Vie et orthodoxie de l'Église copte
par Christine Chaillot
(article paru dans la revue CONTACTS, numéro 187)


Lorsqu'on prononce le mot copte, certains imaginent d'antiques tissus au Louvre ou des manuscrits à la Bibliothèque nationale ! J'aimerais démontrer ici que les Coptes sont bien vivants et que la vie de leur Église est bien orthodoxe dans sa pratique ecclésiologique. En ce qui concerne l'orthodoxie de la christologie de l'Église copte, je renvoie le lecteur aux documents signés par les représentants de l'Église copte lors du dialogue officiel avec les orthodoxes chalcédoniens.

I- Les Coptes avant le Christianisme, genèse du christianisme en Égypte, petite Histoire de l'Église copte.

Ancêtres pharaoniques des Coptes et spiritualité pharaonique

Il faut s'imaginer qu'avant le christianisme et à ses débuts, Alexandrie était une grande ville cosmopolite où se côtoyaient Égyptiens, Grecs, Romains et Juifs. Dans ce milieu religieux et philosophique hétéroclite, où dieux et idoles se mélangeaient, le concept d'une triade divine avait déjà pénétré la mémoire égyptienne, en particulier dans le cas d'Osiris, Isis et leur fils Horus. De plus Isis, la mère vierge, enfante un dieu qui va mourir et ressusciter. Les Anciens Égyptiens croyaient en un dieu unique, à l'éternité de l'âme ; ils avaient aussi l'habitude d'un bain purificateur, sorte de préfiguration du baptême. Le ankh pharaonique, symbole de la vie éternelle, avait la forme d'une croix à tête ovale. Les esprits des Égyptiens semblent donc avoir été étrangement préparés par leur passé pharaonique à recevoir la Bonne Nouvelle du Christ. On a même appelé les Coptes " les fils modernes des pharaons " et les Coptes en sont fiers.

Le Christ en Égypte

lsaie l'avait annoncé : l'Éternel enverrait un Sauveur aux Égyptiens et ils se convertiraient (Is. 19/1,10-25). Les paroles du Seigneur annoncées par le prophète Osée : " J'ai appelé mon Fils hors d'Égypte " (Osée 11,1 ; Matthieu 2,15) restent toujours vivantes dans les coeurs des Égyptiens chrétiens, les Coptes, qui considèrent cette visite du Christ comme une bénédiction. En effet, c'est dans leur pays au bord du Nil que la Sainte Famille vint se réfugier jusqu'à la mort du roi Hérode et s'arrêta, selon là tradition, dans certains lieux où l'on fit construire plus tard des églises : ainsi celle de Matariyyah au Caire, le monastère de Muharraq en Haute Égypte où se déroule annuellement un célèbre pèlerinage (mûlid), l'église de Saint-Serge au Vieux Caire, etc. Le souvenir de la Fuite en Égypte imprégna même la vie liturgique copte, puisqu'on la célèbre lors d'une des sept Fêtes secondaires, le 24 Bashans, selon le calendrier copte, c'est-à-dire le 1er juin de notre calendrier grégorien. On trouve également des icônes représentant l'événement.

Saint Marc fondateur de l'Église copte
Si on notait la présence d'Égyptiens le jour de la Pentecôte (Actes 2,10), l'Église copte fut fondée selon la tradition par saint Marc l'Évangéliste et se considère donc une Église apostolique. Cela serait confirmé par Eusèbe : Marc fut le premier envoyé en Égypte pour prêcher l'Évangile et établir des églises, tout d'abord à Alexandrie (Histoire Ecclesiastique Il, XVI, 1). Le martyre de saint Marc est fêté le 30 de Baramoudah, c'est-à-dire le 8 mai.
Il y a même une anaphore dite de saint Marc : c'est celle dite aussi de saint Cyrille, presque semblable à la liturgie grecque de saint Marc utilisée par les orthodoxes chalcédoniens d'Alexandrie jusqu'au Xlle -Xllle siècle, de style plutôt égyptien.
On raconte que les reliques de saint Marc auraient été enlevées par des Vénitiens en 828. Dans un geste oecuménique une partie fut rendue en 1968 au patriarcat copte qui les fit déposer précieusement dans la crypte de la cathédrale d'Amba Rou'eiss au patriarcat au Caire. On dit aussi que la tête du saint aurait été gardée dans l'Église de Saint Marc à Alexandrie. Iconographiquement, sur des icônes et enluminures coptes, saint Marc est accompagné d'un lion.
Petite Histoire de l'Église copte

