Journal paroissial L’ARCHE DE NOé n° 5 – avril 2003
Pâques 2003
Eglise
Orthodoxe Copte Francophone, Patriarcat d’Alexandrie
Prix au numéro : 3,00 € - Abonnement : voir page suivante.
Editrice responsable : Marie MUHADRI
EDITORIAL
Et si nous
placions ce numéro d’avril sous le signe du printemps ? Tout, en ce mois
des premières fleurs et des bourgeons, s’éveille à la vie. Nous sommes aussi au
milieu du Carême que l’on pourrait considérer comme le printemps de l’âme. En
effet, n’est-il pas l’occasion de faire le grand nettoyage, de la cave au
grenier pour se préparer à l’accueil en nous de l’Epoux ?
C’est le temps de labour de nos terres en jachère qui attendent la Semence de
Vie et les premiers rayons du Soleil de Justice qui bientôt se lèvera
resplendissant au cœur de la Nuit Pascale. C’est le temps secret de la
préparation du grain qui bientôt va germer et s’épanouir avec d’autant plus de
force que nous aurons pris soin de l’enraciner dans notre champ, débarrassé des
épines et des ronces.
Nous avons
choisi d’orienter ce numéro d’avril sur la prière pour nous aider à mettre
nos pas dans ceux du Christ et à nous laisser saisir par Lui, nous préparer à
accueillir cet événement bouleversant de la Résurrection qui fait voler en
éclat les portes de l’enfer et de la mort. Vous lirez ainsi un texte de Rachel Goettmann (extrait du Chemin n°16, 1992) suivi de la belle
prière à l’Esprit Saint de Mgr Jean de Saint Denis.
Marie M. nous partage son expérience lors de la session sur la prière du cœur à
Béthanie. Père Jean-Thierry nous relate ses impressions lors de son petit
pèlerinage (avec Roseline) en Egypte au mois de novembre 2002. Vous découvrirez
aussi Sainte Waltrude, abbesse de Mons, que l’on fête
le 9 avril ainsi que quelques mots humoristiques mais sages sur la colère. Vous
dégusterez aussi le bloc-notes de Père Jean-Thierry concernant les événements
de notre paroisse de ces derniers mois. Ensuite, notre Prêtre nous entretient
du sacrement du pardon. Ne manquez nos petites annonces. Enfin, le calendrier
des Offices et des activités de la paroisse se trouve à la dernière page comme
d’hab. Bonne lecture et n’oublions pas que le
printemps est là, alors ouvrons nos portes et nos fenêtres et laissons le
entrer…
Marie M.
Vous tous,
paroissiens et amis de la paroisse, qui nous lisez êtes les
« rédacteurs » de l’Arche de Noé !
NOUS INSISTONS : Vos partages, témoignages, résumés d’enseignements
et de sessions spirituelles ou de lectures ; dessins, croquis, recettes
sont attendus avec grande impatience par vos serviteurs-éditeurs
Marie et Jean-François de
VOGHEL.
Merci
de communiquer vos contributions par email, ou au format MS-WORD sur disquette,
ou sur papier, à Jean-François de V. : 99, rue de la Bruyère - 1332 GENVAL T
& F +32 (0)2 654 04 72, G +32 (0)495 51 90 04, E jf.de.voghel@skynet.be
ABONNEMENT A
L’ARCHE DE NOE (version complète sur papier)
Nous
remercions vivement celles et ceux d’entre vous qui ont déjà apporté leur
contribution par la souscription à un abonnement. Pour les autres, nous vous proposons de participer aux coûts de l’Arche de Noé en souscrivant à un abonnement annuel,
dont le prix (indicatif !) a été fixé à 10,00 € ; vous pouvez nous aider par un abonnement de
soutien de 20,00 €. En aucun cas, des difficultés financières ne peuvent faire
obstacle à la réception de l’Arche de Noé.
Nous vous
remercions déjà de virer votre participation au compte 001-2402122-90 de la Paroisse, en indiquant en communication la
mention « abonnement Arche ».
Sur ce même
compte 001-2402122-90 vous pouvez
aussi virer votre participation mensuelle aux frais de fonctionnement de notre
Paroisse et de l’Eglise (via notre dîme à nos
bien-aimés Evêques).
Voici, je
viens !
En chemin vers la
prière
par Rachel GOETTMANN, responsable de
Béthanie, centre de Méditation hésychaste, Bible et Tradition.
Paru dans Le Chemin n° 16 de 1992. Reproduit avec l’aimable
autorisation de Rachel GOETMANN, que nous remercions ici vivement.
N |
ous
sommes nombreux dans notre vie de prière à prendre conscience que nous ne
savons pas prier. Il en était de même pour les apôtres qui demandèrent un jour
à Jésus :
Seigneur
apprends-nous à prier (Lc 11, 1).
De deux choses l'une : ou bien cette
constatation nous éloigne de la prière ou bien elle fait naître en nous le
désir de chercher des règles ou des recettes, ou des techniques afin de nous
aider à prier.
Si nous sommes fidèles à l'enseignement des
Ecritures, si nous connaissons un tant soit peu la Tradition, si nous lisons la
vie des saints, il nous faut bien convenir que la prière est un art, qu'elle
comporte ses lois propres et aussi ses techniques.
Il existe tant de livres précieux sur la prière,
mais il est toujours important de rappeler l'essentiel, ne serait-ce que pour
nous stimuler sur le chemin...
Dans la précédente revue, nous nous posions la
question: « Pourquoi prier? » et nous répondions : « Parce
que nous sommes fils de Dieu et que nous voulons connaître notre Père. »
C'est ce que nous enseigne la Bible :
J'habiterai
parmi eux et je cheminerai avec eux... Et je serai pour eux un Père et ils
seront pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur (2 Co 6, 16-18).
Ainsi ma prière ne s'adresse pas au Dieu inconnu,
c'est une prière de fils qui se sait reconnu par son Père.
Je
disais : tu m'appelleras « mon Père » (Jr 3, 19).
Essayons donc de nous arracher à nos savoirs sur la prière,
qui nous feraient entrer dans une prière purement intellectuelle et qui dessècheraient
nos cœurs afin de nous mettre en présence de Celui qui ne tient pas compte de nos paroles mais regarde au cœur
(Jean Cassien, IVe
s.).
Dès les origines chrétiennes on est entré dans les
formes de prières issues de la foi du peuple juif : la prière
communautaire et la prière personnelle.
