CALENDRIERS
1. A l'origine du calendrier copte: le calendrier égyptien ancien
Tout
au début de l'époque archaïque, avant le IVe millénaire,
les Egyptiens utilisaient, pour leurs datations, lecycle lunaire, qui compte
354 jours.
Les douze mois lunaires comportaient alternativement 29 et 30 jours.
Ce calendrier, toujours en usage comme calendrier religieux chez les musulmans,
aboutit à un décalage annuel de 11 jours par rapport à
l'année solaire: ceci explique que les fêtes musulmanes ou
le mois du Ramadan tombent successivement à toutes les saisons.
Tous les 32 ou 33 ans, le début de l'année lunaire peut coïncider
avec le début de l'année solaire.
C'est probablement au XXVIIIe siècle av. Jésus-Christ, durant
la IIIe dynastie de l' Ancien Empire pharaonique, que l'Egypte s'est dotée
d'un calendrier beaucoup plus fixe, fondé sur l'apparition annuelle
d'une étoile très brillante, Sirius (Sopedet, spdt,
en Egypte ancienne, Sotis à l'époque hellénistique,
Sirius par la suite) ; le lever héliaque (en même temps que
le soleil) de Sirius en Egypte coïncidait avec la crue du Nil, pendant
l'actuel mois de juin.
Ce lever héliaque n'est visible en Egypte qu'une fois par an, aussi
l'année égyptienne comprit-elle à partir de ce moment
365 jours, répartis en 12 mois de 30 jours, et un 13e mois rajouté
de 5 jours, " épagomène".
Chaque mois comportait trois semaines de dix jours chacune. Ce système
ne tenait pas compte du quart de journée supplémentaire par
année que comprend le cycle solaire, sur lequel était pourtant
fondée toute l'année agricole des anciens Egyptiens, qui comportait
3 saisons correspondant à la période de l'inondation, Akhet,
de la germination, Peret, et de la moisson, Shemou.
Tous les 1460 ans, le début de l'année de Sirius tombe avec
le début de l'année du cycle solaire.
A ce moment-là, on peut considérer cette année comme
l'an 1460 de l'année solaire et 1461 de l'année de Sirius.
Lorsque les Egyptiens se rendirent compte qu'il manquait un jour tous les
quatre ans, vers la fin de l'époque pharaonique, sous Ptolémée
III, le décalage fut partiellement corrigé, en 238 av. J.-C.
à Canope (ville qui se trouvait près d'Alexandrie) par les
prêtres égyptiens astronomes: on ajouta 1/4 de jour, soit 6
heures, c'est-à-dire concrètement un jour tous les quatre
ans, à chaque année du cycle de Sirius; c'est le " décret
de Canope ", dont on possède quatre exemplaires (trois au
musée du Caire, un au musée du Louvre).
Les Egyptiens ont ainsi corrigé leur calendrier en gardant leurs mois de 30 jours et en ajoutant tous les 4 ans1 jour au mois épagomène.
2. Le calendrier julien
Le calendrier égyptien fut à nouveau révisé et corrigé à l'aube de l' occupation romaine de l'Egypte, vers l'an 40 av. J .-C., à l'initiative de Jules César, d'où le nom de " Julien " attribué à ce calendrier; il compte 12 mois de 30 ou 3 I jours, avec en février 28 jours pendant 3 ans, et 29 jours tous les 4 ans (années bissextiles) ; le calendrier julien attribua des noms d'origine latine aux 12 mois de l' année. Le calendrier julien est donc une adaptation du calendrier égyptien corrigeant les calculs à la façon romaine; pour cette raison, on peut établir une concordance fixe entre le calendrier copte et le calendrier julien,
3. Le calendrier grégorien
En
1582 ap. J .-C., le pape Grégoire XIII de Rome moditia le calendrier
julien sur l'avis de ses astronomes qui avaient remarqué 10 jours
de décalage entre la date des fêtes fixées au concile
de Nicée en 325 ap, J.-C. et celles de son époque.
Ils en déduisirent qu'il y avait dans le calendrier 11 minutes 14
secondes de trop chaque année. Les astronomes relevèrent également
un excédent de 22 secondes par an dans le calendrier lunaire.
Ces observations aboutirent au résultat suivant: addition d'une journée
supplémentaire tous les 128 ans, soit 10 jours jusqu'en 1582, et
13 jours et 2 heures entre 1582 et 2000. Pour cette raison, le 5 octobre
1582 est devenu le 15 octobre de la même année.