Le christianisme naissant fut vite combattu par le paganisme et par l'autorité romaine. Saint Marc lui-même serait mort martyrisé par des païens. Des persécutions se développèrent sous Septime Sévère (202) et connurent leur apogée sous Dioclétien (284-305), provoquant des milliers de martyrs dont les noms et le témoignage restent bien vivants chez les Coptes : c'est pourquoi d'ailleurs l'an un du calendrier copte commence en l'an 284. Mais cela n'empêcha pas le christianisme de se développer : s'il y eut des convertis dès le premier siècle, l'organisation de l'épiscopat copte ne s'accomplit que peu à peu : au synode alexandrin de 339 saint Athanase évaluait à peu près à cent le nombre d'évêques. L'Église d'Alexandrie devint l'un des fleurons de l'Église des premiers siècles tant par sa doctrine que par sa spiritualité ayant à sa tête de grands théologiens et dans ses deserts les premiers " fois en Christ".
La conquête de l'Égypte par les Arabes vers 641 ayant à leur tête Amr ibn al-'As renversa cette province byzantine déjà affaiblie : ce fut le début de l'ère islamique. On percevra peu à peu certains changements dans la vie des Coptes. Les nouveaux dhimmis (" tributaires ") seront sujets à toutes sortes de difficultés, en particulier fiscales. Néanmoins on accepta des Coptes dans l'administration à certaines périodes. Les lois réformistes ottomanes de 1839 ouvrirent la voie à des changements positifs pour les Coptes : la gizyah (impôt de capitation des seuls dhimmis) est définitivement abolie en 1855 ; 1856 et 1866 seront aussi des dates décisives pour l'intégration effective des Coptes dans l'armée et le premier Parlement égyptien. Le patriarche Cyrille IV (1854-61) fit des innovations et s'inspira des réformes européennes en fondant les premières écoles coptes, en important une imprimerie, en réorganisant le clergé... Il fut aussi oecuménique avant la lettre par exemple, il entretenait de si bonnes relations avec le patriarche grec d'Alexandrie que ce dernier lui confia la surveillance temporelle de ses affaires lors d'un voyage à Constantinople. Le patriarche Cyrille V (1875-1927) quant à lui fut soucieux d'affermir un renouveau de l'identité copte dans cette perspective il fonda un séminaire théologique (1893) et inaugura les écoles du dimanche, élément essentiel du renouveau (1918).
La vie de l'Église Copte prit un nouveau tournant lorsque Dermite Ménas fut proclamé patriarche sous le nom de Cyrille VI (1959-71). Il établit un évêché pour s'occuper des services sociaux et un autre pour la formation du clergé ; il fit construire un nouveau monastère à côté de l'antique lieu de pèlerinage, de Saint-Ménas près d'Alexandrie, posa la première pierre de la cathédrale Saint-Marc au Caire, mais il suscita surtout de nombreuses vocations qui permirent de réorganiser la vie monastique car, disait-il, toute l'Église repose sur les prières des moines. Entre 1972-80 les Coptes connurent diverses vexations, entre autres des destructions d'églises, de magasins, et ils rencontraient bien des difficultés à obtenir le permis de construire de nouvelles églises. Sous la présidence de Sadate le patriarche Shenouda III (1971-) fut destitué par un décret présidentiel et il fut assigné à résidence au monastère de Saint-Bichoï : cela dura de 1981 à 1985. Mais la vie de l'Église continua : les pèlerinages des fidèles se firent plus nombreux dans les monastères afin de prier près des tombeaux de leurs saints et de recevoir le soutien spirituel de leurs moines.
Ces quelques lignes ne sont qu'un rapide aperçu de l'histoire de l'Église copte car on peut se référer facilement à ce sui et à de bonnes publications en français
parues récemment.
Voici à présent quelques points dont on parle moins, mais qui sont essentiels pour comprendre non seulement le renouveau vécu dans l'Église copte ces dernières décennies et la situation actuelle, mais aussi pour imaginer quel pourrait être son avenir.

Il - Renouveau des dernières décennies (1971-88)

Depuis le milieu du XXe siècle on peut donc constater un renouveau dans l'Église copte amorcé sous le patriarche Cyrille VI (1959-71) non seulement dans le milieu monastique, mais aussi dans le cadre des écoles du dimanche, de la mission, de l'organisation du patriarcat, des diocèses, de la diaspora naissante. Ces activités continuèrent à se développer dès 1971 sous le patriarche Shenouda III, en particulier dans les domaines de la pastorale, des activités de la jeunesse, des éditions, des services sociaux,

Le monachisme

Le monachisme a refleuri en Égypte ces dernières décennies, spécialement grâce à l'impact d'un groupe de jeunes moines sous la direction spirituelle d'Abba Théophile (+ 1989) supérieur du monastère des Syriens (Wadi Natroun).
Avant d'être appeles à la tête de l'Église, les patriarches Cyrille VI et Shenouda III ont vécu et prié dans des ermitages du desert au Wadi Natroun, dans des conditions assez semblables à celles des premiers ermites. Peu à peu ils firent restaurer et agrandir d'anciens monastères : on réorganisa les bibliothèques, on cultiva le desert. Dès les années 1950, la grande majorité des postulants à la vie monastique a terminé des études universitaires (médecins, ingénieurs, juristes), soit en Égypte, soit plus tard à l'étranger. Une riche littérature monastique, abondamment traduite en français, nous rapporte les vies, la spiritualité très ascétique, les paroles de feu des premiers ermites et moines coptes qui témoignèrent très tôt de leur " renoncement au monde " pour n'être que combat intérieur des " passions " et regard vers Dieu ; ils furent des exemples saisissants pour le reste de la chrétienté et demeurent des modèles absolus. On atteste très tôt la pratique de la Prière de Jésus en Égypte. Le monachisme contemporain, masculin et féminin, s'efforce de suivre la tradition des premiers moines : chercher Dieu, chasser les passions, dans l'ascèse, l'obéissance, l'humilité, l'amour du prochain et l'intercession des saints. L'Église copte choisit ses patriarches et ses évêques parmi les moines. Grâce à l'œuvre de saint Jean Cassien qui fonda à Marseille deux monastères après avoir séjourné près de vingt ans en Égypte, l'influence du monachisme égyptien du IVe siècle a profondément marqué tout le monachisme occidental. Le monachisme de Palestine et d'Asie Mineure, du IVe au VIe siècles, a également reçu de l'Égypte la plus grande part de sa doctrine spirituelle.
Si autrefois, les moines avaient besoin de traducteurs pour recevoir les hôtes étrangers, aujourd'hui les visiteurs sont accueillis par des moines polyglottes. Une philoxenia eut lieu lors de la visite de deux moniales coptes dans une quinzaine de monastères en Grèce en 1985. A l'étranger on a bâti des monastères qui servent aussi de maisons de retraite spirituelle et d'accueil : en Californie, en Australie, en Angleterre (Birmingham), -en Allemagne (Krôffelbach) ; des- projets de' monastères se profilent à Vienne (Autriche) et Milan.