Jésus a enseigné à ses disciples que, lorsque
plusieurs sont réunis en son Nom, Il est au milieu d'eux, mais aussi que, pour
prier, il faut entrer dans sa chambre et fermer la porte. Que nous priions
ensemble ou seuls, les fondements restent les mêmes : d'abord un élan, un
désir.
Comme un
cerf altéré brame après le courant des eaux, ainsi soupire mon âme, Seigneur
après tes ruisseaux (Ps 42, 2).
Saint Isaac le Syrien (VIe
s.) nous apprend que le seul moyen
susceptible de fournir à notre cœur les motifs d'aimer Dieu, c'est la prière.
Mais encore faut-il entrer dans la prière. C'est là que les « préliminaires »
sont une aide considérable. Moïse a ôté de ses pieds ses chaussures afin de
pouvoir s'approcher du Buisson Ardent...
Sachons aussi que la prière ne se laisse enfermer
dans aucune méthode, dans aucune technique, car on ne peut s'approprier Dieu
qui se donne librement. Mais on peut se servir de la technique avec
discernement comme d'une aide précieuse afin de nous rendre plus disponibles à
l'action divine en nous.
Les pratiques ne sont que des moyens, des leviers
pour approfondir notre écoute, des préparatifs : on se pare pour
accueillir l'époux... car si tu veux
prier, tu as besoin de Dieu qui
donne la prière à celui qui prie, dit Evagre le
Pontique (IVe s.).
Quand faut-il prier?
Priez en
tous temps et en tous lieux, dit
Saint Paul. Cela veut dire que notre vie de chaque instant doit être nourrie
par la prière :
Il faut se
souvenir de Dieu comme on respire ;
et pense à Dieu plus souvent que tu ne
respires (Hésychius, VIIe
s.).
Notre souffle est donc la pulsation de notre
prière ? Quel constat ! Le rythme du souffle, cet échange d'expir et d'inspir ne peut
s'arrêter sans danger de mort, il en est donc de même pour ma prière...
LES
RAPPELS
C'est pourquoi nos pères dans la foi, et tous les
mystiques recommandent les «rappels» fréquents, ces instants où l'on se tourne
vers le Seigneur seul, quel que soit l'endroit où l'on se trouve :
Tout
chrétien, même dépourvu de culture, sait que chaque lieu est une partie de
l'univers et que l'univers même est un temple de Dieu. Il prie en tout lieu,
tenant clos les yeux de ses sens, éveillant ceux de son âme, et transcendant
ainsi le monde entier... conduit par l'Esprit de Dieu et étant comme hors de ce
monde, il offre sa prière à Dieu
(Origène, IIIe s.).
Durant ces rappels les brèves formules sont bien utiles,
car elles sont aussi brèves que le temps que la vie nous accorde tout au long
de nos heures de travail. L'Esprit-Saint enseignera à
chacun les paroles qui seront les plus aptes à le conduire à la mémoire
continuelle de Dieu. Ainsi : Ô Dieu,
viens à mon aide ou bien Kyrie eleison, Seigneur aie pitié ou l'invocation du Saint
Nom : Seigneur Jésus-Christ, Fils de
Dieu, aie pitié de moi pécheur. Pour d'autres ce seront des cris de
louange : Alléluia ! Béni soit
le Seigneur. Chez d'autres naîtront des instants d'adoration : Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit. Quelques paroles dites avec le cœur nous
permettent de prier quoi que nous fassions. Point
n'est besoin de se perdre en paroles, disait Abba
Macaire, il suffit d'étendre les mains et de dire : Seigneur comme tu veux et comme tu sais : aie pitié
(Apophtegmes).
Il est de ces moments durant lesquels notre prière
sera toute spontanée, il ne faut pas éteindre les mouvements de l'Esprit en
nous. Surtout, ne cédons pas à la tentation de dire : « je n'ai pas
le temps » car ces instants de prière nous sont donnés par le
Seigneur : que je conduise ma voiture, que j'épluche des légumes, que
j'allaite mon enfant, que je monte ou descende l'escalier, que... que... A l'expir mon cœur exhale ma prière, à l'inspir
je suis visité par la réponse divine : sa vie, son amour. Il suffit de me
recentrer en moi-même afin que mon corps entre dans la juste tension de
l'habitacle de Dieu, prendre conscience de mon souffle et ouvrir mon cœur.
Ainsi ma prière fait une trouée de lumière dans l'opacité de la matière et de
ma vie. Toute circonstance, tout événement peut devenir l'occasion de m'ouvrir
à Dieu, de me souvenir de sa présence.
UN TEMPS
AVEC LUI SEUL
Pour que notre cœur puisse prier en tous temps, il
faut d'abord apprendre à donner un temps.
Si la prière est pour nous une nécessité vitale,
nous trouverons ce temps car nous ne pouvons subir notre vie de travail et de
fatigue comme un obstacle à la prière. Dieu nous invite à la prière :
Chacun de
ceux que le Père me donne viendra à moi, et je ne rejetterai jamais celui qui
vient à moi (Jn
6, 37).
Penser que je suis invité par Dieu entraîne en moi
un élan, un désir de répondre à son invitation. Il est bon, selon les
possibilités, d'installer « un coin» pour la rencontre qui deviendra un jour «
le coin des retrouvailles ». Certes, le Lieu de la rencontre c'est le cœur,
mais l'extérieur est d'une grande aide pour l'accès à la chambre nuptiale. Un
petit endroit qui m'appelle et me rappelle : des icônes, une veilleuse ou un
cierge, de l'encens, ma Bible. De même un petit tapis pour m'asseoir, un
coussin ou un petit banc. Il est vrai que l'on peut prier partout, mais nous
savons combien un endroit réservé à la prière favorise à la fois notre démarche
et notre prière.
L'heure du rendez-vous, le temps que nous lui
consacrerons, nous les aurons décidés à l'avance et rien ne pourra nous en
détourner, si ce n'est Dieu lui-même. Cette ferme décision sera un roc sur
lequel ma prière pourra s'établir, sinon il me viendra mille raisons et même
subtilement valables pour me détourner de mon engagement.
Avant même que l'heure ne soit arrivée mon cœur se
prépare :
Me voici
Seigneur, je sais que tu m'attends, que tu désires ma prière et même si elle
n'est pas encore sur mes lèvres, Tu la connais déjà entièrement.
L'HEURE DU
RENDEZ-VOUS
Et voici qu'arrive ce temps sacré, l'heure du
rendez-vous :
Mon
bien-aimé élève la voix, il me dit :
« Lève-toi
ma bien-aimée, ma belle, viens » (Ct 2, 10).
