Journal paroissial L’ARCHE DE NOé n° 2 – juin 2002
Eglise Orthodoxe Copte Francophone – Paroisse Saint Athanase et Saint Amand – B-1060 Bruxelles
Page de couverture : Claire M.
Editrice responsable : Marie MUHADRI-MENESTRET
Mise en page et impression : Jean-François de VOGHEL
Editorial
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hers paroissiens et lecteurs, voici le deuxième numéro de l’Arche de Noé que vous attendiez fébrilement, nous en sommes certains. Et vous avez raison car vous allez vous régaler. Les textes profonds et nourrissants se mêlent joyeusement aux dessins humoristiques. Ainsi, il y en a pour tous les goûts et chacun y trouvera, nous l’espérons, plaisir et intérêt. La belle illustration de la couverture est l’œuvre de Claire. Nous ouvrons une rubrique « Emails des lecteurs » : vous trouverez un message de Pâques de Père Matthias, un merci de Françoise pour la fête de ses 50 ans et un message de Jean-François qui nous parle de sa Chrismation. Ensuite, vous trouverez un texte de Marc sur la fête de Pâques, puis un compte-rendu d’une conférence sur le temps de B. Vergely par Père Jean-Thierry. Marie relate ensuite une expérience qui lui a permis de grandir lors du week-end de l’entrée dans le Carême. Après un hommage aux choristes et à Père Jean-Thierry qui ont travaillé d’arrache-pied pour les chants de la semaine sainte et Pâques, vous trouverez une bonne recette et quelques mots d’humour. N’oubliez pas de consulter le calendrier paroissial (de juin à septembre) en dernière page. Bonne lecture !
Marie M.
Vous tous qui nous lisez êtes les « rédacteurs » de l’Arche de Noé !
Vos partages, témoignages, résumés d’enseignements et de sessions spirituelles ou de lectures, dessins, croquis, recettes sont attendus avec grande impatience par vos serviteurs-éditeurs Marie MENESTRET et Jean-François de VOGHEL.
Jean-François : 99, rue de la Bruyère - 1332 GENVAL T & F +32 (0)2 654 04 72,
G +32 (0)495 51 90 04, E jf.de.voghel@skynet.be
ABONNEMENT A L’ARCHE DE NOE
Chères Amies lectrices, Chers Amis lecteurs,
Notre Arche de Noé, à la confection artisanale de laquelle nous apportons tout notre amour, coûte …
Nous espérons bien que vous éprouvez une grande nostalgie à ne plus y trouver de la couleur … Hélas, l’impression en couleurs en faible quantité revient fort cher. Après le magnifique n° 1 qui célébrait la renaissance de notre Paroisse, nous revenons à plus d’humilité.
Et nous vous proposons de participer aux coûts de l’Arche de Noé en souscrivant à un abonnement annuel, dont le prix a été fixé à 20,00 €. Il s’agit toutefois d’un prix indicatif !
Nous vous remercions déjà de virer votre participation au compte 001-2402122-90 de la Paroisse, en indiquant en communication la mention « abonnement ».
Sur ce même compte 001-2402122-90 vous pouvez aussi virer votre participation mensuelle aux frais de fonctionnement de notre Paroisse.
Liens Internet ;-))
Tout nouveau tout beau : notre Eglise a son propre site internet. Surfez vite sur http://eocf.free.fr/
Notre paroisse : http://users.skynet.be/paroisseStAtA/
Centre de Rencontres Spirituelles Béthanie : http://www.top.ca/users/thabor/ressources/bethanie.htm
Site de Sa Sainteté le Pape Amba Shenouda III : http://www.copticpope.org/index.html
Emails
des lecteurs
Nous avons reçu par email :
From: Matthiasmitzel@aol.com
Subject: Pâque, c'est la Pâque du Seigneur !
Date: Sat, 4 May 2002 18:58:15 EDT
Berlin, Nuit du 4 au 5 Mai 2002
Cher Père Jean-Thierry et toute la paroisse de Saint Amand,
Nous jubilons enfin en concert avec vous : CHRIST EST RESSUSCITÉ !
Soyons dans la joie et dans l'allégresse car le Christ est en vérité ressuscité, LUI - qui guérit toute blessure, toute divergence, toute maladie du péché - car maintenant - dans l'éternité - nous sommes uns, UN en LUI !
