importance du rayonnement de ce saint en Egypte et bien au-delà.
Pourtant, c'est presque un enfant que nous avons sous les yeux : la simplicité
de son vêtement, la douceur de son visage, son geste d'offrande et de
prière et l'humilité qui émane de tout son être
offert reflètent cette transformation qu'opère l'Esprit Saint
dans l'âme du chrétien qui se livre à son action malgré
sa formation militaire et sa situation importante dans le monde, Ménas
a acquis, par son total abandon au Seigneur, sa pleine stature d'enfant de
Dieu, qui lui donne tout pouvoir sur le coeur de son Père divin. De
là vient sa puissance de thaumaturge qui a bouleversé le monde
chrétien du haut-Moyen Âge. Sous ses pieds le désert brûlant
reçoit la grâce de la lumière spirituelle, et porte des
fruits de vie : les palmiers et le monastère. Les chameaux qui lui
sont soumis rappellent le miracle de son ensevelissement en ce lieu qui allait
devenir source de grâce pour les
multitudes.
" Saint Ménas a entendu la voix divine
il a aussitôt abandonné le monde et ses gloires périssables,
il s'est livré à la mort et son corps a été la
proie des flammes ;
il a accepté de terribles tortures à cause du Fils du Dieu vivant
[...]
Tu es la Pierre plus précieuse que l'or et l'argent, toi, le Combattant
fort, Abba Ménas [...] Nombreux sont les miracles que tu as accomplis
en réponse à nos invocations. Tu es venu comme un médecin
guérir nos maladies.
Ton corps qui se trouve en Egypte
est une source intarissable de prodiges et de merveilles. " Livre VI,
pp. 375-378.
1. La littérature et l'iconographie sur saint Ménas sont abondantes
; voir par exemple VAN MOORSEL, Catalogue.;; D2, et Saint-Antoine I, pl. 95.
Supplément bibliographique : LMC, n° 27-28, pp. 139-154 et 155-165.