Il m’invoquera et je l’exaucerai !

 


C’est dans le mystère de notre foi et de notre confiance en Dieu que se trouve le fondement d’une vraie prière. Il n’a pas été donné aux hommes un autre Nom sous les cieux par lequel il nous faut être sauvés (Act 4,12). Mais pour que notre prière soit entendue de Dieu, il faut que notre cœur de pierre se transforme en cœur de chair… C’est dans l’invocation du Saint Nom de Jésus Christ que nous entrons dans la voie de la conversion qui engage l’être total, et contribue au retournement de toute une existence.

 

 

 


Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu

Aie pitié de moi pêcheur.

 

Dans cet élan vers le Christ, nous pourrons expérimenter l’Amour fou de Dieu pour nous.

 

AIE PITIE DE MOI, O DIEU DANS TA BONTE (Ps 50,51)

 

Ce psaume contient en substance la « Prière de Jésus » et nous retrouvons la même supplique dans l’Evangile sur les lèvres du Publicain :

 

O Dieu, aie pitié de moi, moi le pêcheur (Luc 18, 13).

 

Et puis dans le retournement du cœur chez l’enfant prodigue :

 

Je me lèverai, j’irai vers mon Père et je lui dirai : « Père, j’ai pêché devant le ciel et envers toi…Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils… » (Luc 15, 11-32).

 

Quelle est la réponse du Christ à l’appel d’un cœur brisé ?

 

Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pêcheur repentant, que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance » (Luc 15,7).

 

Aujourd’hui les mots « pêcheur, pitié » révoltent plus d’un d’entre nous, car nous confondons leur réalité avec la morale de mauvaise conscience. Ce sentiment fait tomber dans la culpabilité et la honte et peut déclencher des troubles psychiques parfois très graves. Le projet de Dieu n’est justement pas d’entrer en communion avec des êtres sans défauts, sans limites, sans pauvreté : Il a envoyé son Fils, pour nous prendre sur ses épaules, perdus et blessés que nous sommes, pour nous ramener auprès de Lui.

 

A ceux qui croient en Son Nom, il a donné le pouvoir de devenir des enfants de Dieu (Jn 1,12).

 

De même, ce ne sont pas nos œuvres seules qui nous glorifient, pas davantage nos qualités ou nos ascèses.

 

Certains s’appuient sur les chars d’autres sur les chevaux (Ps 19,8).

 

Seul le Christ peut nous faire franchir l’indicible, l’infinie distance qui depuis l’Exil nous sépare du Père. D’où notre soupir, aussi notre cri :

 

Aie pitié de moi pêcheur

 

Pourquoi ces paroles ?

C’est le moyen d’unir notre esprit à l’Esprit de Dieu, c’est permettre au Christ de nous libérer des esprits déchus qui enténèbrent notre intelligence et encombrent notre cœur. Si je regarde ma vie, dans ses déchirures, si je regarde le monde meurtri par la violence, le cosmos pollué, blessé par l’inconscience humaine, il me faut bien admettre que la création est une scène sur laquelle jouent les esprits impurs.

 

Les esprits de vaine gloire, dispersion, ignorance, paresse, tromperie, déraison, folie.

 

Or le cœur de l’Homme est la scène sur laquelle le Christ devrait tenir le trône royal, le cœur c’est le lieu que le Seigneur a choisi pour me rencontrer.

 

BIENHEUREUX LES CŒURS PURS, ILS VERRONT DIEU

 

Si le Christ demeure en nous, nous sommes dans le royaume de Dieu, mais nous n’arrivons pas à y demeurer parce que le Malin nous attire dans le monde par toutes sortes de pensées et de désirs. Ce monde, c’est le monde passionnel qui nous aveugle et nous détruit :

 

Seigneur Jésus, aie pitié de moi : sauve moi, libère moi !

 

Saint Macaire, moine en Egypte vers le 9ième siècle dit :

Le cœur est un tout petit récipient, mais toutes choses se trouvent contenues en lui. Dieu est là, et aussi les anges et la vie, et le Royaume, les cités célestes et les trésors de la grâce

 

Notre cœur n’est pas un simple organe physique, il est le lieu de Dieu, le trône de l’Esprit, c’est là que nous naissons à notre nom. Notre cœur est notre intériorité la plus profonde, il est notre conscience véritable lorsque notre intelligence l’éclaire.

 

Je te donne un cœur sage et intelligent, dit le Seigneur au Roi Salomon (1 Rois 3,12).

 

L’intellect est là où se trouve l’attention, ce sont deux réalités inséparables.