+ Matthias et Monk
From : Françoise M.
Subject : Mercis
Chers amis,
Je vous remercie du fond du coeur pour vos gestes,
votre sourire, vos petits mots doux, le gros gâteau au chocolat, les bougies,
votre accueil, votre présence, la nuit de Pâques qui était aussi celle de mes
50 ans et de ma résurrection ! Toutes vos marques d'amitié ont été pour moi
comme un gros bouquet de fleurs parfumées qui ne se faneront jamais, comme des
caresses d'anges légères... Merci aussi pour les jumelles précieuses grâce auxquelles
la belle nature me livrera encore un peu plus sa grâce, l'aile d'un oiseau qui
passe, une courbe dans le ciel, un mouvement ou la fuite apeurée d'une petite
marmotte en montagne qui m'émeut et me ravit. Pour tous ces petits bonheurs
présents et futurs, mon coeur est plein de reconnaissance. Merci à vous et au
Créateur de toutes ces merveilles !
Françoise
From : Jean-François de V. (jf.de.voghel@skynet.be)
Subject : ma Chrismation
Chers frères et sœurs en Christ,
Ce jour de Pâques 2002, Jour de la Résurrection du Christ, où j’ai reçu le sacrement de la Chrismation, grande étape sur mon Chemin, m’a comblé de Joie. Je ne pouvais pas l’imaginer à un autre moment qu’en ce Jour béni ou resplendit la Lumière incréée et sans déclin du Christ ressuscité qui illumine les ténèbres et nous relève de nos tombeaux, de l’éloignement de l’Etre.
Olivier Clément dit mieux que moi ce que je ressens : « la découverte émerveillée, balbutiante, du pardon qui resplendit du tombeau : « Que nul ne pleure ses fautes, car le pardon a resplendi du tombeau. » Le Christ nous libère de l’angoisse fondamentale, que nous monnayons en soucis, fuites et passions idolâtriques. Au fond de nous, dans les ténèbres où Il est descendu et ne cesse de descendre, il transforme l’angoisse en confiance, la mémoire de la mort en mémoire de la résurrection. Christ est ressuscité et la Vie règne ! ».
(Le Mystère Pascal, commentaires liturgiques, Pasteur Alexandre SCHMEMANN et Olivier CLEMENT, Spiritualité Orientale, n° 16, Abbaye de Bellefontaine, 1995.)
J’ai aussi été rempli d’émotion en découvrant la lecture de
la Résurrection de Lazare (Jean, 11) dans ce même ouvrage (par le Pasteur Alexandre
SCHMEMANN). Lazare symbolise chaque être humain et l’humanité entière ;
Béthanie, maison de Lazare, symbolise l’univers entier, habitat de l’homme.
Deux mille ans plus tard, aujourd’hui, nous sommes Lazare. Nous sommes morts
à notre Réalité et nous « puons déjà », nous sommes entourés de bandelettes
qui nous empêchent de vivre pleinement. La mort nous a ravis à notre destinée
de créés à l’image de Dieu. Et c’est un Christ qui pleure en s’approchant de
notre tombe, qui se trouble, qui est bouleversé, qui vient nous relever à la
Vie. C’est parce qu’Il nous aime qu’Il pleure, et c’est par cet Amour qu’Il
nous donne la Vie. Ces larmes divines nous montrent l’Amour à l’œuvre, recréant,
rachetant et restaurant la vie humaine devenue la proie des ténèbres.
Dans cette Paroisse où j’ai été « frappé par la Foudre » dès la première Divine Liturgie, j’ai rencontré, sur le plan « horizontal », des frères et des sœurs en Christ, que j’aime. Mais aussi un Dieu d’Amour, de Tendresse et de Compassion, Père Très Saint ; l’Esprit qui remplit tout et qui donne la Vie ; le Christ, Verbe qui a incliné le ciel pour épouser toute notre condition humaine afin que nous puissions accéder à la dimension Divine ; Christ qui nous relève chaque matin, qui nous aime, qui nous guérit, qui nous habite et nous inonde de Sa Lumière. Christ qui, chaque fois que nous entendons Sa voix et que nous Lui ouvrons la porte, entre chez nous et soupe avec nous et nous avec Lui. (Apocalypse 3 :20)
Votre cadeau, l’Icône dite de la descente aux enfers, de la Résurrection, de l’Anastasis (du Relèvement), cette Icône qui est devenue l’Icône de ma propre résurrection, l’Icône de ma Vie, m’a vraiment touché. Et je remercie du fond du cœur Père Jean-Thierry, mes parrain et marraine et les paroissiens et paroissiennes, qui m’ont aidé dans ma préparation avec tant d’affection et de chaleur.
