"
[...] Or il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon.
[...]
Il lui avait été révélé par l'Esprit
Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur.
Il
vint donc au Temple, poussé par l'Esprit, et quand les parents
apportèrent le petit enfant Jésus pour accomplir à
son égard les prescriptions de la Loi, il le reçut dans
ses bras, bénit Dieu et dit :
"
Maintenant, ô Maître, tu peux, selon ta parole, laisser
ton serviteur s'en aller en paix ; car mes yeux ont vu ton salut, que
tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière
pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël
".
Son
père et sa mère étaient dans l'émerveillement
de ce qui se disait de lui.
Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère
:
" Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement
d'un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte
à la contradiction, - et toi-même un glaive te transpercera
l'âme ! - afin que se révèlent les pensées
intimes d'un grand nombre ".
Il
y avait aussi une prophétesse, Anne [...]. Survenant à
cette heure même, elle louait Dieu et parlait de l'enfant à
tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
"
(Lc 2, 24-36, 38).
Comme Moïse devant le buisson ardent, les protagonistes de cette
scène sont déchaussés : ils se trouvent en effet
dans un lieu sacré, hautement symbolique, le sanctuaire du Temple
de Jérusalem, lieu de la présence divine pour les Juifs(1).
La composition,
centrée sur l'enfant divin, met en relief le double mouvement
entre les représentants de l'Ancienne Alliance et ceux de la
Nouvelle Alliance.
A l'arrière-plan
du registre droit en effet, les symboles judaïques sont présents
: l'étoile de David, les Tables de la Loi, le chandelier à
sept branches (2)...
Devant
eux, Syméon et Anne, prophètes de l'Ancienne Alliance,
ont reconnu le Messie attendu.
Marie
a déposé l'enfant entre les mains de Syméon, et
celui-ci, après l'avoir reçu, le remet solennellement
à Marie ; par ce geste, c'est le peuple d'Israël qui, en
Syméon, confie à Marie son espérance et sa gloire,
scelle son adhésion à la Nouvelle Alliance et se dépossède
en quelque sorte de l'exclusivité de la Révélation
car il reconnaît dans le Christ la Lumière des Nations.
A l'arrièreplan
gauche, le voile pourpre du Sanctuaire est ouvert et laisse ruisseler
l'or de la gloire divine(3): désormais,
c'est le Christ qui est le véritable lieu de la présence
divine, et c'est Marie, revêtue de la pourpre royale, qui nous
donne accès à ce Sanctuaire.
La lumière
du Christ rayonne en Syméon comme en Marie, manifestant l'unité
de la Révélation et l'avènement du Messie comme
accomplissement des Ecritures.
Au second
plan, Joseph vêtu de rouge offre les colombes dont la blancheur
évoque l'innocence de l'enfant qu'elles rachètent ; leur
immolation annonce le sacrifice du Fils(4)
; Anne, tournée vers Marie, signifie par le geste de ses mains
le glaive qui transpercera le coeur de la Mère la Nouvelle Alliance
sera scellée dans le sang de l'Agneau immolé.
"
Et toi, prêtre de Dieu, Syméon le Juste, tu avais
été averti que tu ne verrais pas la mort avant d'avoir
vu le Christ-Dieu. En vérité, tu es grand et élevé
parmi les prophètes, car le grand mystère t'a été
révélé... L'Esprit Saint t'a conduit et fait
monter au sanctuaire, pour te montrer l'Agneau, Fils de Dieu, le Verbe.
Et tu as reconnu que c'était Lui, Dieu fait homme [...] Heureux
ceux qui ont vu ce que tu as vu. "
Livre VII, p. 287.
1. Rapprocher cette icône des Pl. XIV et XVIII
; voir aussi ATALLA, Icônes, p. 16 ; VAN MOORSEL, Catalogue, 28a,
28b, N2.
2. Cf. Épître aux Hébreux 9, 1-5.
3. Le Vendredi saint, le voile du Temple se déchirera
de haut en bas pour nous donner accès au sanctuaire céleste
; cf. Matthieu 27, 51.
4. Cf. Épître aux Hébreux 9, 11
; le nimbe cruciforme renforce ce symbolisme.
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