L'Eglise
Orthodoxe Copte
Le
patriarcat d'Alexandrie ou l'Eglise copte orthodoxe
L'Eglise
d'Alexandrie est plus communément appelée Eglise copte orthodoxe.
Le mot copte désigne la population et la culture héritières
de l'Egypte antique des pharaons. Le vocable copte dérive du
grec aigyptos qui est la déformation phonétique du hiéroglyphe
de Memphis "Hi Ka Ptah " c'est à dire " la maison de l'Esprit
de Ptah". Ptah était pour les habitants de Memphis le dieu protecteur
en sa qualité de créateur du monde visible par la puissance
de son coeur et de sa parole. Les envahisseurs arabes au 7e
siècle appellent l'Egypte "Misr" (la forteresse) selon son vieux
nom sémitique, ils réservent le mot "Qopte" aux chrétiens. Depuis
que les égyptiens ont reçu la foi chrétienne, ils se sont organisés
en Eglise locale autour de l'Archevêque de la "grande ville
d'Alexandrie". Plus tard, cette Eglise est appelée Patriarcat
orthodoxe d'Alexandrie. L'Eglise d'Alexandrie, fidèle au principe
orthodoxe de sanctification de la culture locale a conservé
dans sa liturgie des éléments christianisés du culte pharaonique.
Elle a su aussi garder des traditions exégétiques et cultuelles
de la synagogue reçues de la communauté juive d'Alexandrie.
Isaïe
l'avait annoncé : "Ce jour-là, il y aura un autel dédié au Seigneur
au milieu du pays d'Egypte... Ce sera un signe et un témoin
du Seigneur Sabaoth au pays d'Egypte. Quand ils crieront vers
le Seigneur par crainte des oppresseurs, il leur enverra un
sauveur et un défenseur qui les délivrera. Le Seigneur se fera
connaître des Egyptiens et les Egyptiens connaîtront le Seigneur,
en ce jour-là" (Isaïe 19. 19-21). Les paroles du Seigneur, annoncées
par le prophète Osée : "D'Egypte j'appelai mon fils" (Osée 11.1)
et rappelées par l'évangéliste Matthieu (2.15), restent toujours
vivantes dans les coeurs des chrétiens égyptiens qui considèrent
cette visite du Christ comme une bénédiction. En effet, c'est
dans leur pays au bord du Nil que la Sainte Famille vint se
réfugier jusqu'à la mort du roi Hérode. De nombreuses églises
sont construites sur les lieux où la tradition atteste que le
Christ, la Mère de Dieu et Joseph se sont arrêtés. Une fête
liturgique célébre la "Fuite en Egypte", des pèlerinages populaires
sont organisés et des icônes représentent l'évènement.
Saint
Marc, fondateur de l'Eglise d'Alexandrie
Des
Egyptiens étaient présents à Jérusalem le jour de la Pentecôte
(Actes 2.10) mais selon la tradition c'est Saint Marc qui venant
prêcher la Bonne Nouvelle à Alexandrie vers 42, fonda l'Eglise.
Il consacra son premier évêque saint Anien, puis continua sa
course apostolique. Quand saint Marc revint à Alexandrie vers
61, il trouva une communauté florissante composée de juifs "hellénistes"
et d'autochtones égyptiens. Saint Marc scella son ministère
à Alexandrie par le martyre en 68. L'actuel Pape et Patriarche
d'Alexandrie, amba Shénouda est son 117e successeur.
L'Ecole
théologique d'Alexandrie
Pour
affermir la foi chrétienne face aux grandes institutions païennes
d'Alexandrie (Muséon, bibliothèque, écoles philosophiques) et
contre les systèmes religieux producteurs de "fausse gnose",
les évêques d'Alexandrie fondèrent la première université chrétienne
appelée Didascalée. L'école théologique d'Alexandrie joua un
rôle déterminant dans l'expression de la théologie chrétienne.
Parmi ses maîtres les plus éclatants, on peut citer les pères
apostoliques Barnabée, Athénagore, Panthène, Clément. Le grand
Origène s'y illustra avant d'être exilé à Césarée de Palestine.
Héraclée, saint Denis le grand et saint Didyme l'aveugle ne
furent pas moindre que les saints évêques, théologiens et pères
de l'Eglise Athanase et Cyrille. Les grands théologiens, pères
de l'Eglise, Saint Basile le grand, saint Grégoire le thaumaturge,
saint Grégoire de Naziance furent des élèves du Didascalée d'Alexandrie.
Le
monachisme égyptien, avec saint Paul de Thèbes et surtout le
grand saint Antoine et saint Pachôme, est le modèle des moines
d'orient et d'occident. Les paroles (apophtègmes) des moines
de Scété nourrissent toutes les générations de chercheurs de
Dieu. Les deux derniers patriarches d'Egypte Cyrille VI (+1971)
et Shenouda III ont été ermites dans ces déserts dans des conditions
assez semblables à celle des premiers ermites. Sous leur impulsion
et leur exemple, de nos jours, les déserts d'Egypte, Wadi Natroum,
Mer Rouge, moyenne Egypte, sont peuplés de moines coptes dont
les prières profitent à toute l'Eglise. Influence missionnaire:
L'orient comme l'occident a bénéficié du rayonnement de l'Eglise
d'Egypte : - En 285, la légion thébaine menée par Maurice arriva
en Suisse, elle subit le martyre et saint Maurice donna son
nom à une ville. - L'Eglise d'Irlande compte parmi ses pionniers
de la foi, sept moines égyptiens. - En 330, saint Jean Cassien
érigea à Marseille deux monastères sur le modèle de ceux des
déserts de Thébaïde et de Scété où il avait vécu et reçu la
Tradition. - Saint Athanase envoya saint Frumence pour fonder
l'Eglise d'Ethiopie. - Saint Front le premier évêque de Périgueux
fut moine du désert de Nitrie. - Saint
Aphrodyse vint apporter d'Egypte la foi à Béziers. - Saint
Just, évêque de Lyon à la fin du 4e s. se retira dans le désert
d'Egypte pour terminer ses jours en anachorète. Par l'intermédiaire
de saint Jean Cassien, la vie monastique occidentale a été très
marquée par les Pères du Désert et des usages liturgiques égyptiens
sont probablement à l'origine des anciens rites gallican et
wisigothique.
