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L'ACTION SPIRITUELLE
par

LE PERE MATTA EL MASKINE

père spirituel du Monastère de Saint Macaire

 



L'ACTION SPIRITUELLE


Notre cheminement s'établit sur un fondement qui demande à être dégagé aussi bien pour les débutants que pour ceux qui déjà se sont décidés à poursuivre cette marche jusqu'au bout.

Ce fondement, c'est la découverte d'un réel et ardent amour envers Dieu; une foi dépourvue de toute sollicitude en dehors de Dieu seul; un tranquille abandon à la volonté de Dieu; une constante disposition au renoncement à soi.

Cette base est en réalité le contenu des commandements de Dieu.

C'est l'évangile devenu règle de vie.

Ces quatre points ne sont pas obligatoirement et intégralement des conditions qui doivent figurer dans notre existence avant que commence le cheminement, il est cependant nécessaire d'en disposer d'une certaine façon dans notre âme et d'en éprouver le désir.

Mais ce fondement en soi ne suffit pas pour former notre esprit ni pour garantir un cheminement sans danger.

Il est encore autant difficile de parvenir au but du cheminement: l'aboutissement au royaume de Dieu et l'union avec Dieu.

Sur ce fondement, il y a donc lieu d'établir une action qui serait de même nature que le fondement et au jaillissement continuel.

Une action qui s'accomplit dans l'homme grâce à Dieu.

Une action menée à travers les tentations, les épreuves et les multiples peines qui, du dedans ou du dehors, atteignent l'homme.

Une action qui s'accomplit, tout au long du chemin, par la pratique de la pénitence, par la soumission et l'abandon à Dieu de la volonté. Cette action met ainsi à l'épreuve la puissance et la solidité de ce fondement.

Elle en affermit l'emprise et accroît l'étendue de sa base. Peut-on oublier comment le Christ a exprimé l'amour qui lui a fait accepter les souffrances et comment il a appris l'obéissance par la souffrance?

L'obéissance jusqu'à la mort?

Comment son plein abandon à été encore une fois mis à l'épreuve quand il s'en dégagea du haut de la croix: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?".

Comment il exerça le renoncement à soi dans les souffrances volontaires de Gethsémani: "Que ce soit ta volonté et non la mienne", pour aboutir enfin à "tout est consommé".

Tout au long de sa vie, il est clair que le Christ, sur terre, ne cherchait pas à s'asseoir à la droite de la grandeur du Père, mais plutôt à accomplir sa volonté.

C'est pourquoi il ne faut pas, tant que nous sommes en chemin, fixer nos regards sur des faveurs ou des dons de Dieu à obtenir.

Même de simples faveurs ne doivent être un objet de demande instante dans notre prière. Il suffit d'accomplir de tout son coeur la volonté de Dieu et de donner pour but à notre action sa volonté, en toute soumission et avec reconnaissance, quelle que soit la situation par lui permise; quelle que soit l'occasion qu'il choisisse pour nous, en ayant confiance d'être sous sa protection quoi qu'il advienne.

Ce dont nous avons besoin dans notre action, c'est d'un grand attrait pour la perfection chrétienne, - elle seule plaît à Dieu - mais un attrait conforme à son désir à lui et la manière qu'il choisit.

La perfection n'est pas l'objet d'un souhait projeté dans un avenir obscur mais plutôt un besoin de l'esprit, dans le moment même actuellement vécu.

Maintenant nous possédons nos intentions et nous pouvons les offrir à Dieu, tandis que l'avenir, Dieu le possède en totalité et nous n'en possédons absolument rien que nous pourrions lui donner.

Qui croît pouvoir offrir son avenir à Dieu demeure semblable à celui qui ferait don d'un capital illusoire.

On ne connaît rien de l'avenir; il n'est pas dans le champ de notre pouvoir, et spirituellement, il est indiscernable. L'instant que nous vivons maintenant est tout ce que nous possédons de l'existence.

Dans l'instant présent, nous prenons conscience de nous-mêmes, nous pouvons discerner avec clarté ce qu'il y a en nous de défectueux, mais aussi, ce qu'il y a de moyens inexploités.

Là aussi, nous pouvons contempler, selon ce qui est réellement en nous, la volonté de Dieu vis-à-vis de ce que nous avons à faire.

La perfection chrétienne se précise pour nous à présent en fonction de la réalité que nous percevons; parce qu'elle existe en nous et que nous la voyons si nous le voulons, aussi clairement qu'à présent le ciel est au-dessus de nous et la terre en dessous...