Jean-François
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Ce n’est pas parce qu’Il est parfait que Dieu aime ;
mais c’est parce qu’Il aime qu’Il est parfait.
L’Amour est la forme la plus haute de l’Etre. »
Père François Varillon (1905-1978)
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Les oeufs de Pâques
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a tradition des "oeufs de Pâques" est-elle une coutume païenne étrangère
à la foi chrétienne ou a-t-elle, avec celle-ci, des liens étroits qui en justifient
l'usage ? La réponse à cette question suppose que l'on garde à l'esprit
deux réalités essentielles : la première c'est que l'église a toujours eu soin
de ne pas détruire les coutumes humaines mais qu'elle s'en est servie en les
"christianisant" et les intégrant dans son propre message ; la seconde,
très oubliée à notre époque, c'est l'importance fondamentale du symbolisme comme
expression corporelle spontanée des réalités spirituelles. L'oeuf a toujours
joué un grand rôle dans le symbolisme sacré de toutes les traditions religieuses
puisqu'il est signe évident de la vie, le renouvellement, la perpétuation de
l'espèce, la rénovation des créatures. Il évoque l'éclosion et la naissance
(et aussi la nouvelle naissance). L'oeuf est donc capable de résumer symboliquement
la création toute entière et la nouvelle création.
On le retrouve dans toutes les traditions. En Egypte où l'on adorait l'oeuf lumineux pondu par l'Oie céleste et où le Dieu créateur Knef était représenté avec un oeuf sortant de la bouche. En Grèce, où Zeus, dieu du ciel, sous la forme d'un cygne, féconde Léa (la nature) qui pond un oeuf d'où sortiront Castor et Pollux (les deux pôles de la création). Chez les celtes où l'on vénère "l'oeuf serpent", que l'on place souvent dans les tombes. En Inde où Swayambhu, l'être existant par lui-même dépose dans le chaos primordial, un oeuf d'or qui contient Brahma, que celui-ci brisera en deux pour en faire le ciel et la terre. L'oeuf cosmique occupe donc une place de choix dans tous les récits cosmogéniques (expliquant la création du monde). Mais l'oeuf est aussi lié au renouvellement de l'être humain : non seulement à sa première naissance biologique (ce qui est une évidence physiologique) mais physique ou spirituelle. C'est pour cela que les oeufs, chez certains peuples, sont liés aux usages funéraires. On a ainsi trouvé des oeufs d'argile dans des tombes en Russie, en Suède, en Béotie, dans des sépultures gallo-romaines et même dans des tombes chrétiennes du haut Moyen Age. Dans le désert de Mari, on a découvert des tombeaux en forme d'oeuf où le mort reposait comme un foetus. L'on comprend mieux, dés lors, que l'Eglise ait associé l'oeuf à la résurrection du Christ et de tout le cosmos (homme, animaux, plantes) qui est entraîné dans ce dynamisme de vie nouvelle.
Savez-vous qu'à Angers par exemple, fut joué lors de chaque Pâques jusqu'au 17ème siècle un drame liturgique où les saintes femmes étaient représentées sortant de la grotte du sépulcre en chantant : "resurrexit" et en tenant à la main un oeuf qu'elle faisaient bénir par l'évêque qui leur répondait : "Deo gracias, alléluia". A Rouen, dans l'église St Maurice, le jour de Pâques, deux clercs en dalmatique, suspendaient deux oeufs d'autruche au-dessus de l'autel. Il y avait d'ailleurs des oeufs d'autruche dans de nombreux trésors d'églises au Moyen Age. Dés lors, lorsqu'à la fin de la liturgie nocturne de Pâques, le prêtre bénit les oeufs peints avec amour par les fidèles, avant de les distribuer, ne disons pas : "quelle coutume bizarre..." mais à l'exclamation du prêtre qui bénit en disant : "Christ est ressuscité", répondons avec joie et une pensée émue pour tous ceux qui dans toutes les traditions de la terre ont espéré vivre cet événement bouleversant : "en vérité, Il est ressuscité".
