Journal paroissial L’ARCHE DE NOé n° 5 avril 2003 Paroisse Saint Athanase et Saint Amand

Journal paroissial L’ARCHE DE NOé n° 5 – avril 2003

Pâques 2003

Paroisse Saint Athanase et Saint Amand – Bruxelles – Bientôt : Lillois

Eglise Orthodoxe Copte Francophone, Patriarcat d’Alexandrie

 

 

Prix au numéro : 3,00 € - Abonnement : voir page suivante.

Editrice responsable : Marie MUHADRI

 

EDITORIAL

Et si nous placions ce numéro d’avril sous le signe du printemps ? Tout, en ce mois des premières fleurs et des bourgeons, s’éveille à la vie. Nous sommes aussi au milieu du Carême que l’on pourrait considérer comme le printemps de l’âme. En effet, n’est-il pas l’occasion de faire le grand nettoyage, de la cave au grenier pour se préparer à l’accueil en nous de l’Epoux ? C’est le temps de labour de nos terres en jachère qui attendent la Semence de Vie et les premiers rayons du Soleil de Justice qui bientôt se lèvera resplendissant au cœur de la Nuit Pascale. C’est le temps secret de la préparation du grain qui bientôt va germer et s’épanouir avec d’autant plus de force que nous aurons pris soin de l’enraciner dans notre champ, débarrassé des épines et des ronces.

Nous avons choisi d’orienter ce numéro d’avril sur la prière pour nous aider à mettre nos pas dans ceux du Christ et à nous laisser saisir par Lui, nous préparer à accueillir cet événement bouleversant de la Résurrection qui fait voler en éclat les portes de l’enfer et de la mort. Vous lirez ainsi un texte de Rachel Goettmann (extrait du Chemin n°16, 1992) suivi de la belle prière à l’Esprit Saint de Mgr Jean de Saint Denis. Marie M. nous partage son expérience lors de la session sur la prière du cœur à Béthanie. Père Jean-Thierry nous relate ses impressions lors de son petit pèlerinage (avec Roseline) en Egypte au mois de novembre 2002. Vous découvrirez aussi Sainte Waltrude, abbesse de Mons, que l’on fête le 9 avril ainsi que quelques mots humoristiques mais sages sur la colère. Vous dégusterez aussi le bloc-notes de Père Jean-Thierry concernant les événements de notre paroisse de ces derniers mois. Ensuite, notre Prêtre nous entretient du sacrement du pardon. Ne manquez nos petites annonces. Enfin, le calendrier des Offices et des activités de la paroisse se trouve à la dernière page comme d’hab. Bonne lecture et n’oublions pas que le printemps est là, alors ouvrons nos portes et nos fenêtres et laissons le entrer… 

Marie M.

 

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Voici, je viens !

En chemin vers la prière

 

par Rachel GOETTMANN, responsable de Béthanie, centre de Méditation hésychaste, Bible et Tradition.

Paru dans Le Chemin n° 16 de 1992. Reproduit avec l’aimable autorisation de Rachel GOETMANN, que nous remercions ici vivement.

 

N

ous sommes nombreux dans notre vie de prière à prendre conscience que nous ne savons pas prier. Il en était de même pour les apôtres qui demandèrent un jour à Jésus :

 

Seigneur apprends-nous à prier (Lc 11, 1).

 

De deux choses l'une : ou bien cette constatation nous éloigne de la prière ou bien elle fait naître en nous le désir de chercher des règles ou des recettes, ou des techniques afin de nous aider à prier.

 

Si nous sommes fidèles à l'enseignement des Ecritures, si nous connaissons un tant soit peu la Tradition, si nous lisons la vie des saints, il nous faut bien conve­nir que la prière est un art, qu'elle comporte ses lois propres et aussi ses techniques.

 

Il existe tant de livres précieux sur la prière, mais il est toujours important de rappeler l'essentiel, ne serait-ce que pour nous stimuler sur le chemin...

 

Dans la précédente revue, nous nous posions la question: « Pourquoi prier? » et nous répondions : « Parce que nous sommes fils de Dieu et que nous voulons connaître notre Père. »

 

C'est ce que nous enseigne la Bible :

 

J'habiterai parmi eux et je cheminerai avec eux... Et je serai pour eux un Père et ils seront pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur (2 Co 6, 16-18).

   

Ainsi ma prière ne s'adresse pas au Dieu inconnu, c'est une prière de fils qui se sait reconnu par son Père.

 

Je disais : tu m'appelleras « mon Père » (Jr 3, 19).

 

Essayons donc de nous arracher à nos savoirs sur la prière, qui nous feraient entrer dans une prière purement intellectuelle et qui dessècheraient nos cœurs afin de nous mettre en présence de Celui qui ne tient pas compte de nos paroles mais regarde au cœur (Jean Cassien, IVe s.).

 

Dès les origines chrétiennes on est entré dans les formes de prières issues de la foi du peuple juif : la prière communautaire et la prière personnelle.

 

Jésus a enseigné à ses disciples que, lorsque plusieurs sont réunis en son Nom, Il est au milieu d'eux, mais aussi que, pour prier, il faut entrer dans sa chambre et fermer la porte. Que nous priions ensemble ou seuls, les fondements restent les mêmes : d'abord un élan, un désir.

 

Comme un cerf altéré brame après le courant des eaux, ainsi soupire mon âme, Seigneur après tes ruisseaux (Ps 42, 2).

 

Saint Isaac le Syrien (VIe s.) nous apprend que le seul moyen susceptible de fournir à notre cœur les motifs d'aimer Dieu, c'est la prière. Mais encore faut-il entrer dans la prière. C'est là que les « préliminaires » sont une aide considéra­ble. Moïse a ôté de ses pieds ses chaussures afin de pouvoir s'approcher du Buis­son Ardent...

 

Sachons aussi que la prière ne se laisse enfermer dans aucune méthode, dans aucune technique, car on ne peut s'approprier Dieu qui se donne librement. Mais on peut se servir de la technique avec discernement comme d'une aide précieuse afin de nous rendre plus disponibles à l'action divine en nous.

 

Les pratiques ne sont que des moyens, des leviers pour approfondir notre écoute, des préparatifs : on se pare pour accueillir l'époux... car si tu veux prier, tu as        besoin de Dieu qui donne la prière à celui qui prie, dit Evagre le Pontique (IVe s.).

