L'Orthodoxie est un Orient-Occident.

Extrait de "Dialogues avec le patriarche Athénagoras" Olivier Clément Ed. Fayard

On compte aujourd'hui cinq Églises non chalcédoniennes - elles-mêmes s'appellent " orthodoxes orientales " - qui groupent environ vingt-cinq millions de fidèles.

En Égypte, cinq millions de Coptes ont réussi, au prix d'efforts séculaires, à faire respecter leur foi.

La langue liturgique n'est plus qu'en partie celle de l'Égypte antique - le copte -, car l'arabe est de plus en plus utilisé.

La piété populaire, forte et étroite, a conservé des pratiques judéo-chrétiennes comme la circoncision, l'interdiction de la consommation du sang et de certains animaux impurs (rappelons que dans beaucoup de pays orthodoxes, en vertu d'une prescription du " concile des apôtres " (Actes, XV, 5-29) on ne consomme pas
non plus le sang).

Par une réponse au " défi " de l'histoire analogue à celle des Arméniens, des Juifs, des vieux-croyants russes ou des Parsis de l'Inde, la grande bourgeoisie copte avait acquis, dans l'Égypte musulmane, un rôle intellectuel et économique de premier plan.

Ce rôle est perdu aujourd'hui mais les Coptes, loyaux et travailleurs, ont pris une place importante dans les cadres de l'Égypte nouvelle.

Ce sont ces laïcs cultivés qui, se portant aujourd'hui à la rencontre de la tenace piété populaire, l'éclairent et assurent la renaissance de l'Église.

Ils jouent du reste un grand rôle dans l'administration de celle-ci et dans l'élection du patriarche.

Le patriarche actuel, Cyrille VI, un grand moine, un ascète et un spirituel, appuie les novateurs. Un Institut supérieur d'Études coptes s'est ouvert au Caire.

Un mouvement de jeunesse s'est constitué, analogue à celui du patriarcat d'Antioche..

Des étudiants organisent une catéchèse.

Des universitaires se font moines et le " désert ", qui vit le premier essor du monachisme, refleurit timidement. Les traductions françaises et anglaises permettent à ces intellectuels de recouvrer leur propre patrimoine.

L'oeuvre des théologiens orthodoxes de la Dispersion favorise leur effort.

Des Africains noirs, à la recherche d'un christianisme libéré de toute hypothèque occidentale, viennent se former à l'Institut d'Études coptes.