Marc
La plupart des renseignements cités ici sont extraits du livre de Jean Hani : "Symbolisme du Temple chrétien" (chez Guy Trédaniel, Ed. de la Mainie).
En marge d’une session avec Bertrand Vergely
LE TEMPS, UNE CHANCE POUR VIVRE AUTREMENT.
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rofesseur de philosophie dans diverses institutions universitaires, Bertrand Vergely est aussi orthodoxe et enseigne à ce titre à l’Institut de théologie Saint-Serge de Paris. Je n’ai pas l’ambition de synthétiser ici tout son apport lors de la session de deux jours à Béthanie en février. Ces journées très denses furent extrêmement riches. Nous y étions une bonne dizaine, venus de la paroisse Saint Athanase et Saint Amand. Le temps : il sut présenter ce sujet qui nous touche de près (le stress, le manque de temps, la fuite vers la mort, etc.) avec l’enthousiasme et l’allant que ses amis lui connaissent. Je tenterai seulement de relever quelques perles, des paroles qui m’ont parlé très fort.
Nous ne sommes en équilibre qu’en avançant.
Le temps ne file vers la mort que si on le (se) laisse aller. Il peut aussi
bien conduire au changement, à condition que je sois très vivant ici-maintenant.
Pour cela il ne me faut pas chercher la stabilité dans la fixité, mais plutôt
l’équilibre dans le mouvement. La permanence est dans le mouvement. Voilà une
belle antinomie. Dans son intériorité, l’Homme réconcilie fixité et mouvement.
La métaphore de la bicyclette s’applique ici : je ne reste en équilibre que si j’avance !
C’est en acceptant le temps, en me logeant en son sein, que je trouverai le repos. Quand j’avance, sans savoir parfaitement qui je suis et qui je deviens, je suis en bonne santé. C’est l’état d’enfance, au sens évangélique. Alors, au lieu de vieillir, je rajeunis. Le beau vieillard est jeune. Le temps pour lui n’est pas l’ennemi.
L’émerveillement : voir l’Eternité dans le temps.
Accepter le mouvement, ce n’est pas succomber au "bougisme" moderne. C’est méditer sur le fait que "rien n’est éternel", faire l’expérience de la vanité, de la vacuité. Cependant, cette relativisation ne doit pas conduire à la tristesse, à la dépression, à la haine de la vie mais plutôt au détachement. Un détachement qui met en route : ce qui est à venir est plus grand. "Rien n’est éternel dans ce monde", cela veut dire que l’Eternité renvoie à un autre plan. "Le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde" dit le Christ. Cela ne veut pas dire que ce monde est pourri et encore moins qu’on puisse le haïr. Cela demande seulement de ne pas confondre le familier et l’Eternel. Cela appelle à conserver sa capacité d’étonnement, de saisissement, d’émerveillement, afin de voir l’Eternité dans le temps. Le Christ nous dit ainsi : "Vivez tout, et pleinement. Vivez le monde et le plan de l’Eternité". Noël a supprimé la distinction antique et païenne entre l’Eternel et le temporel, entre le sacré et le profane.
Le détachement est essentiel sur le chemin. L’homme qui se laisse habiter par les passions ne relativise pas le monde, il est figé, il se tue pour ne pas changer. Vergely décèle en lui une sorte de rétention sado-anale. Comprenons : avarice, gourmandise, porneia…et au bout, tristesse et colère.
La modernité est un projet de fabrication volontariste du bonheur individuel. (C’est notre nouvelle idéologie totalitaire : le devoir de bonheur !). Celui-ci est quantitatif. Ainsi on veut vivre longtemps, avec un maximum de confort. La médecine va donc allonger la vie coûte que coûte, et pratiquera l’euthanasie si le confort est menacé. Or limitée à cela, la vie devient fausse car dépourvue de sens. On s’ennuie dans son confort. La vie n’est pas que biologique. Elle est spirituelle, intérieure. Il le sait bien, celui qui fait l’expérience "d’être vivant", par exemple dans l’amour ou dans l’art. La vision technique, l’obsession opératoire (l’efficacité…) a occulté l’être et conduit les modernes à la misère spirituelle. Par contre quand l’Homme se pose la question de la vie, le temps s’ouvre. La banalité devient ouverture, éveil, expérience du Verbe.