 

Quand faut-il prier?

 

Priez en tous temps et en tous lieux, dit Saint Paul. Cela veut dire que notre vie de chaque instant doit être nourrie par la prière :

 

Il faut se souvenir de Dieu comme on respire ; et pense à Dieu plus souvent que tu ne respires (Hésychius, VIIe s.).

 

Notre souffle est donc la pulsation de notre prière ? Quel constat ! Le rythme du souffle, cet échange d'expir et d'inspir ne peut s'arrêter sans danger de mort, il en est donc de même pour ma prière...

 

LES RAPPELS

 

C'est pourquoi nos pères dans la foi, et tous les mystiques recommandent les «rappels» fréquents, ces instants où l'on se tourne vers le Seigneur seul, quel que soit l'endroit où l'on se trouve :

 

Tout chrétien, même dépourvu de culture, sait que chaque lieu est une par­tie de l'univers et que l'univers même est un temple de Dieu. Il prie en tout lieu, tenant clos les yeux de ses sens, éveillant ceux de son âme, et transcen­dant ainsi le monde entier... conduit par l'Esprit de Dieu et étant comme hors de ce monde, il offre sa prière à Dieu (Origène, IIIe s.).

 

Durant ces rappels les brèves formules sont bien utiles, car elles sont aussi brè­ves que le temps que la vie nous accorde tout au long de nos heures de travail. L'Esprit-Saint enseignera à chacun les paroles qui seront les plus aptes à le conduire à la mémoire continuelle de Dieu. Ainsi : Ô Dieu, viens à mon aide ou bien Kyrie eleison, Seigneur aie pitié ou l'invocation du Saint Nom : Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur. Pour d'autres ce seront des cris de louange : Alléluia ! Béni soit le Seigneur. Chez d'autres naîtront des instants d'adoration : Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit. Quelques paroles dites avec le cœur nous permettent de prier quoi que nous fassions. Point n'est besoin de se perdre en paroles, disait Abba Macaire, il suffit d'étendre les mains et de dire : Seigneur comme tu veux et comme tu sais : aie pitié (Apophtegmes).

 

Il est de ces moments durant lesquels notre prière sera toute spontanée, il ne faut pas éteindre les mouvements de l'Esprit en nous. Surtout, ne cédons pas à la tentation de dire : « je n'ai pas le temps » car ces instants de prière nous sont donnés par le Seigneur : que je conduise ma voiture, que j'épluche des légumes, que j'allaite mon enfant, que je monte ou descende l'escalier, que... que... A l'expir mon cœur exhale ma prière, à l'inspir je suis visité par la réponse divine : sa vie, son amour. Il suffit de me recentrer en moi-même afin que mon corps entre dans la juste tension de l'habitacle de Dieu, prendre conscience de mon souffle et ouvrir mon cœur. Ainsi ma prière fait une trouée de lumière dans l'opa­cité de la matière et de ma vie. Toute circonstance, tout événement peut devenir l'occasion de m'ouvrir à Dieu, de me souvenir de sa présence.

 

UN TEMPS AVEC LUI SEUL

 

Pour que notre cœur puisse prier en tous temps, il faut d'abord apprendre à donner un temps.

 

Si la prière est pour nous une nécessité vitale, nous trouverons ce temps car nous ne pouvons subir notre vie de travail et de fatigue comme un obstacle à la prière. Dieu nous invite à la prière :

 

Chacun de ceux que le Père me donne viendra à moi, et je ne rejetterai jamais celui qui vient à moi (Jn 6, 37).

 

Penser que je suis invité par Dieu entraîne en moi un élan, un désir de répon­dre à son invitation. Il est bon, selon les possibilités, d'installer « un coin» pour la rencontre qui deviendra un jour « le coin des retrouvailles ». Certes, le Lieu de la rencontre c'est le cœur, mais l'extérieur est d'une grande aide pour l'accès à la chambre nuptiale. Un petit endroit qui m'appelle et me rappelle : des icônes, une veilleuse ou un cierge, de l'encens, ma Bible. De même un petit tapis pour m'asseoir, un coussin ou un petit banc. Il est vrai que l'on peut prier partout, mais nous savons combien un endroit réservé à la prière favorise à la fois notre démarche et notre prière.

 

L'heure du rendez-vous, le temps que nous lui consacrerons, nous les aurons décidés à l'avance et rien ne pourra nous en détourner, si ce n'est Dieu lui-même. Cette ferme décision sera un roc sur lequel ma prière pourra s'établir, sinon il me viendra mille raisons et même subtilement valables pour me détourner de mon engagement.

 

Avant même que l'heure ne soit arrivée mon cœur se prépare :

 

Me voici Seigneur, je sais que tu m'attends, que tu désires ma prière et même si elle n'est pas encore sur mes lèvres, Tu la connais déjà entièrement.

 

L'HEURE DU RENDEZ-VOUS

 

Et voici qu'arrive ce temps sacré, l'heure du rendez-vous :

 

Mon bien-aimé élève la voix, il me dit :

« Lève-toi ma bien-aimée, ma belle, viens » (Ct 2, 10).

 

Alors l'on gagne son coin de prière. Les préparatifs ne sont pas du temps perdu, car on ne peut s'engouffrer dans la prière, nous ne pouvons demeurer dans la prière sans avoir détendu notre corps, apaisé notre âme, sans entrer dans une juste tension vers Dieu :

 

Vers toi j'élève mon âme (Ps 25,1).

 

C'est pourquoi, chacun de mes gestes sera conscient, fait avec tendresse. Je saluerai les icônes avec respect et déjà je me trouverai en contact avec le monde transfiguré. Puis, comme Marie dans le Temple, j'allumerai la veilleuse ou le cierge qui symbolisent la Lumière qu'est le Christ lui-même, Lumière qui illu­mine mes ténèbres. Et je ferai monter l'encens qui me rappelle que ma prière peut s'élever devant la face de Dieu comme les volutes de l'encens qui brûle :

 

Que ma prière s'élève comme l'encens devant Toi (Ps 141, 2).