L'Eglise
copte-orthodoxe confesse la foi définie par le symbole des conciles
de Nicée-Constantinople sur la parfaite unité du Père, du Fils
et du Saint Esprit, Trinité sainte. Avec le concile d'Ephèse,
elle affirme que Jésus-Christ est parfaitement Dieu, parfaitement
homme, sans division de sa personne agissante; pour cette raison
Marie la Vierge est appelée Mère de Dieu, car elle a effectivement
engendré dans la chair le Logos de Dieu fait homme. Avec St Cyrille,
l'Eglise confesse que le Seigneur Jésus est un de deux natures:
La divinité et l'humanité sont unies en Lui en une union complète,
parfaite, indivisible et inséparable. Il n'y a pas absorption
d'une nature par l'autre.
La
tragédie de Chalcédoine
Pendant
le pontificat de St Dioscore, en 451, eut lieu la tragique méprise
de Chalcédoine. Tous les évêques de ce concile avaient l'ambition
d'être fidèles à la doctrine de St Cyrille. Hélas, ils ne se comprirent
pas et s'accusèrent qui de nestorianisme par la séparation entre
la nature humaine et divine du Christ, qui de monophysisme par
l'absorption de la nature humaine dans la divinité. Aucun des
deux partis confessait de coeur ce dont l'autre l'accusait, même
si les définitions verbales n'étaient pas parfaitement claires.
Une rupture entre les Eglises suivit ce malheureux concile.
La
famille des Eglises orthodoxes orientales
Après
ce concile il y eut donc deux familles d'Eglises orthodoxes, d'une
part les Eglises orthodoxes qui confessaient la définition du
Concile de Chalcédoine, ce sont, depuis la rupture entre Rome
et Constantinople, les Eglises orthodoxes byzantines et d'autre
part les Eglises orthodoxes orientales, c'est à dire :
- l'Eglise copte orthodoxe d'Alexandrie,
- l'Eglise syriaque orthodoxe d'Antioche,
- l'Eglise orthodoxe d'Ethiopie,
- l'Eglise orthodoxe de l'Inde,
- l'Eglise orthodoxe d' Erythrée,
- l'Eglise apostolique arménienne,
qui reçoivent les trois conciles oecuméniques de Nicée, Constantinople
et Ephèse.
Les décisions doctrinales des quatre autres conciles reconnues
comme oecuméniques par les Eglises byzantines et auxquels elles
n'ont pas participé, ne leur posent pas de problèmes car elles
découlent d'une interprétation orthodoxe de la foi des trois premiers
conciles et ont toujours été possédées tranquillement, sans question,
dans les Eglises orientales.
La
récente découverte de l'unité de foi
Déjà
au VIIe s. St Jean Damascène connaissait et n'hésitait pas à proclamer
l'orthodoxie de la foi des chrétiens d'Egypte (PG 94, 741), pourtant
il fallut attendre le XIXe s. pour qu'un évêque russe, Ouspensky,
redécouvre cette évidence mais il ne parvint pas malgré ses efforts
à concrétiser cette découverte de l'unité de la foi. En 1959 le
Patriarche Oecuménique de Constantinople Athénagoras lors d'une
visite en Egypte affirma "l'entière orthodoxie" de l'Eglise copte
et en 1965 le Conseil Oecuménique des Eglises organisa les premières
rencontres. Après presque trente ans de rencontres d'abord non-officielles
puis officielles, des accords de foi furent enfin signés entre
les Eglises Orthodoxes byzantines et les Eglises Orthodoxes orientales
en 1989, au monastère Amba Bishoï de Scété en Egypte et en 1990,
au Centre du Patriarcat Oecuménique à Chambésy en Suisse.
Ces déclarations communes constatant l'identité de foi se résument
très bien dans les extraits suivants: "Nous reconnaissons les
uns chez les autres l'unique foi orthodoxe de l'Eglise. Quinze
siècles de discordes ne nous ont pas égarés de la foi de nos pères.
Sur l'essentiel du dogme christologique, nous nous sommes trouvés
en plein accord. A travers les terminologies différentes utilisées
par chacune des parties, nous avons aperçu l'expression de la
même vérité"...et encore ... "Notre accord mutuel n'est pas limité
à la christologie, mais embrasse toute la foi de l'Eglise une
et indivisible des premiers siècles". Autant que les confessions
de foi, c'est la vie même des Eglises orthodoxes byzantines et
des Eglises orthodoxes orientales qui montre que, comme le dit
Nikita Struve, directeur du Messager Orthodoxe, "malgré les siècles
de séparation, rien dans la foi vécue, la spiritualité, les moeurs,
ne les séparent". Enfin, citons le Métropolite Damaskinos du Patriarcat
Oecuménique, co-président de la commission mixte du dialogue théologique,
qui affirme, parlant des deux familles d'Eglises orthodoxes "notre
consensus à la foi orthodoxe authentique et à l'expérience spirituelle
de l'Eglise".
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