Formation théologique, vie paroissiale et spirituelle

L'École de théologie pour la formation des prêtres et des diacres fut établie définitivement au Caire en 1893. Actuellement le cycle théologique pour devenir prêtre est de quatre ans. Des diacres et des laïcs, hommes et femmes, suivent également ces cours dont certains ont lieu le soir. Si l'actuel clergé est recruté surtout parmi les jeunes, on voit aussi des hommes d'âge mûr abandonner des carrières libérales pour se consacrer au service de l'Église. Il y a sept séminaires de théologie dans différents lieux d'Égypte (Le Caire, Alexandrie, Tanta, Shibin et Kom, Minia, Baliana, Muharraq), deux aux États-Unis et un en Australie.
Au niveau des paroisses chaque église a son propre conseil paroissial. Les laïcs coptes participent activement à la vie de la paroisse et de l'Église. Certains assistent les évêques dans la gestion des affaires de l'Église. Ils vont régulièrement en groupes, souvent paroissiaux, en pèlerinages aux monastères. Les écoles du dimanche sont très actives et organisées.
Pour appréhender la vie quotidienne d'un Copte orthodoxe il faut connaître la vie d'une famille copte et sa relation avec sa paroisse, avec l'Église. À la base, les liens de la famille, qui constitue une " petite Église ", sont très étroits. Des prêtres, parfois des évêques, viennent rendre des visites amicales aux familles, en tant que pères spirituels à qui on se confie et se confesse régulièrement. La vie de prière familiale est intensifiée lorsqu'un des enfants a choisi la vie monastique : on a alors un lien particulier à ce monastère et au saint dont il porte le nom. Les fidèles passent à l'église presque tous les jours, ne serait-ce que pour une courte prière, et ils se rendent aux
liturgies plusieurs fois par semaine, ils communient souvent, ils assistent aux réunions ecclesiastiques de toutes sortes (catéchisme, groupes de femmes, prédications, chants, cours de copte, etc..) : tout cela transforme les églises en lieux toujours actifs et ouverts, souvent tard le soir, lieux où l'on se sent chez soi, en présence de Dieu. Environ -200 à 250 jours de jeûne sont observés pendant l'année, en particulier pendant le Grand Carême, époque à laquelle les offices religieux se prolongent; on ne boit ni ne mange jusqu'à trois heures de l'après-midi, jusqu'à la nuit dans les monastères.
On compte d'innombrables diacres et sous-diacres, même de jeunes garçons, car c'est une bénédiction de servir à l'autel. Chaque paroisse est elle-même une grande famille et l'on pourrait dire la même chose des diocèses où les évêques reçoivent tout le monde, riches et pauvres, jeunes et adultes, dans leur résidence. Il y a beaucoup de jeunes évêques très dynamiques qui mettent sur pied différents projets, qui se déplacent continuellement pour visiter les fidèles dans des paroisses parfois situées au fond de campagnes reculées ; les années qu'ils ont passées dans leur monastère, auquel ils restent attachés et qu'ils visitent régulièrement, leurs permettent de transmettre la sagesse du desert dans les villes. Ceux qui ont visité des paroisses coptes en Égypte ou à l'étranger sont toujours frappés de la ferveur religieuse des fidèles, de l'accueil réservé aux visiteurs, comme s'ils faisaient partie eux aussi de cette famille religieuse.
Selon une tradition très ancienne, à l'église et à la maison, on vénère les icônes, et l'on fait des voeux devant elles auprès des saints et de la Vierge intercesseurs, et bien sûr au Christ Fils de Dieu.
Parmi les saints on vénère des patriarches, des évêques, des abbés de monastères et aussi des moines et laïcs, tous fêtés annuellement.

On vénère également les reliques des saints déposées dans les églises, reliques au-dessus desquelles sont suspendues les icônes appropriées. En particulier lors des fêtes de saints, les reliques et icônes sont portées en procession, vénérées, pour en recevoir la bénédiction. Certaines reliques et icônes opèrent des miracles. Les Coptes demandent surtout l'intercession de la Vierge et de certains saints, en particulier saints Georges, Mercure (Abu Saifein), Ménas, très vénéré parle patriarche Cyrille VI, sainte Damienne, l'archange Michel, mais aussi de saints contemporains comme l'évêque Abraham du Fayoum canonisé en 1963. La sainteté n'est pas une chose appartenant au passé. Les fidèles coptes posent une auréole de sainteté sur des prêtres contemporains particulièrementpieux et pleins d'amour, comme le père Bichoy Kamel d'Alexandrie, sur certains moines.

Service social et oecuménique

Entre 1880 et 1920 les premières associations à but caritatif ont été fondées : écoles, dispensaires, orphelinats. Au Caire on compte plus de 150 associations de bienfaisance. En 1962 monseigneur Samuel fut le premier évêque nommé pour être responsable des services sociaux et des relations publiques et il se montra très actif et efficace ; il représenta aussi l'Église copte au Conseil oecuménique des Églises dont elle fut membre observateur dès 1954, puis dès 1974 elle fut membre du Conseil des Églises du Moyen-Orient, et dès 1963 elle fit partie de la Conférence des Églises de toute l'Afrique. En 1961 l'Eglise copte participa en tant qu'observateur au Congrès orthodoxe de Rhodes. Après son assassinat en octobre 1981, en même temps que le président Sadate, l'évêque Samuel fut remplacé par l'actuel évêque Sérapion. Les unités des services sociaux comportent aujourd'hui des centres d'alphabétisation, de formation professionnelle pour les jeunes, d'études de langues, d'informatique, des cliniques et services sanitaires, de l'aide aux handicapés physiques et mentaux, des prêts pour l'agriculture, des projets de logements, le planning familial: ce développement social doit contribuer à venir en aide particulièrement aux milieux ruraux et urbains défavorisés, dans un esprit pastoral.
Aujourd'hui l'Église copte fait partie de tous les dialogues oecuméniques et elle privilégie en particulier ses contacts avec les Églises orthodoxes chalcédoniennes.