 

Puis je ferai le signe de la croix : ce geste me concentre sur mon Seigneur et mon Dieu avec toute mon intelligence et mon cœur, car ma prière commence au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ensuite je m'inclinerai profondément pour rendre gloire à la Trinité Sainte :

 

Prosternons-nous et adorons le Seigneur qui nous a faits, car c'est Lui Notre Dieu et nous sommes le peuple de son pâturage (Ps 95, 6-7).

 

Puis, debout, dans une juste verticale, en témoignage de ma foi en la résurrec­tion, j'élèverai mes mains pour invoquer l'Esprit-Saint afin qu'il prie en moi, avec moi, pour moi.

 

Pourquoi élever mes mains ? Pour signifier qu'elles sont vides. Mes mains veu­lent dire l'état de mon cœur qui se voudrait vide de toute attache, de toute pré­sence qui l'enchaîne et l'aveugle car seuls les cœurs purs verront Dieu. Mes mains vides sont aussi des coupes d'accueil, symboles de mon cœur qui languit après le Seigneur, en effet :

 

Sa venue est aussi certaine que celle de l'aurore

Il viendra pour nous comme la pluie,

comme la pluie du printemps arrose la terre (Os 6, 3).

 

Mes mains ouvertes veulent aussi dire mon désir d'obéissance, c'est-à-dire d'abandon à la volonté de Dieu.

 

J'élèverai mes mains vers tes enseignements et j'observerai tes préceptes.

 

C'est pourquoi j'invoque l'Esprit-Saint, car il connaît nos besoins, nos diffi­cultés, nos limites.

 

L'Esprit-Saint est d'une simplicité extrême. Il répond tout de suite à l'appel de l'homme pour peu qu'on l'invoque d'un cœur sincère plein de foi et de simplicité ; il suffit qu'on l'invite à venir simplement - comme on le ferait avec un enfant simple et innocent - pour qu'il écoute et réponde. L'Esprit­ Saint vient dans le cœur plein d'une foi simple et confiante en la miséri­corde de Dieu. La venue de l'Esprit-Saint ne s'accompagne d'aucune sensa­tion matérielle. Il ne trouve pas son repos au milieu des cris ou du désordre, ni dans un cœur injuste, rancunier, coléreux ou suffisant. De même, il ne trouve pas de repos en l'homme « mondain », c'est-à-dire attaché aux cho­ses de ce monde, attiré par la beauté éphémère, ou ambitieux de la gloire de ce siècle (Père Matta El Maskine, Prière, Esprit-Saint et Unité Chrétienne).

 

Que ces paroles ne nous troublent pas, car l'Esprit-Saint ôtera le voile qui assom­brit les yeux du cœur, Il fera sauter les bouchons de nos oreilles et en même temps Il nous enseignera les moyens pour désencombrer notre cœur afin d'accueillir le Seigneur qui me connaît, qui m'appelle par mon nom et qui m'aime person­nellement.

 

Répétons-le encore, tout préparatif est un acte d'humilité et de tendresse pour réchauffer mon cœur, mais Dieu se donne librement, et rien n'est plus libre que la prière, que j'aie ou non la possibilité d'un endroit extérieur pour Lui tout seul, ou que je prie couché parce que mon état de santé me cloue sur un lit, pourvu que mon cœur soit préparé afin de m'ouvrir au mystère de la prière et de me laisser saisir par son mystère.

 

Rachel Goettmann

 

 

Ô Saint Esprit

âme de mon âme, je T’adore,

éclaire-moi, guide-moi

fortifie-moi, console-moi

dis-moi ce que je dois faire

donne-moi tes ordres

je te promets de me soumettre

à tout ce que tu désires de moi

et d’accepter tout

ce que Tu permets qu’il m’arrive.

Fais-moi simplement connaître

Ta volonté.

 

Evêque Jean de Saint Denis

 

 

Vivre la prière de Jésus en nous

 

Début mars, je suis allée faire une session à Béthanie sur la prière du cœur et j’aimerais vous partager un petit bout de cette riche expérience.

« Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur »

Cette prière très courte qui plonge ses racines dans la tradition est à expérimenter, à sentir. Ce n’est pas une récitation mais une invitation au Christ à venir vivre à l’intérieur de moi-même. Facile à dire mais difficile à faire… Je me suis rendue compte à quel point je lui laisse peu de place et comme je préfère écouter mon âme plutôt que de m’abandonner à Lui. Que d’énergie et de résistance je mets à me laisser toucher par la grâce, je crois tellement souvent être plus forte, plus intelligente toute seule… tout en croyant fermement que je suis ouverte, sur le Chemin, dans sa Présence. Ce qui est difficile pour moi lorsque je prononce cette prière, c’est de passer de l’intellectuel (je dis des mots) à l’expérience où les mots me révèlent la profondeur et la Présence réelle du Christ. Et ce que je voudrais vous partager, c’est ce qui m’a aidé à vivre la prière plutôt qu’à la dire.

« Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu »

Le dire, avec l’aide de l’Esprit Saint, c’est accepter de tout lâcher, d’entrer dans une relation de dépendance avec Lui. Il devient mon maître, je deviens son disciple, je me coupe de mes attachements, de mes chaînes. Pour m’y aider, je pense à l’apôtre Pierre. Avec ses amis, il est ballotté dans sa barque de pêcheur. C’est la nuit, les flots se déchaînent, ils ont peur. C’est ce que je vis lorsque je suis coupée de Dieu et que je n’écoute que mon âme. Tout à coup, les cieux s’éclairent et le Christ apparaît marchant sur les eaux et Il dit à Pierre : « viens ». Et Pierre a tellement confiance en son maître qu’il s’élance hors de la barque pour rejoindre le Christ. Je suis vraiment interpellée et émue par cet homme rude et sans instruction qui s’en remet entièrement à Jésus et croit en Lui au point de se jeter à l’eau dans la tempête. Et alors, c’est le miracle, il marche sur l’eau… C’est vrai qu’un instant, il commence à réfléchir et regarde ses pieds au lieu de se fixer sur Jésus, et la conséquence est immédiate… il coule. Mais Pierre est un disciple, il a le réflexe de tendre la main à Jésus qui le rattrape et le relève. C’est vrai que je tombe et que ça arrive tout le temps mais ce qui compte c’est de se recentrer chaque fois sur le Seigneur qui est toujours là pour me relever. Mais cela demande que j’accepte de le reconnaître comme mon Seigneur, j’enlève mes sandales et désire me libérer de mes autres seigneurs, de mourir à mon ego. C’est ainsi que je deviens fils (fille) de Dieu, que je me reçois entièrement de Lui.