 

Concentrer l’intellect dans le cœur veut dire établir l’attention dans le cœur et voir mentalement devant soi le Dieu invisible et toujours présent.

(Saint Théophane le Reclus -19ième siècle).

 

Notre cœur seul ne peut rencontrer Dieu malgré tout notre travail de purification, il nous faut demeurer en nous-mêmes avec notre intellect uni au cœur. Le Créateur nous a donné l’intelligence afin de recevoir la sagesse, la lumière, la connaissance spirituelle qui lui est insufflée par le Saint Esprit.

 

Ce sont les yeux de l’intelligence qui ouvrent les portes du cœur (Saint Calliste).

 

Mais le plus délicat, le plus difficile c’est de garder l’union intellect-cœur. Depuis le détournement de la conscience d’Adam, notre intellect s’est échappé du cœur comme un passereau du filet de l’oiseleur. Nous vivons dans une intelligence extérieure, rationnelle et psychique, selon les lois du monde, non de l’Esprit.

 

Entrez avec ardeur dans votre cellule intérieure, et vous verrez la demeure céleste, car elles ne font qu’un, et il n’y a qu’une seule entrée pour toutes les deux. Une seule porte : le Seigneur Jésus Christ.  (Saint Isaac le Syrien -IXième siècle).

 

Nous pouvons dire que le cœur humain est le corps intérieur, invisible, il est soit Maison de Dieu, soit un tombeau quand le Malin y règne, mais restauré par le Christ, il recèle une profondeur infinie.

 

Un cœur purifié devient le lieu où notre véritable identité est rétablie, il est le centre de notre être.

 

Le cœur dirige tout l’organisme, et lorsque la grâce occupe les pâturages du cœur, elle règne sur toutes les pensées et tous les membres. Car c’est là qu’est toute l’intelligence, et que sont toutes les pensées de l’âme. (Saint Macaire)

 

Toutes les Traditions veillent à la purification du cœur parce qu’il est l’habitacle de la Divinité : le Trône de Dieu, dit l’Islam, la demeure de Brahmâ, en Inde. Dans l’Egypte pharaonique, le cœur était considéré comme : le siège sacré des sentiments, de la pensée, de l’intelligence et de la volonté. Pointe suprême de la conscience, le cœur assumait la responsabilité des actes de l’individu et à ce titre, subissait l’épreuve de la psychostasie (du jugement) après la mort de son possesseur.  (Christian Cannuyer, L’origine égyptienne de la prière du cœur)

 

Dans la Bible, le cœur tient le rôle central de la vie spirituelle. Il est associé à l’esprit

 

Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous et je ferai que vous suiviez mes prescriptions et pratiquiez mes ordonnances (Ez 36, 26-27).

 

Dans la première alliance, le cœur est dans l’Homme, son point de contact avec la Grâce divine,

 

Ecoute Israël, Adonaï notre Elohîm, Adonaï Un, et tu aimeras Adonaï, ton Elohîm, de tout ton cœur, et de tout ton être, de toute ton intensité. Ces paroles que je vous ordonne moi-même aujourd’hui seront sur ton cœur (Deut 6, 4-5-6).

 

Mais Israël reconnaît que son cœur est double (Is 10,2), dévoyé et rebelle (Jr 5,23), incirconcis (Lv 26,41), aussi il supplie Adonaï avec un cœur contrit et brisé :

 

O Adonaï crée en moi un cœur pur, renouvelle en mon sein un esprit affermi (Ps 51, 12).

 

Et Dieu promet qu’Il conclura avec son peuple une alliance éternelle :

 

Je leur donnerai un cœur pour connaître que je suis YHVH. Ils seront mon peuple et moi je serai leur Dieu ; car ils reviendront vers moi de tout leur cœur (Jer 24,7).

 

Le cœur nouveau c’est le Seigneur Jésus Christ : l’Incarnation du Messie, c’est une greffe du cœur, désormais le Cœur du Christ bat dans le nôtre. C’est pourquoi il nous faut veiller, garder notre cœur. Celui qui veut voir le Christ, doit purifier son cœur, et notre esprit, notre intellect, c’est la lampe donnée par le Créateur pour illuminer le cœur. Si nous ne sommes pas vigilants, les esprits malins s’y introduisent sournoisement et l’aveuglent de pensées destructrices.

