CONSEILS POUR LA PRIERE par Le Père Matta el-Maskîne,
Père du Monastère de saint Macaire en Egypte
(2Co3,18)
Celui qui désire apprendre à obéir à la voix de
Dieu, pratiquement dans sa vie, doit commencer par une prompte docilité
à l'Esprit de la prière, dès que l'appel de Dieu se fait
entendre en son coeur. Par cela, l'obéissance à Dieu devient
aisée pour lui, même dans les circonstances les plus dures et
les plus difficiles.
Celui qui n'a pas appris, tout d'abord, à obéir à Dieu
par la prière continuelle, ne peut, dans les circonstances difficiles,
improviser une obéissance prompte, facile et sereine.
L'obéissance à Dieu par la prière du coeur continuelle
donne à l'esprit l'occasion de devenir plus fort que la chair et de
l'emporter sur les tentations, les plaisirs et les sollicitations de la chair.
Petit à petit, la chair perd toute son emprise sur l'homme et celui-ci
devient immanquablement docile à l'appel divin.
Celui qui n'apprend pas à être docile à Dieu par la prière
peut s'imaginer pouvoir obéir en toute occasion; mais dès que
survient l'appel de Dieu au don de soi et au sacrifice, il se trouve pris
au dépourvu devant la rébellion de la chair qui se cabre et
présente mille faux prétextes pour échapper à
l'appel de Dieu; en définitive, l'homme est réduit à
se soumettre à la chair en perdant la grâce; il se retire tout
triste, la tête basse.
L'obéissance à Dieu est une des exigences les plus difficiles
de la relation entre l'homme et Dieu. Des prophètes et des saints parmi
les plus grands y ont parfois trouvé une occasion de chute. Mais celui
qui s'exerce chaque jour par la prière à se soumettre à
la voix de Dieu parvient aisément à acquérir l'esprit
d'obéissance avec une spontanéité sereine. Car, par la
prière, il acquiert progressivement l'esprit d'abandon, c'est-à-dire
la disposition à confier sa vie entière à la direction
de Dieu et au dessein de sa grâce. L'obéissance devient ainsi
une partie intégrante de sa pensée, de ses sentiments et de
sa volonté, et cela transparaît dans son comportement.
Le Christ lui-même, a-t-on dit, a appris l'obéissance. Lui, le
Fils de Dieu, le Seigneur de la gloire Tout Fils qu'il était, il apprit,
de ce qu'il souffrit, l'obéissance
Par la prière, l'homme acquiert, avons-nous dit, l'esprit d'abandon
à Dieu. Désirant le rendre parfait dans l'obéissance,
Dieu le soumet à la souffrance. En acceptant la souffrance à
laquelle Dieu l'expose, l'homme manifeste la plénitude de son obéissance
à Dieu, et ceci est le signe de l'achèvement de son salut. Le
Christ, tout Fils qu'il était, apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance;
après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous
ceux qui lui obéissent principe de salut éternel. La prière
est le moyen d'acquérir l'esprit obéissance et d'abandon à
Dieu. La souffrance acceptée avec joie est la perfection de l'obéissance;
et cela est le fruit de la prière.
L'homme qui aime la prière et qui s'y adonne avec fidélité
est celui qui peut accepter la souffrance avec amour. Mais celui qui hait
la prière hait aussi nécessairement la souffrance Il montre
par là qu'il est tout à fait étranger à l'esprit
d'obéissance, et aussi, par conséquent, à l'amour divin,
et qu'il est insensible aux avances de cet amour.