Mais
aujourd'hui tous les coeurs sont dans la joie. Les sentiers qui mènent
à l'humiliation sont donc aussi les sentiers par où l'on
va à la gloire. Affermissez-vous sur les pas d'un guide si fidèle.
Jésus repasse à Béthanie. Pourquoi ce détour
? N'est-ce point pour nous montrer qu'il sait se souvenir des moindres
services rendus, et qu'il en emporte dans l'éternité une
tendre reconnaissance ? La maison où il passe est encore embaumée
du parfum de Marie répandu sur ses pieds; c'est le parfum de
la divine charité. Respirez-le un instant, avant de reprendre
votre marche vers le sommet des Oliviers.
"
Et après leur avoir parlé, il éleva les mains sur
eux et les bénit. Et tout en les bénissant, il se retira
et s'éleva vers le ciel (3).
Et il y siège à la droite de Dieu ".
Arrêtez-vous
sur le sommet, près de Jésus, avec sa Mère, et
les disciples. Pourquoi s'en va-t-il ? Priez-Ie familièrement
de vous le redire encore. n vous répond que son absence perfectionnera
votre foi, exercera votre espérance, épurera votre amour,
enhardira votre courage. Voilà ce qu'il dit, et les disciples
adhèrent à sa parole. ils acceptent avec une joyeuse résignation.
de perdre pour quelques années, les douceurs de sa présence
visible, afin de se rendre plus dignes de partager éternellement
sa gloire.
Faites
comme eux ; prosternez-vous, avec eux, pour recevoir la dernière
bénédiction de votre Sauveur. Placez-vous sous son regard;
priez-Ie de soulever et d'emporter avec lui, au ciel, tous vos fardeaux,
tout ce qui vous attache et vous rive à la terre. Laissez parler
votre coeur.
Et en
les bénissant, il s'éleva vers le ciel. - C'en est fait:
le Fils retourne à son Père; le Roi du ciel monte sur
son trône; l'héritier des biens célestes prend possession
de son héritage. L'humilité est exaltée, la justice
triomphe, la charité règne. Le mystère de la douleur
est expliqué. La vie de l'homme sur la terre, avec ses luttes
et ses bizarres contradictions, n'est plus une énigme. Je sais
pourquoi Dieu me la donne; je sais ce que j'en ferai.
Les disciples reviennent au temple rendre grâces à Dieu
:
"
Les disciples l'ayant adoré, revinrent à Jérusalem
tout remplis de joie. - Et ils demeuraient sans cesse dans le temple,
louant et bénissant Dieu. - Amen. "
Suivez
encore du regard votre divin Maître. Songez à la fête
qui commence au ciel. Les anges reçoivent le Sauveur du monde;
les élus de l'humanité l'acclament et le remercient. Joignez-vous
à eux. La joie du Père céleste est à son
comble en recevant, pour le couronner, celui qui a si bien travaillé
à sa gloire. Etait-ce trop, pour préparer une si belle
fête, de s'humilier, de souffrir et de mourir ?
La fête
finie sur la terre, que font les disciples ? Ils reprennent le chemin
de Jérusalem; ils retournent fervents et joyeux, à la
vie de chaque jour, à l'amour du devoir, à la pratique
des vertus qui font le vrai disciple. Voici l'heure, pour eux et pour
vous, d'exécuter les résolutions prises, de se montrer
fidèles aux engagements contractés.
Remarquez
quels moyens ils prennent. ils cherchent ensemble le recueillement,
la solitude et la prière, afin de ne rien perdre des leçons
qu'ils ont reçues et des exemples dont ils ont été
les témoins. Faites comme eux. Prenez les moyens de garder avec
une fidélité parfaite, le souvenir de votre Sauveur disparu.
Cherchez la société de ceux qui l'aiment et le servent.
Fuyez le monde et sachez vous recueillir.
il reviendra,
ont dit les anges aux disciples. - Vivez donc en attendant qu'il revienne.
Lui au ciel, vous n'êtes plus qu'un étranger sur la terre.
Vivre ce sera attendre. Renoncez à tout ce qu'il a dédaigné,
à tout ce qui n'est pas éternel. Vivez du ciel puisque
Jésus est au ciel.
(1)
Quarante jours après la Résurrection, un jeudi, vers l'heure
de midi, selon la tradition liturgique.
(2)
Le Sauveur passait par Béthanie pour regagner ensuite le sommet
des Oliviers. Le mont des Oliviers a trois sommets. La tradition indique
le sommet central comme le lieu de l'ascension. La Basilique qui y avait
été construite a fait place à une mosquée.
(3)
On vénère sur le sommet des Oliviers l'empreinte des pieds
du Sauveur. Il n'y a qu'une seule empreinte; elle est assez profondément
enfoncée dans un rocher fort dur et de couleur blanche jaunâtre.
La forme d'un pied est assez distincte, mais l'empreinte est comme usée.
Cette pierre est enfermée dans un petit édifice dont les
Turcs ont la clef.