Ayons aussi un regard clair sur nous-mêmes afin de ne pas confondre le cœur –esprit avec l’âme qui est notre perception sensible, notre psyché. L’âme appartient au monde psycho-physique, elle est mouvante, ses sentiments iront de la jouissance au trouble, de la joie à la tristesse, de l’amour à la haine. Si le désir de l’âme n’est pas alimenté par la joie céleste qui règne dans le cœur, alors elle se tourne vers les désirs purement terrestres et elle va fragiliser le corps, car notre âme s’exprime par notre corps.

 

Glorifiez donc Dieu dans votre corps (1Cor 6,20).

 

C’est pourquoi relevons l’importance du corps dans la prière, dans la vie spirituelle. Importance signifie : ouverture, accueil, écoute, respect…Trop souvent nous ne ressentons notre corps que par ses besoins et ses souffrances, l’attention que l’on porte alors au corps a pour objet les plaisirs de toutes sortes, et le souci de demeurer en bonne santé pour ne pas mourir. Et nous voici dans le monde de l’automatisme, dirigés par la houle de nos pensées et de nos désirs. Toutes nos recherches de convoitises sont des compensations du désir de la rencontre divine qui respire en nous, et nous confondons avec l’illusion du désir qui nous avilit et nous défigure.

Dieu n’est pas l’objet du désir, Il est Désir, et lorsque mon cœur est purifié, je deviens désir pour l’Unique Désir, alors se fait la rencontre

 

Pose moi comme un sceau sur ton cœur (Cantique des Cantiques)

 

Il en va de même pour notre souffle auquel se mêle l’Esprit divin, le Souffle d’Adonaï. Notre esprit est souffle, et c’est dans l’union du cœur et du souffle que se forge la rencontre, la connaissance et la vision de la Réalité céleste qui demeure en nous. Lorsque notre respiration n’est pas consciente, notre souffle se fait court. Cela ne respire plus en nous, or notre respiration est spirituelle et notre esprit est souffle.

 

L’Esprit de Dieu m’a créé, le Souffle du Tout-Puissant m’a donné la vie (Job, 33,4).

 

Nous sommes respirés. Lorsque nous habitons notre souffle, nous contrôlons les mouvements de nos pensées et nous devenons intuition, inspiration, et notre souffle est le moteur qui ramène l’intellect dans le cœur. Si nous ne vivons pas dans le rythme profond du souffle, alors notre cerveau est surexcité, nous nous considérons comme les rois de la création. Nous ne nous fions qu’en nos capacités cérébrales pour asservir à nos besoins les forces du cosmos, de là, toutes les formes de violence…

Tout besoin appelle sa réalisation pour sa satisfaction. Pour satisfaire ses envies, l’Homme est tiré hors de lui-même, de sa perception profonde, de son cœur, c’est le cerveau qui met le cœur à son service en le tirant vers l’extérieur dans un souffle inconscient, ainsi l’Homme se fabrique une autre conscience matérielle et sensorielle coupée de la conscience cordiale et le désir de Dieu se transforme en désirs idolâtres.

 

L’état de l’intellect est la hauteur des intelligibles qui ressemble à la couleur du ciel, au-dessus de laquelle se lève à l’heure de la prière, la lumière de la Sainte Trinité.

(Evagre le Pontique).

 

C’est la douloureuse conscience de l’éloignement de cette Réalité, qui fait monter de notre cœur cet appel, cette prière :

 

Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu, aie pitié de moi pêcheur

 

 

BIENHEUREUX LES MISERICORDIEUX

 

« Aie pitié » oui, c’est un cri de détresse, « je meurs, Seigneur Jésus, sauve moi, délivre moi de la mort amère dans laquelle je sombre sans pouvoir me ressaisir ». Cette plainte, ce gémissement ouvre le cœur de Dieu. Ses entrailles frémissent :

 

Ephraïm est-il donc pour moi un fils chéri ?

Un enfant qui fait mes délices.

Car plus je parle de lui, plus encore son souvenir est en moi.

Aussi mes entrailles frémissent en sa faveur.

J’aurai pitié de lui, dit Adonaï (Jér.31, 20)

 

Le mot « pitié » signifie « miséricorde » c’est-à-dire tendresse infinie, le visage même d’Adonaï qu’Il révèle à Moïse sur l’Horeb :

 

Adonaï, Adonaï, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité (Ex 34,6)

 

Dans sa tendre miséricorde Dieu se donne tour à tour comme Père, comme Mère, comme Epoux.

 

Mon cœur se fond en moi, toutes mes entrailles frémissent

 

Israël sait, car il l’a expérimenté, qu’il est l’enfant chéri de Dieu qui l’a arraché à l’esclavage, mais il se détourne, et lorsqu’il subit les affres de sa trahison, il crie vers Dieu :

 

Le frémissement de tes entrailles et ta miséricorde ne se font plus sentir envers moi (Is 63,16).