Diaconat féminin et masculin

Certains jeunes qui ont été très actifs dans la vie pastorale et sociale de l'Église (catéchisme, aide aux défavorisés, etc.), donnent leur vie à l'Église en se consacrant à la prêtrise, à la vie monastique ou au diaconat. Récemment la formation d'un diaconat féminin dans .l'Église copte a pris naissance et a provoqué des centaines de vocations chez des jeunes filles, la plupart universitaires, qui souhaitaient servir l'Église dans le monde : cela a été possible grâce au soutien de leurs évêques et pères spirituels. Elles sont responsables de l'aide sociale (pauvres, malades, gens âgés, orphelins, handicapés, enfants, etc.) pour répondre aux besoins spécifiques d'aujourd'hui, mais leur service est avant tout spirituel (catéchisme, réunions de femmes, etc.). Un mouvement parallèle masculin se dessine.

Évêché de la jeunesse

Lorsqu'il était encore évêque (dès 1962), le futur patriarche Shenouda III dispensa un enseignement religieux spirituel auquel participa une majorité de jeunes. Dès cette période des étudiants commencèrent aussi à s'organiser en groupes. La fondation de l'épiscopat pour la jeunesse date de 1980 l'évêque Moussa fut nommé responsable pour la jeunesse copte en Égypte et en diaspora et il continue actuellement à assumer ses fonctions. La jeunesse copte est très impliquée dans la vie de l'Église. De nombreuses activités et conférences sont organisées pour les jeunes et leurs leaders visant à une formation de la vie spirituelle, dogmatique, liturgique et aussi psychologique. Il y a des groupes de travail sur différents sujets : catéchisme, études bibliques, culture, vie familiale, économie. Chaque paroisse organise des programmes pour les jeunes, mais il y a aussi des rencontres organisées au niveau de chaque diocèse ou de toute l'Égypte, dans les villes et certains villages, en particulier pendant les vacances. Au patriarcat se regroupent de nombreux jeunes dans le bâtiment qui leur est réservé où se donnent des cours de théologie, d'histoire, de spiritualité, de langues modernes, de copte, de sciences modernes, d'administration. Un petit magasin vend des livres spécialisés pour la jeunesse, des brochures, des cassettes de musique religieuse et de discours spirituels. Attenant se trouve un centre d'étude de la Bible, qui est très lue et étudiée chez les jeunes Coptes orthodoxes.

Édition

En 1947 on commença à éditer la Magallet Madaris elAhad (La Revue des écoles du dimanche) dont les éditeurs étaient le patriarche et-certains évêques actuels. Dès: l'installation d'une imprimerie et d'une maison d'édition' au patriarcat sous Cyril VI (1968), un' mouvement de publication s'affirma. La parution de ces nouvelles publications permit aux Coptes de retourner à leur patrimoine culturel et religieux, surtout spirituel (hagiographie, exégèse, théologie), mais aussi vers des questions d'ordre moral et social. Le patriarche Shenouda III publia 63 ouvrages entre 1971 et 1988, ainsi que l'hebdomadaire Al-Kirâza (La Prédication). Des extraits de Kirâza paraissent en anglais, en allemand. Une revue, Risâlat al-shabâb al-kanasi (La lettre de la jeunesse de l'Église) fut publiée pour la jeunesse copte dès le milieu des années 1980, ainsi que de nombreux opuscules traitant les questions qui l'intéressent. D'autres publications faites par le clergé ont vu également le jour. Tout cela est distribué en partie par la maison d'édition Dâr al-Mahabba. Le patriarche, des évêques, des prêtres, des laïcs publient parallèlement des articles dans l'hebdomadaire laïc copte, Watani (Ma patrie). Les différentes paroisses de la diaspora éditent leurs propres journaux et publications en langue locale et en arabe.

Mission

On attribue, en partie, les débuts du christianisme en Libye à saint Marc mais l'histoire de cette évangélisation reste obscure ; on sait que sous Denys, évêque d'Alexandrie (24664), il y avait dans la Pentapole un métropolite du nom de Basilide. En Numidie ce fut un prêtre d'Alexandrie, Longin, qui
fut le premier évêque au Vie siècle. Saint Athanase consacra
le premier évêque d'Éthiopie, Frumentius. Mais ce n'est qu'à partir de la moitié du XXe siècle que l'Église copte, considérée comme une Église apostolique africaine par excellence, a été invitée à propager la foi copte à la demande de différentes communautés africaines, en particulier en Afrique du Sud et en Afrique Orientale comme au Kenya : là se trouve actuellement un Centre copte, à Nairobi, dirigé par l'évêque Antonius Marcos, responsable des Affaires africaines et de la mission copte en Zambie, en Namibie et au Zimbabwe.
Dans l'histoire de l'Église européenne, des Coptes laissent leurs noms gravés : non seulement celui du grand Athanase lors d'exils, mais aussi ceux de saint Maurice (fêté le 25 Toût = 12 septembre) et ses compagnons de la légion thébaine qui moururent martyrs à Agaune (Valais) sous l'empereur Maximien à la fin du Ille siècle, de même que ceux de Félix, Regula et Exupérantius à Zurich, saints Ours et Victor à Soleure. A la même époque la copte sainte Verena fut une sorte de diaconesse à Zurzach (près de Zurich). En Italie, en Allemagne, en France, des traditions locales gardent le souvenir de saints de la légion thébaine, et même parfois leurs reliques.