« Aie pitié de moi pécheur »

« Aie pitié » ne veut pas dire que je demande à Dieu d’être condescendant sur ma misère mais que j’appelle la miséricorde divine qui est un amour matriciel, des « tripes » de Dieu pour moi et qui me pénètre comme une huile (eleison), me remplit jusqu’au fond de mes entrailles.

« Pécheur », ce n’est pas la « vilaine femme que je suis qui commet des mauvaises actions, des fautes » mais plutôt moi, Marie, créée à son image et qui vis comme si Dieu n’existait pas, qui se trompe de direction et qui romps la relation. Sortir du péché, c’est se retourner (se convertir) vers la Source, se réenraciner en Christ.

Le retour du fils prodigue m’aide beaucoup à comprendre intérieurement l’Amour fou de Dieu pour nous. Le Père, tous les jours, guette son fils, Il l’attend, regarde à l’horizon. Et un jour, il l’aperçoit au loin (je suis loin spirituellement) et est ému jusqu’aux entrailles. On est loin du Dieu moral qui fait peur, culpabilise, punit… Il est bouleversé d’amour pour ce fils qui revient. Il court à sa rencontre et ouvre les bras pour l’étreindre. Point de reproches mais une fête est organisée en son honneur.

La vie devient une fête dans les bras de Dieu…

C’est ce que je nous souhaite à tous…

 

Marie M.

 

UN PELERINAGE AUX SOURCES COPTES

 

L’Égypte doit son nom à la prononciation grecque de Ha Ka Ptah, terme pharaonique signifiant « la maison de l’esprit du dieu Ptah ». Or,  Ptah était, pour les habitants de la ville sacrée de Memphis, le dieu protecteur et créateur par la puissance de sa parole et de son amour. Pourrait-on mieux définir ce que serait plus tard l’Église chrétienne ? Elle est en effet le lieu où souffle l’Esprit du Christ qui créa le monde par son Verbe (le Logos) et son Amour...

 

Étonnante préfiguration dans l’histoire très ancienne de ce qui illuminera un jour cette terre égyptienne : la foi des chrétiens. On les appellera Coptes. Aujourd’hui l’Église orthodoxe copte vit et croît dans la fidélité renouvelée à cette très ancienne tradition chrétienne. Fondée par l’apôtre Marc en l’an 49, elle est restée remarquablement proche de ses origines tout en étant extraordinairement vivante.

 

Un petit pèlerinage à ces sources de notre Tradition eut lieu en novembre 2002 sous la houlette de notre métropolite abba Marcos et de notre évêque abba Athanasios. Père Alphonse et Rachel, Père Michel Mendez qui est l’higoumène du monastère de Bois-Aubry,  Père Jacques et Marie, ainsi que Roseline et votre serviteur se sont retrouvés dans un minibus pour crapahuter de paroisse en monastère et de patriarcat en couvent de sœurs.

 

Ces quelques lignes ne sont pas un « rapport » du voyage. Elles comprennent juste quelques points saillants. Le reste est gravé dans le cœur…

 

Première évidence : il s’agit d’une Église en chantier, et cela est signe de jeunesse et de renouvellement. Partout on construit, on restaure (des fresques du 6ème siècle !), on fait de la place pour de nouvelles vocations monastiques et pour des paroissiens qui emplissent les églises devenues trop petites. Sous l’impulsion du père Matta el Meskin, pilier spirituel, et du patriarche d’Alexandrie le pape Shénouda, chef d’Église dynamique et éclairé, l’Église copte connaît depuis une trentaine d’années un renouveau impressionnant. Elle grandit en Égypte même et elle se répand de par le monde : Etats-Unis, Australie, Allemagne, Afrique du Sud… En outre le pape Shénouda a institué deux Églises orthodoxes coptes en Occident. Elles sont appelées à inculturer (c'est à dire introduire dans la culture locale tout en la respectant et se laissant inspirer par elle) la foi orthodoxe dans la culture et la spiritualité locales. Il s’agit de l’Église Copte Britannique et de notre Église Orthodoxe Copte Francophone (pour la France et la Belgique). C’est à cette vision véritablement prophétique du pape Shénouda que nous devons de pouvoir célébrer la liturgie des Gaules, celle de nos ancêtres dans la foi.

 

Deuxième source d’étonnement et d’admiration : la ferveur. Quelle expérience que ces divines liturgies pleines de rythme, de chants mais aussi d’intériorité dans les quartiers populaires du Caire, ou encore dans le quartier d’Héliopolis !  Que de gentillesse aussi chez ce peuple copte, qui entoure de son enthousiasme ces frères et sœurs européens appartenant à la même Église qu’eux. Il faut voir de quelle sympathie sont entourés nos évêques, de quelle chaleur nous étions tous entourés : les déplacements de nos abbas près des églises provoquaient de véritables attroupements. Les uns demandent une bénédiction, les autres confient un souci ou cherchent seulement à s’approcher, à baiser une main, à toucher une soutane… Derrière ces manifestations extérieures parfois un peu déconcertantes car liées à la mentalité orientale, il y a l’amour du Christ et de ceux qui s’en veulent les serviteurs. Certes, en Occident on est plus réservé. Mieux vaut pourtant ne pas s’offusquer de ces manifestations populaires envers le clergé. Ce serait sans doute faire preuve d’une fausse modestie et ignorer les différences de mentalités et de culture. L’essentiel ici c’est la foi ardente et vivante d’un peuple. (Pour le reste, il m’était salutaire de me souvenir que je suis un serviteur indigne…).

 

La foi, le sens du mystère, le sentiment d’appartenance à l’Eglise, la solidarité avec les plus démunis, la participation spontanée à l’acte liturgique, l’abandon confiant à la bonté de Dieu dans des circonstances souvent difficiles, parfois carrément hostiles… nous touchons ici aux ressorts de l’Eglise des premiers temps. Les Coptes en sont restés proches. C’est peut-être cette fidélité à l’Eglise apostolique – celle de Saint Marc – qui est le secret de la vitalité extraordinaire de cette église.