 

Implorer la pitié divine, c’est implorer Sa Miséricorde, c’est être sûr de Son Amour, de Sa Tendresse, de Son Pardon.

 

Et vous serez allaités, vous serez portés sur les bras.

Et caressés sur les genoux (Is 66,12)

 

« Miséricorde » est devenu au cours des âges une sorte d’apitoiement sur le malheur de l’autre, or il s’agit pour Dieu d’un amour matriciel : une tendresse indicible qui jamais ne finit de se donner, de transmettre la vie, le prophète Isaïe le réalise si bien :

 

Est-ce qu’une femme peut oublier son nourrisson, ne plus aimer le fils de ses entrailles ?

Même si une femme était capable d’oublier, moi je ne t’oublierai pas. (Is 49, 15).

 

Ma plainte jaillit de mes propres entrailles qui désirent s’abandonner dans les entrailles de Dieu.

La miséricorde divine ne nous traite pas selon nos péchés, elle ne nous juge pas, elle est patiente mais corrige et pardonne à ceux qui reconnaissent le mal qu’ils ont commis :

Adonaï attendra pour vous faire grâce

Il s’élèvera pour vous faire miséricorde…

Ne pleure pas, ne pleure pas !

A la voix de ta clameur, Il te fera grâce à t’entendre, Il te répondra (Is 30, 18)

 

Oui, la prière est une synergie divino-humaine.

 

Adonaï, que ta miséricorde descende sur moi,…

Je t’invoque, sauve moi… (Ps 119, 41-146)

Délivre moi du sang versé

Et ma langue célébrera ta miséricorde (Ps 50,16)

 

La tendresse de Dieu pour l’Homme dure à jamais : même si tout semble s’écrouler autour de moi, en moi, je puis affirmer avec saint Paul :

 

Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, oui, j’en ai l’assurance, ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni présent, ni avenir, ni puissance, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur (Rom 8, 38).

 

C’est que l’Amour indicible de Dieu pour ses fils s’est incarné en son propre Fils, issu de Ses entrailles. Toute la vie du Seigneur Jésus, Ses Paroles, Ses Actes, Sa Croix, Sa Résurrection, Sa Transfiguration, et Sa montée vers le Père incarnent la miséricorde du Père Céleste pour « le fils prodigue » qui l’implore.

 

 

LA DOULOUREUSE JOIE

 

Lorsque je contemple la Miséricorde divine, je prends d’abord conscience que je ne me laisse pas aimer par Dieu, donc, détourné de Son Amour, comme Adam et Eve, je ne sais aimer ma réalité profonde, et par voie de conséquence, je ne puis aimer mon frère. Cette douloureuse révélation engendre mon cri :

 

Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu

Aie pitié de moi pécheur

 

Quel bouleversement dans mon être pour me conduire à de telles paroles : moi, je suis pécheur !

De quelle réalité s’agit-il ? Qu’est-ce qu’un pécheur ?

Le pécheur est celui qui est chargé du poids de son péché, or le péché est une maladie sournoise qui ronge l’Homme tout entier jusqu’à ce qu’il en meure. C’est le péché qui tue l’Homme, rompt l’alliance divine, donc nous coupe de la vie.

Le péché n’est pas une violation d’interdits, il englue dans le non-sens, paralyse, dépersonnalise. Il ne s’agit pas d’un simple ordre moral mais de la perte de l’être. L’enfer ce n’est pas après la mort.

 

J’ai nourri et élevé des enfants

Mais ils se sont révoltés contre moi…

La tête entière est malade,

et tout le cœur est souffrant

De la plante des pieds jusqu’à la tête

rien n’est en bon état

Ce ne sont que blessures, contusions et plaies vives (Is 1, 2-6).