Alors l'on gagne son coin de prière. Les préparatifs
ne sont pas du temps perdu, car on ne peut s'engouffrer dans la prière, nous ne
pouvons demeurer dans la prière sans avoir détendu notre corps, apaisé notre
âme, sans entrer dans une juste tension vers Dieu :
Vers toi
j'élève mon âme (Ps 25,1).
C'est pourquoi, chacun de mes gestes sera conscient,
fait avec tendresse. Je saluerai les icônes avec respect et déjà je me
trouverai en contact avec le monde transfiguré. Puis, comme Marie dans le
Temple, j'allumerai la veilleuse ou le cierge qui symbolisent la Lumière qu'est
le Christ lui-même, Lumière qui illumine mes ténèbres. Et je ferai monter
l'encens qui me rappelle que ma prière peut s'élever devant la face de Dieu
comme les volutes de l'encens qui brûle :
Que ma
prière s'élève comme l'encens devant Toi (Ps 141, 2).
Puis je ferai le signe de la croix : ce geste me
concentre sur mon Seigneur et mon Dieu avec toute mon intelligence et mon cœur,
car ma prière commence au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Ensuite je m'inclinerai profondément pour rendre gloire à la Trinité Sainte :
Prosternons-nous
et adorons le Seigneur qui nous a faits, car c'est Lui Notre Dieu et nous
sommes le peuple de son pâturage
(Ps 95, 6-7).
Puis, debout, dans une juste verticale, en
témoignage de ma foi en la résurrection, j'élèverai mes mains pour invoquer l'Esprit-Saint afin qu'il prie en moi, avec moi, pour moi.
Pourquoi élever mes mains ? Pour signifier qu'elles
sont vides. Mes mains veulent dire l'état de mon cœur qui se voudrait vide de
toute attache, de toute présence qui l'enchaîne et l'aveugle car seuls les
cœurs purs verront Dieu. Mes mains vides sont aussi des coupes d'accueil,
symboles de mon cœur qui languit après le Seigneur, en effet :
Sa venue
est aussi certaine que celle de l'aurore
Il viendra
pour nous comme la pluie,
comme la pluie du printemps arrose la terre (Os 6, 3).
Mes mains ouvertes veulent aussi dire mon désir
d'obéissance, c'est-à-dire d'abandon à la volonté de Dieu.
J'élèverai
mes mains vers tes enseignements et j'observerai tes préceptes.
C'est pourquoi j'invoque l'Esprit-Saint,
car il connaît nos besoins, nos difficultés, nos limites.
L'Esprit-Saint
est d'une simplicité extrême. Il répond tout de suite à l'appel de l'homme pour
peu qu'on l'invoque d'un cœur sincère plein de foi et de simplicité ; il suffit
qu'on l'invite à venir simplement - comme on le ferait avec un enfant simple et
innocent - pour qu'il écoute et réponde. L'Esprit
Saint vient dans le cœur plein d'une foi simple et confiante en la miséricorde
de Dieu. La venue de l'Esprit-Saint ne s'accompagne
d'aucune sensation matérielle. Il ne trouve pas son repos au milieu des cris
ou du désordre, ni dans un cœur injuste, rancunier, coléreux ou suffisant. De
même, il ne trouve pas de repos en l'homme « mondain », c'est-à-dire attaché
aux choses de ce monde, attiré par la beauté éphémère, ou ambitieux de la
gloire de ce siècle (Père Matta El Maskine, Prière, Esprit-Saint et
Unité Chrétienne).
Que ces paroles ne nous troublent pas, car l'Esprit-Saint ôtera le voile qui assombrit les yeux du
cœur, Il fera sauter les bouchons de nos oreilles et en même temps Il nous
enseignera les moyens pour désencombrer notre cœur afin d'accueillir le
Seigneur qui me connaît, qui m'appelle par mon nom et qui m'aime personnellement.
Répétons-le encore, tout préparatif est un acte
d'humilité et de tendresse pour réchauffer mon cœur, mais Dieu se donne
librement, et rien n'est plus libre que la prière, que j'aie ou non la
possibilité d'un endroit extérieur pour Lui tout seul, ou que je prie couché
parce que mon état de santé me cloue sur un lit, pourvu que mon cœur soit
préparé afin de m'ouvrir au mystère de la prière et de me laisser saisir par
son mystère.
Rachel
Goettmann
Ô
Saint Esprit
âme
de mon âme, je T’adore,
éclaire-moi,
guide-moi
fortifie-moi,
console-moi
dis-moi
ce que je dois faire
donne-moi
tes ordres
je
te promets de me soumettre
à
tout ce que tu désires de moi
et
d’accepter tout
ce
que Tu permets qu’il m’arrive.
Fais-moi
simplement connaître
Ta volonté.
Evêque Jean de Saint Denis
Vivre la prière de
Jésus en nous
Début mars,
je suis allée faire une session à Béthanie sur la prière du cœur et j’aimerais
vous partager un petit bout de cette riche expérience.
« Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu, aie pitié de moi
pécheur »
Cette
prière très courte qui plonge ses racines dans la tradition est à expérimenter,
à sentir. Ce n’est pas une récitation mais une invitation au Christ à venir
vivre à l’intérieur de moi-même. Facile à dire mais difficile à faire… Je me
suis rendue compte à quel point je lui laisse peu de place et comme je préfère
écouter mon âme plutôt que de m’abandonner à Lui. Que d’énergie et de
résistance je mets à me laisser toucher par la grâce, je crois tellement
souvent être plus forte, plus intelligente toute seule… tout en croyant
fermement que je suis ouverte, sur le Chemin, dans sa Présence. Ce qui est
difficile pour moi lorsque je prononce cette prière, c’est de passer de
l’intellectuel (je dis des mots) à l’expérience où les mots me révèlent la
profondeur et la Présence réelle du Christ. Et ce que je voudrais vous
partager, c’est ce qui m’a aidé à vivre la prière plutôt qu’à la dire.
« Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu »
Le dire,
avec l’aide de l’Esprit Saint, c’est accepter de tout
lâcher, d’entrer dans une relation de dépendance avec Lui. Il devient mon
maître, je deviens son disciple, je me coupe de mes attachements, de mes
chaînes. Pour m’y aider, je pense à l’apôtre Pierre. Avec ses amis, il est
ballotté dans sa barque de pêcheur. C’est la nuit, les flots se déchaînent, ils
ont peur. C’est ce que je vis lorsque je suis coupée de Dieu et que je n’écoute
que mon âme. Tout à coup, les cieux s’éclairent et le Christ apparaît marchant
sur les eaux et Il dit à Pierre : « viens ». Et Pierre a
tellement confiance en son maître qu’il s’élance hors de la barque pour
rejoindre le Christ. Je suis vraiment interpellée et émue par cet homme rude et
sans instruction qui s’en remet entièrement à Jésus et croit en Lui au point de
se jeter à l’eau dans la tempête. Et alors, c’est le miracle, il marche sur
l’eau… C’est vrai qu’un instant, il commence à réfléchir et regarde ses pieds
au lieu de se fixer sur Jésus, et la conséquence est immédiate… il coule. Mais
Pierre est un disciple, il a le réflexe de tendre la main à Jésus qui le
rattrape et le relève. C’est vrai que je tombe et que ça arrive tout le temps mais
ce qui compte c’est de se recentrer chaque fois sur le Seigneur qui est
toujours là pour me relever. Mais cela demande que j’accepte de le reconnaître
comme mon Seigneur, j’enlève mes sandales et désire me libérer de mes autres
seigneurs, de mourir à mon ego. C’est ainsi que je deviens fils (fille) de
Dieu, que je me reçois entièrement de Lui.
« Aie pitié de moi pécheur »
« Aie
pitié » ne veut pas dire que je demande à Dieu d’être condescendant sur ma
misère mais que j’appelle la miséricorde divine qui est un amour matriciel, des
« tripes » de Dieu pour moi et qui me pénètre comme une huile (eleison), me remplit jusqu’au fond de mes entrailles.
« Pécheur »,
ce n’est pas la « vilaine femme que je suis qui commet des mauvaises
actions, des fautes » mais plutôt moi, Marie, créée à son image et qui vis
comme si Dieu n’existait pas, qui se trompe de direction et qui romps la
relation. Sortir du péché, c’est se retourner (se convertir) vers la Source, se
réenraciner en Christ.
Le retour
du fils prodigue m’aide beaucoup à comprendre intérieurement l’Amour fou de Dieu pour nous. Le Père, tous les jours, guette son fils, Il l’attend, regarde à
l’horizon. Et un jour, il l’aperçoit au
loin (je suis loin spirituellement) et est ému jusqu’aux entrailles. On est loin du Dieu moral qui fait peur,
culpabilise, punit… Il est bouleversé
d’amour pour ce fils qui revient. Il court
à sa rencontre et ouvre les bras pour l’étreindre. Point de reproches mais
une fête est organisée en son
honneur.
La vie devient une fête dans les bras de Dieu…
C’est ce
que je nous souhaite à tous…
Marie M.
UN PELERINAGE AUX
SOURCES COPTES
L’Égypte
doit son nom à la prononciation grecque de Ha Ka Ptah, terme pharaonique
signifiant « la maison de l’esprit du dieu Ptah ». Or, Ptah était, pour les habitants de la ville
sacrée de Memphis, le dieu protecteur et créateur par la puissance de sa parole
et de son amour. Pourrait-on mieux définir ce que serait plus tard l’Église chrétienne ? Elle est en effet le lieu où
souffle l’Esprit du Christ qui créa le monde par son
Verbe (le Logos) et son Amour...
Étonnante
préfiguration dans l’histoire très ancienne de ce qui illuminera un jour cette
terre égyptienne : la foi des chrétiens. On les appellera Coptes.
Aujourd’hui l’Église orthodoxe copte vit et croît
dans la fidélité renouvelée à cette très ancienne tradition chrétienne. Fondée
par l’apôtre Marc en l’an 49, elle est restée remarquablement proche de ses
origines tout en étant extraordinairement vivante.
Un
petit pèlerinage à ces sources de notre Tradition eut lieu en novembre 2002
sous la houlette de notre métropolite abba Marcos et
de notre évêque abba Athanasios.
Père Alphonse et Rachel, Père Michel Mendez qui est
l’higoumène du monastère de Bois-Aubry, Père Jacques et Marie, ainsi que Roseline et votre
serviteur se sont retrouvés dans un minibus pour crapahuter de paroisse en
monastère et de patriarcat en couvent de sœurs.
Ces
quelques lignes ne sont pas un « rapport » du voyage. Elles
comprennent juste quelques points saillants. Le reste est gravé dans le cœur…
Première évidence :
il s’agit d’une Église en chantier, et cela est signe de jeunesse et de
renouvellement. Partout on construit, on restaure (des fresques du 6ème
siècle !), on fait de la place pour de nouvelles vocations monastiques et pour
des paroissiens qui emplissent les églises devenues trop petites. Sous
l’impulsion du père Matta el Meskin, pilier
spirituel, et du patriarche d’Alexandrie le pape Shénouda,
chef d’Église dynamique et éclairé, l’Église copte connaît depuis une trentaine d’années un
renouveau impressionnant. Elle grandit en Égypte même et elle se répand de par
le monde : Etats-Unis, Australie, Allemagne, Afrique du Sud… En outre le
pape Shénouda a institué deux Églises orthodoxes
coptes en Occident. Elles sont appelées à inculturer (c'est à dire introduire dans la
culture locale tout en la respectant et se laissant inspirer par elle) la foi orthodoxe dans la culture et la spiritualité
locales. Il s’agit de l’Église Copte Britannique et
de notre Église Orthodoxe Copte Francophone (pour la France et la Belgique).
C’est à cette vision véritablement prophétique du pape Shénouda
que nous devons de pouvoir célébrer la liturgie des Gaules, celle de nos
ancêtres dans la foi.
Deuxième
source d’étonnement et d’admiration : la ferveur. Quelle expérience que
ces divines liturgies pleines de rythme, de chants mais aussi d’intériorité
dans les quartiers populaires du Caire, ou encore dans le quartier
d’Héliopolis ! Que de gentillesse
aussi chez ce peuple copte, qui entoure de son enthousiasme ces frères et sœurs
européens appartenant à la même Église qu’eux. Il faut voir de quelle sympathie
sont entourés nos évêques, de quelle chaleur nous étions tous entourés :
les déplacements de nos abbas près des églises
provoquaient de véritables attroupements. Les uns demandent une bénédiction,
les autres confient un souci ou cherchent seulement à s’approcher, à baiser une
main, à toucher une soutane… Derrière ces manifestations extérieures parfois un
peu déconcertantes car liées à la mentalité orientale, il y a l’amour du Christ
et de ceux qui s’en veulent les serviteurs. Certes, en Occident on est plus
réservé. Mieux vaut pourtant ne pas s’offusquer de ces manifestations
populaires envers le clergé. Ce serait sans doute faire preuve d’une fausse
modestie et ignorer les différences de mentalités et de culture. L’essentiel
ici c’est la foi ardente et vivante d’un peuple. (Pour le reste, il m’était
salutaire de me souvenir que je suis un serviteur indigne…).