Diaspora

Les Coptes furent plutôt sédentaires à travers les siècles. Pourtant on compte une communauté copte au Soudan au début du XIXe siècle. Dès les années 1960 on constate un phénomène d'émigration des Coptes vers les États-Unis, le Canada, l'Australie, l'Europe, et aussi dans le monde arabe pays du Golfe, Moyen-Orient (Liban, Irak), cette dernière région dépendant de l'archevêché copte de Jérusalem. Partout le patriarcat a pris soin d'organiser des paroisses et d'envoyer des prêtres, souvent des moines, pour s'occuper spirituellement
des fidèles.
Si le patriarche Cyrille VI est aujourd'hui unanimement reconnu comme un saint et un thaumaturge, l'actuel patriarche Shenouda III, tout en étant l'actuel leader spirituel de toutes les activités ecclesiales que j'ai décrites, n'en reste pas moins un " poète " de Dieu, car ses écrits et ses nombreuses prédications publiques où ses paroles simples, mais si profondes, mènent à " l'unique nécessaire " : des milliers de fidèles viennent chaque semaine au patriarcat écouter ses homélies et les réponses orales qu'il donné en public aux multiples billets qu'on lui transmet à cette occasion. Ces deux personnalités ont incontestablement permis à l'Église copte de se ressourcer et de faire face au monde moderne contemporain.

III - Tradition et culture coptes

Si l'on veut vraiment comprendre qui sont les Coptes il faut faire encore un pas supplémentaire, et ne pas seulement lire leur histoire passée ou présente, mais il faut aussi-se pencher, sur l'essentiel qui les a fait vivré spirituellement et leur a permis de garder une identité au cours des siècles dans un environnement islamique plus ou moins tolérant : je veux parier .. de la liturgie et la patristique, domaines orthodoxes par excellence. Pour appréhender la vie des Coptes d'aujourd'hui il est aussi intéressant de se pencher sur leur culture, la langue copte et de connaître les lieux où se perpétué cet héritage copte.

Liturgie et langue coptes

Quiconque veut approcher la foi et la spiritualité des Coptes se doit avant tout de connaître leur liturgie et ses textes, véritable catéchisme, avec de nombreux passages révélateurs d'une christologie très orthodoxe dont voici l'extrait le plus significatif récité à chaque liturgie (anaphore de saint Basile), avant la communion : " Amen, amen, amen. Je crois, je crois, je crois et je confesserai jusqu'au dernier soupir que ceci est le Corps vivifiant de ton Fils unique, notre Seigneur et notre Dieu, notre Sauveur Jésus Christ. Il a pris ce corps de notre Dame et Reine, la Theotokos, la sainte et toute pure Marie, et l'a uni à Sa Divinité sans mélangé, sans confusion et sans changement. Il le confessa publiquement devant Ponce Pilate et Lui seul par sa propre volonté a livré ce Corps pour nous tous sur le bois de la sainte Croix. En vérité, je crois que Sa Divinité ne fut jamais séparée de Son Humanité même l'espace d'un instant ou d'un battement de cil. Cela est donné pour notre salut et la rémission de nos péchés afin que celui qui y communié ait la vie éternelle. Je crois, je crois, je crois que ceci est la vérité. Amen. ".
L'Église copte a abandonné la plupart de ses nombreuses anaphores au Moyen Âgé pour n'en garder que trois, dont celle dite de saint Basile, qui est la plus utilisée, et celle de saint Grégoire. Tous les fidèles chantent en choeur pour répondre au prêtre et au diacre, en arabe, même si des passages importants, telle la consécration, sont souvent gardes en copte. L'oreille orthodoxe reconnaît aussi par-ci par-là des mots, des phrases et même des tropaires entiers ,en grec ! Car les textes qui sont à l'origine de grand nombre d'offices coptes trouvent leur correspondant dans la liturgie byzantine, (Trisagion, Monogenis, tropaires, Theotokia, vêpres, stichères...). Le patriarche Gabriel il Ibn Turaïk (1131-45) fit insérer dans la profession de foi récitée avant la communion la formule chalcédonienne : " sans mélangé, sans confusion et sans altération " marquant la complexité de la distinction et de l'union de la divinité et de l'humanité dans le Christ. Quant au patriarche Gabriel V (1409-27), il fixa les usages liturgiques. Mis à part la liturgie et les offices/offrandes de l'encens (soir et matin), les prières principales sont les Prières des Heures (Agbiya) et la Psalmodié (Tesbiha). Les sept prières des heures sont contenues dans l'Horologion. Le service dit de " Psalmodié " contient des odes (hos), des hymnes dédiées à la Vierge (theotokia), des interprétations (lobsh), des hymnes métriques (psalis), des paraphrases (tarte) et d'autres hymnes pour les saints, les martyrs, les jeûnes et fêtés (dans le Difnar ou Antiphonaire). Dans les monastères on récité la psalmodie chaque jour. On lit la vie des saints dans le synaxaire. Les Coptes ont gardé l'habitude ancienne du baiser de paix lors de la liturgie. Les communautés coptes francophones ont publié quelques traductions françaises.
Les fêtes sont divisées en sept fêtés majeures et sept mineures ; il y a aussi sept fêtés de la Vierge. Les saints et martyrs sont fêtés tout au long de l'année liturgique.
Que peut-on dire en deux mots de la langue copte ? Elle est simplement la formé prisé par l'antique langue pharaonique écrite en caractères grecs, avec addition de six à dix lettres, selon les dialectes, pour des sons spécifiques. Le plus ancien manuscrit copte connu date de la fin du Ille siècle, il est écrit en saïdique, le principal dialecte copte jusqu'au IXe siècle, qui sera peu à peu remplacé par le bohaïrique. Le copte cesse d'être une langue couramment utilisée entre le Xle-XIVe siècle, mais le bohaïrique continue d'être la langue liturgique des Coptes jusqu'à nos jours, surtout dans les monastères. Cependant la liturgie est la plupart du temps chantée en arabe dans les paroisses, et l'on chante ou récite en copte les passages les plus importants, tel l'épiclèse. Cela permet aux Coptes de rester fidèles à la langue de leurs ancêtres, tout en - recevant la nourriture véritablement catéchétique qu'offre leur liturgie par l'emploi de la langue qu'ils parlent tous les jours, l'arabe. Ce- sont surtout des oeuvres monastiques et. de spiritualité qui ont été écrites en copte, comme là Règle de Pachôme. La littérature copte est composée essentiellement d'homélies, de vies de saints, d'hymnographies. Beaucoup de ces textes ont été traduits en langues modernes. De nos jours on enseigne de plus en plus le copte dans différents séminaires et cours du soir, aussi bien en Égypte que dans la diaspora.
L'humaniste Nicolas de Peiresc fit connaître le copte en France au XVIIe siècle. On peut rapidement relever le fait que dans des universités à l'étranger et en France (Sorbonne, Lille, Montpellier), ainsi qu'à l'institut catholique et au Louvre à Paris, on enseigne le copte. Des revues spécialisées - dont le Bulletin de la Société d'Archéologie copte - s'occupent d'études coptes à travers le monde. L'Association internationale d'études coptes, créée en 1976, organise des congrès de coptologie et publie les conférences.