 

Lorsque nous péchons, nous péchons contre le Miséricorde divine, nous blessons le cœur de Dieu dans la mesure où nous détruisons la vie qu’Il a insufflée en nous et celle de nos frères. Le péché atteint Dieu dans son dessein de Vie, d’Amour, le péché c’est notre dette envers Dieu. Le péché que dénoncent déjà les prophètes, est le même aujourd’hui, c’est une réalité bien concrète :

 

Violences, rapines, jugements iniques, mensonges adultères, parjures, assassinat, vol, meurtre sur meurtre (Is., Os., Am., Mi)

 

Celui qui se reconnaît pécheur supplie Dieu de le sauver. Dans sa lente maturation, Israël prend conscience que la guérison du péché est un acte réservé à Dieu seul car le péché touche à la rupture d’avec Elohîm, la Divine Trinité. Israël comprend que Satan est lié au péché, c’est la continuation du drame qui s’est joué dans le Paradis : vivre sans Dieu, à la place de Dieu, c’est pourquoi il supplie :

 

Fais nous revenir, et nous reviendrons (Luc 5, 21)

 

Israël ne veut pas mourir, et Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais la vie, dans son dessein de miséricorde, Il envoie Son Serviteur, Son Fils, le mystérieux serviteur qu’annonce le Premier Testament :

 

Adonaï m’a appelé dès ma naissance.

Il m’a nommé dès les entrailles de ma mère…

Il m’a dit : Tu es mon serviteur… (Is 49, 1-3).

 

Obéissant jusqu’à la mort, Jésus fait sienne la mission du Serviteur. Il est venu vivre au milieu des pécheurs car :

 

Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades.

Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs (Marc 2, 17).

 

C’est dans le Christ Jésus, le Visage, l’Image de la Miséricorde que nous pouvons nous réconcilier avec notre cœur profond. Dans cette réconciliation se trouve l’essence de la miséricorde qui est l’acte recréateur de Dieu toujours présent, pour celui qui a senti reposer sur lui le regard d’infinie miséricorde divine, lorsqu’il se reconnaît pécheur. Sans cela, aucun homme ne peut guérir son propre cœur et libérer sa conscience.

 

Le Christ est l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (Jn 14, 29)

 

Lorsque Jésus institue l’Eucharistie, après avoir pris la coupe de vin et rendu grâce, Il la donna à ses disciples en disant :

 

Buvez en tous, car ceci est mon sang, celui de l’Alliance, qui est répandu pour beaucoup en rémission des péchés (Matt 26, 28).

 

C’est dans son sang que Jésus lave nos péchés. Nous n’avons plus besoin d’être minés par la culpabilité, la honte, ni de masquer nos désarrois, et par dessus tout nous n’avons pas à vivre dans la peur du jugement divin.

Ce qui est premier, c’est de reconnaître ce qui nous éloigne de Dieu, de notre cœur, de nos frères, alors nous entrons dans l’attitude du « fils prodigue ».

 

Aie pitié de moi pécheur.

 

Le péché ne se commet pas d’abord dans les actes, mais dans la transgression des commandements divins qui nous ont été donnés par Dieu comme des luminaires, des phares sur notre chemin de vie, afin qu’aucun d’entre nous ne se perde.

Ces commandements, le Christ les a résumés en un seul :

 

Voici mon commandement : Aimez vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.

Il n’est pour personne de plus grand amour que de livrer son être pour ses amis

 (Jn 15, 12-13).

 

Le Christ a pris sur Lui tous les péchés, c’est pour cela qu’Il reste en agonie jusqu’à la fin du monde (Pascal). Par Sa mort et Sa Résurrection le Christ ne triomphe pas seulement du péché c’est-à-dire de Satan qui a voulu et continue à vouloir déloger Dieu de nos cœurs, mais dans Sa Grande Miséricorde, Il nous tire de l’enfer du péché pour nous conduire dans la lumière de la Résurrection.

 

Le Christ a aboli le péché et il a transformé le sens de la souffrance injuste née du péché. Désormais la souffrance n’est plus liée au péché d’Adam, mais une participation à l’amour du Christ.

 

La garde de ma vie, le Christ l’a confiée à l’Esprit Saint comme Il nous l’a promis. Mais je demeure libre : demeurer dans le péché, telle une souris dans les griffes d’un chat, ou me tourner vers le Christ miséricordieux, comme une biche égarée bondissant à la voix de Son Maître.

 

Sur la Croix, le côté du Christ a été blessé pour apporter à ceux qui croiront en Lui et viendront à Lui, l’eau et le sang : l’eau pour laver l’impureté du péché, le sang pour anéantir son propre pouvoir. Bienheureux ce jour où le côté du Christ a été ouvert sur la Croix, pour que le pécheur puisse y trouver sa justice, sa sainteté et sa rédemption (Père Matta El-Maskine, La communion d’amour).

 

Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu

Aie pitié de moi pécheur

Rachel Goettmann

Article de la revue Le Chemin N°60

 

 

Le prochain article du « Chemin » nous conduira sur le chemin de « Retour », voie sur laquelle nous conduit la « prière de Jésus ».