CONSEILS POUR LA PRIERE par Le Père Matta el-Maskîne,
Père du Monastère de saint Macaire en Egypte
Sachons donc que, lorsque Dieu nous attire à la prière, il ne
prend pas uniquement en considération notre propre salut, mais il désire
également employer nos prières pour le salut des autres. Aussi
la prière est-elle une oeuvre des plus fondamentale et des plus précieuses
aux yeux de Dieu. L'homme qui fait des efforts dans sa vie de prière
et qui progresse rapidement dans l'esprit d'abandon et d'obéissance
à la volonté de Dieu devient " un bon soldat du Christ
Jésus (2 TIM. 2,3) ". Le Seigneur lui-même l'appelle tous
les jours à se tenir en sa présence, et l'exerce à intercéder
en faveur des autres jusqu'à être exaucé. Il recevra bientôt
du Seigneur la puissance de sauver de nombreuses personnes et de les ra-mener
de la voie de la mort vers le sein de Dieu.
Le progrès de notre vie de prière se traduit par l'intimité
de notre amour envers Dieu. Cette intimité est la conséquence
directe tant de la satisfaction que Dieu éprouve à notre égard
dans de sa condescendance envers notre faiblesse que de l'ampleur de l'horizon
de notre humanité, c'est-à-dire de l'acuité de la conscience
que nous avons de notre devoir absolu envers les autres, de notre responsabilité
spirituelle en-vers les pécheurs et ceux dont la foi ou la charité
est défaillante, ceux qui souffrent ou sont opprimés, ceux qui
prêchent et annoncent la Parole.
Les degrés supérieurs de la prière, dans lesquels elle
s'élance vers la perfection, ont pour signe la supplication fer-vente
avec larmes en faveur des autres. C'est comme si notre progrès dans
la vie de prière nous était accordé en fait au profit
de nos frères faibles qui ne savent pas prier. " Priez les uns
pour les autres, afin que vous soyez guéris (Jc.5,16)".
Et lorsque saint Jacques nous enjoint d'appeler " les presbytres de l'Église
" pour qu'ils prient sur le malade qui souffre, afin de le guérir,
c'est parce que le prêtre est supposé être plus avancé
que les autres hommes dans la vie de prière, y avoir reçu plus
de grâces et avoir ainsi été mis à part pour se
consacrer à prier pour les autres.
Nous ne pouvons progresser dans les degrés de la prière, acquérir
une véritable assurance auprès de Dieu, ni re-recevoir le don
des larmes que dans la mesure du progrès de notre compassion envers
ceux qui souffrent et sont outragés (soit par les hommes, soit par
le péché) : " Souvenez-vous des prisonniers comme si vous
étiez emprisonnés avec eux et de ceux qui sont outragés,
comme étant vous aussi dans un corps (Hb. 13,13)".
Autrement dit, le progrès de notre intimité avec Dieu, qui a
son centre dans la prière, dépend fondamentalement du progrès
de notre connaissance des fardeaux des hommes et de notre disposition à
les porter avec eux avec plus de générosité.