 

Troisième émerveillement : les monastères et leur grande beauté.  Antiques bâtiments – souvent du 5ème ou 6ème siècles ! – entourés de montagnes ocres et de déserts montagneux. Moines au regard de feu et de douceur. Ils sont nombreux, et parmi eux beaucoup de jeunes. Émotion de cheminer sur les pas de Saint Antoine à la recherche de Saint Paul l’ermite. Émotion aussi  de vénérer les squelettes de Chrétiens du 7ème siècle dont les membres sont encore entourés de chaînes. Ils avaient été emmenés prisonniers par les nouveaux maîtres de l’Égypte, issus d’Arabie… Émotion enfin d’arpenter les rives de la Mer Rouge, d’y ramasser pour les paroissiens des cailloux rougeoyants, de se remémorer l’Exode, archétype de la libération de l’homme de tous les esclavages. Admiration et confiance en songeant  que ces lieux arides étaient remplis de moines ermites et qu’aujourd’hui encore, des monastères totalement isolés de tout sont bondés de fous de Dieu ! Et parmi ces moines, tant de jeunes !

 

Il y eut aussi la joie de découvrir que les moines irlandais qui ont évangélisé nos terres entre Escaut et Meuse avaient été initiés au monachisme copte. Plusieurs d’entre eux ont séjourné au monastère d’Al Muharraq (le Brûlé), près de la ville d’Assiout.

 

Au cours de l’admirable jeu de son et lumières des pyramides nous découvrons de nombreuses préfigures du christianisme dans les textes pharaoniques. L’éternité et la résurrection y affleurent constamment comme un immense désir, une attente. Et certaine prière - datant du 20ème siècle avant le Christ - annonce déjà le psaume cosmique. Nous aurons peut-être bientôt le privilège d’entendre une conférence d’abba Athanasios sur ce sujet passionnant.

 

Le plus important pour moi, lors de ce voyage, est d’avoir été en contact fréquent avec des frères et des sœurs, des évêques, des prêtres. Certains connaissent l’Eglise Copte de France. D’autres pas encore mais se réjouissent d’apprendre qu’elle existe et que le pape Shénouda a eu ce geste d’ouverture envers des Occidentaux. Cela témoigne en effet de la grandeur de ce patriarche qui a compris que l’Orthodoxie était vraiment universelle, et qu’elle n’est pas liée pour toujours à quelques nations seulement, ni à quelques ethnies aux coutumes inaltérables, ni à une mentalité orientale à l’exclusion de toute autre culture.  Lorsque nous avons rencontré le patriarche pour une bénédiction personnelle, son sourire trahissait sa satisfaction, mêlée de sympathie et de confiance envers nos deux évêques, le métropolite abba Marcos, et l’évêque abba Athanasios. Rendons grâces à Dieu pour la bonté et la vision courageuse de ces hiérarques.

 

Le Centre spirituel de Béthanie organise des pèlerinages en Égypte copte. Qu’on se le dise !

 

P. Jean-Thierry.

 

 

Nous fêtons nos saints locaux

 

Le 9 avril : Sainte Waltrude (Waudru), abbesse de Mons   

Sainte Waltrude, sœur aimée de sainte Aldegonde, fille de riches, nobles et pieux parents, épousa par obéissance, le comte Madelgaire, seigneur de Dagobert dont elle eut quatre enfants dont trois saints : saint Laudry et saintes vierges Aldetrude et Madelberte (que de jolis prénoms) religieuses à Maubeuge. Le quatrième mourut très jeune. Elle engagea aussi son mari à la sainteté et il se retira sous le conseil de saint Aubert dans un monastère à Haumont. Sainte Waltrude, quant à elle, se retira dans une maison solitaire mais le démon ne cessa de l’attaquer pour lui faire renoncer à sa solitude. Victorieuse, elle fut reconnue digne de diriger des saintes femmes et jeunes filles et fonda une communauté où elle vécut dans une grande humilité, patience et douceur. Elle fit des miracles en rendant la vie à deux enfants, en multipliant l’argent pour ses aumônes. Elle mourut le 6 avril 686.

 

Sagesse de l’humour

 

A propos de l’aide divine

 

Il ne faut pas confondre demander à Dieu la force de faire quelque chose en son nom et lui demander d’agir à notre place parce que nous ne trouvons pas en nous la force de le faire. Les vies de saints sont révélatrices à cet égard. Prenons le cas de Philippe Néri : il était irascible, il se querellait facilement et cédait à de violents accès de colère qui incitaient ses frères à la riposte. Un beau jour, il sentit que cela ne pouvait durer davantage. Il courut se prosterner devant une statue du Christ et le supplia de le libérer de son irascibilité. C’est rempli d’espoir qu’il quitte la chapelle. La première personne qu’il rencontre est un frère qui n’a jamais provoqué sa colère : pour la première fois de sa vie, ce frère se montre désagréable et déplaisant. Philippe se met en colère et, furieux, part à la recherche d’un autre frère qui a toujours été pour lui une source de consolation et de joie. Et voilà que ce frère à son tour lui répond avec rudesse. Aussi, Philippe court-il à nouveau à l’église et se jette aux pieds du Christ : « Seigneur, ne t’avais-je pas demandé de me débarrasser de mon irascibilité ? ». Alors, le Seigneur répond : « Si Phillipe, c’est pourquoi je te multiplie les occasions de t’en corriger… ».

 

Mgr Antoine Bloom (L’école de la prière. Ed. Seuil)

 

 

Le BLOC-NOTES du Prêtre

 

Que s’est-il passé dans notre communauté paroissiale depuis mon dernier bloc-notes ? Pas mal de bonnes choses…grâce à Dieu.

 

En novembre et décembre 2002, nous nous sommes enfoncés dans les journées obscures et courtes de l’Avent pour célébrer, la nuit du 24 au 25 décembre, le Soleil de Justice, Orient qui vient d’En-Haut.  Il y avait du monde et de la ferveur à cette célébration de Noël qui vint couronner un Avent si bien entamé par un beau Week-end de jeûne et de silence à l’abbaye de « La Ramée ». Lors du dimanche de la Théophanie, nous eûmes l’agréable surprise d’entendre une homélie du diacre Bernard, texte nourrissant et dense qui paraîtra, je pense, dans le numéro de l’Arche précédant cette fête l’an prochain.