Patristique

Dès le début du christianisme, Alexandrie devint une école de la pensée chrétienne ; son École catéchétique, le Didascalée, fondé vers 180, fut le centre d'études et de débats théologiques et apologétiques où se distinguèrent Pantène, Clément et Origène, les premiers théologiens d'Alexandrie. Clément s'adressa aux païens en des exhortations vives, mais où il essaya d'allier philosophie et christianisme. Il ne faut jamais oublier qu'à un tournant crucial de l'histoire de l'Église encore jeune, plus exactement au moment où une large partie des chrétiens suivaient l'hérésie d'Arius (qui niait la consubstantialité du Fils par rapport au Père), ce fut un Égyptien, Athanase (296-373), qui permit de sauver la foi orthodoxe en s'opposant toute sa vie à cette hérésie. Il s'était déjà fait remarquer lors du concile de Nicée (325). Ayant côtoyé Antoine le Grand, il fut sans doute l'un des premiers à répandre en Occident l'idéal monastique né en Égypte. Quant à saint Cyrille (412-444) il fut la figure de proue du concile d'Éphèse et le grand adversaire du nestorianisme.
Sous la domination musulmane un décret du calife 'Abd al-Malik, en 705, rend la langue arabe obligatoire dans l'administration, mais un usage général de cette langue ne se fera que progressivement.. Ainsi, si les premiers Pères d'Alexandrie sont bien connus et ont écrits dans la langue intellectuelle de leur époque, le grec, les grands théologiens et auteurs coptes du Moyen Âge ont écrit en arabe et doivent encore être découverts par le grand public. Parmi eux citons Sévère ibn al-Muqaffa', évêque d'Ashmounain au Xe siècle, qui fut le premier à écrire en arabe sur des sujets divers ; Abû iMakârim (fin du Xlle siècle) nous a laissé des annales coptes importantes de géographie historique ; Abû I-Hair ibn al-Tayyib (début du Xllle siècle) écrivit, entre autres, un traité expliquant le dogme chrétien intitulé Le remède de l'intelligence ; les trois frères Ibn al 'Assâl (Xllle siècle) ont produit des oeuvres théologiques, philologiques, philosophiques, grammaticales et même poétiques,, un recueil de droit canon : citons seulement La somme des fondements de la religion, Abû Shâkir ibn el Râheb (Xllle siècle) et Abû I-Barakât Ibn Kabar (+ 1324) sont deux célèbres encyclopédistes de cet âge d'or de la littérature copte : le second a composé en particulier 24 chapitres intitulés " La lampe des ténèbres pour éclairer [l'intelligence] du service [liturgique] " : tous deux ont écrit des traités doctrinaux, linguistiques (lexiques, grammaire), historiques ; La perle précieuse de Yuhannâ ibn Zakariyya ibn Siba' (Xllle siècle) est une autre couvre sur les traditions et les rituels de l'Église copte ; Paul de Bush (Xllle siècle) écrivit des homélies, des commentaires et des traités sur l'incarnation, la Trinité, la confession. Il faut espérer avoir à l'avenir de plus en plus d'éditions et de traductions de ces auteurs copto-arabes Récemment, en 1982, un centre d'études patristiques s'est ouvert à Héliopolis dans la banlieue cairote. Des jeunes Coptes ayant étudié la théologie aux facultés d'Athènes et de Thessalonique se sont donné pour but de faire connaître les Pères de l'Église en les traduisant en arabe, en les publiant et en organisant des conférences à leur sujet. Ici, comme à l'institut des études coptes et au patriarcat, tout spécialiste de passage au Caire est bienvenu pour donner une conférence ou rencontrer les jeunes !