" Meurs et tu découvriras la vie "
"Vis le temps et guéris ; rentres dans la vie et tu passeras de l’autre côté", voilà ce que nous crient les philosophes et les sages depuis Augustin jusqu’à Heidegger. "Meurs et tu découvriras la vie" : c’est le grand message initiatique de l’Evangile. Il s’agit d’être éveillé, présent. Certes le temps englobe ma vie, mais j’englobe le temps par ma présence. Le sage vit au présent : il passe alors au delà du miroir. Au delà des apparences, des petits désirs, il rencontre le Désir fondamental. Il est heureux.
Il faut prendre son temps. Plus je veux conserver le temps, plus je crée de l’agressivité et du stress. L’arrêt permet à la vie de commencer. Prendre son temps c’est faire la noce avec le temps, et vivre une kénose : laisser vivre la vie en moi et autour de moi, et vivre avec largesse et générosité. Sans peur, sans mesquinerie, dans la confiance et la liberté envers le temps.
La modernité souffre d’un fantasme d’immédiateté : je veux tout, tout de suite ! "L’euphorie perpétuelle". L’immédiateté c’est l’absence de médiation via le temps, via l’autre. C’est l’impatience, qui engendre la violence. Il faut apprendre à différer le désir, car l’immédiateté est illusoire. C’est la durée qui permet de croître et de vivre la communion. C’est en cela que le temps est une chance donnée à l’Homme pour accéder à l’éternité. Il lui faut une croissance lente. Nous sommes ici pour dérouler quelque chose.
L’essentiel est dans l’interprétation par une parole in-tempestive
Le monde est un enfer s’il n’y a pas une autre face, un sens spirituel à donner à la matérialité brute et à la souffrance innombrable. L’essentiel est dans l’interprétation, dans le verbe qui construit un récit, qui donne un sens contre l’insignifiance et le néant. Il faut passer de l’extérieur à l’intérieur, et de là, au supérieur. Alors penser opère une libération, un réveil, une métanoïa. La pensée devient alors in-tempestive ! Elle va " contre son temps ", contre l’esprit grégaire, contre les interprétations plates des media. Quelques moments forts de l’Homme donnent la liberté nécessaire à ce passage, car ils sont hors-temps. Vergely cita l’art, la liturgie, l’amour. On pourrait y ajouter l’engagement pour la justice dans le monde, qui est d’ailleurs une autre forme d’amour. Il serait sans doute d’accord, lui qui fit un bel hommage aux " révoltés ", ceux qui cherchent l’immatériel et veulent construire vers le haut. Ces révoltés-là refusent d’être des esclaves des institutions, du conformisme, de l’audimat télévisuel. Leur pensée calme leur regard, crée le retrait. Non pour fuir mais pour vivre, aller au concret, "en situation".
Il s’agit de convertir le regard, pour convertir l’épreuve. De l’obstacle, je fais un instrument. Le sens, alors, peut naître.
A cheval sur la mort et la vie, je renais.
Le temps avec tous les obstacles parfois si douloureux de la vie apparaît comme une occasion de croître, un tremplin, un allié. Alors le temps est seuil, pâque, lieu de passage entre l’humain et le divin. L’Eternité (ce que Raimon Panikkar appelle le " Tempiternel "), c’est une qualité de vie en abondance dès ici-bas. L’éternité c’est de vivre pleinement.
Il faut donner du sens, penser, manier le verbe, écouter en soi le Logos. Ne pas être l’être faible qui devient violent, mais l’être qui découvre qui il est et donne naissance en lui à l’être divin.
