L'EGLISE COPTE
Texte
tiré d'un article publié sur le site de S.S. Shenouda III
(version française révisée par nos soins)
L'Eglise Copte est unique dans ce qui la caractérise parmi toutes les Eglises du monde.
Elle se
distingue des autres Eglises par l'Ecriture Sainte et par son histoire.
1- Une prophétie dans les Ecritures
L'Eglise d'Egypte est la seule de toutes les Eglises des gentils, dont une
prophétie, de l'Ancienne Testament, annonce sa fondation.
Le Livre d'Isaïe, chapitre 19, parle, sous l'Inspiration divine, de la
fondation de notre Eglise :
Ce jour-là, il y aura un autel dédié à l'Eternel
au milieu du pays d'Egypte, et près de la frontière une stèle
dédiée à l'Eternel.
Ce sera un signe et un témoin de l'Eternel des armées au pays
d'Egypte...
Et l'Eternel se fera connaître des Egyptiens, et les Egyptiens connaîtront
l'Eternel, en ce jour-là. Ils offriront sacrifices et oblations...
(Isaïe 19 :19-21).
Cet autel n'est pas un autel païen, mais un autel de l'Eternel qui n'est
pas celui des Juifs dont les sacrifices ne sont pas offerts hors de Jérusalem.
C'est donc l'autel chrétien, sur lequel les Egyptiens ont offert un
sacrifice au Seigneur, quand ils ont connu le Seigneur et le Seigneur a été
connu par eux.
C'est un
signe et un témoignage de l'Eternel des armées par une prophétie
du Livre du prophète Isaïe.
Si cet autel n'avait pas d'importance, aucune prophétie ne l'aurait
indiquée.
Les protestants ne reconnaissent pas en général dans leurs dogmes,
l'autel.
L'Ecriture Sainte fourmille de textes qui prouvent la présence de l'autel
dans le Christianisme...et même si l'autel ne se trouvait dans aucun
pays chrétien, il existe au moins selon la prophétie d'Isaïe,
au pays d'Egypte.
Et Dieu
a béni l'Egypte, pour cette raison.
Dieu a béni l'Egypte, comme son peuple.
Ce verset du Livre d'Isaïe se termine par ces mots du Seigneur «Béni
soit l'Egypte, mon peuple » (Is.19 :25).
Quoi de plus beau, que cette expression de « mon peuple » ici.
Par elle,
nous comprenons que le peuple juif n'est pas le seul peuple de Dieu car voici
que l'Eternel des armées déclare «Béni soit
l'Egypte, mon peuple ».
Il est aussi évident, que Dieu ne bénit pas le peuple égyptien
dans son paganisme, mais dans sa foi...
Dieu bénit l'Eglise de l'Egypte, l'Eglise égyptienne.
La prophétie
n'annonce pas seulement la fondation de l'Eglise d'Egypte, mais aussi Il la
bénit.
2- La visite
de la Sainte Famille.
Le seul pays visité par le Christ, autre que son pays, est le pays
d'Egypte.
Et certainement, Dieu a eu motif de le faire, un but spirituel...
Il y avait d'autres pays dans le voisinage et sur le même continent.
Mais Dieu
a spécifiquement choisi l'Egypte, et a voulut un autel comme un signe
et un témoignage pour le Dieu des armées.
L'Evangile selon Saint Matthieu a signalé cette visite.
Ce qui arriva selon l'ordre divin, qui envoya un ange lui dire de prendre
l'enfant Jésus, de fuir en Egypte et d'y rester jusqu'à ce que
le Seigneur lui dise de revenir (Mat.2 :14).
Il y demeura jusqu'à la mort d'Hérode et retourna ensuite, ainsi
s'accomplit ce qui avait été déclaré par la prophétie
: j'ai appelé mon fils hors d'Egypte(Mat.2 :14).
Plus encore,
la visite de Dieu en Egypte, a été citée dans une prophétie
du Livre du prophète Isaïe et dans le même chapitre qui
commence par cette expression :
« Oracle sur l'Egypte. Voici que l'Eternel sur un nuage léger,
vient en Egypte »(Is.19 :1).