Institutions du patrimoine copte

Il faut tout d'abord considérer l'intérêt accru des Coptes, pour leur patrimoine culturel depuis le début du XXe siècle. En 1908 le musée copte est bâti au Vieux Caire : inauguré en
1920, on lui adjoint une bibliothèque en 1952. Les catalogues des différentes sections du musée sont en préparation. Un nouveau guide écrit par le directeur du musée, Gaudat Gabra, paraîtra bientôt en traduction française.
En 1934 c'est la fondation de la Société d'archéologie copte qui publia la première revue de coptologie.
L'école d'Alexandrie avait ajouté à l'enseignement de la théologie d'autres matières. C'est ce que vit aujourd'hui, d'une certaine manière, l'institut d'études coptes. Cet Institut fondé en 1954 devait, à l'origine, permettre le renouveau des études coptes en Égypte ; à cause des ressources financières très limitées l'Institut fonctionne modestement et n'a pas pu continuer la publication d'une revue. On y donne des cours dans les domaines suivants : théologie, langue, littérature, histoire, archéologie, sociologie, droit, musique et art coptes. On compte actuellement environ trois cents étudiants.
L'espace manque ici pour parler de l'art, de l'architecture, de l'archéologie, de la musique coptes qui permettent également de mieux appréhender l'identité copte. Mis à part le magnifique musée copte au Caire, de nombreux musées dans le monde, même en France, possèdent des objets coptes (tissus, peintures murales, manuscrits enluminés, sculptures sur pierre ou sur bois, céramiques, ivoires, objets en cuir, verre, bronze, etc.) Il ne faut pas manquer de visiter les salles coptes du Louvre.
Qu'en est-il de la musique liturgique ? A certains moments de petites cymbales (Ps. 150 ; I Cor. 13,1) ainsi qu'un triangle accompagnent et rythment les chants des fidèles. La musique copte tient grâce à une tradition orale continue.
De nombreuses missions étrangères, françaises, néerlandaises, allemandes, polonaises, suisses et autres ont effectué d'intéressantes fouilles d'archéologie chrétienne suivies de publications, dont celles sur les Kellia, le monastère de saint Menas, le Fayoum, Baouit. Le père Samuel, aujourd'hui évêque de Khankâ, entraîne continuellement ses étudiants à visiter ces nombreux sites archéologiques.

Coptes et Orthodoxes chalcédoniens

Aux premiers siècles l'usage d'une langue alors internationale, le grec, permettait des contacts immédiats entre les membres de l'élite égyptienne. Les ouvrages des grands théologiens alexandrins, écrits en grec, circulaient tels des phares du christianisme. Dans les domaines linguistique, liturgique et administratif les Coptes et les Byzantins présents en Égypte se sont influencés réciproquement. On trouve dans les textes coptes de nombreux termes grecs concernant l'administration, la théologie et, comme on l'a dit, la liturgie.
Il serait intéressant de faire une recherche systématique de tous les textes liturgiques prouvant l'orthodoxie christologique des Coptes ; je n'en ai donné ici qu'un exemple et quelques références à consulter dans les articles cités de O. H. E. Burmester. Ces prières sont récitées par le prêtre ou les fidèles depuis des siècles et cette continuité dans l'expression de leur foi christologique doit être soulignée. La liturgie, comme l'iconographie, entre autres, sont des domaines du patrimoine copte qui permettent de bien démontrer que cette Église n'est pas monophysite puisqu'ils permettent d'exprimer que le Christ est Vrai Dieu et Vrai Homme, sans confusion ni séparation.
Après avoir cité l'exemple du patriarche copte Cyrille IV, il est intéressant de rappeler, pour finir, les tentatives d'union souhaitées par l'évêque russe Porphyre Ouspensky entre les deux familles d'Églises au milieu du XIXe siècle, mais qui malheureusement échouèrent. L'évêque avait beaucoup discuté avec les Coptes et les Arméniens lors de longs séjours à Jérusalem et en Égypte ; il étudia l'histoire, la liturgie, le droit canon de ces Églises et de celle d'Éthiopie. Il comprit que tous avaient la même foi que les Russes. Il pensait qu'ils n'étaient pas hérétiques et ne devraient pas être appelés ". monophysites ".11 écrivit un livre, accepté par le Saint-Synode russe, sur la Doctrine, le Service divin, l'Ordre du Service et les Règles de l'Église des chrétiens d'Égypte, (les Coptes), paru en 1856 à Saint-Pétersbourg. " Plus j'étudiais ces sujets, plus j'étais convaincu [...] que ces chrétiens- suivaient la manière orthodoxe d'interpréter la sainte Écriture, de prêcher, selon les traditions apostolique et patristique (orthodoxes), les canons des trois premiers Conciles oecuméniques, l'essence et la composition des premières liturgies et prières qui contiennent de nombreux mots et phrases en grec ; ils vénèrent aussi les anges et les saints, les icônes et observent les jeûnes, et l'intérieur de leurs églises est semblable aux nôtres ". L'évêque Ouspensky comprit surtout que l'enseignement christologique orthodoxe était vivant dans le coeur non seulement des théologiens mais aussi des simples fidèles coptes avec lesquels il discuta dans toute l'Égypte. Il voulait donner son livre aux bibliothèques des académies, des séminaires et des écoles théologiques russes en ne souhaitant qu'une seule chose : qu'on élargisse sa connaissance des Chrétiens orientaux afin de préparer l'union. Il lui semblait extrêmement important qu'aucune différence concernant les traditions culturelles, historiques et nationales n'affecte le rapprochement de ces Églises. Ouspensky a anticipé de plus d'un siècle ce que disent entre autres, les accords théologiques de Chambésy (1991).
Un autre précurseur fut le patriarche Athénagoras qui, lors d'une visite en Égypte en décembre 1959, affirma l'entière orthodoxie de l'Église copte concernant les sacrements, la Tradition, ne voyant une divergence qu'au niveau du vocabulaire.
Les orthodoxes bien informés que nous sommes aujourd'hui se mettront-ils enfin d'accord pour dépasser le malentendu terminologique de Chalcédoine ? Mais cela ne se fera pas sans une metanoia historique et individuelle de part et d'autre.