Le Christ est le maître de la Vie en abondance. Il nous a montré ce qui
donne sa vraie dimension à la vie. Il est celui qui a mis fin une fois pour
toutes aux sacrifices sanglants. L’humanité depuis Caïn a eu besoin de défouler
sa violence pour pacifier la cité. On sacrifia l’ennemi, principalement l’innocent
(le bouc émissaire, dit René Girard) car l’innocent, c’est ce que l’on rêve
d’être et que l’on n’est pas. On tue donc ce qu’on aimerait être. Le Christ
est l’Innocent par excellence. En se sacrifiant lui-même volontairement, il
met fin à la scène archaïque, à la sacralisation païenne du meurtre de l’innocent.
Avec Lui, le temps bouscule. C’est l’an zéro où tout s’inverse. Il arrête le
sacrifice ancien fondé sur la violence contre l’innocent en s’offrant Lui-même.
Il nous annonce ainsi qu’il faut sacrifier quelque chose, oui, mais dans un
esprit d’amour : se sacrifier soi-même, et non plus l’autre. Embrasser
la vie, avec ses difficultés, ses morts à soi. Prendre sa croix avec la confiance
qu’elle renferme la résurrection. Le skieur se casse la figure s’il tourne le
dos à la pente. C’est quand il fonce de plein gré vers l’abîme que tout se passe
bien. C’est ce qu’apporte le Christ : vivre d’une autre manière, évoluer. Sortir
de la répétition mortifère. Une deuxième création s’inaugure alors. S’engloutir
dans le moment présent, c’est vivre le feu, le Désir intense, c’est ressusciter
de la mort.
" La vie éternelle " c’est une vie digne d’être vécue, parce qu’elle a un sens, qui est l’amour. Par l’amour on devient soi. Alors le temps n’est plus quelque chose qui me ronge ou qui passe trop vite, mais la chance de ma transformation. A cheval sur la mort et la vie, je renais.
Je meurs à moi pour ne pas mourir. Je passe de l’autre côté du miroir, avec Lui, le Logos.
Ces quelques lignes ne sont nullement le compte-rendu fidèle de ce que nous apporta Bertrand Vergely. Les notes que j’en retiens sont le produit d’un filtrage très personnel de ce que j’ai cru avoir compris. Deux choses me frappent. D’abord, le langage philosophique confirme tous les grands enseignements de la théologie. Et quelle jubilation d’entendre un Nietzsche affirmer si justement : " je ne puis concevoir qu’un Dieu dansant ! ". Sans parler de Dieu, une certaine philosophie débouche, dans sa rigueur intellectuelle et sa créativité " intempestive " quand même sur l’essentiel de l’enseignement quant au " Chemin ". On croyait entendre P. Alphonse ou Annick de Souzenelle, version philo, via Aristote, Platon, Hegel, Ricoeur, Levinas… Ensuite, la personne de Bertrand Vergely. Son message passe car, manifestement, il vit en jubilant ce qu’il dit. Sa confiance, son intelligence pétillante et joyeuse sont contagieuses.
+ Jean-Thierry
Grâce à une pizza
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ela faisait quelques mois déjà que je ne me sentais plus très proche de Dieu, je peux même dire que je lui avais carrément tourné le dos sans me l'avouer vraiment. Je me racontais des histoires pour minimiser l'affaire : c'est vrai que le déménagement avec toutes ces caisses autour de moi, le changement de travail, la fatigue, un horaire surchargé me donnaient l'illusion d'être "excusée" de ne plus prendre le temps de me tourner vers Lui. Les jours avançant, j'étais de plus en plus convaincue que c'était Dieu qui m'avait abandonnée ; je ne sentais plus sa Présence, je n'avais même plus envie de Lui parler. J'étais un peu fâchée d'ailleurs de sa discrétion et trouvait un peu fort qu'il m'ait oubliée.
Je ne sais par quel sursaut salutaire, nous avons décidé, Nézir
et moi, de passer un week-end à Béthanie. Il se faisait que justement, "manque
de bol", c'était un week-end jeûne et silence pour l'entrée dans le Carême.
Mais je rassurai bien vite mon estomac en lui disant que j'allais à Béthanie
pour voir Rachel et Alphonse et que je participerais au week-end en fonction
de mes envies. La matinée passée, ma minuscule résolution de jeûner s'envole
en fumée. Je propose insidieusement à Nézir : "finalement ce week-end,
c'est plus pour nous retrouver en amoureux et se reposer, n'est-ce pas ? On
pourrait peut-être couronner la journée par un petit resto aux chandelles ?".