Mais si nous prenons du recul pour examiner notre passé, nous l'apercevons enténébré et dispersé comme par un vent qui nous prend et nous dépasse sans que nous puissions le poursuivre ou savoir où il est allé.

Si nous portons là notre imagination, nous nous enfonçons dans nos pensées, nous allons à l'échec ou du moins à l'imperfection.

Et si nous essayons de percevoir l'avenir; nous nous enfermons dans la prévision de pensées embrumées et obscures qui gênent notre vision et nous privent de discerner la perfection que Dieu souhaite pour nous.

Ainsi notre espérance ne porte que sur la réalité établie devant nous en vue de l'action lucide; car si nous perdons la finesse du présent en nous et manquons, par indolence, d'agir en ce moment seul opportun, c'est la vie entière qui nous échappe.

Nos actions cependant, bien qu'elles puissent enfermer un amour, une foi, un renoncement à soi, un abandon à la volonté de Dieu, ne nous amènent pas par elles-mêmes à un état de sainteté; elles ne nous disposent à aucun don; elles ne peuvent même pas nous introduire dans un état de pleine sécurité et de paix.

Qui donc peut accorder tous ces donc? C'est Dieu... Le Dieu qui ne cesse de conduire l'âme docile dans les chemins difficiles et les épreuves, d'obscurité en obscurité, parmi les inquiétudes provoquées par des faits qui n'ont apparemment aucun but.

Cela pour la mener, par l'affrontement au réel et l'acceptation de pénibles épreuves à passer à travers le drame du monde et l'inimitié des méchants; par là, Dieu l'initie à des dons inaperçus et au maintien d'une haute spiritualité.

Les dons de Dieu ne sont pas entre les mains des anges ni dans les hauteurs des cieux. Ils se rencontrent dans les confrontations quotidiennes qu'occasionnent pour nous la chair, le monde et les hommes.

A elles seules, ces confrontations ne procurent pas le don de Dieu; mais c'est pour Dieu que nous nous abstenons des fautes de la chair, que nous affrontons le mal qui existe dans le monde et qui existe dans l'homme.

Le don de la lucidité spirituelle découlant seulement des obscures ténèbres que l'esprit traverse dans l'inquiétude et l'étonnement de ses épreuves, aux prises avec le réel où se trouve cachée la vérité.

La vraie joie et la fidèle persévérance ont pour source voilée les peines et les douleurs que l'homme est d'abord porté à repousser.

Mais avec la patience, l'homme finit par découvrir qu'il n'y avait là qu'une fausse contrainte masquant une vérité ferme et constante, et rayonnant dans l'esprit d'une joie divine non menteuse. L'amour divin, dans sa grâce et son immensité, l'homme ne peut le savourer qu'après le passage de son esprit sous le pressoir de l'inimitié, de la haine, de l'exaspération des hommes.

Mais de soi, l'obscurité ne produit pas de la lumière, et de soi la tristesse n'établit pas la joie, pas plus que la haine ne fonde pas l'amour. Ainsi de soi, la terre ne produit pas les plantes, il faut la graine, semée avec attention et soins.

Et même, ce n'est pas n'importe quelle graine mise en terre qui germe, mais seulement celle qui contient la vie!

Pareillement, faut-il que l'esprit soit vivant et dans un état de parfaite soumission à Dieu pour que la main de miséricorde le place dans la terre des épreuves avec les soins et de la manière qui l'aideront à profiter de l'obscurité, de la douleur, de l'écrasement et lui communiquer ainsi le mouvement de vie éternelle, où se manifestent les attributs de l'éternité: joie, amour, paix et persévérance.

Nous constatons ainsi qu'à l'homme en chemin, il est recommandé d'être en état d'éveil permanent à l'égard de toute la réalité de sa vie, portant son regard attentif sur ce qu'il y a en lui de vérité omniprésente, exigeante d'action et de labeur.

Il lui est recommandé d'être prêt à affronter toute circonstance incommode et tout antagonisme, dans une attitude positive qui sait voir les dangers réels, tirant profit de tout ce qui s'effectue en lui ou pour lui, s'unissant à Dieu en toute tentative, lui soumettant entièrement sa volonté, sans inquiétude ou trouble, quelle que soit la situation et sans angoisse ni hésitation, si longue que soit l'épreuve.

Cela sans se hâter de présumer la cause et sans se presser non plus de connaître les conséquences...

 


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