 

L’enseignement dispensé par le diacre Marc change de nom ! Il préfère appeler les soirées mensuelles des « partages théologiques ». C’est un fait que nous avons, lors de ces soirées, des échanges. Ils sont d’une grande richesse et intensité. On y sent battre le pouls de la paroisse, on y est nourri par le témoignage de nos sœurs et frères. Le cheminement, l’expérience spirituelle de chacun viennent illustrer l’introduction, elle-même stimulante, de Marc. En cette année 2002-2003 il consacre son enseignement aux Noms du Christ. L’an prochain (2003-2004), les partages théologiques seront préparés par Christian sur le thème de la liturgie des Gaules, et je m’associerai volontiers à ce travail pour rappeler quelques notions essentielles de la théologie liturgique orthodoxe.

 

Une assemblée paroissiale eut lieu  le 12 janvier 2003. En voici quelques points saillants :

 

1.     Chacun ayant accepté d’augmenter un peu sa cotisation, le lieu nouveau qui s’offre à nous devient une possibilité. Notre paroisse aura donc son lieu de culte à Lillois, près de Waterloo et donc près de Bruxelles, dans une région dépourvue à ce jour d’église orthodoxe. Nous avions certes hâte d’y  célébrer. Cependant, nous souhaitions respecter la démarche du maître zen J-P Ingrand qui occupe le lieu actuellement et qui désirait l’utiliser jusqu’en juin. En conséquence nous avions renoncé à l’installation le 1er mai comme prévu initialement.  Ce geste de rencontre fut suivi par une bonne nouvelle. Le lieu sera finalement disponible quand-même dès le début mai. A organiser : une rencontre avec J-P Ingrand pour partager nos démarches respectives dans le respect mutuel et l’apprentissage de la différence créatrice.

2.     L’Arche est, par excellence, le moyen de communication de notre communauté. Il comporte des enseignements importants, liés notamment à l’actualité liturgique. Il est essentiel que chacun s’y abonne, notamment pour le calendrier de nos activités, qui est vraiment  essentiel pour pouvoir libérer à temps nos agendas si chargés. (Quant aux abonnements, l’argent ne doit jamais être un obstacle ; il suffit d’en parler à l’équipe rédactionnelle ou au prêtre). Merci à Marie, Jean-François et Marc.

3.     Les Laudes qui précèdent la Divine Liturgie font partie intégrante de l’office et servent de « sas d’entrée » dans les Saints Mystères. Pour pouvoir « déposer tous les soucis du monde », il est bon de se préparer l’âme et de se déconnecter du tohu-bohu de la ville : c’est la fonction des Laudes. Par ailleurs il faut savoir que ces laudes sont parfois écourtées quand il y a une liturgie spéciale.

4.     Le trésorier a présenté comptes et bilan de l’année 2002 et leur présentation claire (merci pour le long travail effectué) permet un « satisfecit » rapide.

5.     Prochaine assemblée paroissiale : le dimanche 30 mars. Parmi les points à l’ordre du jour (qui n’ont pas été abordés cette fois-ci) : organisation de la Semaine sainte et de Pâques, et organisation du déménagement/aménagement à Lillois.

 

Parmi les autres évènements saillants de ces derniers mois, il y eut la journée très sympa de rencontre œcuménique avec les moines du Prieuré Saint Remacle de Wavreumont, suivie d’une ballade fraternelle dans les Fagnes le samedi 1er mars. Cette journée avait été organisée par Stéphane et fut une bonne façon de rencontrer nos frères et sœurs de la région liégeoise « chez eux ». Ce qui m’a plu chez les moines bénédictins de Wavreumont, c’est le long et cordial entretien. Ils étaient près de dix à nous rencontrer, et nous ne nous sommes pas contentés de mots de courtoisie oecuménique. Les questions fusaient : « comment priez vous ?  Comment gérer les conflits dans une communauté ? Quelle est la genèse de votre communauté ? ». Les moines ont même levé leur silence habituel à table pour mieux nous accueillir. Nous nous sommes quittés en nous promettant de prier les uns pour les autres. Depuis, le diacre inclut ces nouveaux amis dans nos litanies. La promenade fut assez mémorable car les Fagnes autour du mont Rigi étaient encore couvertes d’une grosse couche de neige et nos pieds s’enfonçaient  sur les sentiers de la « zone C », protégée et accessible seulement en compagnie d’un guide attitré. Ce dernier était charmant. Les heures passées dans ce paysage grandiose et âpre furent gaiement clôturées autour d’un verre de l’amitié (agrémenté de salamis, n’est ce pas Théophile ?).

 

Autre moment fort, le Week-end de jeûne et silence pour préparer l’Entrée dans le Carême. Nous nous sommes retrouvés à « La Ramée » près de Jodoigne, lieu qui nous devient familier et dont nous aimons la beauté et le calme. Jacques et les religieuses nous y ont accueillis encore une fois avec le sourire. Au moment où je m’évertuais à brûler les monceaux de buis bénis apportés par les paroissiens afin d’en produire les cendres pour le rite qui devait suivre, le feu devint tellement beau (et un peu inquiétant ?) qu’il attira quelques soeurs qui, vite rassurées, m’assurèrent de leur communion de prière avec nous.  Ouf… Le thème du partage théologique du samedi, préparé avec soin par Marc : le Saint Esprit à la lumière de l’expérience qu’en firent Saint Siméon le Nouveau Théologien, Saint Grégoire Palamas et Saint Séraphim de Sarov. Un régal. Pour la plupart, cette plongée dans le vécu spirituel du grand Saint Siméon fut une révélation sans doute bouleversante. « Viens Toi qui es Désir en moi ! … », nous avons fait nôtre cette prière belle et essentielle.

 

Après ce Week-end, notre approche du Saint Esprit ne sera plus comme avant, car l’approche ne fut pas seulement théologique mais surtout vécue, expérimentée personnellement par chacun de nous. Nous avons à redécouvrir l’actualité de l’Esprit Saint dans notre vie quotidienne, personnelle et paroissiale, et à l’invoquer davantage.  Petit regret quand–même : qu’un week-end d’une telle qualité n’attire pas plus de paroissiens. Une prochaine fois, ne faudrait-il pas ouvrir davantage à d’autres nos week-ends ? Il y a tant de richesse à partager !