Pauvre Nézir, le voici entraîné à ses dépens, dans mon infernale descente au
pays de l'acédie et du plaisir facile. Comment pouvait-il résister à sa femme
qui lui faisait des yeux doux et des propositions alléchantes ? Nous voici donc
sur la route de Metz, cherchant désespérément une petite guinguette à la portée
de notre bourse. Finalement, nous nous retrouvons dans un zoning industriel,
les chaînes de restos (garantis sans charme) y foisonnent, du Quick à la pizzeria
en passant par des bars glauques aux néons verts. Nous optons finalement pour
la pizzeria la moins pire, tout en essayant de nous convaincre que "c'est
gai, on se croirait en vacances, c'est tellement rare de se payer le resto en
amoureux... quand tu penses aux autres qui boivent leur tisane..." Inutile
de vous dire que la pizza n'avait rien d'un aliment comestible. La musique était
horrible, la lumière blafarde. Et 20 minutes plus tard, nous remontions dans
notre Nissan-Micra avec un petit goût de souffre en bouche... Mais cette soirée
n'avait pourtant pas encore réussi à m'ouvrir les yeux (quoique au fond de moi-même
je sentais que quelque chose clochait : tout de même, aller manger une pizza
un week-end de jeûne, c'est pas courant pour une personne qui se dit avoir un
Chemin). Je m'endormis engluée dans mes illusions et autres douces paroles,
opium de ma conscience. Le lendemain, la Liturgie était magnifique, la grasse
matinée jusqu'à 11h moins cinq et les choco-princes engloutis à la va-vite ne
m'avaient pas tourmentés outre mesure.
Le choc n'en fut que plus douloureux et violent quand, quelques heures plus tard, j'allai dire au revoir à Rachel et Alphonse qui exprimèrent, en quelques mots d'amour, leur étonnement de ne pas nous avoir vus de tout le week-end. A ce moment-là, plus possible de tricher... Dans ma tête quelques arguments pour me justifier se débattaient mais heureusement, restèrent bloqués (car ils sentaient bien qu'ils étaient de mauvaise foi). Entre le cerveau et la trachée, ils avaient perdus toute leur force. Le voile était levé : je comprenais d'un coup l'ampleur de mon éloignement et de mon aveuglement, ce n'était pas Dieu qui était parti, c'était moi qui avais fermé toutes les portes pour l'empêcher d'entrer, avais orienté ma vie à l'ouest du Christ et m'étais entourée d'excuses paralysant tout retournement ; je m'étais égarée tout en me convainquant que je n'y étais pour rien. Je fus effondrée d'avoir dormi si longtemps (et surtout de sentir que cet éloignement dépassait de loin la conscience que j'en avais) mais en même temps un doux réconfort et une force nouvelle m'envahissait : une étape était franchie, je me sentais de nouveau aimée, pardonnée et amoureuse de Dieu et surtout j'avais retrouvé un vrai OUI au Chemin (peut-être grâce à mon vrai "non" des mois précédents ?).
J'ai peut-être présenté cette expérience avec humour mais c'était pour ménager mon amour propre quelque peu bafoué et vexé. Toutefois, je ne voulais pas que cela m'empêche de vous témoigner ma conversion qui était devenue urgente et qui une fois entamée ne m'apporte que du bien : c'est tellement bon d'aimer et de se laisser aimer de Dieu !!!
Maintenant, à moi de garder le cap et de continuer à me convertir chaque jour !
Marie M.
Merci aux choristes…
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ous avez entendu, durant la semaine sainte et Pâques, de magnifiques chants qui ne vous laissèrent certainement pas indifférents. Pour que les offices soient à la hauteur et dignes des Mystères célébrés, notre petite équipe de choristes ainsi que notre cher Père Jean-Thierry passèrent beaucoup d’heures de travail, sous les savants et patients conseils de Anne et de Marc, afin de mêler leurs voix mélodieuses à celles des anges. En effet, suivre les dix commandements du parfait choriste n’est pas chose simple :
Rubrique culinaire
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haque année à Pâques, nous avons l’immense plaisir de déguster un gâteau très spécial typique à la fête de Pâques. La recette vient un peu tard mais gardez là soigneusement pour l’année prochaine (à moins que vous ne vous soyez pas encore remis de la paska de cette année…).
