"L'action spirituelle" est une exhortation adressée
à la communauté des moines de Saint-Macaire par l'abbé
Matta-El-Mesquine, le père Supérieur du monastère
même.
C'est
un ermite qui a la connaissance approfondie des Ecritures et de la tradition
ecclésiastique.
De l'aveu
de tous les siens, il est l'orateur le plus éloquent et le théologien
le plus en vue actuellement au Moyen-Orient.
"L'action
spirituelle" était, au point de départ, un discours
oral improvisé, en mars 1965, pour un auditoire composé
d'une vingtaine de moines et qui a été repris, par la
suite, rédigé et édité par le monastère
dans le but de l'édification spirituelle des moines et des laïcs.
Ces
moines, instruits et sérieusement appliqués à la
recherche de la perfection, montraient un grand zèle pour l'étude
et le faisaient avec un souverain plaisir et une grande utilité
pour leur âme.
Généralement,
ils ne font pas profession d'ignorance ni même de science. Ils
veulent simplement être non des savants, mais des chrétiens
parfaits. Ils apprécient toujours les oraisons, les lectures
et les études propres à leur faciliter la poursuite du
but qu'ils poursuivent, c'est-à-dire la perfection dans le Christ.
Ils
placent la sainteté de la vie et la doctrine qui règlent
les actions et les pensées humaines au-dessus des subtilités
où se perd la science des conceptions vagues que produit parfois
la philosophie.
Si nous
avons entrepris de transcrire "l'action spirituelle",
ce n'est pas par une préférence spéciale que nous
attachons à ce texte, mais c'est plutôt, disons-le franchement,
par un pur hasard que cette oeuvre nous est tombée entre les
mains.
Mais
combien d'autres oeuvres de Matta-El-Mesquine sont remarquables par
leurs études approfondies sur la Bible, sur les dogmes chrétiens
et sur les événements dont il est lui-même témoin!
Le thème de "l'action spirituelle" est l'exhortation
à vivre dans le renoncement et à l'abri des distractions
pour connaître la grâce et la sérénité.
C'est
un thème classique chez les auteurs spirituels orientaux mais
Matta-El-Mesquine lui a donné un souffle particulier qui le distingue
des Anciens par l'intérêt et l'application qu'il porte
à l'étude sacrée, à la rhétorique
et à la philosophie.
C'est
d'ailleurs l'intérêt que nous attacherons à l'étude
de son texte qui représente un travail d'esprit copte contemporain
tout en transmettant une tradition propre à ses ancêtres
qui n'improvisaient pas la vie spirituelle ni ne l'apprenaient dans
des livres.
L'aspirant
à la vie monastique devait se placer sous la conduite d'un moine
ancien qu'on appelait "vieillard" qui était
lui-même jadis initié à l'ascèse par un autre
père spirituel.
Ainsi
se constituait une tradition spirituelle dans laquelle le disciple devait
s'insérer, pour en devenir un chaînon à son tour.
L'objectif
de cette tradition n'est pas tout simplement d'obtenir d'un moine qu'il
observe un certain nombre de règles et de préceptes extérieurs
dans un cadre de vie donné, mais de l'amener progressivement
à se conduire en tout selon l'impulsion intérieure du
Saint-Esprit.
Est-il
besoin d'ajouter que comme la plupart des "vieillards"
qui sont élevés à la dignité sacerdotale
ou au gouvernement de l'Eglise, Matta-El-Mesquine mérite cet
honneur par son savoir autant que par sa vertu?
Raymond
Bouchra