L'Inspiration divine signale ensuite la disparition du paganisme de l'Egypte
et note tout de suite après « Les faux dieux d'Egypte chancellent
devant lui et le coeur de l'Egypte défaille en elle » (Is,19
:2)...ce qui arriva à la lettre.
Pendant
cette sainte visite, chaque endroit où entrait le Seigneur voyait choir
ses idoles et pour cette raison la Sainte Famille en était chassée
d'où s'ensuivit que plusieurs lieux d'Egypte furent ainsi sanctifiés.
Le Seigneur a été accompagné en Egypte : par la Sainte
Vierge Marie, et Saint Joseph le menuisier.
Quel pays, sinon l'Egypte, a été visité, par la Vierge
?
Cette visite, l'Ecriture l'a mentionnée.
Tout comme
la tradition qui a conservé le souvenir des endroits visités
par la Sainte Famille, et où ont été élevées,
plus tard, des églises que des touristes viennent visiter.
C'est ce qui fait la gloire de l'Eglise d'Egypte.
La Vierge a eu le désir de visiter une fois de plus le pays d'Egypte;
elle apparut sur les dômes de l'Eglise du Zeïtoun en 1968 et vingt
ans plus tard dans l'Eglise de PaPadopoulo à Choubra.
Peut-être
Dieu veut-Il que la prophétie d'Isaïe continue à s'accomplir
et que s'accomplisse Sa parole que nous aimons tant « Béni
soit mon peuple d'Egypte'' et « J'ai appelé mon fils
hors de l'Egypte »
3- La fondation
de la première école théologique
La première école théologique au monde fut celle d'Alexandrie,
fondée par Saint Marc.
Ce fut au milieu du premier siècle Ap.J. C., pour faire pièce
à l'école philosophique d'Alexandrie de grande renommée
avec sa bibliothèque.
Cette bibliothèque possédait plus de trois cent mille manuscrits.
Dans cette bibliothèque fut traduit l'Ancien Testament, dans la langue
grecque; cette traduction est connue sous le nom de la traduction Septante.
C'est ainsi que l'Egypte a donné aumonde, imprégné par
la culture grecque, de la première traduction grecque de l'Ancien Testament,
avec toutes ses prophéties et ses symboles.
L'école théologique d'Alexandrie a aussi donné au monde
chrétien de brillants esprits.
Nous citons parmi eux : Saint Pantène, Clément d'Alexandrie,
Origène, Saint Denis le Grand (Le quatorzième Pape d'Alexandrie),
Saint Didyme l'aveugle, qui fut le premier à inventer l'écriture
en relief, quinze siècles avant Braille et il était directeur
du collège théologique à l'époque de l'apôtre
Saint Athanase.
Comme résultat de la grandeur de cette école théologique,
les Pères d'Alexandrie furent exceptionnellement talentueux, dans les
sciences théologiques tout comme dans les débats théologiques.
4- Notre Eglise est la mère du monachisme
Le premier moine au monde fut le grand Saint Antoine.
C'était
un Copte de Haute-Egypte.
Il est né en l'an 251 Ap.J.C. et s'est endormi dans le Seigneur en
l'an 356.
Tous les premiers moines furent ses disciples.
Saint Athanase a écrit sa biographie dans un livre intitulé
« Vita Antoni » (La vie d'Antoine
) qu'il envoya à Rome, ce qui aida à la propagation du monachisme
dans ce pays.
Il a été
à l'origine de la conversion de Saint Augustin.
Saint Antoine fut appelé « Père de tous les moines
»...
Tous ses
enfants, devenus moines sont redevables à sa paternité et à
ses instructions pour suivre cette voie ascétique.
Le premier Père, fondateur des monastères, fut le grand Saint
Pacôme.
Lui aussi,
était un Copte de la Haute-Egypte.
Il fut le premier à établir les règles du monachisme,
que Jean Cassien a apportées en France.