Conclusion

Comme chez tous les orthodoxes la vie chrétienne copte est enracinée dans la tradition des Pères, des saints, de la liturgie, etc. Le patriarche Shenouda, dans une continuité apostolique ininterrompue, est le 117e successeur de saint Marc.
Parmi les facteurs ayant provoqué le " renouveau " copte il s'agit de revaloriser et de garder vivants l'héritage et l'identité coptes, de maintenir l'indépendance religieuse et la foi des ancêtres, où culturel et caritatif "ne s'excluent pas, dans un souci pédagogique, pastoral et spirituel de toute la communauté unie : clergé, laïcs et moines. Le souci premier, en Égypte comme en diaspora, consiste à transmettre le trésor de la foi aux Jeunes générations.
Iil est intéressant qu'une Église aussi traditionnelle que l'est l'Église copte a su s'adapter à la " modernité ", en répondant aux nécessités de la vie quotidienne de l'Église par l'adaptation de certaines formes de vie ecclésiale : diaconat, monachisme, services social et oecuménique, moines envoyés à l'étranger pour servir la diaspora, etc. Parallèlement de nombreuses vocations ont répondu à ces nécessités. Ces formes ne sont pas nouvelles mais renouvelées, car enracinées dans la tradition orthodoxe. Il faut donc souligner que ces "nouveautés " se vivent dans un esprit parfaitement orthodoxe, ne heurtant en rien la tradition des Pères : partager avec tous, sans oublier les plus démunis, tout en cherchant le Ciel, la vie éternelle. La vitalité de l'Église copte continue à s'exprimer, soit en diaspora, soit en Égypte même.
Les Coptes de la diaspora réalisent des projets originaux. Ainsi en Australie ils ont commencé une école primaire copte à Melbourne en 1991 : grâce au succès de cette entreprise le département de l'Éducation de l'État de Victoria a approuvé l'établissement d'une école secondaire pour février 1994. Toujours en Australie, notons la construction d'un village copte comprenant une église, une salle de conférences, une maison pour personnes âgées, un jardin d'enfants, un centre médical. Une organisation, " l'Association des Familles coptes orthodoxes ", s'est formée en 1993 pour aider les personnes âgées, les étudiants, les enfants et s'occuper de services sociaux. Le nouvel archevêque de Jérusalem met en place de nombreux projets. En diaspora, des vocations de prêtres et de moines sont nées et permettent de continuer de vivre la tradition copte dans les pays d'accueil. La liturgie se célèbre en arabe mais aussi, de plus en plus souvent, dans la langue locale pour faire participer personnellement les jeunes générations.
Les publications éditées en langues étrangères facilitent par ailleurs les relations oecuméniques dans les pays d'implantation, ainsi qu'une meilleure connaissance de l'Église copte.
Les Coptes d'Égypte et ceux de la. diaspora s'influencent mutuellement : les familles coptes émigrées se rendent régulièrement en Égypte, leurs parents les visitent à l'étranger fax; cassettes et vidéos, faites en Égypte ou à l'étranger, circulent, de même que des publications des diverses communautés, y compris les bulletins paroissiaux, les revues de la jeunesse, etc. Le Kerâza publié par le patriarcat au Caire en arabe et en anglais est lu par les Coptes du monde entier chaque semaine, devenant ainsi une sorte de tribune du monde ecclésiastique copte. Les différentes communautés ont d'autre part leurs propres journaux et publications en arabe et en anglais. On s'étonnera peut-être du nombre de cassettes et vidéos que l'on peut acheter dans les paroisses, mais ne remplacent-elles pas des programmes chrétiens de radio et télévision presque inexistants en Égypte, et ne rendent-elles pas présente l'Eglise-Mère aux fidèles de la diaspora ?
On se rend encore davantage compte de la vitalité de l'Église copte en sillonnant les communautés chrétiennes du Moyen-Orient où l'on parle des Coptes avec respect et admiration : ils sont pieux, organisés, nombreux, la plus large communauté chrétienne de tout le Moyen-Orient.
Cet article a tenté de dépeindre une image malheureusement incomplète des Coptes, en mettant toutefois l'accent sur leur vie actuelle ancrée dans la Tradition, source de spiritualité : le renouveau présent oblige les jeunes générations à se ressourcer, à renforcer leurs liens avec l'héritage copte, à stimuler leur identité et surtout les encourage à participer à ce renouveau. Les pratiques coptes suivent une tradition orthodoxe, mais en accord avec la vie moderne : c'est bien là la vraie tradition orthodoxe, ancrée et toujours vivante et vivifiante. En lisant ces quelques pages, on a d'ailleurs pu se rendre compte de l'orthodoxie des Coptes concernant la spiritualité, la liturgie, la vie quotidienne. En quelques décennies cette Église typiquement orientale a su prendre le tournant du XXIe siècle. " Bénie soit l'Égypte mon peuple " (Is. 19,25). Dans la situation difficile que traverse le Moyen-Orient, souhaitons à l'Église copte de continuer son témoignage chrétien, comme le dit le prêtre pendant la prière de l'encens du matin ou du soir : " Nous invoquons et nous supplions Ta bonté, ô Ami du genre humain, souviens-Toi Seigneur de nos assemblées, bénis-les [...] Donne à ces lieux d'être sans trouble et sans obstacle afin que .nous puissions selon Ta Volonté sainte et bienheureuse en faire des maisons de prière; des maisons de pureté (sainteté) et de bénédiction. Garde les, Seigneur, et fais en jouir, Tes serviteurs qui viendront après nous jusqu'à la fin des temps ".