Un peu d’humour…
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n knel de 8 ans se promenait dans les champs avec M. le pastur
qui lui dit : « Meneke, regarde bien la nature. Ce que le bon Dieu
a fait, ce n’est pas de la camelote. Le lièvre n’a pas de défense pour se battre
mais il sait si bien galoper qu’y a pas d’ennemis qui savent le rattraper. L’abeille,
quand on veut l’énerver, elle a une aiguille qui sort de son derrière. L’escargot,
quand il se sent attaqué, i sait rentrer dans sa maison préfabriquée. Donc,
le Créateur est un as. Il a fait un travail eerste klas…Y a pas une erreur,
tout est bien fabriqué. Quand on est le bon Dieu, on n’sait pas s’tromper ».
Mais juste à ce moment-là, un moineau passe en l’air et lâche une p’tite crotte sur le pastur par terre… Alors, le knel i dit comme ça en rigolant : « E bin, Mossieur, vous voyez ça mait’nant : la crott’ des zoiseau est tombée sur vot’nez… Est ce que l’bon Dieu a si bien travaillé ? » Et l’pastur de répond’ : « Fiske, le bon Dieu fait tout bien ; ça i faut que tu saches, mon p’tit fieu… La preuve, c’est qu’il a pas donné des ailes aux vaches… ».
Dernières nouvelles
Le Clergé de notre Eglise s’est réuni au Centre de Rencontres Spirituelles de Béthanie, à Gorze, fin mai. Au cours de la Divine Liturgie, notre sous-Diacre André-Bernard a été ordonné Diacre. Longue vie à notre Diacre !
Paroisse Saint Athanase et Saint Amand
Chapelle : 83 rue du Fort à 1060 SAINT-GILLES
Chaque dimanche à 10h30 : Laudes et/ou Divine Liturgie
ATTENTION : pendant les vacances (juillet-août) il y aura
des dimanches vacants
Chaque mardi à 19h30 : Vêpres
Tous les matins de la semaine : Laudes, à Watermael-Boitsfort – infos : 02 673 62 09 ;
à Thorembais-Les-Béguines – infos : 010 88 00 44.
Mardi (tous les mardis) à 19h30 Vêpres, suivies pour la chorale, d’une répétition
Dimanche 16/6 10h30 Divine Liturgie (Fête de l’Ascension postposée) – Baptême de la petite Marie V.
Dimanche 23/6 10h30 Fête de la Pentecôte ; Divine Liturgie
14h00 Assemblée paroissiale
Dimanche 30/6 Vacant
Dimanche 7/7 Vacant
Dimanche 14/7 10h30 Laudes et Divine Liturgie
Dimanche 21/7 10h30 Laudes et Divine Liturgie
Dimanche 28/7 10h30 Laudes
Dimanche 4/8 10h30 Laudes
Dimanche 11/8 Vacant
Jeudi 15/8 (à confirmer) Fête de l’Assomption
célébrée à la Paroisse Saint Nicolas et Saint Eubert de Lille
Chapelle du Foyer, Villa Saint Gérard – 169 bis, rue Auguste Potié
à F-59481 HAUBOURDIN
Dimanche 18/8 10h30 Laudes et Divine Liturgie, suivies d’une rencontre fraternelle
au vert (ballade en forêt ou en campagne)
Dimanche 25/8 10h30 Laudes et Divine Liturgie
Sam. et Dim. 31/08 et 1er/09 : (à confirmer) Week-End festif de la Paroisse à Han-Sur-Lesse
S’inscrire sans tarder chez Roseline (02 673 62 09)
Dimanche 8/09 (à confirmer) Rencontre de l’Evêque Abba Thomas
au Centre de Rencontres Spirituelles de Béthanie
Dimanche 15/09 10h30 Laudes et Divine Liturgie de l’Exaltation de la Croix
Dimanche 22/09 10h30 Laudes et Divine Liturgie
Dimanche 29/09 10h30 Laudes
Dimanche 06/10 10h30 Laudes et Divine Liturgie
L’ARCHE DE Noé n° 2 – juin 2002