Le calendrier grégorien est celui qui est le plus largement utilisé
actuellement.
4. Les ères
En
Occident, au Vie siècle de notre ère (532 ap. J ,-C.), un
Romain du nom de Dionysos calcula la date de la naissance du Christ comme
étant l'an 753 de la fondation de Rome.
On sait maintenant par des repères historiques tels que la mort d'Hérode
le Grand, le chapitre 3 de l'évangile de Luc et les textes de Flavius
Josèphe, que Dionysos commit une erreur de 4 ans, si bien que le
Christ est né 4 ans avant le début officiel de l'ère
dite chrétienne.
Toujours est-il que la naissance du Christ tele qu'elle fut calculée
par Dionysos allait désormais servir de point de départ en
Occident pour les années de l'ère chrétienne.
Jusqu'au troisième siècle de notre ère, les Egyptiens
n'avaient pas de point de repère très tixe pour compter les
années: l'habitude voulait que l'on prenne comme point de départ
l'année de l'accès au trône du souverain régnant.
A partir de 284 ap. J,-C., date de l'accès au trône du tyran
romain Dioclétien, qui déclencha une persécution sans
précédent contre les chrétiens, particulièrement
sanglante en Egypte, cette date devint le point de départ de 1'"
ère des Martyrs " ou " ère copte ",
symbolisée par les lettres A.M. (Anno Martyrium).
Pour établir une concordance entre l'année de l'ère
copte et celle du calendrier grégorien, il faut donc enlever 283
ans ( du 11/12 septembre au 31 décembre) ou 284 ans ( du 1er janvier
au 11/12 septembre) à l' année grégorienne pour obtenir
l'année copte ou ajouter 283 ans (du 1er tout au 21/22 kyahk) à
284 ans (22/23 kyahk au 5e ou 6e jour épagomène) à
l'année copte pour obtenir l'année grégorienne.
Ainsi, l'an 2001 ap. J.-C. correspond aux années 1717-1718 de l'ère
des Martyrs.
5. L'année copte et ses correspondances avec les mois juliens et grégoriens
L'année
copte débute à la date qui correspond actuellement au 11 ou
12 septembre du calendrier grégorien.
Le Nouvel an copte, ou " Nairouz ", était une fête
traditionnelle en Egypte; on la célèbre à l'Eglise
par une veillée de prière suivie d'une liturgie à l'aube,
de 4 heures à 7 heures du matin.
Les 12 mois coptes ont gardé les noms égyptiens du premier
millénaire av. J .-C, ; voici la liste de ces mois, tels qu'ils sont
prononcés actuellement par les Egyptiens, et avec les dates qui leur
correspondent dans les calendriers julien et grégorien :
Mois
coptes
|
Mois
juliens
|
Mois
Grégoriens
|
|
1 | tout | août/septembre | septembre/octobre |
2 | bâbâ | septembre/octobre | octobre/novembre |
3 | hâtour | octobre/novembre | novembre/décembre |
4 | kyahk | novembre/décembre | décembre/janvier |
5 | toubah | décembre/janvier | janvier/février |
6 | amshîr | janvier/février | février-mars |
7 | barmahât | février/mars | mars/avril |
8 | barmoudah | mars/avril | avril/mai |
9 | bashans | avril/mai | mai/juin |
10 | ba'ounah | mai/juin | juin/juillet |
11 | abîb | juin/juillet | juillet/août |
12 | misra | juillet/août | août/septembre |
13 | al-nasi (jours différés) | 24-28 août | septembre |
29 août tous les 4 ans |
La
semaine copte s'est modelée sur la semaine juive de 7 jours, avec
le dimanche (Jour du Seigneur) comme premier jour; le jour civil commence
le matin, mais, comme dans la tradition vétéro-testamentaire,
la journée liturgique commence le soir, au coucher du soleil,
Sources: The Coptic Encyclopedia, New York, Macmillan, 1991, pp. 434-444; Christian CANNUYER, Le.) Copte,), Maredsous, Belgique, éd, Brépols, 1996, pp. 22-225; Férial GOKELAERE-NAZIR, " Le calendrier copte ", communication donnée à la Table ronde sur " Les calendriers et leurs implications cuturelles " , organisée le 16 juin 2000 par le Groupe de Recherches de la Faculté des Langues de l'Université de Lyon III, à paraître dans les Actes de cette journée.