La
foi, le sens du mystère, le sentiment d’appartenance à l’Eglise,
la solidarité avec les plus démunis, la participation spontanée à l’acte liturgique,
l’abandon confiant à la bonté de Dieu dans des circonstances souvent
difficiles, parfois carrément hostiles… nous touchons ici aux ressorts de l’Eglise des premiers temps. Les Coptes en sont restés
proches. C’est peut-être cette fidélité à l’Eglise
apostolique – celle de Saint Marc – qui est le secret de la vitalité
extraordinaire de cette église.
Troisième
émerveillement : les monastères et leur grande beauté. Antiques bâtiments – souvent du 5ème
ou 6ème siècles ! – entourés de montagnes ocres et de déserts
montagneux. Moines au regard de feu et de douceur. Ils sont nombreux, et parmi
eux beaucoup de jeunes. Émotion de cheminer sur les pas de Saint Antoine à la
recherche de Saint Paul l’ermite. Émotion aussi
de vénérer les squelettes de Chrétiens du 7ème siècle dont
les membres sont encore entourés de chaînes. Ils avaient été emmenés
prisonniers par les nouveaux maîtres de l’Égypte, issus d’Arabie… Émotion enfin
d’arpenter les rives de la Mer Rouge, d’y ramasser pour les paroissiens des
cailloux rougeoyants, de se remémorer l’Exode,
archétype de la libération de l’homme de tous les esclavages. Admiration et confiance
en songeant que ces lieux arides étaient
remplis de moines ermites et qu’aujourd’hui encore, des monastères totalement
isolés de tout sont bondés de fous de Dieu ! Et parmi ces moines, tant de
jeunes !
Il
y eut aussi la joie de découvrir que les moines irlandais qui ont évangélisé
nos terres entre Escaut et Meuse avaient été initiés au monachisme copte.
Plusieurs d’entre eux ont séjourné au monastère d’Al Muharraq (le Brûlé), près de la ville d’Assiout.
Au
cours de l’admirable jeu de son et lumières des pyramides nous découvrons de
nombreuses préfigures du christianisme dans les textes pharaoniques. L’éternité
et la résurrection y affleurent constamment comme un immense désir, une
attente. Et certaine prière - datant du 20ème siècle avant le Christ
- annonce déjà le psaume cosmique. Nous aurons peut-être bientôt le privilège
d’entendre une conférence d’abba Athanasios
sur ce sujet passionnant.
Le
plus important pour moi, lors de ce voyage, est d’avoir été en contact fréquent
avec des frères et des sœurs, des évêques, des prêtres. Certains connaissent l’Eglise Copte de France. D’autres pas encore mais se
réjouissent d’apprendre qu’elle existe et que le pape Shénouda
a eu ce geste d’ouverture envers des Occidentaux. Cela témoigne en effet de la
grandeur de ce patriarche qui a compris que l’Orthodoxie
était vraiment universelle, et qu’elle n’est pas liée pour toujours à quelques
nations seulement, ni à quelques ethnies aux coutumes inaltérables, ni à une
mentalité orientale à l’exclusion de toute autre culture. Lorsque nous avons rencontré le patriarche
pour une bénédiction personnelle, son sourire trahissait sa satisfaction, mêlée
de sympathie et de confiance envers nos deux évêques, le métropolite abba Marcos, et l’évêque abba Athanasios. Rendons grâces à Dieu pour la bonté et la
vision courageuse de ces hiérarques.
Le
Centre spirituel de Béthanie organise des pèlerinages en Égypte copte. Qu’on se
le dise !
P.
Jean-Thierry.
Nous fêtons nos
saints locaux
Le 9 avril : Sainte
Waltrude (Waudru), abbesse de Mons
Sainte Waltrude, sœur aimée de sainte Aldegonde,
fille de riches, nobles et pieux parents, épousa par obéissance, le comte Madelgaire, seigneur de Dagobert dont elle eut quatre
enfants dont trois saints : saint Laudry et
saintes vierges Aldetrude et Madelberte
(que de jolis prénoms) religieuses à Maubeuge. Le quatrième mourut très jeune.
Elle engagea aussi son mari à la sainteté et il se retira sous le conseil de
saint Aubert dans un monastère à Haumont. Sainte Waltrude, quant à elle, se retira dans une maison solitaire
mais le démon ne cessa de l’attaquer pour lui faire renoncer à sa solitude.
Victorieuse, elle fut reconnue digne de diriger des saintes femmes et jeunes
filles et fonda une communauté où elle vécut dans une grande humilité, patience
et douceur. Elle fit des miracles en rendant la vie à deux enfants, en
multipliant l’argent pour ses aumônes. Elle mourut le 6 avril 686.
Sagesse de
l’humour
A propos de l’aide divine
Il
ne faut pas confondre demander à Dieu la force de faire quelque chose en son
nom et lui demander d’agir à notre place parce que nous ne trouvons pas en nous
la force de le faire. Les vies de saints sont révélatrices à cet égard. Prenons
le cas de Philippe Néri : il était irascible, il se querellait facilement
et cédait à de violents accès de colère qui incitaient ses frères à la riposte.
Un beau jour, il sentit que cela ne pouvait durer davantage. Il courut se
prosterner devant une statue du Christ et le supplia de le libérer de son
irascibilité. C’est rempli d’espoir qu’il quitte la chapelle. La première
personne qu’il rencontre est un frère qui n’a jamais provoqué sa colère :
pour la première fois de sa vie, ce frère se montre désagréable et déplaisant.
Philippe se met en colère et, furieux, part à la recherche d’un autre frère qui
a toujours été pour lui une source de consolation et de joie. Et voilà que ce
frère à son tour lui répond avec rudesse. Aussi, Philippe court-il à nouveau à
l’église et se jette aux pieds du Christ : « Seigneur, ne
t’avais-je pas demandé de me débarrasser de mon irascibilité ? ».
Alors, le Seigneur répond : « Si Phillipe,
c’est pourquoi je te multiplie les occasions de t’en corriger… ».
Mgr
Antoine Bloom (L’école de la prière. Ed. Seuil)
Le BLOC-NOTES du
Prêtre
Que
s’est-il passé dans notre communauté paroissiale depuis mon dernier
bloc-notes ? Pas mal de bonnes choses…grâce à Dieu.
