PLANCHE LXVII - CYRILLE D'ALEXANDRIE
Église de la Vierge, Los Angeles, 1991 ; sur le porte-ciboire ; 0,70 m/0,30 m Fête : 3 abib (27 juin julien - 10 juillet grégorien)
Epoque : fin IVe-début Ve siècle (-444)
Translittération et traduction de l'inscription : PIAGIOS KYRILLOS - SAINT CYRILLE

Cyrille adolescent étudia pendant cinq ans, de façon très intensive, au monastère Saint-Macaire au désert de Scété, qui était alors un grand centre d'études théologiques. Là, dit le Synaxaire, « le Seigneur lui donna la grâce et l'intelligence du coeur ». Il fut ensuite appelé à Alexandrie par son oncle maternel, Théophile, patriarche d'Alexandrie de 384 à 412 ; Cyrille, ordonné prêtre, se distingua rapidement par son éloquence et devint célèbre à Alexandrie.


A la mort de son oncle, Cyrille lui succéda le 17 octobre 412 sur le siège de saint Marc, qu'il allait occuper pendant trente-deux ans. Personnalité très forte, d'une grande habileté et muni d'une excellente formation intellectuelle, théologique et spirituelle, Cyrille était armé pour assumer un patriarcat difficile, car les hérésies continuaient à déchirer l'Eglise. Il fut en conflit avec le Néoplatonisme, les Juifs d'Alexandrie et surtout le patriarche de la capitale byzantine, Nestor, initiateur d'une nouvelle controverse christologique autour du mystère de l'Incarnation ; après des échanges épistolaires, le concile d'Ephèse fut réuni en 431, et finit par condamner la doctrine nestorienne 1.


Les controverses donnèrent à Cyrille maintes occasions d'exposer et de définir sa foi, qui reste la référence, commune à tous les chrétiens, de l'orthodoxie. Il établit que Dieu le Verbe est d'une seule nature, d'une seule essence, incarnés. Il, fut le chantre de la Theotokos - la Mère de Dieu - ; l'Eglise lui doit également la définition de la date de Pâques, une liturgie utilisée occasionnellement par les Coptes et qui reflète peut-être les plus anciens textes attribués à saint Marc, et des études théologiques, exégétiques et apologétiques d'une ampleur et d'une importance considérables 2. Saint Cyrille est invoqué dans la liturgie copte.

Drapé dans sa dignité imposante de Patriarche d'Alexandrie, Cyrille est un personnage dont émane une grande force. Tenant d'une main la croix copte qu'il porte également sur sa couronne, il s'appuie, d'un geste ferme et protecteur, sur la colonne qui symbolise la foi orthodoxe, dont il est devenu le porte-parole par ses formulations théologiques ; il est lui-même une colonne de l'Eglise, un pilier de la foi, pour ses contemporains mais aussi pour toute la chrétienté.

« Cyrille le Sage, le Maître,
tu es devenu l'Educateur
de tout le troupeau composé des chefs des Eglises du Christ-Roi. Tu as rédigé des paroles pures,
puisées à la source de l'Ecriture sainte inspirée par Dieu. Tu es l'image vivante de la vertu et tu es revêtu d'humilité. Tu es devenu semblable aux apôtres Pierre et Jean (...) Tu es la colonne de feu qui éclaire, et le pilier du Ciel. » Livre IX, p. 119.


1. L'ambiguïté du vocabulaire philosophique concernant les termes « nature » et « hypostase » ou « sujet subsistant concret » (personne) à l'époque de Cyrille est à l'origine de bien des incompréhensions désormais dépassées ; voir P. Th. CAMELOT, « Éphèse et Chalcédoine », Orante, 1962, p. 192.
2. Voir P. I. DALMAIS, « Saint Cyrille d'Alexandrie, son oeuvre et sa pensée », LMC, n° 32, 1999, p. 21.