A partir de ces règles, furent instituées les règles des monastères bénédictins catholiques.
Saint Basile
le grand en a aussi profité, pour établir les règles
de son monachisme.
Cela nous amène à signaler une vérité spirituelle
importante :
Les moines d'Egypte ont vécu comme moines sans écrire leur biographie,
mais leurs visiteurs,eux, le firent.
Il se peut que Pallade qui a écrit son livre très répandu
« Historia Lausiaca » (il fut
dédié à un noble nommé Lausiaca » fut le
plus grand d'entre eux.
Son livre fut traduit sous le nom du « Paradis des Pères
».
Il fut traduit en arabe sous le même nom.
On lui doit la propagation de la vie de ces moines coptes et de leur biographie
angélique dans le monde entier.
Et Jean
Cassien a écrit ses deux livres très répandus : les Institutions
et les Conférences où il explique la vie monastique des moines
d'Egypte et raconte son entrevue avec plusieurs d'entre eux, leurs conversations
mutuelles portant sur de nombreux sujets spirituels.
Saint Jérôme a écrit la biographie de quelques Pères
Coptes comme celle de Saint Paul l'anachorète, Saint Jean d'Assiout
et d'autres encore.
Tous ses écrits ont contribué à la propagation de la
vie monacale dans le monde entier, beaucoup des Pères furent les disciples
des moines coptes d'Egypte.
Citons, entre autre, les deux princes romains Maximus et Domadius, fils de
l'empereur Valentinien.
Saint Arsène éducateur des fils des rois, il fut le professeur
des deux princes Honorios et Arcadios, de la princesse Hilairi, fille du roi
Zéno, et d'autres encore.
Saint Hilaire, qui répandit le monachisme en Syrie, fut un des disciples
de Saint Antoine.
Les pères coptes eurent d'autres disciples comme Saint Euquin qui enseigna le monachisme en Iraq.
Saint Ephrem
le syrien, a visité les monastères d'Egypte et devint un disciple
dans le désert de Chéhit, tout comme Saint Evagre le Pontique.
Le temps me manque, pour parler des disciples du monachisme copte en Egypte
et qui ensuite ont propagé le monachisme dans leurs pays.
De tous ces faits, nous déduisons, une vérité historique
très importante :
Tous les moines sont les disciples de Saint Antoine le copte fondateur du
monachisme.
5- Les premiers
héros de la foi.
Il me suffit, en cette occasion, d'en mentionner deux des plus renommés
qui sont : l'apôtre Saint Athanase au quatrième siècle
et Saint Cyrille au cinquième siècle.
Le Credo chrétien établi au Concile œcuménique de
Nicée, a été élaboré par le diacre Alexandrin
Athanase.
C'est le copte génial, qui a défendu la foi contre l'hérétique
Arius et l'a réfuté.
Il réfuta toutes ses assertions fausses, ce qui poussa le Saint Concile
à déclarer ce dernier anathème en l'an 325 Ap.J.C.
Il devint patriarche et publia son livre fameux « Contre les Ariens»
de quatre volumes, où il réfuta l'utilisation erronée
des versets de l'Ecriture Sainte que les ariens ont exploités pour
défendre leur position.
Pour avoir défendu la foi, des Conciles ont été tenus
contre lui, et des empereurs l'ont pris en inimité et il fut exilé
quatre fois.
On lui dit
« le monde est contre toi Athanase » et il répondit
« et moi je suis contre le monde »; c'est depuis ce temps
qu'il porte le titre de « Athanasius Contra Mondum »
Et par sa ténacité, il nous conserva la foi.
Ce que Saint Jérôme interprète ainsi : «
Sans l'intervention d'Athanase, le monde tout entier, à un moment
donné, serait devenu arien. »
Saint Athanase était un patriarche copte, mais il devint le champion
de tout le monde chrétien, et le père de tous les savants théologiens.