En
novembre et décembre 2002, nous nous sommes enfoncés dans les journées obscures
et courtes de l’Avent pour célébrer, la nuit du 24 au
25 décembre, le Soleil de Justice, Orient qui vient d’En-Haut. Il y avait du monde et de la ferveur à cette célébration de Noël qui vint couronner
un Avent si bien entamé par un beau Week-end de jeûne et de silence à l’abbaye
de « La Ramée ». Lors du dimanche de la Théophanie, nous eûmes
l’agréable surprise d’entendre une homélie du diacre Bernard, texte nourrissant
et dense qui paraîtra, je pense, dans le numéro de l’Arche
précédant cette fête l’an prochain.
L’enseignement
dispensé par le diacre Marc change de nom ! Il préfère appeler les soirées
mensuelles des « partages
théologiques ». C’est un fait que nous avons, lors de ces soirées, des
échanges. Ils sont d’une grande richesse et intensité. On y sent battre le
pouls de la paroisse, on y est nourri par le témoignage de nos sœurs et frères.
Le cheminement, l’expérience spirituelle de chacun viennent illustrer
l’introduction, elle-même stimulante, de Marc. En cette année 2002-2003 il
consacre son enseignement aux Noms du Christ. L’an prochain (2003-2004), les
partages théologiques seront préparés par Christian sur le thème de la liturgie
des Gaules, et je m’associerai volontiers à ce travail pour rappeler quelques
notions essentielles de la théologie liturgique orthodoxe.
Une
assemblée paroissiale eut lieu le 12 janvier 2003. En voici quelques points
saillants :
1.
Chacun ayant accepté d’augmenter un peu sa cotisation,
le lieu nouveau qui s’offre à nous devient une possibilité. Notre paroisse aura
donc son lieu de culte à Lillois, près de Waterloo et donc près de Bruxelles,
dans une région dépourvue à ce jour d’église orthodoxe. Nous avions certes hâte
d’y célébrer. Cependant, nous
souhaitions respecter la démarche du maître zen J-P Ingrand
qui occupe le lieu actuellement et qui désirait l’utiliser jusqu’en juin. En
conséquence nous avions renoncé à l’installation le 1er mai comme
prévu initialement. Ce geste de
rencontre fut suivi par une bonne nouvelle. Le lieu sera finalement disponible quand-même dès le début mai. A organiser : une
rencontre avec J-P Ingrand pour partager nos
démarches respectives dans le respect mutuel et l’apprentissage de la différence
créatrice.
2.
L’Arche est, par excellence,
le moyen de communication de notre communauté. Il comporte des enseignements
importants, liés notamment à l’actualité liturgique. Il est essentiel que
chacun s’y abonne, notamment pour le calendrier de nos activités, qui est
vraiment essentiel pour pouvoir libérer
à temps nos agendas si chargés. (Quant aux abonnements, l’argent ne doit jamais
être un obstacle ; il suffit d’en parler à l’équipe rédactionnelle ou au
prêtre). Merci à Marie, Jean-François et Marc.
3.
Les Laudes qui précèdent la Divine Liturgie font
partie intégrante de l’office et servent de « sas d’entrée » dans les
Saints Mystères. Pour pouvoir « déposer tous les soucis du monde »,
il est bon de se préparer l’âme et de se déconnecter du tohu-bohu de la
ville : c’est la fonction des Laudes. Par ailleurs il faut savoir que ces
laudes sont parfois écourtées quand il y a une liturgie spéciale.
4.
Le trésorier a présenté comptes et bilan de l’année
2002 et leur présentation claire (merci pour le long travail effectué) permet
un « satisfecit » rapide.
5.
Prochaine
assemblée paroissiale : le dimanche 30 mars. Parmi les points à l’ordre
du jour (qui n’ont pas été abordés cette fois-ci) : organisation de
la Semaine sainte et de Pâques, et organisation du déménagement/aménagement à
Lillois.
Parmi
les autres évènements saillants de ces derniers mois, il y eut la journée très
sympa de rencontre œcuménique avec les
moines du Prieuré Saint Remacle de Wavreumont, suivie d’une ballade fraternelle dans les Fagnes le samedi 1er mars.
Cette journée avait été organisée par Stéphane et fut une bonne façon de
rencontrer nos frères et sœurs de la région liégeoise « chez eux ».
Ce qui m’a plu chez les moines bénédictins de Wavreumont,
c’est le long et cordial entretien. Ils étaient près de dix à nous rencontrer,
et nous ne nous sommes pas contentés de mots de courtoisie oecuménique. Les
questions fusaient : « comment priez vous ? Comment gérer
les conflits dans une communauté ? Quelle est la genèse de votre
communauté ? ». Les moines ont même levé leur silence habituel à
table pour mieux nous accueillir. Nous nous sommes
quittés en nous promettant de prier les uns pour les autres. Depuis, le diacre
inclut ces nouveaux amis dans nos litanies. La promenade fut assez mémorable
car les Fagnes autour du mont Rigi étaient encore couvertes d’une grosse couche
de neige et nos pieds s’enfonçaient sur
les sentiers de la « zone C », protégée et accessible seulement en
compagnie d’un guide attitré. Ce dernier était charmant. Les heures passées
dans ce paysage grandiose et âpre furent gaiement clôturées autour d’un verre
de l’amitié (agrémenté de salamis, n’est ce pas Théophile ?).
Autre moment fort, le Week-end de jeûne et silence pour
préparer l’Entrée dans le Carême. Nous nous sommes retrouvés à « La Ramée » près de Jodoigne, lieu qui nous devient familier et dont nous
aimons la beauté et le calme. Jacques et les religieuses nous y ont accueillis
encore une fois avec le sourire. Au moment où je m’évertuais à brûler les
monceaux de buis bénis apportés par les paroissiens afin d’en produire les
cendres pour le rite qui devait suivre, le feu devint tellement beau (et un peu
inquiétant ?) qu’il attira quelques soeurs qui, vite rassurées,
m’assurèrent de leur communion de prière avec nous. Ouf… Le thème du partage théologique du
samedi, préparé avec soin par Marc : le
Saint Esprit à la lumière de l’expérience qu’en firent Saint Siméon le Nouveau
Théologien, Saint Grégoire Palamas et Saint Séraphim
de Sarov. Un régal. Pour la plupart, cette
plongée dans le vécu spirituel du grand Saint Siméon fut une révélation sans
doute bouleversante. « Viens Toi qui es Désir en moi ! … », nous
avons fait nôtre cette prière belle et essentielle.
Après ce Week-end, notre
approche du Saint Esprit ne sera plus comme avant, car l’approche ne fut pas
seulement théologique mais surtout vécue, expérimentée personnellement par
chacun de nous. Nous avons à redécouvrir l’actualité de l’Esprit
Saint dans notre vie quotidienne, personnelle et paroissiale, et à l’invoquer
davantage. Petit regret quand–même : qu’un week-end d’une telle
qualité n’attire pas plus de paroissiens. Une prochaine fois, ne faudrait-il
pas ouvrir davantage à d’autres nos week-ends ? Il y a tant de richesse à
partager !