 

La lectio divina du dimanche, dont j’ai assuré l’introduction, traitait de la Passion du Christ et du Saint Esprit. Autour de cette phrase énigmatique de l’Evangile : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19,37), nous avons médité sur la Mystique du Serviteur Souffrant tirée des chants des derniers chapitres du Livre d’Isaïe. Les exposés des deux jours furent suivis de partages merveilleusement nourrissants. Et l’ensemble du week-end fut entamé par une excellente présentation à l’aide de diapos, par Anne-Marie de la Communauté catholique melkite des Douze Apôtres, d’icônes byzantines consacrées à la  Passion du Christ.

 

Le principal fut bien sûr la Divine Liturgie suivie du rite poignant de l’enterrement de l’Alleluia. En chantant l’exil à Babylone (Psaume 137), comment ne pas penser à Bagdad et à l’Irak où menaçait la guerre en ce week-end là? Puis nous avons célébré le rite du mercredi des cendres, avec l’imposition des cendres sur le front et le pardon à chacun des frères présents, prosterné devant lui ; Un moment émouvant qui soude la communauté.

 

La participation à ces week-ends fait partie de la vie paroissiale et en est un des temps forts.

 

Je ne résiste pas au plaisir de vous partager quelques impressions récoltées lors de notre voyage-pèlerinage en Egypte fin 2002. Ce sont juste quelques notes, pas du tout chronologiques ni complètes. Mais elles rassemblent ce qui maintenant me paraît essentiel. Vous les trouverez plus haut dans ce numéro.

 

P. Jean-Thierry

 

Le sacrement du pardon : Pourquoi ? Quand ?

 

Dans l’évangile selon Saint Jean le pardon est le premier sacrement institué par le Christ après sa résurrection.  Il souffla sur ses disciples et leur dit « Recevez le Saint Esprit ! Ceux à qui vous pardonnerez leurs péchés obtiendront le pardon… » (Jean 20, 23).

Par ce souffle, Christ rappelle le premier geste de Dieu lors de la création : « Il lui insuffla dans les narines un souffle de vie et cet être humain devint vivant… » (Gn 2, 7).

 

Obtenir le pardon de Dieu c’est recevoir la vie nouvelle, un élan vivifiant et neuf.

 

Pourquoi Lui demander pardon ?  Parce qu’Il désire ardemment l’amour entre les humains et Lui, or nous sommes souvent éloignés, distraits, assoupis, indifférents, hostiles…. C’est le comble de l’ingratitude envers l’Ami de l’Homme et cela nous mène à des actions ou intentions mauvaises envers nous-mêmes, les autres, le cosmos et Dieu Lui-même.  Par la contrition sincère nous opérons un « retournement » salutaire et tout de suite Il nous pardonne, nous remplit de son Esprit. Car le Christ est venu « non pas pour juger le monde, mais pour le sauver ».

 

Le sacrement du pardon est le sacrement du Chemin spirituel.  Il exige un regard clair sur soi, qui permet d’avancer en voyant mieux ses faiblesses. C’est pourquoi la confession est précédée par un examen de conscience (et d’inconscience !).  On dit alors au Christ, devant le prêtre qui est témoin et « le sacrement du Christ »,  là où en est.  Sobrement et concrètement.  Le prêtre représente les frères (l’Eglise) et a reçu des évêques, successeurs des apôtres, le droit d’absoudre, mais en réalité c’est le Christ Lui-même qui pardonne. La confession se donc fait devant l’icône du Christ car c’est à Lui qu’on s’adresse avant tout.

 

Il s’agit d’un repentir parce qu’on a offensé Dieu ou son frère, et non parce qu’on ne correspond pas à l’image qu’on se fait de soi ! La pénitence se place en face de Dieu (« Seigneur aie pitié de moi ! »), et n’est pas la honte en face de notre ego (« comment ai-je pu faire cela ! »). La pénitence c’est l’amour de Dieu ; la culpabilité c’est l’amour-propre. L’homme qui se sent coupable souffre du fantasme d’un Dieu qui pardonne difficilement : il refuse le pardon gratuit de Dieu parce qu’il ne se pardonne pas lui-même.  Il n’y a place, dans ce sacrement de guérison et de réconciliation ni pour le scrupule ou le remord, ni pour l’auto-justification systématique, ni pour une moralisation légaliste qui enferment l’âme au lieu de la dilater d’amour et de joie. Ce sacrement donne aussitôt une grande joie.  Elle vient de la liberté retrouvée, promesse d’une vie renouvelée.  La parabole de l’Enfant Prodigue nous éclaire merveilleusement sur cette joie du pardon.

 

Le prêtre s’associe à cette joie, et se tient évidemment au secret total de la confession.  Non seulement il est absolument discret sur ce qu’il entend, il se sait et se sent également pécheur.  Chaque confession lui rappelle le chemin qu’il a à faire lui aussi.  « Que pensera-t-il de moi ? » se dit-on parfois.  Il ne pense rien.

 

L’homme a besoin de rythmes, sans quoi le désordre et le chaos menacent.  Voilà pourquoi l’Eglise recommande de se confesser lors des grandes fêtes.

 

Pendant la Semaine Sainte, il y a possibilité de confession le mercredi saint, à la chapelle, de 18 heures à 19 heures et après l’office de l’Onction, ce même soir. Le vendredi saint : confession à la chapelle après l’Office de la crucifixion (vers 15h30) jusqu’à 16h30, et de 17h30 à 18h30.

 

P. Jean-Thierry

 

Louanges à notre Rédempteur !

 

Nous étions comme des moutons qui s’égaraient, mais maintenant nous nous sommes retournés vers Celui qui est notre berger et notre gardien. (Paraphrase de 1 Pi 25)

 

Qui a cru ce qui nous était annoncé ? Le bras du Seigneur, pour qui s’est-il dévoilé ? Il s’est élevé devant lui comme un rejeton, comme une racine qui sort d’une terre assoiffée ; il n’avait ni apparence, ni éclat pour que nous le regardions, et son aspect n’avait rien pour nous attirer. Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui de qui on se détourne, il était méprisé, nous ne l’avons pas estimé.

 

En fait, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’était chargé ; et nous, nous le pensions atteint d’un fléau, frappé par Dieu et affligé.

Or il était transpercé à cause de nos transgressions, écrasé à cause de nos fautes ; la correction qui nous vaut la paix est tombée sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous avons été guéris.

