DEUXIÈME DÉCLARATION COMMUNE
ET RECOMMANDATIONS AUX ÉGLISES
Documents
approuvés par la Commission mixte de dialogue théologique entre
l'Église orthodoxe et les Églises orientales orthodoxes.
1.
Les deux familles sont d'accord pour condamner l'hérésie eutychienne.
Toutes les deux confessent que le Logos, la deuxième Personne
de la sainte Trinité, seul à être né du Père avant les siècles
et consubstantiel à Lui, s'est incarné et est né de la Vierge
Marie, la Théotokos; pleinement consubstantiel à nous, homme parfait
avec une âme, un corps et une intelligence (nou'")
; Il a été crucifié, est mort, fut enterré et ressuscita des morts
le troisième jour, monta vers le Père céleste, où Il est assis
à la droite du même Père comme Seigneur de toute la Création.
A la Pentecôte, par la venue de l'Esprit Saint, Il manifesta l'Église
comme son Corps. Nous attendons sa deuxième venue dans la plénitude
de sa gloire, conformément aux Écritures.
2.
Les deux familles condamnent l’hérésie nestorienne et le cryptonestorianisme
de Théodoret de Cyrus. Elles sont d'accord qu'il n'est pas suffisant
de dire simplement que le Christ est consubstantiel à son Père
et à nous, Dieu par nature et Homme par nature ; il faut affirmer
également que le Logos, Lequel est Dieu par nature, devint Homme
par nature, par Son incarnation dans la plénitude du temps.
3.
Les deux familles acceptent que l'Hypostase du Logos devînt composite
(suvqeto")
en unissant à Sa nature divine incréée avec sa volonté et son
énergie naturelles, qu'Il a en commun avec le Père et le Saint-Esprit,
la nature humaine créée qu'Il assuma par l'incarnation et fit
sienne avec sa volonté et énergie naturelles.
4.
Les deux familles acceptent que les natures, avec leurs propres
énergies et volontés, sont unies hypostatiquement et naturellement
sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation,
et qu'elles sont distinguées seulement dans la pensée (th
Àqewriva
movnm).
5.
Les deux familles acceptent que Celui qui veut et agit est toujours
l'unique Hypostase du Logos incarné.
6.
Les deux familles acceptent de rejeter les interprétations de
conciles qui ne sont pas pleinement d'accord avec le Horos du
Ille concile oecuménique et la lettre (433) de Cyrille d'Alexandrie
à Jean d'Antioche.
7.
Les orthodoxes acceptent que les orientaux orthodoxes continuent
à maintenir leur terminologie cyrillienne traditionnelle «une
nature du Logos incarnée», puisqu'ils reconnaissent la double
consubstantialité du logos niée par Eutychès. Les orthodoxes aussi
utilisent cette terminologie. Les orientaux orthodoxes acceptent
que les orthodoxes emploient à juste titre la formule des deux
natures, puisqu'ils reconnaissent que la distinction est « uniquement
en pensée ».Cyrille interpréta correctement cet usage dans sa
lettre à Jean d'Antioche et dans ses lettres à Acacius de Mélitène
(PG 77, 184-201), à Euloge (PG 77, 224-228) et à Succensus (PG
77, 228-245).
8.
Les deux familles reçoivent les trois premiers conciles œcuméniques
qui forment notre héritage commun. Quant aux quatre conciles ultérieurs
de l'Église orthodoxe, les orthodoxes affirment que, pour eux,
les points 1-7 susmentionnés sont aussi l'enseignement de ces
quatre conciles ultérieurs, alors que les orientaux orthodoxes
considèrent cette affirmation des orthodoxes comme leur propre
interprétation. Dans ce sens, les orientaux orthodoxes répondent
positivement à cette affirmation.
Par
rapport à l'enseignement du Vile concile œcuménique de l'Église
orthodoxe. les orientaux orthodoxes acceptent que la théologie
et la pratique de la vénération des icônes enseignées par ce concile
soient en accord fondamental avec l'enseignement et la pratique
des orientaux orthodoxes depuis les temps anciens, bien avant
la convocation du concile, et qu'à cet égard il n'y a pas de désaccord
entre nous.
9.
A la lumière de notre déclaration commune sur la Christologie
et des affirmations communes susmentionnées, nous avons maintenant
clairement compris que nos deux familles ont toujours loyalement
gardé la même et authentique foi christologique orthodoxe, et
ont maintenu la continuité ininterrompue de la tradition apostolique,
bien qu'elles aient pu utiliser des termes christologiques de
manière différente. C'est cette foi commune et cette loyauté continuelle
à la tradition apostolique qui doivent être la base de notre unité
et communion.
10.
Les deux familles reconnaissent que tous les anathèmes et les
condamnations du passé qui maintenant nous divisent doivent être
levés par les églises pour que le dernier obstacle à la pleine
unité en communion de nos deux familles puisse être ôté par la
grâce et la puissance de Dieu. Les deux familles acceptent que
la levée des anathèmes et des condamnations sera basée sur le
fait que les conciles et les Pères précédemment anathématisés
ou condamnés ne sont pas hérétiques.
Nous
recommandons donc à nos églises les démarches pratiques suivantes
:
a)
Les orthodoxes devront lever tous les anathèmes et les condamnations
contre tous les conciles et les Pères orientaux qu'ils ont prononcés
dans le passé.
b)
Les orthodoxes orientaux devront simultanément lever tous les
anathèmes et les condamnations contre tous les conciles et les
Pères orthodoxes qu'ils ont prononcés dans le passé.
c)
La manière selon laquelle les anathèmes auront à être levés doit
être décidée par les églises individuellement.
Confiants
en la puissance du Saint-Esprit, l'Esprit de vérité, d'unité et
d'amour, nous soumettons cette déclaration commune et ces recommandations
à nos vénérables églises pour examen et suite conséquente, priant
pour que ce même Esprit nous conduise à l'unité pour laquelle
notre seigneur a prié et prie.
(Suivent
les signatures)