La lectio
divina du dimanche, dont j’ai assuré l’introduction,
traitait de la Passion du Christ et du Saint Esprit. Autour de cette phrase énigmatique
de l’Evangile : « Ils regarderont celui
qu’ils ont transpercé » (Jn 19,37), nous avons
médité sur la Mystique du Serviteur Souffrant
tirée des chants des derniers chapitres du Livre d’Isaïe. Les exposés des deux
jours furent suivis de partages merveilleusement nourrissants. Et l’ensemble du
week-end fut entamé par une excellente présentation à l’aide de diapos, par
Anne-Marie de la Communauté catholique melkite des Douze Apôtres, d’icônes byzantines consacrées à la Passion du Christ.
Le principal fut bien sûr la
Divine Liturgie suivie du rite poignant de l’enterrement de l’Alleluia. En chantant l’exil à Babylone (Psaume 137),
comment ne pas penser à Bagdad et à l’Irak où menaçait la guerre en ce
week-end là? Puis nous avons célébré le rite du mercredi des cendres, avec
l’imposition des cendres sur le front et le pardon à chacun des frères
présents, prosterné devant lui ; Un moment émouvant qui soude la
communauté.
La participation à ces
week-ends fait partie de la vie paroissiale et en est un des temps forts.
Je ne résiste pas au plaisir de vous partager
quelques impressions récoltées lors de notre voyage-pèlerinage en Egypte fin 2002. Ce sont juste
quelques notes, pas du tout chronologiques ni complètes. Mais elles rassemblent
ce qui maintenant me paraît essentiel. Vous les trouverez plus haut dans ce
numéro.
P. Jean-Thierry
Le sacrement du
pardon : Pourquoi ? Quand ?
Dans l’évangile selon Saint
Jean le pardon est le premier sacrement institué par le Christ après sa
résurrection. Il souffla sur ses
disciples et leur dit « Recevez le Saint Esprit ! Ceux à qui vous
pardonnerez leurs péchés obtiendront le pardon… » (Jean 20, 23).
Par ce souffle, Christ
rappelle le premier geste de Dieu lors de la création : « Il lui
insuffla dans les narines un souffle de vie et cet être humain devint
vivant… » (Gn 2, 7).
Obtenir le pardon de Dieu
c’est recevoir la vie nouvelle, un élan vivifiant et neuf.
Pourquoi Lui demander
pardon ? Parce qu’Il désire ardemment l’amour entre les humains et Lui, or
nous sommes souvent éloignés, distraits, assoupis, indifférents, hostiles….
C’est le comble de l’ingratitude envers l’Ami de l’Homme et cela nous mène à des actions ou
intentions mauvaises envers nous-mêmes, les autres, le cosmos et Dieu
Lui-même. Par la contrition sincère nous
opérons un « retournement » salutaire et tout de suite Il nous
pardonne, nous remplit de son Esprit. Car le Christ est venu « non pas
pour juger le monde, mais pour le sauver ».
Le sacrement du pardon est
le sacrement du Chemin spirituel. Il
exige un regard clair sur soi, qui permet d’avancer en voyant mieux ses
faiblesses. C’est pourquoi la confession est précédée par un examen de
conscience (et d’inconscience !).
On dit alors au Christ, devant le prêtre qui est témoin et « le
sacrement du Christ », là où en est. Sobrement et concrètement. Le prêtre représente les frères (l’Eglise) et a reçu des évêques, successeurs des apôtres, le
droit d’absoudre, mais en réalité c’est le Christ Lui-même qui pardonne. La
confession se donc fait devant l’icône du Christ car c’est à Lui qu’on
s’adresse avant tout.
Il s’agit d’un repentir
parce qu’on a offensé Dieu ou son frère, et non parce qu’on ne correspond pas à
l’image qu’on se fait de soi ! La pénitence se place en face de Dieu
(« Seigneur aie pitié de moi ! »), et n’est pas la honte en face
de notre ego (« comment ai-je pu faire cela ! »). La pénitence
c’est l’amour de Dieu ; la culpabilité c’est l’amour-propre. L’homme qui
se sent coupable souffre du fantasme d’un Dieu qui pardonne
difficilement : il refuse le pardon gratuit de Dieu parce qu’il ne se
pardonne pas lui-même. Il n’y a place,
dans ce sacrement de guérison et de réconciliation ni pour le scrupule ou le
remord, ni pour l’auto-justification systématique, ni pour une moralisation légaliste
qui enferment l’âme au lieu de la dilater d’amour et de joie. Ce sacrement
donne aussitôt une grande joie. Elle
vient de la liberté retrouvée, promesse d’une vie renouvelée. La parabole de l’Enfant
Prodigue nous éclaire merveilleusement sur cette joie du pardon.
Le prêtre s’associe à cette
joie, et se tient évidemment au secret total de la confession. Non seulement il est absolument discret sur
ce qu’il entend, il se sait et se sent également pécheur. Chaque confession lui rappelle le chemin
qu’il a à faire lui aussi. « Que
pensera-t-il de moi ? » se dit-on parfois. Il ne pense rien.
L’homme a besoin de rythmes,
sans quoi le désordre et le chaos menacent.
Voilà pourquoi l’Eglise recommande de se
confesser lors des grandes fêtes.
Pendant
la Semaine Sainte, il y a
possibilité de confession le mercredi
saint, à la chapelle, de 18
heures à 19 heures et après l’office
de l’Onction,
ce même soir. Le vendredi saint : confession
à la chapelle après l’Office de la crucifixion (vers 15h30) jusqu’à 16h30, et de 17h30 à 18h30.
P. Jean-Thierry
Louanges à notre
Rédempteur !
Nous étions comme des
moutons qui s’égaraient, mais maintenant nous nous sommes retournés vers Celui
qui est notre berger et notre gardien. (Paraphrase de 1 Pi 25)
Qui a cru ce qui nous était
annoncé ? Le bras du Seigneur, pour qui s’est-il dévoilé ? Il s’est
élevé devant lui comme un rejeton, comme une racine qui sort d’une terre
assoiffée ; il n’avait ni apparence, ni éclat pour que nous le regardions,
et son aspect n’avait rien pour nous attirer. Méprisé et abandonné des hommes,
homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui de qui on se
détourne, il était méprisé, nous ne l’avons pas estimé.