Nous étions tous errants comme du petit bétail, chacun suivait sa propre voie ; et le Seigneur a fait venir sur lui notre faute à tous.

 

Maltraité, affligé, il n’a pas ouvert la bouche ; semblable au mouton qu’on mène à l’abattoir, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert la bouche. Il a été pris par la violence et le jugement ; dans sa génération, qui s’est soucié de ce qu’il était exclu de la terre des vivants, à cause des transgressions de mon peuple, du fléau qui l’avait atteint ?

 

On a mis sa tombe parmi celles des méchants, son sépulcre avec celui du riche, bien qu’il n’ait commis de violence et qu’il n’y ait pas eu de tromperie dans sa bouche.

 

Le Seigneur a voulu l’écraser par la souffrance ; si tu as fait de lui un sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours, et la volonté du Seigneur se réalisera par lui.

 

A cause de ses tourments, il verra, il sera rassasié par sa connaissance ; mon serviteur, le juste, apportera la justice à la multitude et il se chargera de leurs fautes. C’est pourquoi je lui donnerai une part avec la multitude ; il partagera le butin avec les puissants, parce qu’il s’est livré lui-même à la mort et qu’il a été compté parmi les transgresseurs, alors qu’il a porté le péché d’une multitude et qu’il est intervenu pour les transgresseurs.

(Esaïe 53)

Traduction de La Nouvelle Bible Segond, Alliance Biblique Universelle, 2002.

 

Liens Internet ;-)) 

 

Notre Eglise : http://eocf.free.fr/

 

Notre paroisse : http://users.skynet.be/paroisseStAtA/

 

Centre de Rencontres Spirituelles Béthanie : http://www.top.ca/users/thabor/ressources/bethanie.htm

 

Site de Sa Sainteté le Pape Amba Shenouda III : http://www.copticpope.org/index.html

 

Petites annonces

 

M. et N. dans un beau village où vous êtes tous les bienvenus : Maredret.

 

Cours du P. Jean Thierry Verhelst à "ICHEC-CULTURES".

Au cours de l'année académique 2003-2004, le P. Jean-Thierry donnera une série de cours le samedi matin dans le cadre d'un programme de cours " grand public " qui traite de questions de littérature, politique, philosophie, sociologie, histoire, art et religions. S'adresser directement à ICHEC-CULTURES, Bd Brand-Whitlock, 2, 1150 Bruxelles. Tel: O2 739 37 69. Internet : www.culture.ichec.be ; email : ichecculture@ichec.be

 

Voici l'intitulé du cours :

 

La Tradition orthodoxe

L’Orthodoxie entend demeurer proche de la théologie mystique des débuts en étant au croisement de l’expérience spirituelle personnelle et de l’écoute de la Tradition. S’inspirant des cultures locales, elle revêt des formes byzantines (Grèce, Russie, Roumanie, etc.) et orientales (Moyen-Orient, Égypte, Éthiopie). L’Orthodoxie, qui est largement prémoderne, offre-t-elle aux Occidentaux d’aujourd’hui des approches fécondes pour aborder la postmodernité ? Une Orthodoxie occidentale peut-elle aider à ce que les chercheurs de Dieu en Europe de l’Ouest respirent " des deux poumons ", l’un plus rationnel et organisé, l’autre plus spirituel et contemplatif ? L’Orthodoxie tente d’éveiller la profondeur de l’être intérieur par la liturgie, l’icône, la prière du cœur, le starets… Ce cours en traitera, ainsi que de l’ascèse. Celle-ci est un travail de transformation pour passer du petit moi à la personne comme être-en-relation, à l’image du Dieu trinitaire.

 

 

CALENDRIER DES OFFICES ET ACTIVITES DE MAI A AOUT 2003

 

Tous les matins de la semaine : Laudes

                                                    à Watermael-Boitsfort, infos : 02 673 62 09 ;

                 à Thorembais-Les-Béguines, infos : 010 88 00 44.

 

Avril : voir l’Arche n° 4

Jeudi, vendredi, samedi 1, 2, 3 mai :             déménagement à Lillois                                   

Dimanche 4 mai            10h30        Divine Liturgie, à Lillois

Dimanche 11 mai          10h30        Divine Liturgie ; mariage de Muriel et Christian 

Dimanche 18 mai          10h30        Divine Liturgie ; (et n’oublions pas les élections législatives !)

Dimanche 25 mai                           Assemblée ecclésiale à Béthanie, vacant à Lillois

 

Jeudi, vendredi, samedi 29, 30, 31 mai : aménagement de notre chapelle à Lillois

Dimanche 1er juin          10h30        Divine Liturgie

Jeudi 5 juin                   19h00        Divine Liturgie ; Fête de l’Ascension 

Dimanche 8 juin            10h30        Laudes

Dimanche 15 juin           10h30        Divine Liturgie ; Fête de la Pentecôte ; Assemblée paroissiale

Dimanche 22 juin           10h30        Divine Liturgie et Feu de la Saint Jean

Dimanche 29 juin           10h30        Laudes

 

Projet pour l’été. Attention : à vérifier

 

Dimanche 6 juillet          10h30        Laudes

Dimanche 13 juillet        10h30        Divine Liturgie

Dimanche 20 juillet        10h30        vacant

Dimanche 27 juillet        10h30        Divine Liturgie

Dimanche 3 août           10h30        vacant

Dimanche 10 aout         10h30        vacant

Dimanche 17 août         10h30        Divine Liturgie

Dimanche 24 août         10h30        vacant

Dimanche 31 août         10h30        Divine Liturgie

Dimanche 7 sept.          10h30        Divine Liturgie

Dimanche 14 sept.        10h30        Divine Liturgie ; Fête de l’Exaltation de la Croix

 

Tous les mardis, vêpres à 19h30 à la chapelle avant la répétition du chœur.

 

Changement d’adresse :

Adresse à partir du 4 mai 2003 : Paroisse Orthodoxe Copte, 42, rue Rivelaine, 1428 Lillois.

 

Renseignements : Prêtre : Jean-Thierry Verhelst (02 673 62 09 ; email : t.r.verhelst@skynet.be) ;

Diacre : Bernard-André Goublomme (010 88 89 39 ; email : bernard.goublomme@skynet.be)