Son livre intitulé « l'Incarnation du Verbe »
qu'il écrit quand il n'était qu'un jeune diacre, peut être
considéré comme le fondement de la doctrine chrétienne
sur lequel s'appuient les théologiens comme une solide référence
écrite par le maître de l'univers : Saint Athanase le héros
de la foi...
La ténacité d'Athanase, a encouragé tous les autres pères
à se tenir fermes dans la foi.
Notons que quand Saint Hilaire évêque de Poitiers a publié
son livre contre les ariens, intitulé « De Irinitate »
il devint si populaire qu'on lui donna le titre d'Athanase de l'Occident.
Athanase
devint ainsi un symbole et un exemple.
Tandis que le grand Saint Cyrille fut le héros de la foi contre Nestorius.
C'est lui qui a démasqué l'hérésie de Nestorius,
patriarche de Constantinople, capitale de l'Etat Romain oriental.
Il lui expliqua
la foi, mais quand il s'obstina et persista dans son hérésie,
il formula contre lui les douze anathèmes « 12 Anathemas
» qui firent partie des lois théologiques de l'Eglise.
Le Concile œcuménique se tint à Ephèse en l'an 431
Ap.J.C. sous la présidence de Saint Cyrille d'Alexandrie et déclara
Nestorius anathème.
Et le Pape Cyrille devint l'un des pères de l'Eglise catholique et
apostolique.
Je note un troisième exemple : Saint Timothée d'Alexandrie.
C'est le vingt deuxième patriarche des patriarches d'Alexandrie.
Ce patriarche copte, présent au Concile œcuménique de Constantinople
en 381 Ap.J.C. fut questionné à propos de quelques problèmes
ecclésiastiques.
Et toutes ses réponses furent considérées comme des lois
ecclésiastiques pour l'Eglise catholique et apostolique.
On les trouve dans le recueil des propos des Pères de Nicée
et de leurs successeurs d'après Nicée (Volume 14 propre aux
lois/Nicene and post Nicene Fathers, Vol.14).
Ce volume contint les lois énoncées par plusieurs Patriarches
de l'Eglise Copte.
Ces lois sont considérées comme la charte de l'Eglise catholique.
Parmi les lois de ces patriarches citons :
Les canons du Pape Denis (le 14 ème patriarche )
Les canons du Pape Pierre, le dernier des martyrs (le 17 ème patriarche)
Les canons du Pape Athanase, (le 20 ème patriarche)
Les canons du Pape Timothée, (le 22 ème patriarche)
Les canons du Patriarche Théophile (le 23 ème patriarche)
Les canons du Patriarche Cyrille (le 24 ème patriarche)
6- L'Eglise
des martyrs.
Toutes les Eglises du monde ont eu leurs martyrs, mais l'Eglise Copte est
caractérisée par deux faits fondamentaux :
I- des villes entières ont été martyrisées comme
celles de Akhmim et de Esna et des milliers de personnes ont connu le martyr
comme la légion Thébaine.
II- l'Eglise copte endura des souffrances pendant des siècles, alors
que la pluspart des autres Eglises vivaient en paix après l'ère
païenne et disposaient d'un important pouvoir.
La répression romaine était tellement forte en Egypte, surtout
sous le règne de Déclodien, que l'Eglise dut modifier son Calendrier
annuel depuis l'an 284 par un autre Calendrier débutant par cette année
là et qui prit le nom du « Calendrier des martyrs ».
L'Eglise a encore souffert d'un autre genre de martyr, infligé par
ses frères chrétiens, après le désaccord de Chalcédoine
qui dura depuis l'an 451 jusqu'à l'an 644 Ap. J.C.
Cela concerna
aussi les Pères patriarches, dont les romains ont confisqué
les églises pour mettre à leur place des patriarches Melkites
auxquels ils ont remis le pouvoir civil scellé du pouvoir religieux.
Et cela se poursuivit encore sous le règne du Hakem Bi Amr Allah, des
Mamluks et des Ottomans.
L'histoire de l'Eglise Copte est glorieuse mais on oublie souvent de faire
référence à ces faits qui la caractérisent.