En fait, ce sont nos
souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’était chargé ;
et nous, nous le pensions atteint d’un fléau, frappé par Dieu et affligé.
Or il était transpercé à
cause de nos transgressions, écrasé à cause de nos fautes ; la correction
qui nous vaut la paix est tombée sur lui, et c’est par ses meurtrissures que
nous avons été guéris.
Nous étions tous errants
comme du petit bétail, chacun suivait sa propre voie ; et le Seigneur a
fait venir sur lui notre faute à tous.
Maltraité, affligé, il n’a
pas ouvert la bouche ; semblable au mouton qu’on mène à l’abattoir, à une
brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert la bouche. Il a été
pris par la violence et le jugement ; dans sa génération, qui s’est soucié
de ce qu’il était exclu de la terre des vivants, à cause des transgressions de
mon peuple, du fléau qui l’avait atteint ?
On a mis sa tombe parmi
celles des méchants, son sépulcre avec celui du riche, bien qu’il n’ait commis
de violence et qu’il n’y ait pas eu de tromperie dans sa bouche.
Le Seigneur a voulu
l’écraser par la souffrance ; si tu as fait de lui un sacrifice de
réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours, et la volonté du
Seigneur se réalisera par lui.
A cause de ses tourments, il
verra, il sera rassasié par sa connaissance ; mon serviteur, le juste,
apportera la justice à la multitude et il se chargera de leurs fautes. C’est
pourquoi je lui donnerai une part avec la multitude ; il partagera le
butin avec les puissants, parce qu’il s’est livré lui-même à la mort et qu’il a
été compté parmi les transgresseurs, alors qu’il a porté le péché d’une
multitude et qu’il est intervenu pour les transgresseurs.
(Esaïe 53)
Traduction de La Nouvelle Bible Segond,
Alliance Biblique Universelle, 2002.
Liens Internet ;-))
Notre
Eglise : http://eocf.free.fr/
Notre
paroisse : http://users.skynet.be/paroisseStAtA/
Centre de
Rencontres Spirituelles Béthanie : http://www.top.ca/users/thabor/ressources/bethanie.htm
Site de Sa
Sainteté le Pape Amba Shenouda
III : http://www.copticpope.org/index.html
Petites annonces
M. et N. dans un beau village où vous
êtes tous les bienvenus : Maredret.
Cours du P. Jean
Thierry Verhelst à "ICHEC-CULTURES".
Au cours de l'année académique 2003-2004, le P.
Jean-Thierry donnera une série de cours le samedi matin dans le cadre d'un
programme de cours " grand public " qui traite de questions
de littérature, politique, philosophie, sociologie, histoire, art et religions.
S'adresser directement à ICHEC-CULTURES, Bd Brand-Whitlock,
2, 1150 Bruxelles. Tel: O2 739 37 69. Internet : www.culture.ichec.be ;
email : ichecculture@ichec.be
Voici l'intitulé du cours :
La Tradition orthodoxe
L’Orthodoxie entend demeurer proche de la théologie mystique
des débuts en étant au croisement de l’expérience spirituelle personnelle et de
l’écoute de la Tradition. S’inspirant des cultures locales, elle revêt des
formes byzantines (Grèce, Russie, Roumanie, etc.) et
orientales (Moyen-Orient, Égypte, Éthiopie). L’Orthodoxie,
qui est largement prémoderne, offre-t-elle aux
Occidentaux d’aujourd’hui des approches fécondes pour aborder la
postmodernité ? Une Orthodoxie occidentale peut-elle aider à ce que les
chercheurs de Dieu en Europe de l’Ouest respirent
" des deux poumons ", l’un plus rationnel et organisé,
l’autre plus spirituel et contemplatif ? L’Orthodoxie
tente d’éveiller la profondeur de l’être intérieur par la liturgie, l’icône, la
prière du cœur, le starets… Ce cours en traitera, ainsi que de l’ascèse.
Celle-ci est un travail de transformation pour passer du petit moi à la
personne comme être-en-relation, à l’image du Dieu
trinitaire.
CALENDRIER DES
OFFICES ET ACTIVITES DE MAI A AOUT 2003
Tous les matins de la semaine : Laudes
à Watermael-Boitsfort, infos : 02 673 62 09 ;
à Thorembais-Les-Béguines,
infos : 010 88 00 44.
Avril : voir l’Arche n° 4
Jeudi, vendredi, samedi 1, 2, 3
mai : déménagement à
Lillois
Dimanche 4 mai 10h30 Divine Liturgie, à Lillois
Dimanche 11 mai 10h30 Divine Liturgie ; mariage de Muriel et Christian
Dimanche 18 mai 10h30 Divine Liturgie ; (et n’oublions pas les
élections législatives !)
Dimanche 25 mai Assemblée
ecclésiale à Béthanie, vacant à Lillois
Jeudi, vendredi, samedi 29, 30, 31
mai : aménagement de notre chapelle à Lillois
Dimanche 1er juin 10h30 Divine Liturgie
Jeudi 5 juin 19h00 Divine Liturgie ; Fête de l’Ascension
Dimanche 8 juin 10h30 Laudes
Dimanche 15 juin 10h30 Divine Liturgie ; Fête de la Pentecôte ; Assemblée paroissiale
Dimanche 22 juin 10h30 Divine Liturgie et Feu de la Saint Jean
Dimanche 29 juin 10h30 Laudes
Projet
pour l’été. Attention : à vérifier
Dimanche 6 juillet 10h30 Laudes
Dimanche 13 juillet 10h30 Divine Liturgie
Dimanche 20 juillet 10h30 vacant
Dimanche 27 juillet 10h30 Divine Liturgie
Dimanche 3 août 10h30 vacant
Dimanche 10 aout 10h30 vacant
Dimanche 17 août 10h30 Divine Liturgie
Dimanche 24 août 10h30 vacant
Dimanche 31 août 10h30 Divine Liturgie
Dimanche 7 sept. 10h30 Divine Liturgie
Dimanche 14 sept. 10h30 Divine Liturgie ; Fête de l’Exaltation de la Croix
Tous les mardis, vêpres à 19h30 à la chapelle avant la répétition du chœur.
Changement
d’adresse :
Adresse à partir du 4 mai 2003 : Paroisse Orthodoxe Copte, 42, rue
Rivelaine, 1428 Lillois.
Renseignements : Prêtre
: Jean-Thierry Verhelst (02 673 62 09 ; email : t.r.verhelst@skynet.be) ;
Diacre : Bernard-André
Goublomme (010 88 89 39 ; email : bernard.goublomme@skynet.be)